Humour, Noir, Polar, Suspense, Violence

Sans pitié ni remords

de Nicolas Lebel
Poche – 10 mai 2017
Éditeur : Le Livre de Poche

9 novembre. Le capitaine Mehrlicht assiste aux obsèques de son ami Jacques Morel. Quelques heures plus tard, un notaire parisien lui remet une enveloppe contenant un diamant brut : l’œil d’une statue dérobée au musée des Arts d’Afrique et d’Océanie dix ans plus tôt.
De leur côté, les lieutenants Latour et Dossantos sont appelés pour constater un suicide, puis assistent à la défenestration d’une femme qui avait réclamé la protection de la police. Les deux victimes avaient un point commun : elles travaillaient ensemble au musée.
La chasse au trésor organisée par Jacques vire alors au cauchemar. Que cherchent ces anciens légionnaires, qui apportent la guerre à Paris dans un jeu de piste sanglant jalonné de cadavres ? Mehrlicht et son équipe ont quarante-huit heures pour boucler cette enquête sous haute tension, dans laquelle bouillonnent la fureur et les échos des conflits qui bouleversent le monde en ce début de XXIe siècle.

Retrouver le capitaine Mehrlicht dans Sans pitié ni remords de Nicolas Lebel, c’est comme retrouver un vieil ami qui parle cash, qui grogne, mais qui vous fait rire à chaque réplique. Ce flic atypique, cultivé et grinçant, me donne toujours l’impression de sortir d’un film d’Audiard. Et autour de lui, son équipe prend de l’épaisseur, s’affine, se bonifie au fil des enquêtes.

Ce que j’aime chez Nicolas Lebel, ce n’est pas seulement ses intrigues tordues et captivantes, mais surtout son style, cette plume pleine de verve et de malice, où chaque page réserve une phrase qui arrache un sourire. Derrière l’humour et les dialogues savoureux, il y a aussi une passion réelle pour la France, pour son Histoire, pour ses mots. Et ça, je le ressens à chaque lecture.

L’affaire qui nous entraîne ici démarre avec une statuette africaine volée, “Le Gardien des Esprits”. Une disparition vieille de plusieurs années qui resurgit quand Mehrlicht, tout juste endeuillé par la mort de son meilleur ami, hérite de ses biens… et découvre un diamant lié directement à ce vol. Très vite, le voilà suspecté, arrêté même, et au cœur d’une enquête qui croise suicides douteux, vols d’art, manipulations et mercenaires sans scrupules.

À côté de ce puzzle haletant, Nicolas s’amuse à glisser de la poésie, de la cryptographie, des références à Baudelaire, et même un message caché page 377, comme un clin d’œil complice à ses lecteurs attentifs. J’adore ces détails qui font toute la richesse de ses romans.

Lire Sans pitié ni remords, c’est plonger dans une intrigue palpitante, foisonnante, où l’intelligence du texte se mêle à un suspense implacable. C’est aussi retrouver un univers familier, des personnages attachants, et surtout un auteur qui, une fois de plus, me bluffe par son talent.

Nicolas Lebel est décidément trop fort. Et moi, je me suis régalé, sans pitié… mais avec beaucoup de plaisir.

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Extraits :

« Mehrlicht exhala la fumée de sa Gitane. Il la sentit filer sur sa joue et s’évanouir derrière lui. Son pouls battait fort dans sa gorge au rythme de ses pas sur l’allée de gravier. Son téléphone collé à l’oreille, il parvint enfin à l’arc de triomphe du Carrousel. Il examina l’ouvrage massif à la gloire de Napoléon Bonaparte, l’empereur qui avait mis l’Europe à genoux. Un monument de plus pour célébrer la guerre. Au-delà, le Louvre resplendissait sous la lumière crue d’un soleil pâle qui jouait avec les angles de la pyramide de verre.
Le capitaine s’arrêta et tourna sur lui-même ; l’automne avait dépouillé les arbres et les buissons du jardin des Tuileries ; rien ne bloquait véritablement la vue. »

« — Je lui annonce « Police nationale», elle me raccroche au nez… Police nationale ! Ça ne veut plus rien dire pour personne ! Aberrant ! Alors qu’on est là pour les aider ! se lamentait Dossantos en observant l’écran noir du téléphone de Ghislaini.
Cuvier l’approuva.
— Parce que tous les gens ont un truc à se reprocher, aujourd’hui. Ils sont pas clairs…
Carrel les ignora et rejoignit son assistant. Latour regarda Dossantos. Il semblait sincèrement dépité. »

« Émilie Monchant travaillait aujourd’hui dans une société française, Négoce-Afrique, dont la spécialité était l’import-export avec la République démocratique du Congo, le Congo-Brazzaville, le Gabon et le Sénégal. À quarante et un ans, la jeune femme blonde et élancée pouvait sincèrement affirmer qu’elle avait consacré toute sa vie à l’Afrique. Et une grande partie à l’art bakongo. »

Nicolas Lebel est un auteur français.

Il est également enseignant et traducteur.

Il a fait des études de Lettres et d’anglais puis il s’est orienté vers la traduction. Il est parti en Irlande quelque temps avant de devenir professeur d’anglais.

Passionné de littérature et de linguistique, il publie en 2006 une première fiction, une épopée lyrique en alexandrins : « Les Frères du serment« .

En 2013, il publie aux Éditions Marabout « L’Heure des fous » (Prix des lecteurs polar du Livre de Poche 2019), en 2014, « Le Jour des morts« , en 2015, « Sans pitié, ni remords » (Prix Anguille-sous-Roche), en 2017, « De cauchemar et de feu«  (Prix du Festival Sans Nom), puis, en 2019, « Dans la brume écarlate » (Prix Coquelicot Noir du Salon du Livre de Nemours), cinq romans policiers caustiques où histoire, littérature et actualités se mêlent. Des romans noirs qui interrogent et dépeignent la société française contemporaine avec humour et cynisme, dont le ton est souvent engagé, et le propos toujours humaniste. Ces cinq romans mettent en scène le capitaine Mehrlicht.

En 2021, il reçoit le Prix Griffe Noire du meilleur roman policier français de l’année pour « Le gibier ».
En 2023, il se met en disponibilité de l’Éducation nationale pour se consacrer à l’écriture de romans et de scénarios.

Facebook : https://www.facebook.com/pages/Nicolas-Lebel-Polars/485293481534883

Émotion, Drame, Roman, Suspense

Les étincelles

de Julien Sandrel
Poche – 3 mars 2021
Éditeur : Le Livre de Poche

La jeune Phoenix, vingt-trois ans, a le goût de la provocation, des rêves bien enfouis, et une faille terrible : il y a trois ans, son père, un scientifique, s’est tué dans un accident de voiture en allant rejoindre une autre femme que sa mère. Depuis, Phoenix le déteste. À cause de lui, elle a abandonné études et passions et enchaîne les petits boulots. Mais un jour, dans un carton qui dort à la cave, elle découvre la preuve que son père se sentait en danger. Ainsi qu’un appel à l’aide énigmatique, écrit dans une langue étrangère. Et si elle s’était trompée ? Et si… la mort de son père n’avait pas été un accident ?
Aidée de son jeune frère, un surdoué à l’humour bien ancré, Phoenix se lance à la recherche de la vérité. Mais que pourront-ils, tout seuls, face à un mensonge qui empoisonne le monde ?

Julien Sandrel confirme son talent de conteur.
Sandrine Mariette, Elle.

Un roman haletant, engagé et profondément humain. Entre enquête à haut risque, secrets familiaux et suspense digne d’un thriller portée par Phoenix, une héroïne bouleversante. Émotion, humour, amour et courage se mêlent pour offrir un récit vibrant, ancré dans notre époque. Et ce retournement final… magistral !
Oups…
Je suis allé un peu trop vite encore emporté par le récit !

Avec Les étincelles, Julien Sandrel m’a une nouvelle fois touché en plein cœur. Ce troisième roman marque un virage plus engagé, sans renoncer à la tendresse et à l’humanité qui caractérisent son écriture. Il y aborde une thématique forte, ancrée dans notre époque, le courage de dénoncer les abus des puissants.

