Amour, Émotion, Drame, Poésie

Le Consentement de Galatée

de Patricia Raccah
Broché – avril 2025
Éditions : Les Cahiers de l’Egaré

Ce texte, qui peut être lu comme un conte, une fable ou une autofiction, met en présence un artiste, Pygmalion, et sa muse, Galatée. La rencontre de leurs imaginaires et de leurs fantasmes se déploie en huis-clos dans un cocon d’espace-temps, leur « Paradis ». Pour son Pygmalion, Galatée va endosser différents rôles et personnages féminins. Elle va aussi sonder la valeur infinie de la parole lorsqu’elle est nue, et du silence, lorsqu’il est signifiant.

« Mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche. Jours lumineux marqués à jamais dans la grande fresque du « nulle part » où je suis venue flotter, écouter, me donner, m’oublier. Le temps passé dans cet espace est un autre temps, ni long, ni court, un temps tout à fait spécifique, unique, incomparable, comme si ici les minutes et les heures émanaient elles aussi d’une horloge non terrestre.
Il dit qu’il faut être paisible comme la citrouille, ne pas s’agiter. »

Entré à pas feutrés et curieux dans cette réécriture contemporaine, c’est avec un étrange mélange de trouble et de fascination que je termine ma lecture. Patricia Raccah a pris le mythe de Pygmalion à rebours pour en faire un huis clos moderne entre une femme aux mille visages, muse et amante, et « son” artiste peintre et photographe dans un étrange “Paradis”, où l’art est omniprésent. Ce roman m’a happé dès les premières lignes, tant par la force de son écriture, la force des silences qu’elle glisse çà et là, que par la tension permanente qui règne entre les deux protagonistes.

Ce roman à la langue précise, élégante et acérée, n’est pas qu’une histoire d’amour, ni même un simple rapport de pouvoir. C’est une exploration vertigineuse du consentement, de la manipulation douce et de la confusion des sentiments. À chaque chapitre, je me suis demandé jusqu’où l’héroïne irait, et à quel moment l’artiste réagirait. Mais dans cette relation trouble, les frontières sont brouillées, glissantes, presque invisibles.

Rien n’est frontal, tout est insinué, Patricia ne juge pas, elle expose.
Son roman, loin d’être un simple duel psychologique, est aussi une réflexion sur la création, sur le pouvoir des mots et des fantasmes, sur ce que l’on fait de l’autre quand on veut en faire une œuvre, et sur les ravages qui peuvent en découler. Il m’a fait réfléchir, je me suis un peu senti concerné, comme face à un miroir tendu vers mes contradictions les plus intimes. Il qui m’a entraîné dans un voyage littéraire hors du temps, à la frontière du réel et de la symbolique, du désir et l’emprise.

Merci beaucoup Patricia pour cet ouvrage intéressant, superbement écrit.
Il laissera une empreinte et invitera, je l’espère, hommes et femmes à écouter autrement…

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Extraits :

« C’est là que tout commence. Réellement. Là où cela pourrait être une fin. Là où plus aucun artifice ne trouve sa place. Là où le corps, comme un livre ouvert, ne peut plus mentir. Lorsque chaque signe, gravé de façon indélébile, devient le lieu de toutes les significations, de tous les possibles. »

« Je m’appelle Sarah. Ma vie n’était pas ordinaire, tant s’en faut. Mais un jour, un objet est venu la basculer là où je ne l’attendais pas, là où rien n’aurait dû advenir, quelque part, entre terre et ciel, entre réalité et conte de fées. »

« Un lit. Une table. Une lampe. Décor minimaliste.
Le silence emplit le lieu.
J’entends la clé dans la serrure, la porte s’ouvre. Il est un peu plus de minuit et il entre. Couchée dans le lit, je l’attendais. Bruit de serrure, de clés, pas dans le couloir, Visage qui apparaît, cœur qui frétille. S’il était possible de dupliquer à l’infini un moment de la vie, c’est bien celui-ci que je choisirai, incontestablement.
Car il n’y a rien de plus beau que le moment où l’être aimé revient prolonger l’amour qu’on s’était fixé pour objectif, rien de plus intense qu’un désir qui s’est progressivement amplifié dans l’attente. »

« Il m’a fallu devenir Galatée. Statue vivante. Être de silence et d’amour. Déesse changeante. Multiple.
Démultipliée. Aimante de mille et une façons.
À l’écoute. Entière dans le bonheur, la joie. Entière.
Totale. Capable de concevoir ce qui n’a pas encore été conçu. Capable d’autres représentations pour sortir des lieux communs, des liens connus. »

« Pas étonnant d’ailleurs, lorsqu’on porte en soi l’histoire douloureuse d’une famille confrontée à la plus atroce des tragédies. Beaucoup de ses membres ont été déportés, et très peu en sont revenus.
Je me suis ainsi construite sur leur absence, les secrets, mes blessures.
Mais on ne construit pas un individu sur l’absence et le vide. Seul l’amour permet de se réaliser réellement en tant qu’être humain. »

Patricia Rachat est professeur des écoles spécialisée. Elle s’occupe d’enfants déficients depuis de nombreuses années.

