Émotion, Drame, Philosophique, Roman

Impasse de l’horizon

de Carole Mijeon
Broché – Grand livre, 13 mars 2024
Éditeur : Éditions Daphnis et Chloé

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Un jour, il est rentré chez ses parents, au 12 impasse de l’horizon, et n’est plus jamais ressorti. C’était il y a huit ans. Depuis, personne ne l’a revu. Il est devenu le reclus du 12, celui dont on parle à voix basse quand on se croise sur le trottoir.

Claudia, pré-retraitée malgré elle, habite seule la maison d’en face. Pour elle aussi le temps s’écoule entre quatre murs mais elle, ne l’a pas choisi. Aux aguets derrière ses fenêtres, elle se dit que seul un drame terrible et inavouable peut conduire un jeune homme plein d’avenir à choisir la claustration plutôt que l’aventure de la vie. Est-il la victime d’une agression insurmontable ? Ou au contraire le coupable d’un crime odieux ?

Entrainant le lecteur dans les méandres de son imagination, Claudia va tout faire pour percer le secret de l’Impasse de l’horizon et rencontrer son jeune voisin.

Qui est-il ? Comment vit-il cet enfermement ? Et surtout, que lui est-il arrivé ?

 

• Couv_2024-021_Mijeon Carole - Impasse de l'horizon

 

J’ai pris beaucoup plaisir à lire “Impasse de l’horizon”. Un roman que je n’aurais sûrement pas lu sans la proposition de Babelio. Je découvre ainsi une nouvelle auteure, et surtout un roman très particulier, je dirai même singulier et rempli d’imagination… Les personnages sont tous très intéressants et attachants.

Carole Mijeon a “construit” son récit en deux parties. Claudia et Maxime

Claudia, a été remerciée par la société pour laquelle elle travaillait. Aujourd’hui, elle s’ennuie et passe toutes ses journées derrière sa fenêtre à attendre qu’il se déroule enfin quelque chose de nouveau dans sa vie. Les jours passent… Elle déprime…
Seules les lumières qui s’allument régulièrement en pleine nuit dans la maison en face de chez elle, font travailler son imagination et lui font envisager les scénarios les plus fous…
Que peut-il bien se passer chez ses voisins ? Elle sait qu’ils ont un fils, mais elle ne l’a jamais vu !

Quel personnage étrange que ce Maxime, un homme qui a préféré “s’effacer”, sortir de la société où il ne trouvait pas sa place. Pourquoi refuse-t-il de sortir ? De quoi a-t-il peur ? Est-ce vraiment de la peur ?
Maxime passe toutes ses journées derrière son ordinateur, plongé dans un monde virtuel dans lequel sa vie lui réussit pleinement. Maxime est un “gamer”, c’est toute sa vie !
Et ses journées se passent ainsi… au grand désespoir de ses parents qui ne savent plus comment l’aider. Au fur et à mesure on va le connaître de plus en plus. Maxime m’a touché à plusieurs reprises, sa solitude, sa peur du regard des autres.

Carole a su me prendre et m’emmener en quelques pages dans un univers étrange et pourtant très réaliste qui a pu me paraître parfois répétitif, mais tellement plein de rebondissements… Carole se dévoile parfois entre les lignes. Est-ce une part d’elle-même qu’elle nous montre ou met-elle tout simplement ses héros en avant ?
Dans tous les cas, j’adhère pleinement aux sujets développés ! Je ne m’attendais pas du tout à ce genre de roman tantôt philosophique, tantôt sociétal. Carole nous montre la solitude, la tristesse, la colère aussi, sans jamais oublier, nos choix de vie et le bonheur qu’ils peuvent nous apporter en fonction des chemins que nous emprunterons.

Un roman très agréable à la plume prometteuse avec lequel j’ai passé un excellent moment de lecture, malgré des sujets difficiles…
Sommes-nous libres de vivre la vie que nous désirons ?

Un grand merci à Babelio et aux Éditions Daphnis et Chloé pour cet envoi plus qu’intéressant.

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Extrait :

« C’est la voisine du 7 qui vient de lâcher le morceau. Les décès délient les langues. Après quelques mots d’apitoiement convenus, la brave dame n’a pas tardé à me révéler que les Triaud avaient un secret. “Un cadavre dans le placard, comme on dit”, a-t-elle ajouté, l’air pincé. »

« Quand on élève un enfant, on doit toujours être inquiète. Qu’il ne prenne pas assez de poids quand il est bébé, qu’il meure subitement pendant la nuit, qu’il attrape froid, qu’il se fasse renverser sur le chemin de l’école, qu’il rate son bac, qu’il tourne mal, qu’il soit malheureux en amour, qu’il… Quel enfer que d’imaginer le pire tout le temps ! »

« Chaque soir, il se mit à visionner des vidéos d’opérations sanguinolentes tout en se tailladant frénétiquement. La moindre parcelle de peau vierge était écorchée, parfois même les plaies à peine cicatrisées étaient de nouveau incisées. Nu dans son fauteuil, il jouissait de voir couler le sang sur l’écran tandis que le sien s’échappait de son corps en d’innombrables filets.
Et puis, un jour, il croisa cette femme dans l’ascenseur. »

« – Votre fils est très agité. Incohérent même. Il m’a semblé à bout de forces.
– Mais qu’est-ce qu’il a ? s’effraya madame Triaud.
– Je crois qu’il fait un burn-out. Il n’a pas arrêté de parler de son travail. De ses collègues surtout…
– C’est grave docteur ? »