Phoenix, jeune étudiante, peine à faire le deuil de son père, qu’elle croyait volage. Entre colère et chagrin, elle garde un souvenir amer de celui qui avait pourtant nourri sa passion pour la musique. Jusqu’au jour où sa grand-mère, voyant sa petite-fille s’enliser dans une tristesse sans fin, l’incite à fouiller dans les affaires laissées par son père. Dans un vieux carton, Phoenix découvre un message troublant. Son père se savait en danger. Elle se demande alors si son père n’était pas mort accidentellement mais avait été assassiné , Oui mais pourquoi aurait-il été assassiné ?

Avec son frère et Victor, une rencontre inattendue, Phoenix se lance dans une quête dangereuse. Leur enquête les mène dans les coulisses d’un monde opaque, fait de multinationales aux moyens colossaux, de réseaux d’influence, de menaces réelles. Le suspense est constant, rythmé par des rebondissements et la voix de narrateurs secondaires qui enrichissent le récit.

J’ai vibré avec Phoenix, ressenti son désarroi, son courage, et cette soif brûlante de vérité. J’ai admiré la façon dont Julien Sandrel mêle l’aventure, l’humour, l’émotion et un regard lucide sur notre monde. Ce roman rappelle les risques que prennent les lanceurs d’alerte et souligne la force des liens familiaux.

Arrivé à la page 243, un retournement m’a laissé sans voix…
Julien a une façon unique de faire passer de belles émotions.
Les étincelles est à la fois un roman haletant, une histoire d’amour puissante, et un plaidoyer pour la justice.
Une lecture que je recommande sans réserve.

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Extraits :

« La lumière est tellement forte. Charlie a tellement chaud. Le paysage en devient presque flou. Ou bien est-ce la vitesse de la voiture qui brouille ses sens ?
C’est étrange, cette sensation qui l’envahit, au moment où le véhicule quitte la route. La terreur sourde se mêle à une forme de beauté. Oui, c’est cela, il y a quelque chose d’infiniment gracieux dans ce temps suspendu, ces secondes de chute.
Sept, six, cinq.
La voiture pique du nez.
Dans quelques instants, ce sera le choc. Charlie le sait.
Ses muscles se crispent.
L’ensemble de son corps se tend.
Il n’avait pas imaginé que sa vie finirait ici.
Quatre, trois.
Charlie pense à sa femme, à ses enfants, à sa mère aussi. Il voudrait leur dire qu’il les aime. Leur donner la force d’avancer sans lui.
Mon Dieu, c’est tellement injuste.
Charlie se met à pleurer. De peur. De rage. De tristesse. »

« Au fond, depuis que le piano et mon père m’ont abandonnée, je ne sais plus qui je suis vraiment.
Je n’ai jamais parlé de ce problème à ma mère. L’histoire que je lui ai servie, c’est qu’avec la mort de papa, je n’étais plus obligée de faire semblant. Je lui ai dit avoir pris conscience que mon avenir n’était pas dans le piano et vouloir tout arrêter. Alors j’ai renoncé aux études de musique et j’ai emprunté le chemin de la fac de sciences. Soulagée que « j’assure mes arrières » en devenant prof de SVT plutôt qu’intermittente du spectacle, ma mère n’a pas cherché plus loin et a vendu le piano. »

« Si, comme elle le pense, son père a bien été assassiné, alors cela implique encore d’autres degrés d’actions criminelles liées à Lumière. En plus de la dissimulation, de la subornation de témoins et autres réjouissances lobbyistes, il y aurait donc tout un volet de meurtres directs avec préméditation. Tout cela prend des dimensions tellement énormes…
Je lève les yeux et remarque que Phoenix pleure en silence. Alors je m’approche et l’enveloppe de mes bras, comme on console une enfant. Elle s’y blottit, et nous restons comme cela.
Le monde s’arrête de tourner. Ou plutôt, je comprends à cet instant que le monde peut bien faire ce qu’il veut, je suis à ma place.
Je ferme les yeux, pour graver en moi ce trouble qui pénètre mon âme, et fait renaître des sensations presque oubliées. Je cueille cet instant, je le chéris, mais je ne suis pas dupe. Il a la saveur violente de l’éphémère. »

Julien Sandrel est né en 1980 dans le sud de la France et vit à Paris. Son premier roman La Chambre des merveilles a connu un succès fulgurant et a obtenu plusieurs prix littéraires, dont le prix Méditerranée des lycéens 2019. Traduit dans vingt-six pays et adapté au théâtre, il est également porté à l’écran par la réalisatrice Lisa Azuelos et l’actrice Alexandra Lamy. Ses romans suivants, La vie qui m’attendait, Les étincelles, Vers le soleil et Merci, Grazie, Thank you, ont eux aussi rencontré un grand succès en librairie. Parallèlement à son activité de romancier, Julien Sandrel travaille en tant que scénariste, aussi bien sur des adaptations de ses romans que sur des projets originaux.

Polar, Suspense, Violence

Mais ensuite, je devrais vous tuer…

de Eymeric Bihan
Broché – 24 janvier 2025
Éditeur : MVO Éditions

Pour les fêtes de Noël. Le clan Becker se réunit au sein du manoir familial. Bientôt, un froid polaire paralyse la région et contraint les convives à se confiner. La tension est palpable. Et une première mort tombe, au travers des quatre miles mètres carrés traversés par une centaine de passages secrets…

J’ai découvert la plume d’Eymeric Bihan à l’automne 2024, avec Frisson Cognitif, le premier volet d’une trilogie. L’univers m’avait intrigué, les idées étaient là, fortes, originales, les personnages porteurs d’un vrai souffle… Mais à mes yeux, tout filait un peu trop vite. J’étais resté sur ma faim, frustré de ne pas pouvoir m’imprégner davantage de cette atmosphère qui affleurait pourtant entre les lignes. C’est donc avec une pointe de curiosité mêlée à l’envie de redonner une chance à cet auteur que j’ai accepté sa proposition de lire son dernier roman Mais ensuite je devrais vous tuer…

Je l’ai commencé hier soir, sans attente particulière… et je n’ai pas pu décrocher. Dès les premières pages, j’ai senti qu’un cap avait été franchi. Il installe ses personnages, les creuse, les fait exister pleinement. Le décor est posé avec soin, un manoir familial majestueux, isolé, où règne le vernis glacé des convenances bourgeoises. Nous sommes chez les Becker, une famille riche, puissante, et redoutablement étanche aux débordements émotionnels. Noël approche, les Garvax sont invités, les apparences se doivent d’être impeccables. Mais la fête tourne rapidement à l’aigre.

Il y a dans ce roman une tension qui m’a rappelé Les Dix Petits Nègres d’Agatha Christie. Une atmosphère feutrée et toxique à la fois, où chaque sourire semble masquer un couteau. Une tempête de neige enferme les convives. Et rapidement, le premier cadavre est découvert. Un détonateur. Le vernis craque, les rancunes sourdent, les masques tombent. Les non-dits deviennent des accusations. La parole se fait arme. J’ai été happé par cette spirale.

Le manoir lui-même devient un personnage à part entière, avec ses couloirs secrets, ses escaliers dérobés, ses 4000 m² qui semblent conspirer. C’est dans ce décor presque gothique que le détective Chapter Trick et sa fantasque acolyte Mademoiselle Flair débarquent. Le duo détonne, décalé, presque burlesque parfois, mais ô combien efficace dans cette mêlée de faux-semblants et de mensonges familiaux. L’enquête s’avère retorse, rythmée, et jamais prévisible.

J’ai particulièrement apprécié la galerie de personnages, certains touchants, d’autres carrément odieux, mais tous croqués avec justesse. On passe de la colère à la tristesse, du rire à la gêne. L’auteur nous balade, nous piège, et finit par nous cueillir avec une élégance qui m’a bluffé.

Une plume vive, immersive, soignée. Un huis clos redoutablement efficace, mené avec maîtrise, où l’architecture du lieu épouse les arcanes du suspense.
Une belle réussite.
Merci encore, Eymeric, pour cette lecture aussi réjouissante qu’inquiétante, qui m’a embarqué et franchement régalé.

