Amour, Émotion, Drame, Histoire vraie, Roman

Un invincible été

Les Déracinés****
de Catherine Bardon
Poche – Illustré, 7 avril 2022
Éditeur : Pocket

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Depuis son retour à Sosúa, en République dominicaine, Ruth se bat aux côtés d’Almah pour les siens et pour la mémoire de sa communauté, alors que les touristes commencent à déferler sur l’île. Passionnée, sa fille Gaya affirme son indépendance et part étudier aux États-Unis, où Arturo et Nathan mènent leurs vies d’artistes.
La tribu Rosenheck-Soteras a fait sienne la maxime de la poétesse Salomé Ureña : “C’est en continuant à nous battre pour créer le pays dont nous rêvons que nous ferons une patrie de la terre qui est sous nos pieds.”
Mais l’ Histoire, comme toujours, les rattrape : de l’attentat du World Trade Center au terrible séisme de 2010 en Haïti, en passant par les émeutes en République dominicaine… chacun devra tracer son chemin, malgré les obstacles et la folie du monde.

 

• Couv_2024-020_Bardon Catherine - Un invincible été

 

Un invincible été clôt cette magnifique saga coup de cœur. Un dernier tome que j’ai particulièrement apprécié, même si j’ai Ressenti de la tristesse tout au long de ma lecture. Tristesse, car Catherine nous conte les derniers moments de vie de certains personnages que je côtoyais comme des amis, tristesse, car je sais que je ne les “reverrai” plus… Ils me manqueront…

La saga a commencé dans les années 30 à Vienne, ce dernier tome qui ne peut pas se lire indépendamment des trois autres, raconte un peu plus de trente ans de la famille d’Almah et Wilhem, qui réside désormais à Sosúa, couvrant la période 1980 à 2012. La plupart des anciens de la colonie ont disparu petit à petit. Almah et sa fille Ruth se battent afin que personne ne les oublie jamais, malgré ce monde nouveau qui évolue à toute vitesse, et les grands événements du monde qui nous ont tous marqué. Chute du mur de Berlin, les deux tours du World Trade center qui se sont effondrées, le réchauffement climatique et les tremblements de terre à Haïti. Chacune de ces épreuves va unir et renforcer les liens déjà très fort qui les unissaient tous.

Plus qu’un hommage à la communauté juive, Catherine Bardon nous offre une formidable leçon de vie dans tous les sens du terme. Le roman est beau. Il est fort et triste. Il distille même de la nostalgie. Mais il est particulièrement empreint d’une énergie et d’un grand optimisme chez cette famille depuis le tout premier tome !

Merci Catherine, pour ce travail exceptionnel que tu as réalisé, pour ce cadeau que tu nous offres. Je suis allé à Sosúa avec l’empreinte de tes mots dans mon esprit. Avec ma femme, nous nous sommes beaucoup promenés, nous nous sommes même amusés à nous “perdre” plusieurs fois afin de rencontrer les personnes que tu décrivais dans tes romans. Celles et ceux qui vivent sur place. Nous avons connu ainsi de merveilleux moments d’échanges et de partages dans des endroits encore un peu “perdus” où la mondialisation n’a pas encore utilisé son rouleau compresseur.

Ainsi s’achève donc cette tétralogie merveilleuse et poignante… À lire absolument !

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Extrait :

« Gaya redoutait cette cérémonie. Quinze ans. Est-ce qu’on en faisait tout un plat pour les garçons ? On allait lui coller une étiquette sur le front : « Femme, prête à être courtisée, prête à être… consommée. » Absurde !
Elle avait été tentée à maintes reprises de se dérober.
Si elle l’avait vraiment voulu, il n’y aurait pas eu de fête. Mais elle aimait trop les siens pour les décevoir.
Et puis il fallait rendre les invitations aux fêtes de ses amies et elle ne pouvait être en reste avec Alicia et Elvira, ses cousines. Gaya entrerait dans sa vie de femme par la porte solennelle de la quinceañera. C’était ainsi dans son île. Une obligation familiale, sociale, culturelle, autant que mondaine. »