« Le passé n’est qu’une fiction que l’on se raconte. Une contrefaçon. Aucun souvenir n’est digne de confiance. Car la mémoire est infidèle. Elle travestit le réel, enlumine la grisaille ou noircit le tableau. Sans but ni raison particulière, juste parce que le cerveau se fait berner. Il confond souvenir et imagination. Dès qu’un reliquat de vie est extirpé des méandres de l’esprit, il se combine aux cogitations, s’entremêle avec les rêves, se fracasse sur les émotions et se noie dans le déni. Le décor se transforme, les dialogues se cisèlent, les personnages se caricaturent et les rôles s’inversent. Contaminée par nos pensées, notre mémoire réécrit en permanence notre autobiographie. »

 

Monteuse de profession, Carole Mijeon a travaillé sur de nombreux reportages et documentaires pour la télévision ainsi que pour des productions indépendantes.
Magazines pour France 3 – France 5 – France Ô
Documentaires pour les Films du Balibari, Point du Jour, Camera Lucida productions – ARTE
Muséographie, court-métrages, captations, mode, corporate…

Auteure de :
Sur la réserve” – éditions Daphnis et Chloé – 2015
Au pied !” – éditions Daphnis et Chloé – 2017
Impasse de l’horizon” aux éditions Daphnis et Chloé est son troisième roman – 2024.

Émotion, Philosophique

Le parfum des fleurs la nuit

de Leïla Slimani
Poche – 14 avril 2022
Éditions : Folio

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“Écrire, c’est jouer avec le silence, c’est dire, de manière détournée, des secrets indicibles dans la vie réelle”. Comme un écrivain qui pense que “toute audace véritable vient de l’intérieur”, Leïla Slimani préfère la solitude à la distraction. Pourquoi alors accepter cette proposition d’une nuit blanche à la Pointe de la Douane, à Venise, dans les collections d’art de la Fondation Pinault, qui ne lui parlent guère ? Autour de cette “impossibilité” d’un livre, avec un art subtil de digresser dans la nuit vénitienne, Leïla Slimani nous parle d’elle, de l’enfermement, du mouvement, du voyage, de l’intimité, de l’identité, de l’entre-deux, entre Orient et Occident, où elle navigue et chaloupe, comme Venise à la Pointe de la Douane.

 

• Couv_2023-117_Slimani Leïla - Le parfum des fleurs la nuit

 

Je ne connais pas l’âge de Leïla Slimani, mais à la lecture de ce “petit roman” on pourrait croire qu’il a été écrit par une personne beaucoup plus âgée, ou alors, Leïla a déjà vécu de nombreuses vies…

“Petit” par son nombre de pages, Le parfum des fleurs la nuit est un très grand livre, érudit, poétique, beau et mélancolique. Dès le début de ma lecture, c’est comme si le temps s’était arrêté ! En quelques pages Leïla a abordé tellement de sujets différents et intelligents qu’il a fallu que je m’attarde sur certains passages. Non pas parce que je ne les avais pas compris, mais ils étaient tellement fondé, et tellement juste que j’ai vraiment pris du plaisir à ces relectures. Après avoir lu il y a quelques mois Chanson douce, je savais que j’allais très vite lire d’autres romans de cette auteure. Elle confirme ici mon premier Ressenti. Cette lecture m’a donné l’impression d’avoir pris une très grande inspiration. Et…

J’ai voyagé, de Rabat à Paris, puis de Paris à Venise où se roule le récit, mais c’est surtout dans l’esprit de Leïla que j’ai voyagé. Leïla se dévoile, se raconte, les doutes sur son métier, son pays, sa langue maternelle, toutes les difficultés à définir son identité, son père, sa mère, sa religion aussi. C’est très émouvant, tout sonne tellement juste, tellement vrai. Je pense que ce n’est pas pour rien qu’à 30 ans à peine, elle ait déjà reçue le Prix Goncourt.
Je vais continuer à la lire, j’aimerais beaucoup la rencontrer, pouvoir discuter avec elle voir si le temps s’arrête de nouveau…

“Le parfum des fleurs la nuit”, c’est la réminiscence de tout les souvenirs enfouis, c’est la mémoire olfactive du passé qui se réveille. Le sien, mais aussi le nôtre…

Merci Leïla, pour ta plume élégante et magnifique qui telle une douce symphonie m’a accompagnée pendant quelques heures, bien trop courtes à mon goût.
Coup de cœur pour Leïla, que je recommande vivement !

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Extraits :

« Si je n’avais rien à raconter sur l’art contemporain, qu’allais-je bien pouvoir dire sur Venise ? Il n’y a rien de plus effrayant, pour un écrivain, que ces sujets sur lesquels il semble que tout a déjà été dit. »

« En trente ans, la population de Venise a été réduite de moitié. Les appartements, ici, sont mis en location pour les voyageurs de passage. Ils sont vingt-huit millions chaque année. Les Vénitiens, eux, sont comme des Indiens dans une réserve, derniers témoins d’un monde en train de mourir sous leurs yeux. »

