Adolescence, Émotion, Témoignage

Destination Rock

Un rêve de musique et de liberté
de Serge Bertrand
Broché – 29 décembre 2021
Éditions : Le Lys Bleu

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« Je m’appelle Paul, je suis né à Marseille en 1953. J’ai une histoire à raconter, mon histoire, mais aussi le témoignage d’une époque avec sa philosophie et son état d’esprit. C’est le récit, plein d’émotions, de sentiments et de musique, d’une éducation sévère et rigide, de mes souffrances, de mes joies, de mes douleurs, de mes découvertes et des rencontres qui m’ont construit et permis de rester un enfant dans ma tête. »

 

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Je découvre Serge Bertrand avec ce premier roman.
Tout d’abord, j’ai été très surpris par le début du récit. Je m’attendais vraiment à plonger de suite dans un univers musical quel qu’il soit. Et bien non !
C’est dans la jeunesse de Paul, né à Marseille en 1953 que Serge nous plonge…
La jeunesse familiale de Paul se déroule toute en difficulté. Son père est trop souvent absent, d’abord parce qu’il place son travail au-dessus de tout, même de sa famille, et aussi parce qu’il a une maîtresse. Sa mère est une femme dure, avec un système éducatif très rigide. Paul lui est un passionné, un rêveur, un garçon qui très vite sort du lot et se veut indépendant. Durant tout le récit, nous évoluons dans la tête du jeune garçon qui va se transformer en adolescent, avant de devenir un homme. Nous le suivrons à travers ses difficultés scolaires puis professionnelles, à travers de nombreux voyages dans le monde entier, à travers son parcours, à travers ses joies, ses peines de cœur, ses pensées aussi, sa passion pour la musique, et les filles qui très jeune ne le laisseront pas indifférent…

Je me suis très vite attaché à lui, à sa recherche de la liberté, malgré son mal-être. J’étais heureux en le voyant prendre de bonnes décisions et ainsi de le voir évoluer.
Paul va suivre son chemin de vérité en côtoyant ses premiers flirts qui lui permettent de sortir de son monde où il se sentait bien à l’étroit, il découvrira l’amour à travers une période où la liberté fourmillait dans tous les sens. Alors, Paul s’épanouit, Paul se découvre et prend confiance en lui. Le monde tel qu’il le connaissait ne lui plaisait pas… Il va donc se créer son propre monde avec ses propres règles !
Tolérance, sérénité, sagesse et passion. Paul est quelqu’un de bien…

La plume de Serge est touchante. Il le dit lui-même, c’est son histoire, mais c’est aussi le témoignage d’une époque révolue. J’ai ressenti entre les lignes, beaucoup d’émotion, de déchirements. Une partie de sa vie a beaucoup résonné en moi. Les conflits de famille, cette impression de ne jamais être à sa place. Le refus de rester dans le moule… L’envie d’en sortir.

Avec une écriture fluide et agréable, un style qui m’a porté de chapitre en chapitre jusqu’à la dernière page…
Coup de cœur, pour cette lecture empreinte de beaucoup de sensibilité, pour la vie de Paul hors du commun, pour le destin qu’il s’est choisi !

Une excellente découverte, encore un grand merci à mon amie Blandine Carron !

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Extraits :

« Je suis très vite intéressé par les textes de l’ancien et du Nouveau Testament. L’histoire de Moïse et de Jésus, passionnante, et toutes les valeurs morales qu’elle porte trouvent un écho en moi. Quand je lis les dix commandements, j’y trouve de la logique du bon sens et je me dis que si tout le monde respectait et appliquait ces préceptes moraux, nous vivrions tous en harmonie et en paix. J’aime particulièrement le message puissant de Jésus parlant de fraternité, de tolérance, de sérénité et de sagesse. »