« Et voilà, Gaya, ma petite sauvageonne, entrait dans le monde des adultes. Comme la mienne, son enfance de liberté avait fait d’elle une fille aventureuse, résistante, endurante et combative. Gaya et son charme d’animal sauvage, sa brusquerie de garçon manqué, ses extravagances de tête brûlée, son regard farouche d’adolescente en colère, ses jambes musclées habituées à courir le campo, ses seins trop ronds, cette poitrine apparue tardivement dont je savais qu’elle l’encombrait inutilement, Gaya et sa détermination qui pouvait virer à l’entêtement, voire à la rébellion, Gaya et ses contradictions que je percevais intuitivement sans qu’elle s’en fût jamais ouverte à moi. »

« Chaque fois que j’écrivais à Arturo, et ça ne m’arrivait qu’avec lui, je sentais une fièvre s’emparer de moi, un élan me propulser. Et je me disais que, oui, j’aimais écrire, j’aimais choisir le mot juste, l’adjectif lumineux, l’adverbe astucieux, ordonner les termes, utiliser les signes de ponctuation déconsidérés. Je réfléchissais à chaque phrase, je voulais qu’elle exprime au plus juste ce qui était tapi au fond de moi. Nul doute que j’y mettais bien plus de cœur qu’à la rédaction de mes articles, même les plus excitants. Écrire à Arturo, c’était mettre mon âme à nu, mon cœur noir sur blanc, et je savais qu’en me lisant, il en avait l’intuition intime. Car dans le tourbillon de nos vies, il y avait la permanence rassurante de notre relation, qui jamais ne s’essoufflait.
Je vérifiai avec de douces pressions que la pompe de mon stylo n’était pas grippée et je sortis mon beau vélin, lisse et doux, sur lequel ma plume glissait comme sur de la soie. »

« On doit chaque fois écrire comme si l’on écrivait pour la première et la dernière fois. Dire autant de choses que si l’on faisait ses adieux et les dire aussi bien que si l’on faisait ses débuts. »

 

Depuis leur rencontre fortuite, Catherine Bardon est une amoureuse de la République dominicaine. Ce pays l’a instantanément habitée, et, à travers ses guides de voyage et un livre de photographie, elle a toujours cherché à savoir ce qui se cachait derrière l’image trop policée de peinture naïve, les réalités politiques, sociales, culturelles.
En 1991, elle est émue par la rencontre avec l’un des derniers pionniers de Sosúa. Quelques années plus tard, elle décide de raconter l’histoire de cette colonie juive installée à partir de 1940 sur l’île dans la saga Les Déracinés, publiée aux Éditions Les Escales.

Les trois premiers tomes :
Les Déracinés

L’Américaine
https://leressentidejeanpaul.com/2020/07/06/lamericaine/

Et la vie reprit son cours
https://leressentidejeanpaul.com/2023/11/22/et-la-vie-reprit-son-cours/

Un invincible été, quatrième et dernier volume de la saga, a paru en 2021 chez le même éditeur.

Amour, Drame, Histoire

Et la vie reprit son cours

Les Déracinés***
de Catherine Bardon
Broché – 28 mai 2020
Éditeur : Les escales éditions

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Après Les Déracinés et L’Américaine, découvrez le troisième tome de la superbe fresque historique imaginée par Catherine Bardon. Au cœur des Caraïbes, en République dominicaine, la famille Rosenheck ouvre un nouveau chapitre de son histoire.

Jour après jour, Ruth se félicite d’avoir écouté sa petite voix intérieure : c’est en effet en République dominicaine, chez elle, qu’il lui fallait poser ses valises. Il lui suffit de regarder Gaya, sa fille. À la voir faire ses premiers pas et grandir aux côtés de ses cousines, elle se sent sereine, apaisée. En retrouvant la terre de son enfance, elle retrouve aussi Almah, sa mère, l’héroïne des Déracinés. Petit à petit, la vie reprend son cours et Ruth – tout comme Arturo et Nathan – sème les graines de sa nouvelle vie. Jusqu’au jour où Lizzie, son amie d’enfance, retrouve le chemin de Sosúa dans des conditions douloureuses.
Roman des amours et de l’amitié, Et la vie reprit son cours raconte les chemins de traverse qu’emprunte la vie, de défaites en victoires, de retrouvailles en abandons.
Guerre des Six-Jours, assassinat de Martin Luther King, chute de Salvador Allende… Catherine Bardon entrelace petite et grande histoire et nous fait traverser les années 1960 et 1970. Après Les Déracinés, salué par de nombreux prix, et le succès de L’Américaine, elle poursuit sa formidable fresque romanesque.