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Extraits :

« 20 décembre 1950, midi.
Suzanna Becker patientait derrière la fenêtre couverte d’une buée glaciale.
Depuis deux ou trois jours maintenant, un froid saisissant prenait en grippe la région des Pyrénées-Atlantiques. Les températures mettaient à mal tout le monde. Suzanna expira et se frictionna les mains, puis les épaules, afin de se réchauffer un peu. Les vacances de Noël promettaient de ne pas être de tout repos.
Que ce soit en rapport avec la météo, ainsi qu’avec les invités qui arrivaient et envahiraient le domaine, durant des jours entiers.
Que c’est beau toute cette neige ! »

« – Tes ancêtres de la couronne britannique doivent se retourner dans leurs tombes, mon petit-fils, attesta sa grand-mère paternelle, tout aussi répugnée et outrée que déçue. Je remonte dans mes appartements. Qu’est-ce que tes parents ont raté dans ton éducation, hein? Tu es un dégénéré, mon pauvre Edward… un pédéraste. Un Becker? Tu es maudit, mon garçon… Maudit. Jamais, je n’aurais cru qu’un de mes petits enfants… »

« Durant toute la nuit, elle avait cogité. Est-ce que cet homme l’avait auparavant touchée ou forcée à faire quelque chose contre son gré ? Elle ne se le rappelait plus. Seulement, à présent qu’elle y songeait, des bribes de souvenirs occultés l’accablaient. Ces vignettes ne se distinguaient pas les unes des autres. Puis, elles se brouillaient presque aussitôt et finissaient par se dissiper.
– J’étais gamine… »

« Rosmerta se dit alors que les gens fortunés, qui possédaient ce que la plupart enviaient, ne réagissaient pas de la manière la plus normale, sauf lorsque la nourriture sucrée côtoyait une triste nouvelle. Cela étant, ce qui troublait à l’excès de la gouvernante restait l’importance que ces bourgeois privilégiaient à leurs petits soucis personnels, en omettant en grande partie le drame survenu. C’était comme s’ils minimisaient la chose. Ceci l’écoeurait au maximum. Ces bougres de richesses, songea-t-elle, dégoûtée. Ils ne se préoccupent pas de leurs divergences d’opinions. Des nombrilistes. C’était à vomir. Cependant, était-elle réellement étonnée ? Rosmerta a travaillé et opérait pour les Becker depuis trente ans. À ce stade, plus rien ne me surprend, je pensais-elle souvent. Malgré les bizarreries dont elle avait été témoin naguère. Les deux exemples les plus limpides dans sa mémoire résultaient là encore de drames événements au sein de la dynastie. »

Eymeric Bihan, 30 ans, est actuellement en poste hébergement au sein d’une maison de retraite dans les Pyrénées, à Saint Lary Soulan.
Suite à une imagination débordante depuis tout petit et à une succession de soucis personnels, il s’est pour ainsi dire plongé dans l’écriture.
Tout a commencé par des chansons en anglais, de part son attrait pour la culture américaine. Puis l’écriture a dévié sur des scénarios, des nouvelles pour enfin toucher la construction d’un roman. Avec Frisson Cognitif, il signe là la première trilogie, dans le genre littéraire du Cosy Mystery. Avec les paysages Pyrénéens qui l’entourent, il a de quoi nourrir son inspiration.

Histoire, Polar historique, Suspense

Les Illusions orientales

Une enquête d’Hippolyte Salvignac
de Philippe Grandcoing
Broché – 6 mars 2025
Éditions : de Borée

Des rives de la mer Rouge au détroit du Bosphore, de la côte désertique des Somalies aux ruelles d’Istanbul, en passant par l’Égypte et le canal de Suez, nos deux héros marchent sur les traces du père de l’inspecteur Lerouet. Ils se lancent ainsi à la poursuite d’un fabuleux trésor et d’un mystérieux assassin alors que la guerre couve dans les Balkans. Tensions internationales et intrigues diplomatiques prendront-elles le pas sur leur quête toute personnelle ?

Nous sommes en juin 1913. L’Europe bruisse de tensions, les Balkans s’embrasent, les alliances se nouent dans l’ombre, et déjà se dessinent les contours du premier grand conflit mondial. C’est dans ce contexte fébrile que Philippe Grandcoing m’a entraîné, avec le huitième opus de sa série historique, Les Illusions orientales. Un titre qui, vous vous en doutez, sonne comme un présage.

Je retrouve avec plaisir Hippolyte Salvignac et Jules Lerouet, ce duo que j’ai appris à suivre comme on suit d’anciens amis. Cette fois, ils quittent les rues familières de Paris pour les rivages ensoleillés de l’Orient. Leur quête ? Retrouver la trace du père disparu de Jules, un certain Botros, marchand devenu riche, mais dont la piste semble s’être effacée dans le sable brûlant de Djibouti. Les accompagne Anatole, le vieux cousin d’Hippolyte, dont c’est peut-être le dernier voyage, pour un adieu amoureux à l’Égypte et à ces terres chargées d’histoire.

Mais rien n’est simple. À Obock, ils apprennent que Botros est mort. Le testament a disparu. Les richesses aussi. Quelqu’un les devance, tire les ficelles. En toile de fond, trafic d’armes, espionnage, héritage convoité, manipulations multiples. Et une fresque géopolitique fascinante, où la moindre étincelle pourrait embraser un empire. Des puissances se jaugent, se trahissent. Les Grecs, les Ottomans, les Bulgares, les Russes… tous avancent leurs pions, et nous avec.

D’Istanbul à Andrinople, en passant par Djibouti, l’auteur livre un roman haletant et particulièrement érudit. L’intrigue, parfois un peu mécanique dans sa mise en route, n’en reste pas moins captivante. J’aurais aimé y croiser plus de personnages féminins, comme dans les précédents opus, mais le tableau d’Istanbul, à la veille du basculement politique, vaut à lui seul le détour. Cette ville carrefour, entre Europe et Asie, rayonne à travers les pages comme un personnage à part entière.

Ce roman se lit d’une traite, et refermer la dernière page m’a laissé une seule envie, repartir au plus vite, sur les routes avec Salvignac et Lerouet. Une enquête solide, une leçon d’histoire passionnante. À chaque tome, Philippe creuse plus loin, plus juste. Et moi, lecteur comblé, je le suis volontiers.
Hâte de lire la suite !

Un grand merci à Virginie, des éditions de Borée, une nouvelle fois pour ce cadeaux ! 🙏

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Extraits :

« Il contourna le lit avec appréhension. La présence du cadavre étendu sur le matelas le mettait mal à l’aise. Il ne regrettait pas son geste, même si, jadis, le vieux lui avait été sympathique. Mais il ne pensait qu’à ses affaires, ses perles et son or. Son cœur était aussi aride que le désert. Il semblait ignorer jusqu’à l’existence même du mot amitié. Quant à son sens de la famille, mieux valait ne pas en parler… Abréger son agonie n’était pas un crime en soi.
Juste un service rendu. Au défunt tout d’abord. Était-ce une vie que de se traîner lamentablement sur cette terre de misère, abandonnée de Dieu et des hommes, sans médecin compétent, sans traitements efficaces, à mâchouiller quelque herbe euphorisante ou à avaler des décoctions étranges qui annihilaient la conscience ? »

« Il se plante au milieu de la pièce et l’examina en détail. Il tente de convoquer ses souvenirs afin de comprendre l’anémique lumière lunaire. Et il se souvint… Dans l’angle le plus sombre de la chambre, à l’opposé de la porte, il y avait un placard étroit masqué par une tenture. Il va tirer le rideau. Il dissimulait les rayonnages d’une modeste bibliothèque. Il en examine les volumes dépareillés un par un. Plié en deux entre les pages d’un gros volume, il trouva ce qu’il était venu chercher. »

« Botros avait voulu être inhumé seul, à l’écart de toute vie, sur un îlot désertique, au large d’Obock. Ne se revendiquant d’aucune patrie, d’aucune famille et d’aucune religion, comme il l’avait dit dans son testament, il avait choisi ce lieu parce qu’il était lui aussi de nulle part et que sa dépouille n’appartiendrait à personne. »

« Il s’était toujours senti désemparé face aux morts. Il pouvait éprouver du chagrin, compatir à celui des autres, ressentir le manque laissé par le disparu. Mais il aurait été bien en peine d’implorer un dieu quelconque ou de s’adresser à quelque intercesseur céleste pour lui recommander l’âme d’un défunt.
L’idée d’un au-delà divisé en un paradis et un enfer, avec un purgatoire antichambre du premier, lui paraissait être une invention d’hommes hantés par l’idée d’injustice et qui espéraient que les crimes impunis sur terre ne le seraient pas dans les cieux. La peur du jugement dernier n’avait jamais fait disparaître le péché. »

« C’est parce que je ne crois ni en Dieu ni en diable. Pour moi, les cieux sont vides. Il n’y aura pas de jugement dernier, pas d’enfer ni de purgatoire. Si les méchants ne payent pas ici et maintenant, ils ne le feront jamais. »

Philippe Grandcoing, né le 6 novembre 1968, à Limoges (Haute-Vienne), est professeur agrégé d’Histoire en classes préparatoires au lycée Gay-Lussac, docteur en histoire contemporaine, spécialiste de l’histoire de la société limousine du XIXe et du XXe siècle. Il a publié de nombreux ouvrages, notamment huit volumes de la collection des « Grandes affaires criminelles » chez De Borée. La Malédiction de Rocalbes est le cinquième épisode des aventures d’Hippolyte Salvignac.