« Paul, il est important que tu réalises tes rêves et tes passions. Trop de gens cachent derrière l’effigie du faux-cul, leur absence d’idées et de fantaisies. Ils s’enterrent dans le confort d’une vie médiocre, passent trop souvent à côté des choses merveilleuses sans le savoir. Profite tant que tu peux, vis intensément tes expériences, elles t’appartiennent. Personne ne pourra te les voler. Ne te préoccupe pas de ces personnes déshumanisées, ce ne sont que des marionnettes. Écoute ton cœur et suis ton chemin. »

« Le concert attaque. Le volume sonore est énorme. Chaque note me propulse en avant. Je ressens une impression de puissance. Ce moment dont j’ai tant en rêvé est arrivé, je le vis, il est là ! La peur que j’éprouve disparaît aussitôt comme neige au soleil. »

 

Après plusieurs décennies dans des services sanitaires, Serge Bertrand trouve de la motivation pour écrire son premier livre. Destination Rock propose un voyage à Marseille sur plusieurs générations à travers le personnage de Paul dont le parcours et les nombreuses péripéties de son aventure musicale sont mis en exergue.

Émotion, Histoire vraie, Témoignage

Einstein, le sexe et moi

de Olivier Liron
Poche – 14 août 2019
Éditions : Points

Top ! Je suis un garçon fougueux, normalien et autiste Asperger. Mon enfance n’a pas toujours été rose à cause de ma différence. Je suis fasciné par les dates et calcule le produit de 247856 par 91 pour m’endormir. En 2012, j’ai participé à l’émission Questions pour un champion, une expérience libératrice. Entre deux épreuves, je trempe toujours une madeleine dans du coca… Je suis… Je suis… Olivier Liron ! Oui !

Né en 1987, Olivier Liron a étudié à l’École normale supérieure avant de se consacrer à l’écriture et au théâtre.


ELLE

 

 

J’ai rencontré Olivier Liron, le 16 avril, à Valmondois, où nous avions pu discuter un peu (pas assez à mon goût…), pendant le Rock’n Books 2022.
Puis, j’ai lu l’excellent “Livre de Neige”, où il raconte l’histoire de sa mère et de sa famille…
Depuis, je voulais en savoir un peu plus sur lui, savoir ce qui pouvait bien se “passer” dans sa tête !

Et bien dans sa tête… Il y en a des choses !
Certaines qui lui ont permis de s’épanouir, d’autres qui malheureusement ont dû peser bien lourd sur ses épaules d’enfant.

Avec “Einstein, le sexe et moi”, il soulève un peu le rideau personnel de sa vie. Il dévoile et partage les embûches qui ont fait et font encore régulièrement parties de son quotidien, avec une grande question centrale.
Qu’est-ce que la normalité ?
Qui décide de ce qui est normal et de ce qui ne l’est pas ?
D’où vient la notion de « normalité », alors que nous sommes tous si différents ?
Grand, noir, petit, blanc, bègue, sourd… Gros, maigre… Atteint de cécité ou même autiste Asperger…

Il n’y aurait donc pas de normalité ?

Et non… Juste des différences, et qu’il faut apprendre à vivre avec…

C’est justement de toutes ses/ces différences dont nous parle Olivier.
Il est autiste Asperger ? Et alors… ce n’est pas une maladie !

“Einstein, le sexe et moi” est un roman coup de poing !
Avec des anecdotes, de l’émotion, beaucoup d’intelligence (c’est normal…), et de l’humour aussi (et oui…), des madeleines trempées dans du Coca, plein de question où j’ai pu aussi m’amuser à répondre au fur et à mesure de ma lecture… Olivier nous entraîne dans une farandole très personnelle, sa participation à “Questions pour un champion”, point de départ du début de son “autre” vie… En faisant des allers/retours vers son passé, sa famille, l’école (les profs… quelle galère !), les amis (les quoi ???) les filles (Heu… pas trop quand même…), ses silences, la honte qu’il ressent tout le temps, sa honte d’avoir honte et les préservatifs (comment ça marche ça encore ???…)…
Mais aussi une déclaration d’amour incroyable, de toute beauté, brute et vivante ! La plus belle que j’ai lue à ce jour…

J’ai été triste pour Olivier à certains moments, mais j’ai aussi ri avec lui, à la grande surprise des gens autour de moi dans les transports. Olivier ! Il y en a même un qui est venu me demander ce que je lisais et l’a noté ! Si, si je t’assure… Un futur nouveau lecteur…

Alors, STOP à la normalité !
Nos différences, nos révoltes peuvent faire de nous le meilleur de nous-même… Oui, on peut transformer la vie, notre vie.
Faites comme Olivier. Un pas devant l’autre… Un à la fois.
Le meilleur restera toujours à venir !