“La saga qui nous transporte.” Olivia de Lamberterie, ELLE

 

• Couv_2023-121_Bardon Catherine - Et la vie reprit son cours

 

Le soleil éclatant sur une plage de sable fin à perte de vue, la mer qui va et vient dans son rythme nonchalant, le vent qui caresse vos cheveux… Vous visualisez la scène ?

Et bien, Et la vie reprit son cours, ce n’est pas ça du tout !

J’ai rencontré Catherine Bardon en janvier 2017 lors de sa première séance de dédicaces.
Son premier roman, Les Déracinés, m’a ouvert la porte d’une saga familiale très attachante qui s’est poursuivie ensuite avec L’américaine. Une saga qui m’a révélé un pan que je ne connaissais pas du tout de l’histoire de la communauté juive d’Autriche. C’est donc avec la famille “Rosenheck” qui sentant un climat de plus en plus hostile envers les Juifs et la montée du nazisme, décida de partir vivre en République Dominicaine, un peu avant la Seconde Guerre mondiale, où l’on promettait des visas aux Juifs d’Europe. Je me suis avec eux, envolé vers ce monde nouveau.

Et la vie reprit son cours est le troisième volet de cette fresque historique, de cette histoire de femmes décidément fortes et fort attachantes. Ce volet se déroule dans presque toute son intégralité en République Dominicaine à Sosúa, que j’ai eu la chance de visiter plusieurs fois. J’y ai retrouvé les ambiances, les odeurs et la vie qui s’y déroule à un rythme très différent du notre, un endroit où tous les gens s’entraident, se parlent, se connaissent…

Nous sommes en 1967, Ruth après avoir tenté de vivre aux États-Unis au début de années 60, décide finalement de retourner en République Dominicaine avec sa fille Gaya, encore bébé, là, où s’était installé sa famille.
Catherine Bardon raconte son histoire dans la Grande Histoire agrémentée de données historiques, pour mon plus grand plaisir. J’ai découvert que cette île, ne fut pas forcément idéale pour ceux qui y vivaient, en effet le pays a subit durant des années une dictature très éprouvante pour les locaux.
Durant toute ma lecture, une fois encore, j’ai eu l’impression de faire partie de la famille, de vivre leur vie, de vivre à leurs côtés. Et je peux vous assurer qu’elle n’est pas simple du tout, les aléas, les maladies, les décès viennent contrebalancer les histoires d’amour, les naissances et les retrouvailles. Catherine est arrivée, tout en finesse avec ce qui fait le charme des fresques romanesques, à me faire partager leurs vies à travers plusieurs générations dans ce pays devenu désormais le leur. Pendant ce temps-là, le monde continue à tourner. Martin Luther-King est assassiné, les États-Unis filment le “premier pas sur la Lune”, chute de Salvador Allende, les Jeux olympiques de Munich souffrent d’une horrible prise d’otages qui finira malheureusement très mal…

Une trilogie absolument passionnante que je vous conseille vraiment.
Gros coup de cœur en trois tomes !

Hâte de retrouver Ruth, Gaya, Almah, Domigo, Arturo, Nathan et tous les autres personnages qui m’ont fait vibrer pendant plusieurs heures, dans l’opus suivant…
Un invincible été.