Publications
Ouvrages historiques et scientifiques

  • Les demeures de la distinction. Châteaux et châtelains au XIXe siècle en Haute-Vienne, éditions PULIM, 1999.
  • La baïonnette et le lancis. Crise urbaine et révolution à Limoges sous la Seconde République, éditions PULIM, 2002.
  • Le siècle d’or des châteaux. Haute-Vienne 1800-1914, Editions Culture & Patrimoine en Limousin, 2002
  • Un Robin des Bois entre Périgord et Limousin : Histoire et légende de Burgou, XIXe – XXe siècles, Éditions Culture & Patrimoine en Limousin (Collection « Patrimoine en poche »), 2006, 158 p. (ISBN 2-911167-49-X).

Romans de la série Salvignac

Ouvrages collectifs

  • 1905, le printemps rouge de Limoges (avec Vincent Brousse et Dominique Danthieux), Culture et Patrimoine en Limousin, 2005.
  • Un siècle militant : Engagement(s), résistance(s) et mémoire(s) au XXe siècle en Limousin (avec Vincent Brousse et Dominique Danthieux), éditions PULIM, 2005.
  • L’Innovation agricole en Pays Limousin du Moyen Âge à nos jours, éditions Les Monédières, 2006.
  • Les grandes affaires criminelles de Haute-Vienne (avec Vincent Brousse), éditions De Borée, 2008.
  • Les nouvelles affaires criminelles de Haute-Vienne (avec Vincent Brousse), éditions De Borée, 2009.
  • Ostensions (avec Vincent Brousse), Culture et Patrimoine en Limousin, 2009.
  • Fermes idéales en Limousin, Culture et Patrimoine en Limousin, 2010.
  • Les grandes affaires criminelles du Lot (avec Vincent Brousse), éditions De Borée, 2010.
  • Paysage et environnement en Limousin, de l’antiquité à nos jours, éditions PULIM, 2010.
  • Les grandes affaires criminelles politiques (avec Vincent Brousse), Éditions De Borée, 2010.
  • Les grandes affaires criminelles du Limousin (avec Vincent Brousse, Jean-Marie Chevrier et Jean-Michel Valade), Éditions De Borée, 2010.
  • Les nouvelles affaires criminelles de la Creuse (avec Vincent Brousse), Editions De Borée, 2011.
  • Les Grandes affaires criminelles politiques (avec Vincent Brousse), De Borée, novembre 2011.
  • Les Nouvelles affaires criminelles du Lot (avec Vincent Brousse), De Borée, avril 2012.
  • Les Nouvelles affaires criminelles de Corrèze (avec Vincent Brousse), De Borée, octobre 2013.
  • Les Nouvelles affaires criminelles politiques (avec Vincent Brousse), De Borée, novembre 2013.
  • Limousin sur grand écran, Culture et Patrimoine en Limousin, 2013.
  • Utopies en Limousin (avec Vincent Brousse, Dominique Danthieux et alii.), Les Ardents Éditeurs, 2014
  • Oradour après Oradour (avec Dominique Danthieux), Culture et Patrimoine en Limousin, 2014.
  • Le Front Populaire en Limousin (avec Vincent Brousse, Dominique Danthieux et alii), Les Ardents Éditeurs, 2015.
  • La Belle Époque des pilleurs d’églises. Vols et trafics des émaux médiévaux. (avec Vincent Brousse), Les Ardents Éditeurs, 2017.
  • Sublime Périgord, la fabrique d’un territoire d’exception, (avec Hélène Lafaye-Fouhéty) Les Ardents Éditeurs, 2021.
  • L’affaire Barataud. Une enquête dans le Limoges des années 1920 (avec Vincent Brousse), Geste éditions, 2022, 267 p. (ISBN 979-10-353-1552-8).

Publications diverses

  • Articles d’histoire dans les revues Les Grandes Affaires de l’Histoire dont il a été conseiller éditorial de 2015 à 2018 et Les Grandes Affaires Criminelles.

Émotion, Drame, Polar, Suspense

Piratage mortel

de Jean-Pierre Levain
Broché – 2 avril 2025
Éditions : Des livres et du rêve

Camille Laroche, ingénieure de haut niveau, touchait enfin du doigt la vérité sur ses origines… avant que sa voiture, devenue incontrôlable, ne bascule dans la Saône.
Seule sa fille, Léa, huit ans, survivra.

L’enquête s’oriente rapidement vers un piratage.
Mais qui pouvait en vouloir à la victime ?
Fred Brazier et son équipe exploreront chaque piste.
Travaux top-secrets, relation avec un haut gradé transsexuel, sa véritable filiation.

Alors que les cadavres s’accumulent, une course contre la montre s’engage et l’étau se resserre, autour de Léa, que les tueurs s’obstinent à vouloir faire disparaître.

Jean-Pierre Levain clôture sa série en beauté.
Un polar trépidant où secrets, manipulations et dangers s’entrelacent jusqu’au bout du suspense dans cette ultime enquête du groupe crime du SRPJ de Lyon.

C’est avec un plaisir certain que j’ai retrouvé Fred Brazier, le commandant du SRPJ de Lyon, dans Piratage mortel. Dès les premières pages, le polar démarre sur les chapeaux de roue. Fred et Eva ont décidé de s’épouser, ils se promènent tranquillement, au moment ou Fred s’apprête à lui passer la bague au doigt, ils sont témoins d’un accident de voiture dramatique le long de la Saône. Une femme et sa fille sont piégées dans le véhicule immergé. Fred et Éva plongent sans hésiter. Seule la fillette, Léa, pourra être sauvée. Très vite, l’hypothèse d’un banal accident s’effondre : sabotage, meurtre, secrets militaires… et une série de cadavres à la clé.

Jean-Pierre Levain maîtrise son intrigue avec brio. Le rythme est soutenu, les rebondissements nombreux, et les révélations pleuvent sans relâche. Ce polar coche toutes les cases : tension, émotion, et une plongée glaçante dans un monde d’informations classées secret défense.

J’ai été particulièrement touché par le lien qui se tisse entre Éva et la petite Léa, qui donne une dimension humaine et poignante à l’enquête. Fred, fidèle à lui-même, fait preuve d’une rigueur implacable tout en restant profondément humain. Certains personnages sont bouleversants, d’autres profondément détestables — un équilibre parfait.

La plume de l’auteur est toujours aussi fluide, percutante, immersive. Il sait manier les fausses pistes, les détails qui prennent tout leur sens plus tard, et un final à la hauteur de la série. Il signe ici une clôture magistrale.

Un grand merci à Angie. Un vrai bonheur !