Une très belle lecture, sincère et toute en émotion qui passe par toutes les étapes d’une vie “normale”…

PS. OLivier, Face à la violencedu monde, je pense que la littérature peut beaucoup !

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Extraits :

« Je suis autiste Asperger. Ce n’est pas une maladie, je vous rassure. C’est une différence. Je préfère réaliser des activités seul plutôt qu’avec d’autres personnes. J’aime faire les choses de la même manière. Je prépare toujours les croque-monsieur avec le même Leerdammer. Je suis fréquemment si absorbé par une chose que je perds tout le reste de vue. Mon attention est souvent attirée par les bruits discrets que les autres ne perçoivent pas. »

« J’ai dans mes tripes la mémoire de la différence qu’on m’a apprise, qu’on a tatouée dans ma chair. Mes oreilles trop grandes, objet de risée et qui subissaient tellement de pichenettes et de coups qui défonçaient leur cartilage, qu’elles saignaient à la fin de la journée, et que je devais coller ma tête chaque soir contre la vitre du bus scolaire pour apaiser la brûlure et leur faire sentir le froid… Je n’oublierai jamais la sensation de douleur dans mes oreilles, pas uniquement sur le lobe, mais à l’intérieur, une douleur sourde et perçante à l’intérieur, chaque fois plus insupportable. Elle est insignifiante et si forte que je la ressens encore aujourd’hui. »

« C’est marrant, je parle du corps, mais j’ai l’impression que les mots ont encore plus de pouvoir que les coups, que les mots sont les coups qui ne partent jamais, les plus indélébiles, les plus violents pour le corps, justement. Je pense que le mot que j’ai entendu le plus jusqu’à mes quatorze ans est “gogol”. J’ai dû entendre dix mille fois les gens m’appeler gogol. À l’école, et surtout au collège, les enfants différents souffrent le martyre. C’est déjà le pouvoir hideux et haineux de la norme. Aujourd’hui encore quand j’entends à la radio les “normaux” ceux qui ont le pouvoir de la norme, de dicter la norme, de faire la norme, les politiciens et les financiers, les humoristes pas drôles, les haineux de tous bords, j’ai envie de les déchiqueter avec les dents. Pour leur montrer de quel bois on se chauffe, nous les gogols. »

« Jusqu’au moment où je suis tombé amoureux comme on se fait écraser par un train, d’une fille qui s’appelait Barbara. Barbara était belle à en mourir, elle avait les yeux verts et un rire dont je pourrais parler pendant des heures. J’étais fou amoureux d’elle. Quand elle riait, j’étais amoureux. Quand elle chuchotait, j’étais amoureux. Lorsqu’elle pleurait ses amours mortes, j’étais amoureux ; quand elle se taisait, j’étais amoureux ; je la comprenais ; je l’écoutais ; à jamais je l’aimais. »

 

 

Olivier Liron est né en 1987, il vit à Paris. Normalien et agrégé d’espagnol, il enseigne la littérature comparée à l’université Paris 3-Sorbonne Nouvelle avant de se consacrer à l’écriture et au théâtre. Il se forme en parallèle à l’interprétation et à la danse contemporaine à l’École du Jeu et au cours Cochet. Son premier roman, Danse d’atomes d’or, est publié en 2016 chez Alma Éditeur. Il est également l’auteur de pièces de théâtre, de scénarios pour le cinéma et de fictions sonores pour le Centre Pompidou.