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Extrait :

« Je tirai sur les rênes, un coup sec, et j’arrêtai mon cheval. Je pris une profonde inspiration, relâchai tous les muscles de mon corps. La vue, les parfums, les sons, c’était une symphonie pour les sens. Un instant parfait dans les couleurs pâles du petit matin de l’hiver caraïbe. »

« J’aimais la beauté pure de la terre resplendissante, j’aimais cette lumière d’une limpidité sans pareille, j’aimais la puissance des couleurs crues, le jeu des formes aussi abondantes que tumultueuses, j’aimais l’air embaumant les multiples fragrances des tropiques, j’aimais ces paysages pleins de poésie enfantine… 
En observant le spectacle de ce matin-là, je commençai à guérir d’un mal dont je ne savais même pas que j’avais souffert, le manque de mon île. »

« Jérusalem, juillet 1967

Chère Almah,
Cette courte lettre pour te rassurer.
Une guerre de plus.
Il est donc écrit que nous ne vivrons jamais en paix. Nous aurions pu croire, après ce que nous avons traversé, particulièrement notre peuple, que le monde serait plus sage. Nous aurions tant aimé qu’il soit plus sage, comme nous aspirions si fort à la paix. Et nous allons de déception en déception. Plus que jamais je pense que la guerre est une fatalité et la paix une utopie. »

« Plus tard Almah nous raconterait toute l’histoire. Cette histoire qui était comme un roman. Toute la vie de ma mère était comme un roman. Aucun personnage n’était secondaire, tous avaient un rôle décisif dans la toile de sa vie. Mais pour l’heure elle s’en tint à l’essentiel : elle avait retrouvé un vieil ami d’enfance à Jérusalem et elle l’avait épousé. Sans tambour ni trompette. »

« Je nous contemplais et je comprenais à quel point nous sommes constitués des êtres qui nous entourent. Ce fut un été magique, des semaines d’harmonie, une bulle de bonheur absolu suspendue dans nos vies, ce moment merveilleux de l’été qui précède les tempêtes de la saison des cyclones. »

 

Catherine Bardon est une amoureuse de la République dominicaine où elle a vécu de nombreuses années. Elle est l’auteure de guides de voyage et d’un livre de photographies sur ce pays. Son premier roman, Les Déracinés (Les Escales, 2018 ; Pocket, 2019), a rencontré un vif succès.

L’Américaine
https://leressentidejeanpaul.com/2020/07/06/lamericaine/

Émotion, Histoire, Roman de terroir

L’Arbre des souhaits

de Agathe Dartigolles
Broché – 7 octobre 20211
Éditeur : De Borée

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Alors qu’ils célèbrent la fin des travaux du Château de l’Ange, Capucine, Augustin, David, Pierrick et Alicia dégustent une bouteille de la Vigne des Mystères de 1950, la première année de production. Empoisonnés par cette dernière, ils finissent à l’hôpital, manquant d’y laisser leur peau. Pourquoi cette bouteille a-t-elle été empoisonnée ? Par qui ? L’avenir de leur propriété, dont la survie financière dépend entièrement de la Vigne des Mystères, en raison du prêt faramineux qu’ils ont contracté, s’en trouve alors menacé.

 

2021_088_Dartigolles Agathe - L'Arbre des souhaits

 

Encore une fois un grand merci à Virginie Bourgeon des Éditions De Borée, pour cette nouvelle découverte…

“L’Arbre des souhaits” est le dernier tome d’une trilogie.
Il fait suite à “La terre des secrets” et “La vigne des mystères”.
Je n’ai malheureusement pas lu les tomes précédents, mais cela ne m’a pas gêné du tout pour la compréhension générale, bien que maintenant j’aimerai bien les lire pour retrouver des personnages qui m’ont inspiré.

Ce roman de terroir est un peu différent de ceux auxquels je suis habitué. En effet dans celui-ci l’auteur glisse des courriers secrets, il y a des empoisonnements, un “Corbeau” qui menace par des envois de courriers, des querelles familiales qui séparent les membres d’une même famille, un père qui répudie son propre fils. J’ai eu parfois l’impression d’être dans un polar. Et cela m’a bien plu !

Agathe nous propose donc un récit qui se déroule dès le début des années 20 à nos jours, dans le terroir bordelais. Bien sûr les lieux ont une très grande importance. La nature, les couchers de soleil, un certain arbre, mais surtout des propriétés viticoles qui se sont transmises de générations en générations et qui deviennent par conséquence la cause de tous les problèmes en plus des couples qui se font et se défont. Capucine et son fiancé David sont au centre de toutes les attentions, mais les deux jumelles Octavie et Léonie la douce, toutes deux âgées de plus de quatre-vingts dix ans m’ont bien fait rire aussi.