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Extraits :

« Dans la vraie vie, beaucoup d’histoires familiales ressemblent à des sacs de nœuds plutôt qu’à des chemins parsemés de roses. La plupart du temps, elles résultent d’aléas relationnels, voire de déraillements amoureux, qui échappent, en partie, à la maîtrise de leurs auteurs. Il arrive également qu’elles correspondent à des choix de vie délibérés de la part d’individus qui réfutent les normes communes pour expérimenter leurs propres voies. Tel était le cas pour Camille Laroche. »

« Camille Laroche naquit en 1986. Aussi loin que remontaient ses souvenirs, elle ne s’était jamais sentie à l’aise au sein de ce petit monde au mode de vie expérimental. Elle enviait la normalité de ses copines qui bénéficiaient de leurs deux parents et rêvait d’une famille traditionnelle. Le besoin de conformité était sans doute une composante inhérente à l’enfance. »

« Les mêmes causes ne produisent pas toujours les mêmes effets. Fred ronflait du sommeil du juste à ses côtés. Ce qui rendait sa propre insomnie plus difficile encore à endurer. II paraît qu’avec l’âge les hommes dorment de plus en plus facilement alors que, pour les femmes, c’est le contraire. Si même la nature s’en mêle, se dit-elle, l’égalité des sexes n’est pas pour demain !
Ce n’était évidemment pas la seule raison. Elle le savait parfaitement. Une boule au ventre lui tordait les viscères et son cerveau tournait en surrégime refusant d’obéir à ses injonctions lui ordonnant de ralentir son manège infernal. Le cri de la gamine lui restait en travers de la gorge et surtout au creux de l’estomac : Pourquoi tu es venue me chercher ? Moi, je voulais rester avec elle. Maintenant c’est trop tard, elle est partie ! »

« Elle pénètre dans le restaurant et en fit le tour, comme si elle déambulait à la recherche d’une opportunité. Elle ne vit rien au premier passage. Elle repère, au second, un adolescent boutonneux au look gothique. Il avait l’air perdu assis face aux baies vitrées qui donnaient sur l’extérieur. Le garçon, tout de noir vêtu, avait des cheveux longs et un regard aussi sombre qu’une nuit sans lune. Son tee-shirt était décoré d’un squelette qui adressait un doigt d’honneur à tous ceux lui faisant l’insigne honneur de poser les yeux sur lui. Le bas était à l’avenant avec un pantalon baggy parsemé de poches et d’anneaux cousus à même l’étoffe. Sans oublier les sempiternelles Doc Martens montantes à semelles épaisses. »

Jean-Pierre Levain est Docteur en psychologie.

Il a été chercheur à l’Institut de recherche sur l’enseignement des mathématiques et maître de conférences en sciences de l’éducation à l’Université de Franche-Comté.
Aujourd’hui à la retraite, il s’est reconverti dans l’écriture de romans policiers. Le premier s’intitule “Les femmes ne plaisantent pas avec l’amour” (2020).

Page Facebook: https://www.facebook.com/JPLevain/

Drame, Polar, Psychologie, Suspense, Thriller, Violence

Les femmes ne plaisantent pas avec l’amour

de Jean-Pierre Levain
Poche – 2 avril 2025
Éditions : Des livres et du rêve

Touchée par trois balles, dont une en pleine tête, Éva Karsanti échappe miraculeusement à la mort, mais sombre dans un coma profond.
Propriétaire de boutiques de luxe et d’un site de rencontres libertines, elle finance en secret des ONG qui aident des femmes en détresse à avorter dans des pays liberticides où ces pratiques sont interdites.
De lourdes menaces planent sur Éva.

L’enquête est confiée au commandant Fred Brazier, épaulé par Gaëlle Lebras. Chaque piste soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses, et traquer la vérité s’avère aussi périlleux qu’urgent.

Plongez dans la nouvelle version du tout premier opus de Jean-Pierre Levain.

Un polar intense où se dessinent les premiers pas du groupe crime du SRPJ de Lyon, une équipe appelée à devenir légendaire.

J’ai dévoré Les femmes ne plaisantent pas avec l’amour de Jean-Pierre Levain en une seule soirée. Impossible de le lâcher !
Intrigue haletante, rythme bien dosé, documentation rigoureuse… tout y est. On sent dès les premières pages que l’auteur sait de quoi il parle, que ce soit en matière de procédures policières, de balistique ou de diagnostics médicaux. Peut-être un peu trop pour certains ? Mais personnellement, cela n’a rien enlevé au plaisir de ma lecture.

L’histoire démarre fort. Eva Karsanti, puissante entrepreneuse lyonnaise, se fait agresser chez elle. Un individu en tenue de motard la menace, tue son chien et finalement lui tire dessus. Touchée de trois balles, dont une en pleine tête, elle survit miraculeusement mais plonge dans le coma. La jeune et intrépide Gaëlle Lebras, hérite de l’enquête. À ses côtés, Fred Brazier, commandant proche de la retraite, qui connait très bien la victime, ensemble ils vont essayer de démasquer cet agresseur prêt à tout pour se débarrasser de la femme d’affaires. Un duo attachant, bien équilibré, entre le flic calme et expérimenté et la fougueuse coéquipière, curieuse et un brin provocatrice.

Jean-Pierre alterne les points de vue sans jamais me perdre, ce qui donne un rythme vivant, presque cinématographique. Les personnages sont bien dessinés, crédibles et profondément humains. J’ai aussi beaucoup apprécié les références littéraires et cinématographiques glissées çà et là avec malice, et puis l’humour qui affleure par moments.

Au-delà de l’enquête policière, Jean-Pierre explore des thèmes de société essentiels, les droits des femmes, le droit à l’avortement, les groupes extrémistes, la sexualité, l’amour libre, les relations intergénérationnelles, la bisexualité et bien d’autres choses… Les femmes ne plaisantent pas avec leur liberté d’aimer, c’est bien là tout le sens du titre, et aucun homme dans le roman ne pourra prétendre avoir le contrôle sur ce terrain.

Un polar intelligent, bien écrit, moderne, et surtout porté par une vision affirmée : l’amour, quand il est sincère et libre, ne se négocie pas. À glisser dans toutes les valises cet été !

Un immense merci à toi Angie, pour ta confiance et pour m’avoir permis de signer cette nouvelle couverture. Toujours au rendez-vous avec grand plaisir !

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Extraits :

« Se tenant à la rampe et encore légèrement ensommeillée, elle ne réagit pas immédiatement à la vue de l’étranger entièrement vêtu d’une combinaison de motard avec sur la tête un casque à la visière réfléchissante baissée. Il était de petite taille, assez mince, et semblait peu inquiétant de prime abord. La surprise fit progressivement place à l’effroi quand elle entrevit l’immense revolver au bout de son bras. Sa première pensée fut pour le chien, ce gros benêt de labrador toujours gentil avec tout le monde. Comme elle regrettait à présent de s’être laissée attendrir au chenil par sa bonne bouille de chiot et d’avoir préféré un labrador placide à un vrai défenseur féroce faisant son travail de gardien en se jetant sur l’agresseur pour le mettre en fuite. »

« Gaëlle, à genou dans le sang de la victime, lui dénoua sa robe de chambre pour l’aider à respirer, prenant garde à ne pas la bouger. Elle comprima la blessure à la jambe le plus délicatement possible avec la serviette pour limiter l’hémorragie, espérant ne pas trop aggraver la cassure osseuse. Le crâne était fracturé. La balle était entrée juste au-dessus de l’œil gauche, pour ressortir par le haut de la tête.
En une prière silencieuse, elle espérait qu’elle n’avait pas pénétré trop profondément le lobe cérébral. »

« – Bonjour à toutes et à tous. Je vous prie d’excuser mon retard, mais je tenais à faire le point avec le médecin-chef du service de neurologie de l’hôpital Erlanger où est hospitalisée notre victime. Madame Karsanti a, comme on le dit couramment, eu de la chance dans son malheur. La fracture à la jambe a été réduite et la balle n’a pas touché d’artère. Concernant la blessure à la tête, le projectile a pénétré au niveau frontal juste au-dessus de l’œil gauche pour ressortir par le haut de la partie pariétale du crâne. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’a pénétré que superficiellement le cerveau, sans provoquer de dommages irréversibles. L’impact a créé des lésions de contrecoup avec contusion encéphalique. Les chirurgiens l’ont opérée en urgence pour résorber l’œdème qui s’était formé. L’opération s’est bien passée mais le pronostic reste réservé. Pour le moment, elle est toujours dans le coma. Les médecins ne savent pas quand nous pourrons l’interroger. »

Jean-Pierre Levain est Docteur en psychologie.