Adolescence, Émotion, Drame

Les ailes collées

de Sophie de Baere
Broché – 2 février 2022
Édition : J-C Lattès

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« Sa poésie à Paul, c’était Joseph. Et Joseph n’était plus là. »

Suis-je passé à côté de ma vie ?
C’est la question qui éclabousse Paul lorsque, le jour de son mariage, il retrouve Joseph, un ami perdu de vue depuis vingt ans.
Et c’est l’été 1983 qui ressurgit soudain. Celui des débuts flamboyants et des premiers renoncements. Avant que la violence des autres fonde sur lui et bouleverse à jamais son existence et celle des siens.

Roman incandescent sur la complexité et la force des liens filiaux et amoureux, Les ailes collées explore, avec une sensibilité rare, ce qui aurait pu être et ce qui pourrait renaître.

Finaliste Prix Maison de la presse 2022
Sélection Prix du Château de Maffliers 2022
Sélection Prix Françoise Sagan 2022
Sélection Prix des lecteurs Version Fémina 2022
Sélection Prix Orange du Livre 2022

« D’une plume précise, l’auteure interroge la complexité des liens familiaux et amoureux des ados et déploie ses ailes dans ce roman puissant. » Version Femina

« Une langue simple, visuelle, et une justesse sociologique renversante » Le Parisien week-end

« Un roman sensible et délicat sur les sentiments que l’on cache, la violence à l’école, l’indifférence des adultes, le tout servi par une plume incandescente et joliment poétique. » Psychologies Magazine

« Une fresque intime à l’écriture qui touche en plein cœur. » Cosmopolitan

« Véritable explosion d’émotions pour ce troisième roman ! Jonglant habillement avec deux mondes bien différents : les années 80 et 2000, elle explore en profondeur les coulisses et devenirs de nos rêves enfouis de jeunesse. »La Fringale Culturelle

 

Couv_030_De Baere Sophie - Les ailes collées

 

J’ai trouvé ce roman il y a quelques jours dans ma boîte aux lettres sans aucune indication sur l’expéditeur, malgré diverses recherches, impossible de savoir de qui il venait !
Alors merci à cet(te) inconnu(e) pour cette très belle découverte !

Commencé ce matin, il fallait absolument que je le termine avant de me coucher. Il me fallait absolument connaître sa fin…
“Les ailes collées”, fait partie de ces romans poignants et bouleversants… Il a une noirceur rayonnante, et m’a captivé dès les premières phrases. Très vite, j’ai senti que cette histoire allait me toucher, me remuer. Dès lors, il m’était impossible de ne pas vivre, la tristesse et la souffrance ressentie par Paul.

2003.
Paul et Ana vont se marier et s’apprêtent aussi à devenir parents.
Ana veut faire une belle surprise à son futur mari, une surprise qui va replonger Paul vingt ans en arrière, à l’aube de son adolescence.

Été 1983.
Paul est mal dans sa peau. Timide, bègue et mal aimé, un père qui ne le “voit” pas et ne pense qu’à tromper sa femme, une mère qui a tout compris et noie au quotidien sa tristesse dans l’alcool…

… Et puis, il y a Joseph. Il est beau, il est libre, il est aimé de tous.
Dès lors, grâce à sa rencontre avec cet esprit bohème, la vie de Paul va prendre une tout autre direction…

Il y a de la passion dans la plume de Sophie de Baere. Elle griffe, elle écrit avec ses tripes, mais aussi beaucoup d’amour, de poésie et de sensibilité…
Je serai incapable, par mes simples mots, de retranscrire la façon dont Sophie m’a littéralement submergé dans cette histoire qui a beaucoup résonné en moi…

Pages après pages, l’émotion que j’ai ressentie montait, gonflait, alternant entre tristesse et colère.
Paul a subi tant de haine, tant de coups, je n’ai pu que compatir à son sort.
Et encore une fois, c’est la haine qui polluera un bonheur qui ne demandait qu’à s’épanouir.
Impossible de vous en dire plus sans trahir le récit.