« Dans quel piège suis-je encore allée me fourrer ? Pourquoi ai-je accepté d’écrire ce texte alors que je suis intimement convaincue que l’écriture doit répondre à une nécessité, à une obsession intime, à une urgence intérieure ? D’ailleurs, quand les journalistes me demandent pourquoi j’ai choisi tel sujet pour mon roman, je me trouve toujours en peine de répondre. J’invente quelque chose, un mensonge crédible. Si je leur disais que ce sont nos sujets qui nous choisissent, et pas l’inverse, ils me prendraient sans doute pour une snob ou une folle. La vérité, c’est que les romans s’imposent à vous, ils vous dévorent. »

« Je n’ai pas peur de la mort. La mort n’est rien d’autre qu’une solitude aboutie, entière, absolue. C’est la fin des conflits et des malentendus. C’est le retour, aussi, à la vérité des choses, au dénuement. Ce que je crains, c’est la résistance du corps. La déchéance. La douleur qui ronge les chairs. »

« L’eau, la neige, le vent ne tiennent pas au creux de la main. Aussi fort qu’on veuille les saisir, ils restent rétifs à notre volonté de les emprisonner. C’est assez semblable à l’expérience que fait tout écrivain lorsqu’il commence un roman. Au fur et à mesure qu’il avance, un monde se crée, mais l’essentiel demeure inaccessible comme si en écrivant, on renonçait en même temps, chaque fois, à ce que l’on voulait écrire. L’écriture est l’expérience d’un continuel échec, d’une frustration indépassable, d’une impossibilité. Et pourtant, on continue. Et on écrit. “Garder courage, en sachant au préalable qu’on sera vaincu et aller au combat : c’est ça la littérature”, disait l’écrivain chilien Roberto Bolaño. »

 

 

Leïla Slimani, née le 3 octobre 1981 à Rabat au Maroc, d’une mère franco-algérienne et d’un père marocain, est une journaliste et écrivain franco-marocaine.

Élève du lycée français de Rabat, Leïla Slimani grandit dans une famille d’expression française. Son père, Othman Slimani, est banquier ; sa mère est médecin ORL, mi-alsacienne, mi-algérienne. En 1999, elle vient à Paris pour ses études où elle est diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris. Elle s’essaie au métier de comédienne (Cours Florent), puis décide de compléter ses études à ESCP Europe pour se former aux médias. À cette occasion, elle rencontre Christophe Barbier, alors parrain de sa promotion, qui lui propose un stage à L’Express. Finalement, elle est engagée au magazine Jeune Afrique en 2008 et y traite des sujets touchant à l’Afrique du Nord.

En 2014, elle publie son premier roman aux éditions Gallimard, Dans le jardin de l’ogre. Le sujet (l’addiction sexuelle féminine) et l’écriture sont remarqués par la critique et l’ouvrage est sélectionné pour le prix de Flore 2014.

Son deuxième roman, Chanson douce, obtient le prix Goncourt 2016.
https://leressentidejeanpaul.com/2022/09/02/chanson-douce/

Anticipation, Émotion, Drame, Dystopie, Noir, Suspense

Et toujours les Forêts

de Sandrine Collette
Broché – 2 janvier 2020
Éditions : JC Lattès

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Corentin, personne n’en voulait. Ni son père envolé, ni les commères dont les rumeurs abreuvent le village, ni surtout sa mère, qui rêve de s’en débarrasser. Traîné de foyer en foyer, son enfance est une errance. Jusqu’au jour où sa mère l’abandonne à Augustine, l’une des vieilles du hameau. Au creux de la vallée des Forêts, ce territoire hostile où habite l’aïeule, une vie recommence.

À la grande ville où le propulsent ses études, Corentin plonge sans retenue dans les lumières et la fête permanente. Autour de lui, le monde brûle. La chaleur n’en finit pas d’assécher la terre. Les ruisseaux de son enfance ont tari depuis longtemps ; les arbres perdent leurs feuilles au mois de juin. Quelque chose se prépare. La nuit où tout implose, Corentin survit miraculeusement, caché au fond des catacombes. Revenu à la surface dans un univers dévasté, il est seul. Humains ou bêtes : il ne reste rien. Guidé par l’espoir insensé de retrouver la vieille Augustine, Corentin prend le long chemin des Forêts.

Une quête éperdue, arrachée à ses entrailles, avec pour obsession la renaissance d’un monde désert, et la certitude que rien ne s’arrête jamais complètement.

« Cette épopée ne s’oublie pas. » Le Figaro

« Pour Sandrine Collette, l’espoir ne meurt pas tant que subsiste un souffle de vie, si chétif soit-il. » Le Monde des livres

« Un roman très prenant et cinématographique » Madame Figaro

« À mi-chemin entre La Route de Cormac Mc Carthy […], et En un monde parfait, de Laura Kasischke, Sandrine Collette réussit une très belle œuvre et trouve l’équilibre entre l’effroyable et le beau, faisant pousser la poésie au milieu de la poussière » ELLE

 

• Couv_103_Collette Sandrine - Et toujours les forêts.jpg

 

Un récit incroyable !
Saisissant, terrifiant, dérangeant et plus encore… mais en même temps, magnifique et introspectif.
J’en suis encore tout retourné.