L’écriture, la peinture, la musique, mais aussi la danse, ont toujours occupé une place importante dans sa vie, lui permettant d’utiliser, selon les moments, le mode d’expression le mieux adapté à ce qu’elle cherche à exprimer. Cet intérêt croissant pour les arts, et sa conviction relative à leur nécessité dans la vie de tous, l’ont incitée à suivre une formation en conception et mise en oeuvre de projets culturels (université de Marseille) et un master 2 en art thérapie (université René Descartes à Paris).
Pour elle, peindre représente la magie de la création : il n’y a rien avant, il y a quelque chose après… Entre les deux, c’est une forme de fusion, une alchimie qui m’échappe presque totalement, mais où elle intervient quand même en rendant possible la création du tableau.

Amour, Émotion, Poésie

Une nuit particulière

de Grégoire Delacourt
Poche – 27 mars 2024
Éditions : Le Livre de Poche

J’avais envie de retrouver un homme et une femme capables de se jeter dans le vide par amour. Parce que c’est vivre sans amour qui est l’enfer. G. D.

Elle s’appelle Aurore, lui, Simeone. Un soir d’automne, ces deux inconnus emplis de désespoir, qui croient n’avoir plus rien à perdre, font connaissance. Commence alors une nuit qui ne ressemble à aucune autre. Au matin, rien ne sera plus comme avant… Une conversation romanesque, poétique, fulgurante.

« Le souffle ardent de ces amants foudroyés va droit au cœur. »
Marie France.

« Les mots sont magnifiques. Ce sont deux poésies qui se rencontrent. »
Le Figaro magazine.

« Un périple éminemment lyrique. »
Lire magazine.

« Une promenade à deux où le goût de l’Italie et celui des sentiments passionnés marchent main dans la main. »
Psychologie magazine.

Une nuit particulière de Grégoire Delacourt raconte la rencontre fortuite de deux personnages que tout opposait mais qui, au cours d’une nuit, partagent un moment unique. L’auteur nous plonge dans l’intimité de ses protagonistes, en nous dévoilant leurs fragilités, leurs peurs mais aussi leurs rêves.
L’histoire se déroule sur une seule nuit, dans un cadre urbain anonyme, qui met en lumière une femme, bourgeoise et solitaire, et un homme plus marginal, qui porte en lui une douleur profonde. Cette rencontre va les pousser à se remettre en question, à explorer les aspects cachés de leur personnalité et de leur vécu.

Ce qui m’a particulièrement touché, c’est la subtilité avec laquelle l’auteur aborde les émotions humaines. Il excelle dans l’art de décrire des sentiments complexes, souvent en quelques mots, créant ainsi une atmosphère empreinte de tendresse et de mélancolie. On sent chez lui une grande capacité à capter des instants de vie qui paraissent anodins au premier abord, mais qui prennent une résonance particulière au fil des pages à travers sa narration.
Le style de Delacourt est comme toujours poétique et délicat, avec un sens aigu de l’observation des petites choses qui font et qui sont la vie. Ce roman, bien qu’intime et émouvant, pourra sembler un peu trop introspectif pour certains, mais pour moi où chaque détail compte, il a su me toucher et me surprendre même, prouvant que les rencontres, même éphémères, peuvent bouleverser et changer des vies.

Une lecture émouvante, une belle réflexion sur la solitude, la quête du bonheur et la capacité de chacun à se réinventer.

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Extraits :

« J’ai parlé ce soir de beauté et de douleur.
J’ai parlé de ce que la première crée la seconde et que cette dernière est insupportable.
Elle est un silex dans la bouche, un feu dans les entrailles.
J’ai parlé de l’immense beauté de l’amour et de la grande douleur d’être quittée.
Abandonnée.
Jetée. »

« Nous les femmes sommes faites de promesses et de regrets. C’est-à-dire de futur et de passé. Nous avons un réel problème avec le présent. »

« Je ne connais pour l’instant que son odeur et la rugosité de sa main et je me dis que ses effleurements doivent laisser des griffures.
Je serai peut-être comme une page de livre demain, sillonnée de mots, lorsqu’il m’aura entièrement caressée. »

« – Je n’ai jamais trompé ma femme.
– Je ne vous demande pas de la tromper. Je vous demande de m’aimer. »

« Je lui dis ceci, parce que je ne veux risquer aucune méprise ; parce que ce que je lui offre cette nuit, c’est ma vie.
— Je n’avais jamais fait ce que j’ai fait à l’hôtel tout à l’heure.
Je crois que j’ai rosi en disant cela.
– Je n’avais jamais suivi une inconnue dans un hôtel.
– Oui. Des choses dangereuses.
– Je vous trouve rare, dis-je.
Il sourit. Une mélancolie. »

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Né en 1960 à Valenciennes, Grégoire Delacourt publie à cinquante ans son premier roman, L’Écrivain de la famille, récompensé par cinq prix littéraires dont le prix Marcel Pagnol. La Liste de mes envies, best-seller international publié et traduit dans plus de trente pays, a fait l’objet de nombreuses adaptations théâtrales et d’un film de cinéma. On ne voyait que le bonheur a figuré sur la liste du Goncourt et a été élu roman de l’année par Le Parisien. Mon Père et L’Enfant réparé ont été unanimement salués par la critique.