Il a été chercheur à l’Institut de recherche sur l’enseignement des mathématiques et maître de conférences en sciences de l’éducation à l’Université de Franche-Comté.
Aujourd’hui à la retraite, il s’est reconverti dans l’écriture de romans policiers. Le premier s’intitule “Les femmes ne plaisantent pas avec l’amour” (2020).

Page Facebook : https://www.facebook.com/JPLevain/

Drame, Polar, Suspense, Thriller psychologique

L’Affaire Isobel Vine

de Tony Cavanaugh
Poche – 8 mars 2018
Éditions : Points

Et dire qu’il s’était juré de ne plus y remettre les pieds. Quatre ans après avoir quitté la police de Melbourne, Darian Richards s’apprête à réintégrer les rangs de la Criminelle. Quel enquêteur ne rêverait-il pas de résoudre la célèbre affaire Isobel Vine ? Une affaire d’autant plus délicate que quatre jeunes flics participaient à la soirée fatale. Vingt-cinq ans après cette mort suspecte, Richards est bien décidé à faire triompher la vérité. Au risque de voir tomber ses plus proches alliés.

« Pas moyen et aucune envie de décrocher. »
Bernard Poirette, « C’est à lire », RTL

« Un cold case chaud et bien huilé. »
Julie Malaure, Le Point

Très bon polar qui renouvelle le genre. Les personnages sont mystérieux, barrés, mais attachants, avec flics ripoux et ambigus mais surtout une intrigue qui tient la route. L’écriture m’a happée. Précise, acérée, presque sèche, mais incroyablement évocatrice. Une narration qui épouse le rythme des personnages : entre tension et langueur, lucidité brutale et désespoir contenu.

Ce n’est pas l’intrigue en soi qui m’a saisi, même si elle tient la route, c’est cette atmosphère, cette immersion dans les coulisses troubles d’une police où la ligne entre le bien et le mal est constamment floutée. Le meurtre d’Isobel Vine, 25 ans plus tôt, n’est que la porte d’entrée vers un univers où chacun a ses ombres, ses pactes et ses silences.

Le rythme est étrange, hypnotique. j’avançais sans courir, mais je n’ai jamais décroché. J’ai aimé cette tension douce, cette impression d’être dans un polar qui pense autant qu’il cogne.

Et puis il y a l’écriture de Tony Cavanaugh qui m’a m’a bluffé de bout en bout, nerveuse, parfois cynique, mais toujours juste. Sa manière de faire parler les rues, les souvenirs, les blessures aussi. Je pense que la traduction de Fabrice Pointeau n’y est sans doute pas pour rien.

Un vrai polar noir, sans tape-à-l’œil. Dense, humain, implacable… Je referme ce livre avec le sentiment d’avoir vécu une lecture différente.
Une belle découverte.

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Extraits :

« Je coule.
Tout autour de moi, la pression et les remous de l’eau. Au-dessus de moi, une surface chatoyante, l’éclat tacheté du soleil. Je ne peux pas remonter vers lui. Je n’entends rien hormis le rugissement dans mes oreilles. Je coule. Sous moi, je ne vois aucune forme, tout est sombre. Je descends vers le fond de l’océan. Si je l’atteins vivant, j’entendrai probablement un bruit sourd en le heurtant. Mes bras s’agitent, mes jambes se débattent, j’essaie de trouver quelque chose de ferme pour y poser les pieds, pour rebondir dessus vers la surface, mais il n’y a rien, juste l’écrasement de l’eau. »

« Je déteste l’eau. Pas le truc qui coule des robinets – ça, ça va. Je déteste être dedans. Les océans. Les lacs. Les piscines. Les rivières. J’ai failli me noyer à onze ans. Mon père, dans une furieuse crise de je-ne-sais-quoi, après de trop nombreuses bières et voyant mes regards inquiets, m’a soulevé du sol de notre petite embarcation de location et balancé dans la mer. J’ai coulé. Dans ce qui était je suppose un soudain accès de culpabilité, il a plongé à ma suite et m’a attrapé alors que j’étais en train de boire la tasse, puis a remonté mon corps inerte jusqu’à la surface. »

« Mes pieds me faisaient souffrir. C’était la première fois en quatre ans que je portais des chaussures en cuir. Je portais aussi un costume, également pour la première fois en quatre ans. Chemise enfoncée dans le pantalon et cravate serrée autour du cou. J’approchais du QG de St Kilda Road, gravissais les marches et pénétrais dans le hall. C’était mon premier jour de boulot en tant que flic réintégré. »

« J’espérais que si mon enquête révélait une implication des policiers dans la mort d’Isobel, je n’aurais pas à subir les assauts et la pression du syndicat contre moi, car pour ce qui le concernait, ses membres étaient respectables et devaient être défendus coûte que coûte.
J’essaie d’éviter la politique, mais c’est impossible. sElle est là, comme le mal. On peut fermer les yeux, certes, mais les machinations et les pactes en coulisse sont comme une rumeur permanente dans le monde de la police, comme les rouages d’une machine. »

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Tony Cavanaugh est un auteur de romans policiers, scénariste et producteur.

Après des études universitaires dédiées à la littérature anglaise et à l’histoire de l’art, il débute sa carrière dans l’industrie cinématographique où il a travaillé pendant plus de trente ans.

Il est auteur d’une série policière ayant pour héros Darian Richards, ancien policier ayant quitté la brigade des homicides pour une retraite solitaire loin du crime. La promesse (« Promise », 2012) est le premier tome de la série.

L’Affaire Isobel Vine (« Kingdom of the Strong », 2015) est son premier roman publié en France (Sonatine).

Tony Cavanaugh vit à Melbourne.

son site : https://www.tonycavanaugh.com/
page Facebook : https://www.facebook.com/

Émotion, Drame, Nouvelles, Psychologie, Suspense

SEPT SAISON 2

Les padawans de René Manzor
de Katazina,
Sarah Bordy,
Elsa Morienval,
Marlène Pascaud,
Sébastien Lemaire,
Stéphanie Baudron-Cosson,
Corinne Garnier & Patrice-Tom Garcia,

Broché – 2 juin 2025
Éditeur : Des livres et du Rêve

Sept Nouveaux Talents
Sept Premières Nouvelles…

L’idée folle de René Manzor, réalisateur, scénariste et romancier, a fait du chemin.
Donner vie à ce prof d’écriture qu’il cherchait désespérément étant môme, quelqu’un qui vous apprendrait les secrets de l’écriture comme un prof de guitare vous montre les accords.
Grâce à son « coaching », René montre la voie à ses padawans, des débutants de tous âges qui donnent vie à leur histoire.
SEPT d’entre elles sont publiées dans ce second recueil.
Elles révèlent SEPT nouveaux talents…

SEPT – Saison 2 : une suite que j’attendais avec impatience !

Écrire une nouvelle, c’est capturer l’instant avant qu’il ne s’échappe.
C’est tendre un fil invisible entre le souffle et la chute.
C’est dire beaucoup, avec presque pas de mots.
Et parfois, y glisser une volonté d’éternité.

Dans ce second opus de SEPT, ils sont de nouveaux sept à avoir relevé ce défi.
Sept voix brutes ou ciselées, portées par l’ombre bienveillante et les conseils avisés de René Manzor, chef d’orchestre de l’invisible.
Il y a du feu dans ces pages. Des tremblements. Des frissons. Du sang, des larmes, mais aussi des battements de cœur qui résonnent longtemps après la dernière ligne.
On y croise des destins qui basculent, des silences qui crient, des regards qui s’écrivent plus fort que des mots.
Et moi, lecteur, j’ai marché à travers ces histoires comme on traverse un rêve : sans vouloir en sortir… du moins pas tout de suite.

Qu’est-ce qu’un(e) auteur(e), sinon un passeur d’ombres et de lumières, un veilleur de l’intime. Celui ou celle qui, le temps d’un récit, rallume dans nos regards l’émerveillement de l’enfance ?
Ou peut-être un magicien discret qui nous parle sans bruit, mais touche juste ?

Ces SEPT, dont la plupart signent ici leur première publication, ont encore frappé très fort.