La vie commence très mal pour le petit Corentin. Très jeune sa mère le place dans diverses familles, le récupérant régulièrement afin qu’il n’ai pas le temps de s’attacher. Sa mère nocive, n’ayant aucune once d’amour envers son fils, fera tout pour le perturber et le rendre malheureux. Puis un jour, elle l’abandonne chez Augustine, une vieille dame, qui petit à petit va “l’apprivoiser”, elle saura l’aimer et le faire grandir !
Les années passent… Le réchauffement climatique se fait de plus en plus présent, les journées de plus en plus chaudes et deviennent même caniculaires, toute la nature s’assèche. Ce qui devait arriver, arrive, un cataclysme se produit rasant toute la surface de mille feux. La nature a disparu. Plus que quelques arbres disséminés ici ou là, des millions d’animaux et d’humains ont été emporté par la vague mortelle.
Corentin fera partie des rares survivants.
Mais est-ce vraiment une chance de survivre, alors que tout a disparu ?

Un récit qui a fait naître pour moi, beaucoup de questions qui pourraient malheureusement être bientôt d’actualité.
Et si demain n’existait plus ?
Quel serait notre avenir ?
Pourrions-nous survivre, et si oui, pourquoi ?

Voilà un récit très inhabituel et terriblement réaliste.
Sandrine nous donne avec ses mots, simples, pesant parfois, mais tellement juste, une description de ce qui pourrait arriver aux survivants. Leur quotidien, leur lutte pour subsister et de nouveau essayer de vivre une nouvelle vie dans ce monde gris et silencieux…

J’ai passé un bon moment de lecture avec cette histoire triste, mais malgré tout avec de l’espoir.

Après avoir lu, “Animal”, “Des nœuds d’acier”, “Les Larmes noires sur la terre”, “Il reste la poussière” et “Juste après la vague”, Sandrine confirme pour moi, avec “Et toujours les Forêts”, sa place sur le podium des auteur(e)s français(es) à suivre absolument !

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Extraits :

« Les vieilles l’avaient dit, elles qui voyaient tout : une vie qui commençait comme ça, ça ne pouvait rien donner de bon.
Les vieilles ignoraient, alors, à quel point elles avaient raison, et ce que cette petite existence qui s’était mise à pousser là où on n’en voulait pas, connaîtrait de malheur e et de désastres. Bien au-delà d’elle-même : ce serait le monde qui chavirerait. Mais cela, personne ne le savait encore. »

« La route vide. Ce serait le dernier souvenir.
Il n’oublierait rien, ni le long trajet muet, ni l’instant où elle l’avait fait descendre de voiture, ni la lettre qu’elle l’avait forcé à prendre. Il n’oublierait pas le petit chemin jusqu’au virage, et sa respiration qui accélérait, et la peur au fond de lui.
Enfin, il n’oublierait pas les derniers mots de sa mère pour lui.
File, merde. »

« Ce fut la fin du monde et il n’en surent rien.
Engloutis dans la terre, engloutis dans l’alcool et les rêves. Ils avaient tant bu, tant absorbé, tant bataillé pour les pensées à dire et à défendre. Ils étaient descendus sous le macadam et sous les voitures, les bras chargés de provisions, la migraine tapant déjà aux tempes et ils s’en réjouissaient à l’avance. Perdre leurs repères, s’enfoncer, se laisser couler. Ils reviendraient pleins d’hallucinations et pleins de poésie.
Pleins de mélancolie.
Où ils ne reviendraient pas. »

« Dévasté.
Y avait-il un autre mot ?
Corentin s’était assis à côté d’Albane, à côté des autres. Comme eux, il contemplait.
Mais contempler quoi ?
Tout ce qui était vif était devenu cendres.
Tout ce qui existait était détruit.
Tout n’était que silhouettes noires et atrophiées et brûlées – les immeubles, les arbres, les voitures.
Les hommes. »

 

Sandrine Collette, née en 1970 à Paris, est une romancière française.
Elle aime la campagne profonde, la forêt, la montagne, les vignes. Tout naturellement, elle aime situer ses intrigues dans un univers rural, même si son petit polar “Une brume si légère”, est exceptionnellement urbain. La romancière part toujours d’une image qui lui permettra de dérouler le fil de sa fiction.
Devenue l’un des grands noms du thriller français, une fois encore, elle montre son savoir-faire imparable dans « Six fourmis blanches » (2015).

« Il reste la poussière » (2016) obtient le Prix Landerneau du polar. En 2017 paraît « Les larmes noires sur la terre ».

Son huitième roman, « Et toujours les forêts », une fiction post-apocalyptique, a été récompensé, en 2020, par le prix de La Closerie des Lilas, le prix Amerigo Vespucci 2020 et le grand prix RTL-Lire.

Sandrine Collette partage son temps entre la région parisienne et son élevage de chevaux dans le Morvan.

Émotion, Drame

Les Lendemains

de Mélissa Da Costa
Poche – 3 février 2021
Éditeur : Le Livre de Poche

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Réfugiée dans une maison isolée en Auvergne pour y vivre pleinement son chagrin, Amande ne pensait pas que l’on pouvait avoir si mal. Les jours se suivent et dehors le soleil brille, mais, recluse, elle refuse de le voir. Lorsqu’elle tombe par hasard sur les calendriers horticoles de l’ancienne propriétaire des lieux, elle décide pourtant, guidée par les annotations manuscrites de Madame Hugues, d’essayer de redonner vie au vieux jardin abandonné. Au fil des saisons, elle va puiser dans ce contact avec la terre la force de renaître et de s’ouvrir à des rencontres uniques. Jusqu’à ce que chaque lendemain redevienne, enfin, une promesse d’avenir.

Un roman subtil et plein d’émotion qui nous invite à ouvrir grand nos yeux, nos sens et notre cœur, et un formidable hymne à la nature qui nous réconcilie avec la vie.

