de Flavia Bujor
Broché – 27 août 2002
Éditeur : Anne Carrière

Trois jeunes filles, Jade, Ambre et Opale, issues de milieux différents, découvrent le jour de leur quatorzième anniversaire qu’elles ont été adoptées. L’écho d’une ancienne prophétie les oblige à quitter leur famille pour accomplir leur mission dans un lointain Royaume. Chacune se voit alors remettre, pour seule arme, une pierre magique correspondant à son prénom. Bien que tout les oppose, elles devront apprendre à se faire mutuellement confiance pour échapper aux dangers qui les guettent. Elles entament un long voyage jusqu’à Oonagh, l’oracle mystérieux qui deviendra leur guide. Leur quête les conduira à livrer bataille aux forces du mal.
De nos jours, dans un hôpital parisien, une jeune fille de quatorze ans lutte contre la mort. Joa ne parle plus, ne se bat plus, mais elle rêve, et ses songes l’emportent dans un monde féerique où trois héroïnes mènent un combat épique. Au bout de leurs aventures réside un secret qui pourrait lui redonner une raison de vivre.
Œuvre d’imagination et roman initiatique, La Prophétie des pierres, qui comblera les lecteurs avides d’évasion, révèle le talent d’une toute jeune auteure.

Cela faisait des années que j’entendais parler de La Prophétie des pierres, qui m’intriguais et ce pour une seule et belle raison. Son auteure, Flavia Bujor, n’avait que 13 ans lorsqu’elle l’a écrit.
13 ans… ce simple chiffre suffisait à éveiller ma curiosité.
Puis le temps a passé, et j’avais oublié ce roman, jusqu’à ce qu’il me tende les bras, la semaine dernière, dans un arbre à livres. Impossible de résister, j’ai plongé littéralement.
Dès les premières pages, j’ai senti une simplicité désarmante dans l’écriture. Des dialogues parfois naïfs, des personnages pas toujours fouillés… mais qu’importe ! Derrière cette fragilité perce une énergie brute, une fraîcheur qui n’appartient qu’aux débuts, aux premiers romans. Le récit s’ouvre de nos jours, sur Joa, une jeune fille hospitalisée, luttant contre la mort. Par ses rêves, elle se relie à l’épopée de Jade, Ambre et Opale, trois adolescentes découvrant le jour de leur quatorzième anniversaire qu’elles ont été adoptées et qu’elles sont liées par une prophétie et par des pierres magiques. Leur quête, dans un lointain Royaume, le pays du Conte de Fées, guidée par l’oracle Oonagh, qui deviendra leur guide, va les entraîner dans un combat contre les forces du mal.
J’ai été touché par ce double niveau de lecture, l’hôpital, si proche, si concret, et le monde féérique, immense et initiatique. Je devine très vite que l’un nourrit l’autre, que l’espoir naît au cœur même du désespoir. La plume de Flavia Bujor, malgré ses maladresses, déploie une sincérité qui me fait oublier ses imperfections et je suis emporté.
Alors oui, ce roman s’adresse surtout aux jeunes lecteurs, mais le vieux lecteur que je suis y a trouvé son compte et a pris énormément de plaisir à cette lecture simple, enrobée de magie et de mystère… J’y ai vu une fable sur la vie, sur la force des rêves, sur ce qui nous pousse à tenir debout.
Quel dommage que Flavia n’ait pas poursuivi dans l’écriture, son unique roman résonne pour moi du coup comme un cadeau, un éclat de jeunesse préservé à jamais.
13 ans… Comment a-t-elle fait ?
A-t-elle récupéré les souvenirs de Jade, d’Ambre et d’Opale, afin de nous transmettre leur message perdu ?
Je vous laisse vous faire votre propre avis…
Dans tous les cas, je le recommande avec enthousiasme à tous ceux qui aiment l’aventure, la magie, les émotions pures et la générosité d’une captivante histoire écrite avec le cœur.
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Extraits :