Émotion, Magique, Poésie

Le cœur cousu

de Carole Martinez
Poche – 5 mars 2009
Éditions : Folio

Dans un village du sud de l’Espagne, une lignée de femmes se transmet depuis la nuit des temps une boîte mystérieuse… Frasquita y découvre des fils et des aiguilles et s’initie à la couture. Elle sublime les chiffons, coud les êtres ensemble, reprise les hommes effilochés. Mais ce talent lui donne vite une réputation de magicienne, ou de sorcière. Jouée et perdue par son mari lors d’un combat de coqs, elle est condamnée à l’errance à travers une Andalousie que les révoltes paysannes mettent à feu et à sang. Elle traîne avec elle sa caravane d’enfants, eux aussi pourvus – ou accablés – de dons surnaturels.

Carole Martinez construit son roman en forme de conte: les scènes, cruelles ou cocasses, témoignent du bonheur d’imaginer. Le merveilleux ici n’est jamais forcé: il s’inscrit naturellement dans le cycle de la vie.

J’ai découvert Carole Martinez en octobre 2024 avec le superbe Dors ton sommeil de brute, un roman qui m’avait complètement emporté. Après une rencontre inoubliable avec l’auteure et une discussion fascinante, j’ai pris une décision : lire tous ses romans par ordre de parution.
C’est ainsi que j’ai plongé dans Le Cœur cousu, son premier roman. Et quel premier roman !

Dès les premières pages, j’ai compris pourquoi ce livre avait reçu tant de prix. En réalité, ce n’est pas simplement un roman. C’est un conte, un récit fantastique, un recueil de magie et d’histoire, saupoudré d’une touche de surréalisme. L’histoire prend vie dans l’Espagne du XIXe siècle, tout en semblant évoluer hors du temps. Mais comment fait-elle ?

Carole Martinez nous entraîne dans un monde où le mystique côtoie le réel, où la sorcellerie se mêle à la poésie. Au centre de ce récit envoûtant, une famille portée par la figure maternelle et mystérieuse de Frasquita, couturière de génie capable de donner vie aux pièces de tissu ou morceaux de chair qu’elle recoud. Son pouvoir réside dans une boîte « magique » qu’elle transmettra à ses filles, toutes dotées de dons extraordinaires et uniques. Son fils, lui aussi est singulier, et, recherche désespérément l’amour de ses parents, prisonnier de ses propres tourments.

Le texte est somptueux et d’une originalité rare. Le choix des mots, le rythme chargé d’amour, de larmes, de sang, de violence et de rêves m’a littéralement transporté. Chaque phrase m’a tenu en haleine, de peur de manquer une subtilité cachée. Et des subtilités, il y en a beaucoup, que chacun est libre d’interpréter à sa manière.

Le Cœur cousu est avant tout une histoire de femmes. Des femmes au centre de tout, détentrices des secrets du monde, mais prisonnières d’un destin qu’elles ne maîtrisent pas. Elles sont abusées, violées, déchirées, perdues. Frasquita, l’héroïne, incarne à la fois la force et la vulnérabilité : femme libre, résistante, vacillante, mais surtout mère courageuse et aimante.

Bienvenue dans cet univers féerique et merveilleux, peuplé de personnages inoubliables : un coq de combat rouge sang, un ogre inquiétant, des révolutionnaires en quête de liberté, un meunier mort mais toujours présent, une jeune fille qui brille dans le noir, une autre muette qui lit mieux que quiconque, un garçon aux cheveux rouges… et bien plus encore.

J’ai adoré ce livre. Carole m’a de nouveau emporté dans son monde. Il est beau, il est magique, il est rempli d’amour et de poésie. Le Cœur cousu est un voyage initiatique d’une rare intensité. Un véritable régal littéraire !

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Extraits :

« Mon nom est Soledad.
Je suis née, dans ce pays où les corps sèchent, avec des bras morts incapables d’enlacer et de grandes mains inutiles.
Ma mère a avalé tant de sable, avant de trouver un mur derrière lequel accoucher, qu’il m’est passé dans le sang.
Ma peau masque un long sablier impuissant à se tarir.
Nue sous le soleil peut-être verrait-on par transparence l’écoulement sableux qui me traverse.
LA TRAVERSÉE
Il faudra bien que tout ce sable retourne un jour au désert. »

« J’ai peur toujours de cette solitude qui m’est venue en même temps que la vie, de ce vide qui me creuse, m’use du dedans, enfle, progresse comme le désert et où résonnent les voix mortes.
Ma mère a fait de moi son vivant tombeau. Je la contiens comme elle m’a contenue et rien ne fleurira jamais dans mon ventre que son aiguille. »