 

2022_029_Da Costa Mélissa - Les lendemains

 

Après “Tout le bleu du ciel” et “Je revenais des autres”, qui m’avaient beaucoup ému, à aucun moment, je ne me suis demandé si j’allais être déçu ou pas, avec cette nouvelle lecture.

Quand on est capable, comme Mélissa de transmettre autant d’émotions et de vie dans un récit, je pense que pour moi, ce sera à chaque fois une bonne pioche !
Soit, je n’ai pas ressenti le saisissement de son premier roman, mais j’ai vécu quelque chose de nouveau, quelque chose de plus fort même.
Lors de ma lecture, je suis passé par plusieurs stades, de la pire tristesse, à la joie la plus folle en passant par la mélancolie et bien d’autres ressentis… Encore une fois, que d’émotion dans cette histoire où il est question d’introspection, d’épanouissement menant l’héroïne Amande, vers une véritable résurrection, là où je l’ai cru perdue.
Il est question d’odeurs, de fleurs, de jardins potagers, d’enfance aussi, de souvenirs et d’hommages à nos anciens.

Amande a subi le pire.
La mort de son mari et la perte de son bébé mort-né…
Touchée au plus profond de son cœur et de son être, elle décide de tout quitter, son emploi, tous ses repères. Elle va partir loin de ses proches dans une maison isolée de tout.
Elle veut le silence, la solitude, elle veut dormir, mais surtout ne rien oublier, recherchant une sorte de non-vie.

Mais, un chat gris, une pleine lune et quelques calendriers vont lui permettre d’affronter l’insurmontable…

Mélissa nous offre, une nouvelle fois, une écriture très sensible et magnifiquement touchante.
Après cet univers tranchant et dévasté du début du récit, elle arrive à ralentir le temps, elle nous permet d’apprécier et surtout de ressentir l’évolution d’Amande, par petites touches, petits détails de sa nouvelle existence, pas d’intrigue particulière, de minuscules petits pas vers un retour à la vie. J’ai suivi avec Mélissa, le chemin parcouru par Amande, tous les efforts qu’elle fait, à son rythme, ne rien vouloir brusquer.
Dans cet équilibre encore précaire, Amande, telle une fleur va doucement s’ouvrir vers un nouvel avenir…

Comment ne pas craquer avec de tels récits !
Un méga coup de cœur pour Mélissa qui réussit haut la main un trois sur trois…

Si vous vous sentez esseulé, si vous arrivez à un moment de votre vie où les choses sont peut-être compliquées ou très dures, “Les lendemains” vous donneront certainement des “clés” qui vous permettront de (re)voir la beauté qui existe partout, tout autour de nous…

Merci Mélissa !

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Extraits :

« J’ai laissé les clés de l’appartement à Anne. Elle en fera ce qui lui semble le mieux. Je ne l’ai pas vidé. Je n’en ai eu ni le temps ni le courage. J’ai voulu fuir au plus vite. Tout est resté en l’état. Sans doute, la tisane que je buvais au moment où l’interphone a résonné, est-elle encore sur le plan de travail. Sans doute, le catalogue que je feuilletais est-il toujours ouvert, à côté de la tasse, et les chaussons de Benjamin attendent-ils dans l’entrée. »

« Je sens au ton de leurs voix que ça s’annonce mal. Je n’aurais pas dû me laisser berner par ce premier jour d’été, son soleil, sa légèreté, sa promesse d’un bonheur à venir. Il a fallu moins de deux heures pour que mon monde soit anéanti. »

« Ce soir-là, je termine juste de ranger mes bocaux au grenier, je redescends, replie l’échelle, referme la trappe. Je m’assieds, épuisée, sur l’une des chaises de la cuisine, sans prendre garde au chat qui se trouve à trente centimètres de moi. Je n’ai pas le temps de réagir, il saute sur mes genoux. Pas de griffes acérées, comme je le craignais. Je ne sens qu’un poids tout chaud, un peu lourd, qui se cale au creux de mon ventre. Et alors, je ne peux plus bouger. Non que je sois effrayé, au contraire… Voilà tellement longtemps que je n’ai pas éprouvé cette sensation. Voilà tellement longtemps que je n’ai plus été touché par un autre être vivant, que plus personne ne s’est blotti contre moi, que plus rien n’a pesé contre mon ventre. J’en reste bouleversée et ni le chat ni moi ne faisons un mouvement pendant près d’une heure. »

« Anne et toi, vous avez l’église et votre espoir d’un paradis. Pas vrai ? Moi, j’ai ça : la terre, les arbres, les plantes qui naissent et qui meurent, mais qui renaissent encore, j’ai le vent qui chante et fait danser les couleurs dans les branches. Je célèbre la vie sous toutes ses formes et je crois que Ben est niché dans le tronc d’un pin. Ça n’a aucun sens et ça en a beaucoup, en même temps. Tout ce que je sais, c’est que, bon Dieu, ça me fait du bien ! »

 

 

Mélissa Da Costa est une romancière française.

Après des études d’économie et de gestion à l’Institut d’administration des entreprises de Lyon (IAE) (2008-2011), elle est chargée de communication dans le domaine de l’énergie et du climat.

Elle suit également des formations en aromathérapie, naturopathie et sophrologie.

“Recherche compagnon(ne) de voyage pour ultime escapade” (2017), sortie en librairie sous le titre “Tout le bleu du ciel” (2019), est son premier roman. Salué par la presse, il a reçu le prix du jeune romancier au salon du Touquet Paris Plage.