Un grand merci à René pour cette idée qui éclaire auteurs et lecteurs.
Un non moins grand merci à Angie Lollia et à ses Éditions “Des Livres et du Rêve”, qui portent tellement bien son nom et qui donne chair à ce livre que j’ai eu, une nouvelle fois, le bonheur d’habiller, un plaisir renouvelé.

Un cadeau à offrir, un trésor à garder.
Et un geste solidaire, aussi : 1€ reversé à l’association UN PAS VERS LA VIE – AUTISME pour chaque exemplaire acheté.

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Extraits :

La cabane – Sébastien Lemaire
« Ce soir-là, les parents d’Arthur étaient invités chez des collègues. Leur fils, ne voulant pas y aller, son père l’avait autorisé à dormir chez Benjamin et Thomas. C’était une occasion inouïe de mettre leur plan à exécution : venger Arthur du pervers qui l’avait tripoté. Pas une vengeance frontale, non !
Juste une façon de faire comprendre à Paul Mercier que des gens étaient au courant de ses agissements. »

Tabou – Elsa Morienval
« – Wow ! Super, Nath ! Trop contente que tu reviennes parmi nous ! Qu’est-ce qui nous vaut cet honneur ?
– Un héritage.
– Tu déconnes. Héritage de quoi ? D’emmerdes, sûrement, avec la famille que t’as !
– J’espère que non. J’ai rendez-vous avec le notaire. Je te tiens au courant.
– T’as intérêt! Et il faut qu’on se voie, histoire que je te fasse perdre ce « môdit » accent québécois !
– Bisous, ma Sof. »

Manque d’oxygène critique – Marlène Pascaud
« Dans le salon, l’horloge chuchotait les secondes.
Andréa se tenait assise sur le vieux canapé en tissu aux côtés de son père. Les lunettes à oxygène dans le nez, il dormait paisiblement.
Mais pour combien de jours encore ?
Le temps lui était compté, ils le savaient tous les deux. »

Rancune sanglante – Katazina
« La femme, nue, tête baissée sur sa poitrine, est pendante au portant de la douche. Ses intestins sortent d’une plaie béante, d’environ trois centimètres de largeur. Son torse est ouvert sur toute sa longueur, jusqu’au pubis. Des lambeaux de peau d’une couleur verdâtre retombent. D’un mouvement de bras, le légiste écarte les mouches qui viennent le saluer. Il tourne autour du corps et continue à prendre des photos sous tous les angles. »

Le cinquième taureau – Corinne Garnier & Patrice-Tom Garcia
« Le jour se lève, peinant à percer les ténèbres qui recouvrent la ville. Séville a connu une des pires nuits de son histoire. Les explosions ont déchiqueté la belle Andalouse. La vue, depuis le couvent, est cauchemardesque : des camions sillonnent les rues pour ramasser les cadavres, des villas sont brûlées, d’autres, en ruines. Les canons ont défiguré la ville. »

Remake – Sarah Bordy
« Lorsque la scène de l’effeuillage arrive enfin, Vixen bout déjà. Cette fille lui a tout pris. Ses mimiques, son look, sa coupe de cheveux, cette tignasse blonde, signature à laquelle Cynthia a seulement ajouté une frange épaisse. Lorsque le saxophone émet ses premières notes, elle remarque tout de suite que la chorégraphie est la même. Le même costume, les mêmes mouvements, la même sensualité. Tout est copié, jusqu’à la couleur du boa. Seule la fille change.
Un véritable plagiat.
Sale petite pute. »

Un cri d’enfant – Stéphanie Baudron-Cosson
« Depuis une semaine, Joanna s’est enfermée dans son minuscule appartement, au cinquième étage de son immeuble du centre-ville de Cahors. Ses journées sont ponctuées des cris stridents, des grognements et des balancements incessants de son fils Morgan, quatre ans, autiste profond et non verbal.
Avant de s’enfermer avec lui, elle a consulté tous les spécialistes de la région : assistantes sociales, puéricultrices, orthophonistes, kinésithérapeutes, ergothérapeutes. Elle s’est documentée, a contacté des associations de parents d’enfants atteints de ce trouble. Si son expérience professionnelle d’éducatrice spécialisée et son amour pour son fils lui ont permis d’imaginer des rituels pour le rassurer, c’est elle qui a le plus souffert de cet isolement. »

En 2020, quand le covid frappe et que les tournages s’arrêtent, le réalisateur, scénariste et romancier, René Manzor, a une idée folle : donner vie à ce prof d’écriture qu’il cherchait désespérément étant môme, quelqu’un qui vous apprendrait les secrets de l’écriture comme un prof de guitare vous montre les accords.

Polar historique, Sciences, Suspense

Jules Verne contre Némo

de Céline Ghys
Poche – 8 mai 2025
Éditeur : MON POCHE

Amiens, 1882. Une ombre rôde la nuit dans les rues de la capitale picarde et les meurtres s’enchaînent. Provocateur et sans limites, l’assassin signe ses crimes odieux du nom de Nemo, le célèbre personnage de Vingt mille lieues sous les mers, dans des lettres qu’il envoie à la presse. Jules Verne va devoir, bien malgré lui, se lancer à sa poursuite, avec l’aide du nouveau commissaire de la brigade criminelle et d’un mystérieux journaliste, tous deux fraîchement débarqués de Paris. Le drôle de trio ne reculera devant rien et exploitera au mieux les compétences de chacun pour élucider cette affaire et tenter d’arrêter Nemo, un des premiers tueurs en série de l’Histoire. Jules Verne comme vous ne l’avez jamais lu !

Quelle lecture passionnante !
Dès les premières pages, je me suis retrouvé embarqué dans une enquête palpitante, menée tambour battant par un jeune commissaire tout juste arrivé à Amiens. À ses côtés, un journaliste curieux et… Jules Verne lui-même !
Car l’assassin signe ses crimes du nom de “Nemo”, en référence au célèbre capitaine imaginé par l’écrivain. Forcé d’intégrer cette traque inattendue, Jules Verne se confronte à ses propres créations, dans une atmosphère à la fois historique et pleine de suspense.

L’intrigue, solidement ancrée dans la fin du XIXe siècle, offre une reconstitution immersive de l’époque : ses avancées scientifiques, sa misère sociale, mais aussi ses carcans, notamment sur la place des femmes. L’écriture de Céline Ghys est fluide, documentée, et le rythme soutenu. Chaque personnage est finement construit, de Claudine, la nièce de Verne, au capitaine Chastagnol, en passant par le mystérieux tueur.

Ce roman, c’est aussi un bel hommage à l’œuvre de Jules Verne, une réflexion habile sur le lien entre un auteur et ses personnages, et une manière originale de revisiter son univers. J’ai refermé ce livre avec enthousiasme, impressionné par cette aventure littéraire audacieuse. Un vrai coup de cœur que je recommande chaudement à tous les amateurs de thrillers historiques et de romans d’aventure bien ficelés.

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Extraits :

« Chère lectrice, cher lecteur,
Vous venez de tourner les premières pages d’un roman historique, un mélange de réalité et de fiction littéraire. Dans la belle tradition du genre, il mêlera des figures authentiques à des personnages imaginaires, des faits à des inventions, pour votre plus grand divertissement.
Si vous cherchez une biographie de Jules Verne ou un livre d’histoire, vous vous êtes trompé de rayon.
Vous êtes encore là ? Je vous félicite. »

« La comédienne ouvrit le fermoir de son immense sac en cuir bordeaux dans lequel elle rangeait tout son fatras : des brosses à cheveux, des épingles à chignons, des fards… Elle eut du mal à y caser son volumineux corset en os de baleine. Elle pensa qu’elle se débarrasserait avec plaisir, une fois chez elle, de cet outil de torture qui lui compressait les côtes chaque soir. Elle se remémora tout ce qu’elle s’était infligé pour tenter de rivaliser, en vain, avec celle qui incarnait la sublime Nadia Fédor dans la pièce de Jules Verne. »

« Un gant de cuir fondit sur le visage de la comédienne, bousculant son chapeau qui fut emporté par une rafale.
La main s’abattit brutalement sur ses lèvres afin de l’empêcher de crier.
Marie Nicolet lâcha son sac pour se débattre.
Son agresseur lui assena alors un violent coup dans le ventre, suivi de plusieurs autres qui lui arrachèrent les entrailles.
L’esprit encore lucide, elle comprit qu’un couteau avait pénétré son abdomen, la labourant de part et d’autre avec frénésie.
Marie ne pouvait pas hurler. La douleur la laissa sans voix. »