Je me suis senti fragile à la fin de ma lecture, arrivée finalement beaucoup trop tôt.
On ne ressort pas entier d’un tel récit, d’une telle écriture…

“Les ailes collées” est le troisième roman de Sophie, après “La dérobée” et “Les corps conjugaux”. Ma curiosité, me pousse tout naturellement à la connaître un peu mieux, à la découvrir un peu plus…

Un nouveau coup de cœur pour ce roman qui m’a fait retourner au cœur de mon adolescence…
Merci Sophie !

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Extraits :

« Avant Joseph et aussi loin qu’il s’en souvienne, Paul n’avait jamais eu de véritable ami. À la maternelle, tout se passait plutôt bien avec ses camarades, mais les choses s’étaient corsées à son entrée en primaire.
Un être à part. Voilà ce que ses problèmes d’élocution avaient peu à peu fait de lui. Personne ou presque ne voulait jouer avec le bègue. Ni le groupe qui s’amusait à poules-renard-vipères, ni le clan des billes, ni les filles des cordes à sauter. Les autres enfants n’étaient pas méchants avec lui, on ne pouvait pas dire ça. Ils refusaient simplement de l’intégrer à leurs jeux. Même avec les billes neuves et la corde à sauter fluorescente que lui avait achetées la mère. »

« Dorénavant, la pauvre femme traînait le plus souvent en vieux tee-shirt informe et en caleçon au noir délavé. Même le Shalimar qui collait à sa peau et à ses cheveux avait disparu. Charles appelait ça être en bannette, mais cette bannette, pour Paul, c’était le signe que la mère avait rendu les armes. »

« Allongé sur son lit, le garçon expirait est inspirait. Fort. Longtemps. En élargissant ses poumons puis en les rétractant d’un coup, il tentait d’extirper les mauvaises pensées, d’oublier ce grand trou dans l’estomac. Cette douleur qui crochetait sa voix et bousculait ses pauvres mots. »

« Le soir trembla, la lune devint rouge. Paul n’était plus qu’un mélange de sable et d’eau.
Il fallait absolument qu’il se ressaisisse, alors, sans rien dire à ses parents, le garçon commanda une Heineken au comptoir. Il l’a bu derrière la sono, à quelques centimètres de la grosse enceinte. Il comptait sur la bière et la pluie de décibels pour s’étourdir et fragmenter sa peur.

 

 

Sophie de Baere est diplômée en lettres et en philosophie. Après avoir vécue à Reims puis à Sydney, elle s’est installée comme enseignante près de Nice. Elle est également auteure, compositrice et interprète de chansons françaises. Elle a publié en 2018 son premier roman, “La Dérobée” puis “Les Corps conjugaux”, récit d’un amour fou et bouleversant, paru aux éditions JC Lattès en 2020.

Folie, Frisson horreur, Noir

Pinocchio – Les contes interdits

de Maude Royer
Broché – 11 juin 2018
Éditeur : Ada

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Dans le conte original, Pinocchio était loin de l’adorable marionnette que Geppetto voulait créer. La fin de ses aventures, jugée trop violente, a dû être réécrite. Ce Conte Interdit rejette la censure et ose aller beaucoup plus loin… Vous pourriez regretter votre escapade aux pays des jouets. Une maison insalubre accumulant les jouets d’un vieux sculpteur alcoolique. Un manipulateur vicieux trouvant l’extase dans le mensonge et la torture. D’infâmes parents accusés d’un crime inimaginable, à qui on ne confierait même pas un chat. Un garçon ayant l’audace de croire qu’il peut servir de conscience à un être abject. Un voeu, celui de devenir un « vrai petit garçon », qu’une mystérieuse femme aux cheveux bleus aurait le pouvoir d’exaucer.

 

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“Les contes interdits”, est une collection que j’ai découvert il y a quelques semaines un peu par hasard. Ce sont surtout les couvertures qui m’ont intriguées et beaucoup plues. Alors je n’ai pas pu résister et j’en ai commandé…

Dès la réception de ma commande, pas déçu du tout par la qualité des livres.
Les couvertures sont vraiment magnifiques, et je me suis très vite lancé dans ma lecture.

