de Peggy Fratorre
Broché – 8 septembre 2017
Éditions : La lampe de chevet
Les liens du mariage ou du sang, ceux entre une victime et son agresseur, entre un greffé et son donneur, ceux avec son idole, avec son enfance ou les liens entre la vie et la mort… L’existence est faite de dépendances affectives. En racontant la réalité à laquelle on est confronté chaque jour, ces quinze nouvelles traversent l’ordinaire de toute vie et évoquent ce qui nous lie et nous éloigne.
Peggy Fratorre, encore une auteure que je ne connaissais pas, encore une belle, voire une très belle surprise !
Quinze nouvelles, quinze chutes surprenantes que je vous défi d’anticiper…
Quinze nouvelles qui sont allées chercher en moi, au plus profond de mon cœur et de mon esprit certaines résonnances avec beaucoup émotions et des ressentis complètement différents.
Chacune d’elles m’a un peu plus enfoncé dans des mondes qui mènent vers la fragilité, la douleur, la vengeance, l’enfance… Le tout avec énormément d’imagination. Les seuls points communs pourraient être la Femme… ou la maîtrise de l’écriture de l’auteure.
Car Peggy maîtrise parfaitement son écriture et ses effets. Elle mêle avec une facilité déconcertante la poésie, le suspense, la peur, mais aussi l’humour.
Plusieurs nouvelles de son recueil ont remporté prix et distinctions, ce qui ne me surprend pas du tout. J’en ai même relu certaines afin d’essayer de deviner celles qui avaient été primées.
Je serai bien curieux de lire ce qu’elle a écrit d’autres !
Alors, si vous ne voulez pas être secoué en votre for intérieur, passez votre chemin…
Un petit recueil oui, mais rempli d’idées insoupçonnées, bouleversantes aussi…
Nous sommes tous directement ou indirectement les héros des nouvelles de Peggy, c’est ce qui nous lie et nous éloigne…
Certaines images resteront dans mon esprit.
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Extraits :
« Enfants, nous habitions dans une maison, qui, très vite, est apparue trop exiguë pour onze occupants. Nos armoires étaient presque vides… nos ventres aussi. Ce que l’on mangeait – souvent une simple tranche de pain saupoudré de sucre – ne nous tenait pas toujours à l’estomac. Nous manquions de tout… sauf d’amour. Vivre de cette façon était si inconcevable pour une personne extérieure, qu’on menaçait sans cesse ma mère de mettre ses petits à l’Assistance Publique. Nous ne pouvions nous permettre de prendre la douche chaque jour, et ne cherchons pas à faire des effets de toilettes pour nous rendre à l’école : nous n’avions pas l’embarras du choix ! Les plus jeunes, portaient les vêtements et les chaussures de leurs aînés. Autant dire que les habits des cadets était élimés. Ainsi, nous étions pauvres, mais heureux. »
« Le Docteur Prudence, Clairval était assise dans son cabinet. En entrant dans cet endroit calme, à l’ambiance feutrée, on se sentait tout de suite à l’aise. Ici, pas de trace du traditionnel divan, mais un fauteuil style cabriolet, très confortable. Prudence était Psychiatre, un « Docteur de l’âme ». Elle passait son temps à diagnostiquer et soigner les maladies mentales : dépression, trouble obsessionnel compulsif, paranoïa, bipolarité… Elle n’avait pas voulu écrire « Psychiatre », sur sa plaque à l’entrée, car les patients pouvaient se sentir gênés de consulter un psy. Pour beaucoup, qui disait « Psy », disait « fou ». Or, ceux qui venaient la voir ne l’étaient pas tous, loin de là ! »
« L’autre jour, en regardant un reportage sur l’euthanasie, j’avoue que l’idée de me débarrasser d‘Émile m’a traversé l’esprit. J’y ai repensé plus d’une fois, depuis. Quel plaisir peut-il avoir à vivre dans une telle dépendance ! Alors, j’ai beaucoup réfléchi, j’ai échafaudé différents plans. Trouver le meilleur moyen pour être seule… Enfin libérée ! »
« Du coup, j’ai intégré une école d’infirmière. Cela m’est apparu comme une évidence. Rêveuse née – trop naïve diraient certains – j’aspire à un monde meilleur où la souffrance, la pauvreté et la maladie n’existeraient pas. J’aime savoir que je peux me rendre utile. D’un naturel réservé, ce travail me permet de m’épanouir, de gagner en confiance. Il m’oblige à être à l’écoute des gens, sans porter de jugement. Il demande de la patience, de la rigueur, de l’organisation et beaucoup de sang-froid. Qualités que je crois avoir et que j’ai essayées de cultiver. Soigner les blessures, panser les plaies, apporter bonheur et réconfort : voilà mon quotidien ! Un métier riche en relations humaines, qui ne connaît pas la routine et qui m’aide à devenir une belle personne. Une carrière à peine choisie par hasard, au service de mon prochain. »
Née à Marseille, ville chère à son cœur qu’elle a dû quitter en 2001 pour des raisons professionnelles, Peggy Fratorre a alors habité à Troyes (dans le Grand Nord !) pendant un an puis dans le Golfe de Saint-Tropez, à Cogolin pendant neuf ans. Passionnée de littérature, c’est tout naturellement qu’elle est devenue professeur de Lettres. Une véritable vocation née dès l’enfance. Voilà seize ans qu’elle essaie de transmettre son amour du français à ses élèves.
C’est à l’occasion d’un concours de nouvelles, en 2009, qu’elle en est venue à l’écriture.
Plusieurs nouvelles du recueil ont remporté des prix et distinctions.
Retrouvez-la sur son blog :
http://peggyfratorre.blogspot.fr/
ou sa page FB :
http://www.facebook.com/donnemoidesnouvelles/
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