« Longtemps, l’enfant resta dans le bassin de sa mère entre la vie et la mort. Elle attendait un signe : le lever du jour, une lumière…
Ce fut la chandelle de la Blanca qui la guida.
“Pousse, ma fille! cria la Maria assise sur le ventre de Frasquita. Pousse et surtout ne te laisse pas aller !
Ne va pas t’endormir de nouveau, sinon l’enfant repartira. La voilà”… »

« Le hurlement se propage dans toutes les directions. Le cri heurte les parois, rebondit, cherche une sortie, se précipite dans les galeries, enfle, se déforme, s’amplifie, arrive dans la grotte à l’entrée de laquelle les deux gardiennes sont postées, pénètre dans leurs rêves, les bouscule, les brise.
Elles s’éveillent en sursaut. »

« Depuis le premier soir et le premier matin, depuis la Genèse et le début des livres, le masculin couche avec l’Histoire. Mais il est d’autres récits. Des récits souterrains transmis dans le secret des femmes, des contes enfouis dans l’oreille des filles, sucés avec le lait, des paroles bues aux lèvres des mères. Rien n’est plus fascinant que cette magie apprise avec le sang, apprise avec les règles.
Des choses sacrées se murmurent dans l’ombre des cuisines. »

Née en novembre 1966 à Créhange, Carole Martinez est romancière et professeure de français. Elle a notamment signé Le Cœur cousu (2007), auréolé de nombreux prix, et Du domaine des murmures, couronné par le Prix Goncourt des Lycéens en 2011. En 2015, elle publie La terre qui penche (Gallimard). Tentée par la littérature jeunesse – elle est l’auteure de Le Cri du livre, en 1998 – Carole Martinez se lance pour la première fois dans la bande dessinée en scénarisant Bouche d’ombre pour Maud Begon. Deux albums sont parus chez Casterman en 2014 et 2015.

Émotion, Humour, Nouvelles, Poésie, Psychologie

Je ne suis pas seul à être seul

de Jean-Louis Fournier
Broché – 2 octobre 2019
Éditions : JC Lattès

Le premier souvenir de solitude ? Un petit garçon coiffé en brosse qui réclame sa mère à l’accueil d’un grand magasin.
Plus tard, c’est un enfant de 10 ans qui nage seul dans la mer du nord et qui lorsqu’il se retourne découvre la plage vide : personne ne l’a attendu. Puis c’est la première danse refusée, la première rupture, le premier deuil, mais c’est aussi tous ces moments choisis, voulus, espérés, goutés : seul avec un livre, avec une musique, seul à regarder les autres, seul en écrivant. Jean-Louis Fournier est toujours ce petit garçon, fils unique qui rêvait d’amitiés et d’une grande famille mais qui espérait aussi s’échapper, grandir, rester seul.
Aujourd’hui dans un grand appartement, après la mort de sa femme, de ses amis, de son éditeur, ce désir des autres et ce besoin de solitude sont restés les mêmes et il passe de l’un à l’autre. Avec un mélange de douceur, de tristesse et d’espièglerie, il regarde les fenêtres toujours fermées de ses voisins (des gens seuls comme lui ?), il observe ce monde où les hommes sont ultra connectés et semblent n’avoir jamais été aussi seuls, il attend la visite d’une jeune femme qui l’emmène au musée, qui le distrait, lui apporte sa jeunesse : mais des deux qui est le plus seul ?
Un livre tendre, délicat, mélancolique parfois qui ressemble à une aquarelle de Turner et à un dessin de Sempé.

« Une plume alerte et incisive »
Marie France

« Un livre tendre, cocasse, drôle comme un dessin de Sempé. »
Marie France

« Jean-Louis Fournier se soigne par l’humour, les traits d’esprit, la provocation hilarante »
La Croix

Un ouvrage très plaisant, riche en humour et en vérités…

Isolé dans mes pensées depuis de nombreuses années, en dépit de toutes les personnes qui m’entourent, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre, où, comme vous l’avez sans doute deviné, j’y ai souvent trouvé un écho à mon expérience personnelle !
Et oui, il a profondément résonné en moi, me rappelant mon enfance, mon adolescence et ma vie d’adulte, en restant toujours le même, avec mes livres et ma musique dans la tête.
Je découvre Jean-Louis Fournier avec cet ouvrage et je me rends compte que je le connaissais déjà, sans le connaître !
La Noiraude, c’était lui ! Antivol (l’oiseau qui ne savait pas voler), c’était également lui !

Le livre est extrêmement amusant, percutant, bienveillant et par moments même tourné en dérision. Évidemment avec de l’autodérision pour dissimuler sa souffrance, de l’exagération en ces instants d’effroi où la communication avec autrui, ceux qui sont en face et nous observent est indispensable et quelquefois des instant « bénis », assis sur un fauteuil, sur un banc et appréciant la solitude et le calme.
Une succession de petits textes, tous liés à la thématique de la solitude. Les épreuves que la vie quotidienne peut infliger, les dimanches interminables, les moments de départ en vacances, sans oublier la maladie et le décès.

L’auteur nous indique l’importance de surmonter la peur et de mener une vie harmonieuse. Non, la solitude n’est pas un mal. Elle offre également l’opportunité de se ressourcer, de se reposer, d’apprendre… entre les moments collectifs et forcément plus bruyants !
Il offre à ses lecteurs une méthode unique et amusante pour vaincre la peur de la solitude, tout en les encourageant à mieux se comprendre.