À trente ans, elle a conquis son public et s’est imposée comme une autrice incontournable. Ses deux autres romans, “Les Lendemains” et “Je revenais des autres”, sont des best-sellers.

Tout le bleu du ciel
https://leressentidejeanpaul.com/2021/09/17/tout-le-bleu-du-ciel/

Je revenais des autres
https://leressentidejeanpaul.com/2021/08/04/je-revenais-des-autres/

Émotion, Humour

Les Semeurs de bonheur

de Cécile Pardi
Poche – août 2021
Éditeur : MonPoche

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« Ça rend heureux de rendre les autres heureux ! »

Perrine, la cinquantaine, au chômage, n’aurait jamais imaginé qu’un petit chien en piteux état pourrait la sauver de la dépression. Ni que, en ramenant chez elle l’animal trouvé sur sa route, elle sortirait de sa solitude et se lancerait dans des missions de bonheur qui transforment la vie… et peut-être celle des autres aussi.

« Un roman très inspirant et émouvant. »
Matthieu Ricard

« Un livre qui fait du bien à l’âme et au cœur. »
Brigitte Bardot

« Un merveilleux moment. »
Anna Gavalda

Ce titre a obtenu le Prix Animalis 2019 – Animaux Bonheur

 

2021_057_ Pardi Cécile - Les semeurs de bonheur

 

C’est une bouffée d’optimisme, un tsunami de bonheur !
J’ai dévoré ce “petit” livre qui m’a ému, bouleversé, attristé, mais m’a fait rire aussi…

Perrine, la cinquantaine, est au chômage depuis quelques temps. Mais, malheureusement, actuellement dans notre société, c’est souvent un âge difficile pour retrouver un emploi. Alors, pour lutter contre la déprime et l’ennui, elle a soudain une idée de génie : chaque jour, elle devra trouver une “mission de bonheur”. Elle va essayer de rendre les gens heureux autour d’elle, mais à une condition. Elle ne doit jamais tricher avec ses propres sentiments.
Ce qui avait commencé par quelques petites actions quotidiennes va finalement prendre des proportions inattendues.

L’auteure a une belle écriture, elle est dans le partage. Humour, amour et tendresse.

Dès les premières lignes, j’ai été emporté par le rythme et le sujet du roman. Il a eu sur moi un effet magique, m’a rendu heureux au fur et à mesure de ma lecture et m’a donné l’envie de (re)devenir un “semeur de bonheur”…
En effet, je faisais parti de ses gens qui disait “Bonjour !”, qui tenait la porte, se levait dans les transports pour laisser sa place, qui demandait dans les ascenseurs “À quel étage descendez-vous ?”, et qui systématiquement donnait la priorité aux piétons… Mais à force d’être regardé comme une bête étrange et de n’avoir que très rarement des mercis, petits à petits j’ai cessé d’être moi-même !

Ce petit roman de Cécile Pardi, m’a chamboulé. L’auteur à complètement raison. Il ne faut pas s’arrêter parce que les gens sont ingrats. Il faut continuer, car pour certaines personnes, ce petit moment égaillera leur quotidien, leur fera se sentir mieux et peut-être de nouveau exister ou être utile.
Certains passages du roman sembleront naïfs, mais cette histoire est surtout un moment de détente, elle vous fera du bien en ces temps difficiles.

Faites comme moi, laissez-vous séduire et entrainer dans cette “ronde folle”, par Fanette, Perrine, Sylvie, Martin, Léo le sauveur de dauphin et biens d’autres encore et qui sait, peut-être êtes vous aussi sans même le savoir un magicien du bonheur !

Je vous recommande cette “petite” lecture tout en douceur et en bonheur, un concentré d’optimiste…

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Extraits :

« Je l’ai trouvée ce matin sous le pont de la nationale. Elle était tellement faible et si sale que je l’ai crue malade ou blessée. Mais non, comme tu vois, il a suffit d’un repas, d’une sieste et d’une douche pour la remettre sur pattes !
– Tu vas devoir demander au vétérinaire de la région si sa disparition a été signalée. Elle doit appartenir à quelqu’un.
– J’aimerais tellement la garder… Qu’en penses-tu, Petite Bête ? Tu aimerais rester avec nous ?
Elle a répondu affirmativement en aboyant d’une belle voix claire. Cela nous a fait rire. Elle était avec nous depuis quelques heures et nous apportait déjà le bonheur. »
…/…
« Tu vois, tu peux rester zen. Pas la peine de s’énerver contre les mufles de cette espèce, ça leur retombe toujours sur le nez. Toi, ton job, c’est de faire tes missions de bonheur et même si les autres le comprennent pas, c’est pas grave. Tu restes sur ta ligne, tu traces ton sillon sachant qu’un beau matin, la vie te sourira. Je crois que c’est l’erreur que font beaucoup de gens. Ils arrêtent d’être gentils parce qu’il trouvent les autres ingrats. Mais il faut pas s’arrêter à un ingrat, ni deux, ni même trois ou quatre parce qu’un jour, Perrine, ça te reviendra… »

 

 

Cécile Pardi est enseignante (français langue étrangère) en Suisse. Elle est l’auteur de romans, de nouvelles, et de livres pour enfants. Sa passion pour les chevaux remonte à l’enfance. Elle a acquis son premier cheval il y a une dizaine d’années et depuis, elle chemine avec eux. Elle s’est initiée à la communication animale et aux soins énergétiques pour mieux les comprendre et les accompagner. Ce roman s’inspire de ce qu’elle vit tous les jours avec eux.