J’ai pris énormément de plaisir à lire ce roman… La lecture est très agréable et le style fluide et imagé. Un roman de terroir saupoudré d’un soupçon de polar et de beaucoup de mystères, qui m’ont ouvert les yeux sur les transmissions familiales et sur les problèmes qu’ont du rencontrer nos ancêtres qui travaillaient aux cœurs des fermes.
La fin de ma lecture m’a laissé, sur une belle surprise que je n’avais pas anticipée du tout, et sur un sentiment de tristesse, et je peux l’avouer, sans aucune honte, à la fin, j’ai pleuré…

Finalement, un bon roman qui se conclut en coup de cœur !
Merci Agathe, pour toutes ces jolies émotions ressenties.

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Extraits :

« Agathon et Amélie formaient un couple merveilleusement bien assorti, une évidence. Passionné, passionnel, explosif. Deux soleils en fusion. De l’avis générale, ces deux-là étaient faits pour s’aimer d’un feu éternel. Il ne serait jamais venu à l’esprit des habitants de Saint-Pierre-des-Bois de remettre en question cette assertion. L’indéniable existence d’un tel amour était indiscutable. Agathon et Amélie Ducats s’aimaient fougueusement au-delà même de la raison. Telle était l’opinion générale. Mais telle était, peut-être, l’erreur générale. »

« Agathon et Lisette continuaient à s’écrire des lettres. Les mots allégeaient le poids des maux, mais ils s’essoufflaient. Durant cette dernière année, ils s’écrivirent leurs souhaits, petits moments de grâce dévoilés. Une manière tout à la fois de partager leurs pensées et de prolonger encore un peu leur amour condamné. Aucun des deux n’osait en effet souhaiter que leurs vies fussent chamboulées. Alors Agathon souhaitait pouvoir ramener les morts à la vie et guérir en l’humanité pour conquérir l’immortalité. Quant à Lisette, elle souhaitait connaître un monde sans guerre, sans misère, où chacun aurait de quoi vivre à satiété est où tout serait possible. Agathon souhaitait devenir roi et Lisette souhaitait voler dans les airs comme un oiseau. Mais ce qu’ils souhaitaient réellement tous les deux était de pouvoir être heureux sans faire de mal autour d’eux. »

« Est-ce que l’on peut réellement réparer le passé ? Demanda Richard.
Capucine et Richard échangèrent en regard.
– C’est ce que je pense en tout cas, répondit cette dernière. Si on le veut vraiment, si on y croit de toutes ses forces et que l’on fait de son mieux. Après tout, tout est toujours en mouvement, n’est-ce pas ? Chaque jour est une nouvelle chance de tout reconstruire. Alors oui, sans hésitation, on peut réparer le passé. »

 

 

Née en 1985, Agathe Dartigolles grandit aux abords de Bordeaux avec le rêve lointain de devenir un jour écrivain.
Après des études en communication, elle travaille six années dans le marketing avant de retourner à son rêve d’enfance. Elle se lance en 2014 dans l’écriture de plusieurs nouvelles, dont certaines sont publiées, et commence en 2015 la rédaction de son premier roman, “La Terre des secrets”, une histoire qui lui a été notamment inspirée par l’atmosphère du terroir de ses grands-parents paternels dans le Sud-Gironde. Elle publie une suite à ce premier volet en 2020 intitulée “La Vigne des Mystères”.
“L’Arbre des Souhaits” est son dernier roman ainsi que le dernier tome de la trilogie publiée aux Éditions de Borée. À l’occasion de sa parution le 7 Octobre 2021, la Vigne des Mystères sort dans la collection Terre de Poche le même jour.

Émotion, Roman

Les Fureurs invisibles du cœur

John Boyne
Poche – 2 janvier 2020
Éditeur : Le Livre de Poche

Cyril n’est pas « un vrai Avery » et il ne le sera jamais – du moins, c’est ce que lui répètent ses parents, Maude et Charles. Mais s’il n’est pas un vrai Avery, qui est-il ? Né d’une fille-mère bannie de la communauté rurale irlandaise où elle a grandi, devenu fils adoptif des Avery, un couple dublinois aisé et excentrique, Cyril se forge une identité au gré d’improbables rencontres et apprend à lutter contre les préjugés d’une société irlandaise où la différence et la liberté de choix sont loin d’être acquises.