Après avoir fini le livre, j’ai Ressenti le désir de rendre visite à mes amis et à mes proches qui, je le sais, sont seuls…
Bon, j’y vais !
Un agréable moment de détente.

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Extraits :

« J’en ai marre d’être seul, de plus en plus seul, de plus en plus vieux, de plus en plus moche…
Si j’avais su, je serais pas vieux. »

« Mes angoisses me tiennent compagnie.
Il y a quelques années, on m’avait donné l’adresse d’un nouveau psy. Il y avait foule devant son cabinet, une longue queue attendait.
Je regardais les autres avec sympathie.
Le psy soignait avec succès les agoraphobes et les gens qui souffrent de solitude.
Dans la salle d’attente bondée, je n’avais pas pu trouver une place assise, je me sentais moins seul. »

« L’homme seul monologue et soliloque, il s’enlise parfois dans ses pensées, il tourne en rond, il fait du surplace, il n’avance pas.
Je n’oserais pas dire que je ne m’ennuie jamais quand je suis seul avec moi, les mauvaises langues diraient que je me contente de peu. C’est vrai qu’il y a des autres avec qui je m’ennuie plus qu’avec moi. »

« À l’occasion d’un documentaire sur l’identité, un pédopsychiatre avait déclaré qu’un enfant devenait vraiment lui la première fois qu’il disait non.
Comme je voulais être moi et pas un autre, j’ai souvent dit non.
En disant non on se sépare des autres, on déso-béit, on s’expose à la solitude. Mais on gagne en liberté. »

« Ils sont en face de moi dans le train.
Un couple banal, ils ont une trentaine d’années et des survêtements, ils sont gros. Ils ont des écouteurs sur les oreilles, leur regard est vide.
Qu’est-ce qu’elle lui trouve ?
Avec lui, elle se sent moins seule.
Qu’est-ce qu’il lui trouve ?
Avec elle, il se sent moins seul. »

Jean-Louis Fournier est un écrivain, humoriste et réalisateur de télévision, né le 19 décembre 1938 à Calais.

Il réalise régulièrement l’émission télévisée Italiques de Marc Gilbert entre 1971 et 1974.

Il est le créateur, entre autres, de La Noiraude et d’Antivol, l’oiseau qui avait le vertige. Par ailleurs, il a été le complice de Pierre Desproges en réalisant les épisodes de La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède, ainsi que les captations de ses spectacles au Théâtre Grévin (1984) et au Théâtre Fontaine (1986).

En 2008, Jean-Louis Fournier publie le roman Où on va, papa ? dans lequel il décrit sa relation avec ses deux fils handicapés. Le livre, qui reçoit le prix Femina, suscite un certain nombre de controverses et une réponse de la mère des deux garçons.

Depuis, il écrit un roman chaque année.
Poète et Paysan en 2010, Veuf en 2011. En 2013, il sort La servante du Seigneur dans laquelle il parle de sa fille. Celle-ci a exigé et obtenu un droit de réponse. À la fin du roman, elle signe 5 pages avec sa version des faits.
En 2020, il publie Merci qui ? Merci mon chien.

Jean-Louis Fournier a écrit et joué au Théâtre du Rond-Point deux pièces inspirées de ses écrits, Tout enfant abandonné sera détruit, donnée en novembre 2011 et Mon dernier cheveu noir, donnée en novembre 2012.

Émotion, Philosophique, Poésie

Il y a quelque chose encore, devant

Je ne sais pas ce que c’est, mais nous devons y aller
de Alain Cadéo
Broché – 30 septembre 2024
Éditions : Les cahiers de l’Égaré

Je me demande bien où s’éparpilleront mes billets du matin lorsque depuis longtemps je ne serai plus là. Sans doute un rat câlin y aura fait son nid et un enfant ou deux en feront leur levain. Il y aura bien aussi quelques vieux centenaires mâchouillant leurs grumeaux qui, tout tremblants, bredouilleront trois phrases venues de leur mémoire en disant « ça, c’est y pas du Cadéo ? »

Alain Cadéo nous a laissés en juin 2024. Il fera définitivement partie des auteurs qui ont laissé une empreinte dans mon esprit et dans mon sang. Et grâce à ce qu’il aimait appeler “ses billets”, il demeurera proche de nous. Martine, son épouse, poursuivra leur édition aussi longtemps qu’elle le pourra…

J’ai eu la chance de découvrir la très belle plume d’Alain en février 2020 à travers son œuvre “Mayacumbra”.
Ensuite, il y eut “Confessions” (ou les spams d’une âme en peine), “Arsenic et Eczéma”, “L’Homme qui veille dans la pierre”, “M”, “Billets de contrebande” et “Le ciel au ventre”. Régulièrement, j’ai été touche et à chaque fois j’ai ressenti le plaisir de partager, de donner, de jouer avec les mots, de cet amoureux de l’écriture… Chacun de ses écrits est une œuvre qui mérite d’être lue et relue.