« Le vieillard poussa un long soupir. Il semblait à bout de forces. D’innombrables rides creusaient son visage. Il tenait à peine debout, le dos voûté, les jambes tremblantes. Il se laissa tomber dans un fauteuil et dit faiblement :
– Je ne peux rien y changer. Elle suivra son destin.
Le duc, dont l’angoisse était perceptible, haussa le ton :
– Théodon, tu es sage. Tu as consacré ta vie entière à comprendre La Prophétie. Tu as aidé mon père. Tu m’as aidé. Tu m’as conseillé, tu m’as soutenu. Ne m’abandonne pas maintenant! Il faut qu’elle vive. Il faut qu’elle triomphe, quoi qu’il advienne. »
« Ambre était assise dans l’herbe. Comme à son habitude, elle rêvait et regardait d’un œil distrait les moutons qu’elle devait garder. D’autres images occupaient ses pensées. Elle s’imaginait vivre près du soleil et de sa chaleur bienfaisante, dialoguer avec les nuages, les oiseaux. Le vent l’emportait dans de merveilleux voyages; la nuit, elle était éblouie par l’éclat des étoiles qu’elle pouvait toucher de la main, et… »
« D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, Opale avait toujours vécu avec son arrière-grand-tante Eugénia et la fille de celle-ci, qui portait le même prénom. Pour la différencier de sa mère, on l’appelait Gina. Opale n’avait pas connu d’autre logis que la maison cossue où elles habitaient toutes trois. Sa grand-tante Gina, malgré son âge avancé, restait vigoureuse. Elle s’était toujours occupée de l’entretien de la maison et de l’éducation d’Opale, et lui avait appris tout ce qu’elle savait : les Lettres et l’Histoire. Elle lui avait aussi transmis sa connaissance des plantes et des remèdes.
Opale était une élève réfléchie et appliquée. »
« Depuis qu’elles s’étaient rencontrées, quelques minutes auparavant, elles n’avaient pas prononcé un mot. Elles se détaillaient mutuellement, la même pensée à l’esprit : “Nous sommes ennemies.” Jade scrutait avec dédain les deux filles. La tête haute, le regard fier, elle voulait clairement leur signifier qu’elles n’avaient aucune importance pour elle. “Une paysanne et une petite bourgeoise, ça ne m’impressionne pas”, se dit-elle avec ironie. Mais au fond d’elle-même, la jeune fille éprouvait un profond désarroi, et elle était résolue à n’en rien laisser paraître. Elle observa Ambre, les traits défaits, qui pleurait en silence. “Pauvre fille, tu fais pitié !” pensa-t-elle. »
« – Il ne lui reste plus très longtemps, ajouta-t-il. A mon avis, pas plus de quelques jours. Vous ne vous y êtes pas attachée, j’espère ?
L’infirmière haussa les épaules d’un geste fataliste.
– Non, pas vraiment. Et puis, elle a déjà tellement souffert…
Le docteur observa un moment de silence. Il nettoya minutieusement les verres de ses lunettes avant de lâcher gravement :
– De toute façon, nous ne pouvons plus l’aider. Elle a définitivement renoncé à se battre depuis la mort de ses parents. »


Flavia Bujor (née en 1988) est une écrivaine et critique littéraire française d’origine roumaine. Née le 8 août 1988 à Bucarest, fille d’un sculpteur et d’une psychanalyste, elle est arrivée en France à 2 ans.
À l’âge de 13 ans, elle écrit son premier roman, La Prophétie des Pierres, traduit en 23 langues (dont l’allemand, l’anglais et l’italien).
En 2008, Flavia Bujor entre à l’École normale supérieure (A/L). Elle obtient en 2012 l’agrégation de lettres modernes.
À partir de 2014, elle prépare sous la direction d’Emmanuel Bouju (université Rennes 2) une thèse de doctorat en littérature comparée intitulée Une poétique de l’étrangeté : plasticité des corps et matérialité du pouvoir (Suzette Mayr, Marie NDiaye, Yoko Tawada), qu’elle soutient en novembre 2018.
Elle est ATER à l’université de Bretagne-Sud depuis 2017.

















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