Une grande fresque sur l’histoire sociale de l’Irlande transformée en épopée existentielle. Florence Bouchy, Le Monde des livres.

John Boyne partage avec le chef-d’œuvre de John Irving, Le Monde selon Garp, un même souffle épique. Delphine Peras, L’Express.

Une éducation sentimentale et politique portée par l’art d’un romancier qui sait sonder les reins et les cœurs. Christophe Ono-dit-Biot, Le Point.

 

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Bonjour à toutes et à tous…

Ce majestueux et superbe roman raconte l’histoire fascinante de la quête d’un homme pour découvrir qui est-il et connaître sa vraie personnalité…

Ces trois dernières années, j’ai lu beaucoup plus d’auteurs français que ne le l’avais jamais fait. Une envie sûrement…
Un besoin aussi, de savoir où se plaçait la littérature française par rapport aux autres. J’ai ainsi découvert quelques centaines d’auteurs qui n’ont absolument rien a envier à leurs collègues étrangers !
D’ailleurs ma PAL est constituée de plus de 90% d’auteurs français !

Il y a quelques semaines Isabelle (une cousine) est venu à la maison et m’a conseillé ce roman de John Boyne, “Les Fureurs invisibles du cœur”.

Dès que j’ai lu la 4e de couverture j’ai su que ce livre risquait de m’emporter, mais ce que je ne savais pas encore, c’est que cela irait beaucoup plus loin…

C’est l’histoire attachante et émouvante d’un garçon adopté et mal aimé. Devenu adulte il est jugé, insulté à cause de son orientation sexuelle dans une société où le joug de l’église catholique, est pleine de préjugés et de violence.
Je ne sais qu’admirer le plus. La construction du récit, avec tous ses fils conducteurs reliant les événements les uns aux autres, la caractérisation et l’originalité des personnages ; la magnifique sensibilité du récit tout entier ; le style clair et beau ; le panorama historique irlandais de l’après-guerre à aujourd’hui.
Du début à la fin du récit, c’est une lecture passionnante. Parfois choquante et tragique, parfois poignante et drôle. Le récit habilement équilibré de Boyne vous amènera des larmes aux yeux, puis éclater de rire avant que celles-ci ne sèchent sur vos joues. Il restera dans mon esprit longtemps après avoir tourné la dernière page.

Cyril Avery, enfant illégitime et gay est le héros du roman. Il raconte ses luttes intérieures et extérieures avec une fluidité qui ne fait qu’accroître, la colère et la honte qui définissent son existence. Cyril est un personnage qui sans effort, attire naturellement l’affection et l’empathie, d’abord en tant que garçon, adopté et sans amour, grandissant dans une grande maison bourgeoise où il ne trouvera jamais sa place, puis en tant qu’homme, tourmenté par sa sexualité et en proie aux pires tragédies même quand enfin il trouve le bonheur.

Le récit m’a plusieurs fois fait penser à Dickens, avec des personnages fabuleusement excentriques et une série de coïncidences étranges et d’occasions manquées qui, dans tout autre contexte, seraient jugées “Too much”. Ici, alors que Boyne travaille sa magie et nous entraîne dans son histoire, la crédibilité passe au second plan pour le plaisir de la narration.

864 pages que je n’ai pas vu passer.
Je n’ai jamais ressenti le moindre fléchissement dans mon intérêt tout au long de ma lecture et c’est avec beaucoup d’émotions et une certaine tristesse que j’ai tourné la dernière page.