J’ai perçu “Il y a quelque chose encore, devant…” comme un cadeau précieux, un cadeau riche en poésie, en belles images et pleinénergie… Le rythme authentique de la vie.
Vingt-six billets qui m’ont offert une nouvelle opportunité de parcourir le monde à ses côtés, de déchiffrer ses lignes, d’explorer son univers, ses mots, sa famille aussi et ses amis. Quelques-uns de ses billets ont été rédigés alors qu’il était déjà malade, ils en sont d’autant plus brillants et captivants… en faisant un ouvrage qui incite à la réflexion au-delà des « simples » mots.

Merci Alain…
Merci d’avoir partagé avec nous ton univers chargé de poésie.

Je tiens aussi, bien entendu, à te remercier chaleureusement Martine, ainsi que les éditions “Les Cahiers de l’Égaré”

Extraits :

« Tant que j’aurai un brin de vie, je frapperai aux portes des secrets. C’est ma fonction bélier d’irréductible égaré. Si personne ne m’ouvre, j’enjamberai les douves, ferai cent fois le tour des hautes murailles de cette silencieuse forteresse, sans la moindre lueur et comme inhabitée. Faut-il être bête, têtu, halluciné, pour s’obstiner ainsi au pied d’un fantôme de pierres noyé dans les brouillards de la pensée. »

« Ma vie ne tient qu’au fil ténu des mots, timides ou fracassants, vibrants, fragiles, sincères et vivants. Ce sont les miens, les vôtres, écrits, parlés, sous-entendus, nourris à la douceur, à la colère aussi c’est bien, lorsqu’elle est nécessaire… et au baba au rhum des cœurs. »

« Les Mots ? Je leur dois tout. Ils ont forgé ma voie. Ils m’ont appris le Temps, l’espace et la patience. Ils m’ont appris à mettre un nom sur chaque situation. Aimant l’Humain de toutes mes forces convergentes, ils m’ont obligé à chercher et trouver ce que certains ne savaient dire mais qu’ils portaient au fond de leurs regards, étranges labyrinthes aux accès condamnés. »

« Éclairer, illuminer, ne pas être radin, chiche, avec toute espèce de clarté, c’est un don.
Assombrir, enténébrer, sépiatiser, noircir, je pense ici aux lavis et encres de Victor Hugo, est un autre don : celui d’envisager le terrible passage entre vie et trépas.
Dans tous les cas, ombre et lumière cohabitent et ne font qu’un pour tout humain tendant les mains, courbant la tête, envahi de questions. »

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Alain Cadéo est l’auteur de nombreux ouvrages (nouvelles, romans, textes, pièces de théâtre), dont « Stanislas » (1983), premier prix Marcel Pagnol 1983 ou encore Macadam Epitaphe (1986), Plume d’Or Antibes et Prix Gilbert Dupé.

Il est avant tout un passionné des autres, des humbles, ceux qui lisent les mots, les portent et les défendent… Ses textes sont toujours exigeants, en perpétuelle recherche de chemins différents, à l’image de l’homme, singulier, sincère et altruiste, mais aussi inclassable, comme sa littérature.

Après avoir été notamment publié par Mercure de France, il est depuis 2018 publié par les Éditions La Trace.

Il vit à Évenos, en Provence.

Sa bibliographie complète est la suivante :

Émotion, Drame, Histoire, Poésie, Roman

Madelaine avant l’aube

de Sandrine Collette
Broché – 21 août 2024
Éditions : JC Lattès

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C’est un endroit à l’abri du temps. Ce minuscule hameau, qu’on appelle Les Montées, est un pays à lui seul pour les jumelles Ambre et Aelis, et la vieille Rose.
Ici, l’existence n’a jamais été douce. Les familles travaillent une terre avare qui appartient à d’autres, endurent en serrant les dents l’injustice. Mais c’est ainsi depuis toujours.
Jusqu’au jour où surgit Madelaine. Une fillette affamée et sauvage, sortie des forêts. Adoptée par Les Montées, Madelaine les ravit, passionnée, courageuse, si vivante. Pourtant, il reste dans ses yeux cette petite flamme pas tout à fait droite. Une petite flamme qui fera un jour brûler le monde.

Avec Madelaine avant l’aube, Sandrine Collette questionne l’ordre des choses, sonde l’instinct de révolte, et nous offre, servie par une écriture éblouissante, une ode aux liens familiaux.