Émotion, Roman

Avant la longue flamme rouge

Guillaume Sire
Broché – 2 janvier 2020
Éditeur : Calmann-Lévy

« Il essaye de courir en poussant sa famille devant lui, mais un hurlement ouvre le ciel et une mitraillette frappe des millions de coups de hache partout en même temps. Dans le Royaume, il y a des vrombissements lointains. »

1971 : le Cambodge est à feu et à sang. Saravouth a onze ans. Sa petite sœur Dara en a neuf. Leur mère enseigne la littérature au lycée français. Leur père travaille à la chambre d’agriculture. Dans Phnom Penh assiégée, le garçon s’est construit un pays imaginaire : le « Royaume Intérieur ».

Mais un jour, la guerre frappe à sa porte. Les fondations du Royaume vacillent. Séparé de ses parents et de sa sœur, réfugié dans la forêt sur les rives du Tonlé Sap, Saravouth devra survivre dans un pays en plein chaos, animé par une volonté farouche de retrouver sa famille.

Inspiré d’une histoire vraie, ce roman restitue une épopée intérieure d’une rare puissance.

 

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Bonjour à toutes et à tous…

Un magnifique roman sur la guerre civile au Cambodge mais surtout un roman sur l’enfance de Saravouth…
Guillaume Sire raconte à sa façon, avec tendresse et intelligence un monde qui se perd et transforme les rêves en pires cauchemars.

Inspiré d’une histoire vraie, ce récit est très dur. C’est le récit d’une enfance meurtrie, d’un pays à l’agonie. D’un enfant qui par la force des choses deviendra “orphelin”, dans un paysage apocalyptique…

Nourri par les lectures de sa mère, Phusati, professeur de littérature, Saravouth, 11 ans, trouve son bonheur dans les livres, dans les histoires qui façonnent son imaginaire, son quotidien, au sein d’une famille aimante. Dans l’esprit du garçon, les personnages d’Homère vont côtoyer ceux de Peter Pan. Il embarque alors sa sœur Dara 9 ans, dans son monde fantastique où les deux enfants voyageront ainsi entre le réel et l’imaginaire.

1971, La guerre éclate, le Cambodge est à feu et à sang…
Sa mère, lui donnant le goût de la lecture, très vite, il se créé un royaume imaginaire : “Le Royaume Intérieur”, qui va lui donner la force de supporter son quotidien au milieu des atrocités de la guerre, “L’Empire extérieur”.
Les mots de René Char, l’auteur préféré sa mère, “Il faut trembler pour grandir”, vont résonner régulièrement dans son esprit.

Le périple que va alors vivre Saravouth, et qu’il devra affronter seul, est porté par l’auteur grâce à une écriture acérée mais délibérément poétique. Ce livre est un véritable Odyssée. On sent l’odeur de la violence et de la mort, de l’insondable folie humaine.

Ce livre est Beau. Ce livre est dur et puissant…
Écrit avec beaucoup d’humanité et de simplicité, il commence comme un rêve d’enfant, se poursuit dans un monde d’adultes sur la vision d’un pays déchiré, et s’achèvera au-delà des pages sur des blessures irréparables.

Livre à mettre entre toutes les mains et à consommer sans modération…

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Extrait :

« Ce n’est pas seulement pour y être moins seul que Saravouth ouvre ainsi à Dara les portes du Royaume, mais parce qu’un jour, en se demandant ce qu’il se passerait si tout à coup il perdait la mémoire, il en est venu à la conclusion que si le Royaume pouvait exister ailleurs que dans sa tête, s’il pouvait être partagé et transmis, cela le protégerait mieux que n’importe quel rempart. Si je l’oublie, elle pourra me le rendre. »

…/…

« Il était une fois, dans un château fort, une princesse enfermée dans la chambre du donjon, son père le roi n’est pas rentré des croisades…
Saravouth trouva la description du château insuffisante. Il décida de la compléter dans sa tête. En plus de l’église, du foin, des chevaux blancs et blonds, des tours en pierres polies, luisantes, des meurtrières et des douves vaseuses, il imagina un toit de verre semblable à celui du pavillon Napoléon-III, une esplanade gardée par des lions sculptés et un clocheton d’émeraude. À l’heure du dîner, le château était complet. Pour franchir les douves, où nageaient des requins et des gobies phosphorescents, il fallait passer un pont-levis en bois vermoulu. Pour compléter les tours crénelées, Saravouth avait ajouté des toits pointus, rouges et laqués. Et pour la princesse, une cheminée d’où s’exhalait un parfum de noisette. Le soir, il ne trouva pas le sommeil avant d’avoir ajouté encore plusieurs détails. Des canards morillons et des buffles dans la cour, des cerisiers, des nuages mousseux et vernissés, des chevaliers en armure, un boulanger et l’odeur du pain : les petits éclats tièdes, la farine envoûtante. Ça se mariait au parfum de noisette. »

 

 

Guillaume Sire est un auteur français, romancier, poète, né à Toulouse en 1985.
Il commence avec la poésie, et des prix remportés à l’Académie des jeux floraux pour L’amour est une impression (2005) et Nymphéas (2006).