« Le gardien de la morgue fut tiré du lit et les aida à poser le corps de la défunte sur un établi en bois, acheté d’occasion aux bouchers de Saint-Leu. Il maugréa, car cette femme éventrée allait lui saloper sa salle qu’il avait lavée le mois dernier en y jetant plusieurs seaux d’eau pris au fleuve. »

« – Honorine, Claudine est moderne ! Les temps ont changé et c’est tout à son honneur de vouer son existence aux malades en apprenant, dans cette nouvelle école, une profession qui s’anoblit. Il est dans le caractère des femmes de s’acquitter bien mieux de l’art de soigner. Elles sont plus aptes à exercer cette tâche grâce à leur douceur naturelle, leurs attentions délicates et consolantes qui hâtent le rétablissement. »

« Je n’oublie jamais d’où je viens »

Originaire des Sablons au Mans, Céline Ghys est professeure de Lettres et d’Histoire, diplômée de l’Université du Maine. Elle fait partie du collectif “Les Louves du Polar”. Après Le Manuscrit perdu de Saint-Riquier, Le secret de Guy de Ponthieu et Le crâne de Saint Jean-Baptiste, vendus à plus de 10 000 exemplaires dans sa région d’adoption, les Hauts-de-France, elle rejoint les éditions Fayard et publie son quatrième roman Jules Verne contre Nemo en mai 2024.
À mi-chemin entre roman historique et polar, ses livres sont toujours très rythmés et richement documentés.

Drame, Polar, Suspense

Des poignards dans les sourires

de Cécile Cabanac
Broché – 7 février 2019
Éditions : Fleuve éditions

Catherine Renon n’a plus vu son mari François depuis des jours et ne semble pas s’en émouvoir. Dans ce coin d’Auvergne où les rumeurs blessent et tuent, pas question de prêter le flanc à la calomnie. Et surtout pas à sa belle-mère, veuve solitaire qui voue à son fils un culte tout en démesure.
Virginie Sevran et Pierre Biolet, du SRPJ de Clermont-Ferrand, ont été appelés pour constater la présence d’un corps démembré et en partie brûlé au Col des Goules.
C’est la première enquête de Virginie depuis qu’elle a quitté le 36, quai des Orfèvres pour la province, à la stupéfaction de ses proches. Quant à Pierre, il observe sa nouvelle coéquipière d’un oeil à la fois bienveillant et inquiet. Qu’est-elle venue chercher ?
Quand l’enquête met un nom sur ce corps, celui de François Renon, les questions les plus folles surgissent, avec une seule certitude : tous les meurtriers possibles de ce fils de bonne famille sont autant de facettes d’une victime annoncée.

Avec ce huis clos provincial où les faux-semblants ont de beaux jours devant eux, Cécile Cabanac signe un premier polar chabrolien hautement maîtrisé.

« Cécile Cabanac est vraiment une nouvelle plume à suivre. »
Elise Lépine, « Pistes Noires », Polar+

« Un polar dense, riche en rebondissements. »
Télé Loisirs

« Ce thriller brillant est écrit avec finesse, et l’auteure nous prend dans sa toile avec une facilité étonnante. »
Blog annesophiebooks

« Si vous cherchez un bon polar, intelligemment construit, réaliste et sans surenchère, Des poignards dans les sourires est fait pour vous. »
Blog gruznamur

« Ce roman, à l’intrigue subtile, voire retorse, à la gale rie de per son nages attachants ou repoussants, mais tous intéressants, offre un grand moment de lecture-plaisir. »
Le litteraire.com

Je me suis lancé dans Des poignards dans les sourires de Cécile Cabanac sans vraiment savoir à quoi m’attendre, mais très vite, j’ai été happé par cette histoire où chaque personnage traîne ses propres démons.

L’intrigue, dense et tortueuse, tissée de secrets, de non-dits et de rancunes sourdes, m’a rapidement serré les tripes. L’auteure maîtrise avec brio ce savant équilibre entre tension et émotion, mêlant enquête policière et vie familiale de manière surprenante. Le découpage en chapitres alternés m’a d’abord déstabilisé, mais j’ai fini par apprécier ce rythme particulier, qui m’a forcé à m’immiscer dans le quotidien troublé de chaque personnage.

Au fil des pages, j’ai découvert des personnages complexes, nuancés, loin de tout manichéisme. Leurs failles m’ont intrigué, parfois déstabilisé, mais surtout donné envie de comprendre ce qui les pousse à agir ainsi. Les thèmes, bien que classiques (disparition, famille dysfonctionnelle, couples en crise), sont abordés avec une touche personnelle qui donne au récit une profondeur saisissante. L’atmosphère, parfois malsaine, reste captivante grâce à la plume maîtrisée de Cécile Cabanac.

L’enquête menée par Virginie Sevran et Pierre Biolet, deux flics loin des clichés, marqués par leurs passés mais profondément humains, apporte un souffle réaliste et sensible. Et puis cette famille Renon, derrière son vernis bourgeois, révèle peu à peu ses fractures, ses rancunes, ses secrets… Entre huis clos familial et enquête policière, ce premier roman, puissant et émouvant, s’impose comme une promesse de talent dans le thriller français.
Une lecture que je recommande…

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Extraits :

« Il est allongé sur son lit. Il retient un instant son souffle. Pas un bruit. Sa femme et ses enfants ne sont pas là. D’ordinaire, il ne remarque pas leur absence.
La chambre est plongée dans la pénombre, quelques poussières en suspension dansent dans une fine raie lumineuse qui s’échappe entre les rideaux. Bien que François se rappelle s’être réveillé ici des milliers de fois, quelque chose a changé. Ses vêtements sont éparpillés au sol. À sa droite, sur la table de chevet, une bouteille de whisky est entamée. La porte qui lui fait face est fermée. L’air est lourd. Son alliance comprime son doigt, la fine chaîne autour de son cou semble avoir raccourci dans la nuit, les draps collent à sa peau en sueur. Il palpe ses yeux gonflés. Leurs orbites sont douloureuses comme si des grains de sable se baladaient sous ses paupières. Sa main calleuse frotte son visage anesthésié.
Il finit par se redresser et s’assoit sur le lit. Un étourdissement le surprend. Dans ses tempes, le sang exerce une pression désagréable. Sa respiration est courte, saccadée. »

« Une profonde angoisse l’étreint. Il ne veut pas être seul. Il a besoin de la chaleur de ses enfants auprès de lui. Il fait si froid. Son estomac le brûle avec une intensité douloureuse. L’alcool ocre teinte un fond de bouteille sur la table basse. Il l’avale brutalement dans un râle. »

« Un homme aux cheveux bruns est adossé à son pick-up. Il vient d’allumer une cigarette sur laquelle il tire longuement, puis il renverse sa tête en arrière et observe la fumée blanche qui s’échappe de sa bouche. »

Native du Pays basque, Cécile Cabanac est journaliste, réalisatrice et romancière.

Elle fait ses armes en presse écrite au journal « Sud-Ouest ».
Après une Maîtrise d’histoire contemporaine à l’Université Montaigne à Bordeaux, elle a ensuite intégré l’École supérieure de journalisme de Lille. Elle s’y spécialise dans l’audiovisuel. Diplômée de la 75e promotion, elle rejoint, en 2001, TF1 à Paris comme JRI (journaliste reporter d’images). Maniant avec dextérité la caméra, elle réalise de nombreux reportages pour journaux télévisés de TF1 et LCI.

En tant que journaliste réalisatrice, Cécile intègre ensuite « Le magazine de la santé » sur France 5. Elle sera également chroniqueuse au « Magazine de la Santé » ainsi qu’aux « Maternelles » sur France 5.

En parallèle elle réalise des documentaires de société pour France 5 et de nombreux numéros de l’émission « Faites entrez l’accusé » sur France 2.
Passionnée par la création, l’art, la musique, la mode et l’image, Cécile a été chef de projet communication au sein de Bonne-Graine, de 2015 à 2016.

Après Des poignards dans les sourires (2019), elle publie, en 2020, Requiem pour un diamant.

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