« Sandrine Collette s’élève au sommet de son art. »
Le Parisien

« Tout simplement impressionnant »
Lire Magazine littéraire

« Un roman intense et terrible »
Femme Actuelle

« La romancière est au sommet de son art. »
Version Femina

« Éblouissant »
Point de Vue

« Artisane d’une écriture mêlant tournures incantatoires et mots rugueux, sensations précises comme des coupures, images vives, nature puissante, Sandrine Collette fait tourbillonner les éléments du décor et les pantins qui l’habitent en un ballet macabre, captivant, tandis que les planètes s’alignent pour précipiter ce petit monde dans le chaos. »
Le Point

« Un génial tour de force »
La Vie

« Ce texte déborde de vie »
Télérama

« Une écriture magnifique »
Madame Figaro

« Notre Goncourt à nous. »
Le Parisien

« Une grande réussite »
Le Monde des Livres

« Un talent hors pair de raconteuse d’histoires »
L’OBS

« Un roman magistral »
Version Fémina

 

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C’est le septième roman de Sandrine Collette qui passe entre mes mains.
Sandrine, pour moi fait partie des autrices qui ont su s’affranchir d’une certaine bienveillance pour aller vers une prose personnelle, parfois choquante, parfois très poétique. Je ferme mon livre en me disant qu’encore une fois, elle nous offre une sacrée évasion littéraire…

Ce roman est un peu comme une ode. Une ode à la puissance de la nature, une ode à la famille, à l’histoire des paysans et tout simplement à la vie, dans un monde où les hommes et les femmes vivent courbés face à leurs maîtres. Ici, le droit de cuissage n’est pas une “légende”, il est la peur que ressentent toutes les femmes et toutes les jeunes filles. La vie est très dure, et les intempéries qui pourrissent les cultures n’arrangent rien à la faim qui est leur quotidien dans le hameau où ils vivent, que l’on ne peut situer ni dans le temps, ni dans les lieux. Tout ce que l’on sait, c’est que la vie est dure, très dure…
Et un jour, Madelaine, petite fille abandonnée, apparaît dans le hameau. Elle sera accueillie avec beaucoup de bienveillance par deux sœurs jumelles, Ambre et Aelis. Bran, le narrateur du récit, et personnage emblématique, voit tout de suite en Madelaine, une fille différente qui n’a peur de rien et est capable de s’imposer malgré son jeune âge face aux hommes. Bran l’aime et lui sera fidèle jusqu’au bout…

L’histoire est magnifique, et à un moment de ma lecture, je me suis rendu compte que Sandrine, par une ponctuation particulière, des phrases sans verbe, ou “presque” incomplètes, nous obligeait à créer une sorte de liens, de trouver nos propres mots pour avancer dans le récit !
Rien que pour ça, ce livre mérite votre attention, on est obligé d’entrer ainsi dans les pensées de l’autrice…

Récit prenant jusqu’aux entrailles, récit coup de poing et bouleversant qui sort des lieux communs et qui a élargi mon horizon… Encore une fois Sandrine frappe là où je ne l’attendais pas, mais quel plaisir…
Coup de cœur pour Madelaine, même si je ne sais toujours pas si elle m’a mené vers la lumière ou la noirceur, vers une suite… peut-être ?

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Extraits :

« La terre frémit sous leur pas lourd. Ils se hâtent, de cette lenteur presque hypnotique des grands corps épuisés après une journée de labeur – interrompue bien avant l’heure, quand l’enfant est venu. Ils vont côte à côte l’homme et le cheval, puant l’un et l’autre la sueur séchée sur leur peau rugueuse, le premier essuie la poussière qui fait du gris sur son front et l’autre secoue la tête pour se débarrasser des mouches. L’enfant marche devant, se retourne pour les attendre. Il ne dit rien, mais tout dans son attitude trahit son impatience. »

« Nous vivons au bout du monde. Le fleuve Basilic serpente sur toute la frontière de notre région, la coupant du reste de l’univers. De notre côté de la rivière, il y a quelques marais et puis en retrait, le village et derrière le village des fermes éparses comme celle de Rose, qui fait partie de cet ensemble de trois maisons qu’on appelle les Montées. Il y a des forêts et il y a des champs, et encore loin après, tout cela s’étiole et se termine par une montagne de lave presque verticale que personne ne s’est jamais aventuré à gravir. »

« Aelis et Ambre ont été inséparables, enfants. Elles n’avaient pas les mots pour parler d’âme-sœur pourtant il n’y en avait pas d’autre, deux petites filles n’en faisant qu’une tant leur communion d’esprit était forte, deux petites filles qui se suivaient telles des ombres, reproduisant exactement les gestes l’une de l’autre sans s’être copiées ni concertées, jusqu’au son de leur voix que leur mère ne différenciait pas. À elles deux, elles avaient créé un monde. Elles se suffisaient à elles-mêmes, ignorantes des regards qu’on leur jetait soit parce que leur ressemblance sidérait, soit parce que leur beauté fascinait. Elles inventaient des histoires qu’elles étaient seules à comprendre et qui ne faisaient rire qu’elles. Leur enfance fut un temps de partage et de bonheur. »

« L’hiver est passé sur le chagrin de Madelaine. Comme pour les hommes, la mort du chien est devenue invisible. On n’a plus le temps, ni la force. De plus en plus, les pensées sont obnubilées par la nécessité de se mettre quelque chose d’infime sous la dent chaque jour, cela a l’aigreur et l’acuité des poignards fouaillant les corps, la sensation est physique, terriblement réelle, tellement que lorsque les hommes ont crevé, on les a à peine pleurés. »

 

Sandrine Collette, née en 1970 à Paris, est une romancière française.
Elle aime la campagne profonde, la forêt, la montagne, les vignes. Tout naturellement, elle aime situer ses intrigues dans un univers rural, même si son petit polar Une brume si légère, est exceptionnellement urbain. La romancière part toujours d’une image qui lui permettra de dérouler le fil de sa fiction.
Devenue l’un des grands noms du thriller français, une fois encore, elle montre son savoir-faire imparable dans Six fourmis blanches (2015).