Repéré par l’écrivain Denis Tillinac, il publie ensuite son premier roman, Les confessions d’un funambule, aux Éditions de la Table Ronde (janvier 2007). Puis d’autres romans remarqués, notamment Où la lumière s’effondre chez Plon (septembre 2016), Réelle aux éditions de L’Observatoire (septembre 2018) et Avant la longue flamme rouge chez Calmann-Lévy (janvier 2020).

Guillaume Sire tient un blog où il écrit régulièrement : Ce qu’il reste des brumes.

Émotion, Philosophique, Roman

Mayacumbra

de Alain Cadéo (Auteur)
Broché – 13 février 2020
Éditeur : Éditions la Trace

Entouré de forêts et de brumes, à l’ombre d’un volcan assoupi et pourtant terriblement attentif, croupissent quelques bicoques : Mayacumbra. C’est un hameau, comme un radeau d’âmes perdues, d’errants, de vagabonds, tous magnétiquement attirés par ce coin du bout du monde. C’est ici que Théo se retrouve après un long voyage. Au dessus, plus haut, à la limite du néant, il va bâtir son ultime refuge. Il vivra là une intense passion, au coeur de ce « géant de pierres rouges ». En soi il y a tous les ailleurs. Mais même là, un jour ou l’autre, viennent ramper les ombres de nos peurs. Mayacumbra, c’est le creuset ou fermentent nos joies, notre innocence et nos terreurs.

 

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Bonjour à toutes et à tous…

Note de l’éditeur :

L’absence de chapitres dans ce livre,
s’explique par la dimension intemporelle du récit.
L’auteur, en effet, n’a pas souhaité marquer de
chronologie, les césures sont seulement
des respirations…

 

Moi, qui justement aime être rythmé lors de mes lectures par des chapitres, j’ai eu un peu peur… Mais finalement je m’y suis fait assez vite, d’ailleurs, c’est le rythme global du roman qui en a été impacté.

L’écriture d’Alain Cadéo est très différente de tout ce que j’ai lu jusqu’à présent. Alain Cadéo aime les mots, aime écrire. Cela se ressent très vite. Il n’y a pas que le fond qui est important, la forme prend toute sa place dans ce récit. Peut-être un peu trop parfois, créant certaines longueurs, que j’ai vite pardonné, car se sont justement ces phrases là, qui m’ont permis de trainer en étirant le temps, créant ainsi un véritable univers à part entière. Des phrases qui résonnent comme une musique, comme un poème…

L’auteur nous emmène dans un endroit magnifique nommé Mayacumbra.
Sur un volcan, dans une petite cabane vit Théo et son âne Ferdinand. Théo a fuit ses démons et les villes.
Il vit seul près d’un hameau perdu au milieu de nulle part.
En effet, c’est l’endroit où il souhaite être, où il se sent bien, où il se sent vivre, où le bonheur lui tend les bras…

… Et ce bonheur se nomme Lita. Mais Lita est mariée à Moreno…

J’ai écouté Théo me raconter ses paysages, j’ai vécu sur le volcan, j’ai entendu le moindre bruit, ressenti la moindre brise sur ma peau.
Je me suis promené avec les habitants de ce bout du monde, j’ai caressé la peau de Lita, j’étais Théo…

Un volcan qui vit, un hameau de paumés, une cabane perdue à la limite du néant, de pauvres villageois aux gueules burinées…
Lita et Théo, Théo et Lita qui se donnent quelques heures de passion et de tendresse…
Alain Cadéo est un vrai poète, il joue avec ses mots, les manie comme un magicien.
Il m’a permis de voyager sans aucune contrainte, autre que celle de me laisser aller à travers ce beau roman initiatique.

“Mayacumbra” fait partie de ces ouvrages qui m’ont transporté dès les premières phrases, c’est un vrai baume au cœur.
Merci à Tom Noti et aux Éditions La Trace, pour cette très belle découverte.

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Extrait :
« Il faut posséder un hamac pour comprendre le temps et ses méandres. Théo a enfin remonté la pendule afin que tout soit parfait. Un « parfait » illusoire, arrangements humains, le droit aussi à ces détails qui sont comme un répit. Puis il s’est accordé un moment de repos, une sorte de sieste féconde. Il s’est dit qu’il allait avoir un des meilleurs sommeils qui soit, un coma bien heureux… Et il s’est balancé, doucement, laissant auparavant venir dans sa tête un flot de pensées claires qu’il note dans son dernier cahier. Ça, comme on l’appelle, c’est le temps de Dieu. Et rien, absolument rien, ne peut gâcher de tels moments.»

 

Alain Cadéo nous plonge dans univers initiatique si particulier. Explorateur et éclaireur des êtres cabossés par la vie et de lieux mystérieux, il nous livre un roman mystique et lumineux : un concentré du style unique « Cadéo ».

Il a écrit plusieurs romans dont « Stanislas premier prix Marcel Pagnol « « Le mangeur de Peur », « Les anges disparaissent », « La corne de Dieu » « le ciel au ventre » « l’ocean vertical « Fin « » macadam épitaphe » « les voix de brume »des textes pour le théâtre.

En 2015, il publie « Zoé » au Mercure de France
En 2016 il publie « Chaque seconde est un murmure » au Mercure de France
Il vit à Évenos, en Provence.
Le 24 Novembre 2018 il publie au Editions La Trace « Des mots de contrebande »
Un recueil de textes inédits
En mars 2019 il publie aux Editions la Trace « comme un enfant qui joue tout seul »