L’histoire débute de façon très intrigante, sûrement voulu par l’auteure.
Patrick se réveille à l’hôpital après une tentative de suicide, il ne se souvient plus de rien. Ses parents étant emprisonnés pour des crimes dont il n’a aucun souvenir, il sera placé chez son grand-père, vieil homme alcoolique, plus intéressé par la sculpture de ses jouets en bois que de s’occuper de son petit-fils. La maison est insalubre, et afin de quitter son nouvel habitat, Patrick compte bien gagner de l’argent à tout prix. Seulement, trouver un travail honnête, ne fait pas du tout partie de ses plans.

Attention !

Autant j’ai beaucoup aimé cette version originale, très glauque et inventive de Pinocchio, autant je déconseille sa lecture aux personnes sensibles et à ceux qui aiment les animaux. C’est parfois très violent et adressé à un public averti.

Mais, je ne peux rien retirer à la très grande imagination de Maude Royer.
Arnaques sur les réseaux sociaux, troubles psychiatriques, déviance sexuelle, extorsion, combats illégaux, vente de drogues, viols, cruautés animales, etc…

De plus tous les ingrédients du conte original sont là, mais présentés de manière très différentes. Le personnage même de Pinocchio est odieux, perturbé et pervers.

Personnellement j’ai trouvé l’histoire intéressante et bien structurée, et j’ai aussi beaucoup aimé l’utilisation du québécois tout le long de ma lecture, même si certaines expressions m’ont obligée à demander l’aide de “Google” !

Pas déçu du tout de cet achat un “peu compulsif”, je resterai un curieux de toutes lectures jusqu’à la fin, je l’espère bien…

Qui va se laisser tenter ?

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Extraits :

« Figé dans l’entrée de la maison, Patrick n’en finissait pas de promener ses yeux autour de la grande pièce à aire ouverte. Ayant du mal à croire ce qu’il voyait, il entreprit de compter les jouets qui, installés un peu partout, le regardaient de leurs petits yeux fixes. Leur nombre était tel qu’il rendait l’exercice ardu. Chaque fois que Patrick avançait d’un pas en direction du salon, traversant la salle à manger en se prenant les pieds dans des objets disparates, d’autres marionnettes apparaissaient dans son champ de vision.
Ce n’est qu’une fois la surprise passée que l’odeur immonde imprégnant les lieux monta aux narines du jeune homme. »
…/…
« Dans la classe de français, la tête de monsieur Grégoire lui confirma son intuition. Le professeur, assis sur son bureau, les deux pieds posés sur une chaise d’étudiant, était un homme jeune et séduisant, ex-joueur de football. Il tentait de s’enlaidir en s’imposant le port de cols roulés et de lunettes aux verres en cul-de-bouteille. Efforts inutiles qui n’empêchaient nullement ses jeunes élèves féminines de ce pâmer devant lui.
Dès que le dernier élève de sa liste répondit présent, monsieur Grégoire prit une profonde inspiration, chargé qu’il était d’éclairer quelques lanternes.
– la plupart d’entre vous sont déjà au courant, commença-t-il. Pour les autres, j’ai l’immense regret de vous apprendre que deux de vos camarades, Bernard Leroux est Steve Pelchat, ont été retrouvés morts dans la nuit de vendredi à samedi. »

 

 

Maude Royer est une auteure québécoise. Graphiste de profession, sa plus grande passion a toujours été l’écriture. Après la publication de deux séries fantasy pour les adolescents et les adultes (Les Premiers Magiciens – Éditions Hurtubise – et Zodiak – Éditions ADA), elle travaille maintenant sur deux séries dans le style « dont vous êtes le héros » destinées aux enfants de 9 ans et plus. Les tomes 1 des séries Transforme-toi en loup-de-mer et Transforme-toi en demoiselle-fée (Éditions ADA) seront disponibles dès septembre 2015.