Un magnifique tour de force, une superbe réussite !
Coup de cœur…

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Extrait :

« J’ai parfois l’impression que je suis pas faite du tout pour vivre au milieu des gens. Que je serais plus heureuse sur une petite île quelque part, seule avec mes livres et de quoi écrire. Je pourrais faire pousser ma nourriture et ne pas être obligée de parler à quiconque. »

…/…

« Il y avait beaucoup d’hommes ici, qui s’étaient lassés de leur femme et cherchaient des sensations différentes. Ma grand-mère a compris. Un après-midi, elle est rentrée et a surpris un homme qui me violentait. J’étais un gamin à l’époque, et quand elle a vu ce qui se passait, elle a refermé la porte, elle est retournée à la cuisine, et elle s’est mise à faire du raffut avec ses casseroles. Voilà l’étendue de sa colère. Voilà ce qu’elle a fait pour me sauver. Après, elle m’a fouetté et m’a répété que j’étais dégoûtant, vraiment une pourriture sans nom.
Mais elle a vu ce que je pouvais lui rapporter. J’étais plutôt mignon. Elle m’a dit que si je laissais des hommes me faire ça, elle se chargerait d’organiser les choses. Et l’argent serait pour elle. »

 

 

Né à Dublin en 1971, John Boyne étudie la littérature anglaise au Trinity College de Dublin et l’écriture créative à l’université d’East Anglia, située à Norwich, où il reçoit le prix Curtis-Brown.

Il amorce une carrière d’écrivain et publie neuf romans pour adultes et cinq pour adolescents, notamment en 2006, Le Garçon en pyjama rayé, roman qui devient no 1 du New York Times Bestseller List et se vend à plus de 6 millions d’exemplaires dans le monde, avant d’être adapté au cinéma, sous le titre Le Garçon au pyjama rayé en 2008 par le réalisateur Mark Herman pour le compte de la société de production Miramax.

Il est un critique littéraire régulier pour The Irish Times et a été un des juges pour les deux prix littéraires Hennessy et le Prix International IMPAC Dublin Literary, outre le fait d’avoir assumé la présidence du jury du Prix 2015 de la Banque Scotia Giller.

En 2012, il reçoit le Hennessy littéraire Hall of Fame Award pour son œuvre. Il remporte aussi 3 Book Awards irlandais du livre pour enfants de l’année, le Choix du livre populaire de l’année et Short Story of the Year. Il a gagné plusieurs prix, y compris des prix littéraires internationaux, le Prix Qué Leer de l’année en Espagne et le Prix Gustav-Heinemann Paix en Allemagne.

En 2015, il reçoit un doctorat honorifique en Lettres de l’université d’East Anglia.

Ses romans sont publiés dans 51 langues. il signe avec “Les Fureurs invisibles du cœur” son roman le plus personnel et le plus ambitieux.

Émotion, Histoire, Témoignage

L’Américaine

Catherine Bardon (Auteur)
Broché – 14 mars 2019
Éditeur : Les escales éditions

Alors que le pouls de New York bat au rythme des années 1960 et de la contre-culture, une jeune fille, Ruth, s’y installe pour y suivre ses études en rêvant de devenir journaliste. Elle y découvre l’amitié, le rock, l’amour… tout en se questionnant sur son identité. Pas évident d’avoir laissé derrière elle sa famille et sa terre natale, la République dominicaine…

Septembre 1961. Depuis le pont du bateau sur lequel elle a embarqué, Ruth tourne le dos à son île natale, la République dominicaine. En ligne de mire : New York, l’université, un stage au Times. Une nouvelle vie… Elle n’en doute pas, bientôt elle sera journaliste comme l’était son père, Wilhelm.
Ruth devient très vite une véritable New-Yorkaise et vit au rythme du rock, de l’amitié et des amours. Des bouleversements du temps aussi : l’assassinat de Kennedy, la marche pour les droits civiques, les frémissements de la contre culture, l’opposition de la jeunesse à la guerre du Viêt Nam…
Mais Ruth, qui a laissé derrière elle les siens dans un pays gangrené par la dictature où la guerre civile fait rage, s’interroge et se cherche. Qui est- elle vraiment ? Dominicaine, née de parents juifs autrichiens ? Américaine d’adoption ? Où va-t-elle construire sa vie, elle dont les parents ont dû tout fuir et réinventer leur existence ? Trouvera-t-elle la réponse en Israël où vit Svenja, sa marraine ?
Entrelaçant petite et grande histoire, explorant la question de l’exil et de la quête des racines, Catherine Bardon nous livre une radiographie des États-Unis des années 1960, en poursuivant la formidable fresque romanesque inaugurée avec Les Déracinés.

“ Les Déracinés : la saga qui nous transporte. ” Olivia de Lamberterie – ELLE
“ Incontournable. Un grand roman, absolument extraordinaire ” Gérard Collard – Le magazine de la santé
“ Une fresque historique haletante ” – Lire
“ UN récit dense et captivant ” – Le Huffington Post

 

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Bonjour à toutes et à tous…

Magnifique !

C’est le premier mot qui me vient à l’esprit en fermant, très ému, ce superbe roman…
Ruth, Almah, Arturo, Markus et tous les autres, décidément vont encore me manquer.

J’avais beaucoup aimé “Les Déracinés”, premier volet de cette belle saga.
Il a fallu que je me décide à ranger, à mettre un peu d’ordre dans ma PAL la semaine dernière pour retomber sur le second volet de Catherine Bardon “L’Américaine” que j’avais déjà cherché partout (presque !!!)

Quel immense plaisir de retrouver les personnages, décrit avec finesse, qui m’avaient embarqués avec eux sur l’ile de la République Dominicaine. Ce second volet est recentré sur Ruth, la fille de Wilhelm et Almah et son départ vers sa nouvelle vie.
Nous sommes en 1961, Ruth a vingt ans, elle décide de partir s’installer à New York, pour étudier le journalisme à l’université de Columbia. Pendant le trajet, elle fait la rencontre d’Arturo, un Dominicain de son âge, qui lui aussi se rend à New York pour ses études…
Mais seront-ils les bienvenus dans l’histoire américaine du début des années 60 ?

Très vite Ruth aura du mal à s’intégrer et à trouver sa place dans ce nouveau monde en pleine effervescence. Elle cherche son identité. D’origine juive et autrichienne, née en République Dominicaine, installée à New York, elle passe par le Mexique et ira même jusqu’à vivre dans un kibboutz en Israël, pour se trouver !

Catherine nous offre une synthèse très intéressante de la société américaine de cette époque. Les combats politiques qui émergent, Martin Luther King, Les Beatles, Les Kennedy,… Mais aussi et surtout la vie politique, très peu connue, en République Dominicaine, où s’enchainent chaos politiques et guerres civiles, et les américains qui ne veulent plus ce qui s’est déjà déroulé à Cuba !

Catherine est une vraie conteuse, j’ai retrouvé de nouveau tout son talent pour faire passer des émotions, faire vivre et aimer ses personnages. Le récit est fluide et agréable, les chapitres sont courts, rythmant un récit fort bien documenté, mais malgré l’aspect imposant du roman, j’aurai aimé qu’il y ai plus de pages encore pour ne pas, tous, les quitter aussi vite…

Lu d’une traite.

C’est un superbe portrait de nos héros, entrelacé entre la “petite” et la grande Histoire, que nous offre Catherine.
Un beau roman que je recommande à tous.
Mais, je vous conseille évidement de commencer par “Les déracinés”

Le troisième volet, “Et la vie reprit son cours”, est sorti le 16/04/2020 chez le même éditeur, Éditions les escales.

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Extrait :

« Les journées s’étiraient lentement dans un ennui confortable, les journées interminables de ciel et d’eau. Je n’avais rien à faire que méditer sur ma vie et mon avenir. Pour ne pas m’angoisser, je trouvais plus confortable de me replonger dans mon passé. Je passais des heures, alanguie dans une chaise longue, à regarder la mer en faisant défiler les séquences les plus réussies du film de mes jeunes années. C’était une manière de faire mes adieux à mon enfance à laquelle je tournais définitivement le dos. En fermant les yeux, je voyais une longue plage blonde où le bonheur n’en finissait pas de couler. Si j’avais peu de certitudes, une seule était totalement inébranlable : peu d’enfants avaient vécu une enfance aussi libre et heureuse que la nôtre, un long fleuve d’insouciance. Je gardais des années bénies de mon enfance le souvenir de la plus absolue félicité. Nous vivions hors du temps avec le sentiment que cela durerait toujours. »

 

 

Catherine Bardon est une amoureuse de la République dominicaine où elle a vécu de nombreuses années. Elle est l’auteure de guides de voyage et d’un livre de photographies sur ce pays. Son premier roman, Les Déracinés (Les Escales, 2018 ; Pocket, 2019), a rencontré un vif succès.