Il reste la poussière (2016) obtient le Prix Landerneau du polar.
En 2017 paraît Les larmes noires sur la terre.

Son huitième roman, Et toujours les forêts, une fiction post-apocalyptique, a été récompensé, en 2020, par le prix de La Closerie des Lilas, le prix Amerigo Vespucci 2020 et le grand prix RTL-Lire.

Elle partage son temps entre la région parisienne et son élevage de chevaux dans le Morvan.

Animal
https://leressentidejeanpaul.com/2021/01/19/animal/

Juste après la vague
https://leressentidejeanpaul.com/2019/10/10/juste-apres-la-vague-de-sandrine-collette/

Et toujours les Forêts
https://leressentidejeanpaul.com/2022/12/08/et-toujours-les-forets/

Amour, Émotion, Humour, Poésie

Le ciel au ventre

de Alain Cadéo
Broché – 25 juillet 2024
Éditions : Les cahiers de l’Égaré

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Échographie. Premier cliché de face. Impressionnante silhouette. Dix centimètres, trente cinq grammes, deux mois et demi. Là les yeux, le nez, la bouche, les épaules, les bras, sortes de taches noires, comme un test de Rorschach, vague ressemblance avec une figure Sépik ou peut-être un dessin de la mythologie Eskimo. J’opterais plus volontiers pour une sorte d’amulette indienne. Voilà ce que je vois de toi. C’est aussi impressionnant qu’une esquisse primitive sur la paroi d’une caverne.
Genèse de l’homme. Ta représentation est digne d’un grand peintre sorcier. Chaman sortant du vide, tu te dessines à l’effigie de tous les premiers arts sacrés.

 

• Couv_2024-074_Cadéo Alain - Le ciel au ventre

 

Alain Cadéo fera définitivement partie des auteurs qui auront marqué mon esprit, qui auront marqué mon sang.

Tout d’abord un grand merci à Martine Cadéo ainsi qu’aux Cahiers de l’Égaré pour ce cadeau inestimable…
Alain m’a permis une nouvelle fois, de partir à travers ses lignes, dans ce monde qui était le sien, un monde rempli d’images, un monde vrai, sans concession.

Qu’il y a-t-il de plus fort qu’une déclaration d’amour ?
“Le ciel au ventre”.
Dans cette correspondance qui durera sept mois, Alain s’adresse à son fils emmitouflé bien au chaud dans le ventre de sa mère. Sept mois, à la faveur de la nuit, où les échanges et les silences leur permettront de devenir père et fils. C’est émouvant, c’est touchant…
Cette réédition d’un livre publié il y a 30 ans, Alain y tenait, il est malheureusement parti avant… Mais il nous laisse sa prose toute personnelle à laquelle il avait décidé de ne pas toucher, ”Et c’est très bien ainsi…”.

Les jours, les mois défilent pages après pages, ils sont poésie quand ils ne se transforment pas en musique, parfois même en silence dans la nuit, lorsque “Liouma” est endormie.
Une rencontre avec un petit être, Ludovic, qui grandit doucement, faire sa connaissance alors qu’il est dans le ventre de sa maman, en attendant le terme de son premier voyage.

Un livre au titre magnifique, inclassable où une fois encore, les mots se transforment en sons pour mieux résonner dans notre esprit, nous offrir l’essentiel, faisant ainsi pulser le vrai rythme de la vie.

Merci Alain…

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Extraits :

« Fouetté au sang par la passion des alphabets
je pars vers minuit dans cette délicieuse et tout à fait
inexplicable, envie de bâtir un langage.
Avec toi je veux aller chercher dans une zone claire
les plus beaux mots de l’univers.
À fleur de peau, les ramener afin que nous sentions
ce frisson impalpable de la vie en train de se faire.
Je suis devenu un pêcheur de concepts oubliés.
C’est ainsi que d’énormes poissons d’ombre
issus des fonds d’un lac glaciaire
viennent à la surface de mes pages. »

« Ta mère et toi, vous êtes juste au-dessus de ma tête. C’est un peu comme si je pilotais un sous-marin derrière ma fenêtre. Il est bon de vous savoir tous les deux endormis, rassurés, tandis que je vous fraye un chemin au fond de l’océan. »

« En ce moment, je m’éveille chaque matin avec un large sourire. Je suis heureux d’écrire sans savoir où je vais.
Je suis heureux de vivre pour la même raison. Le tout avance sans effort. »

« André Chouraqui a un mot merveilleux pour tous les défenseurs de causes perdues. Il les appelle les “mendiant de l’impossible”. Lorsqu’on mesure les divergences d’opinions entre une vingtaine d’individus cherchant à former une famille, on comprend mieux l’écrasante tâche que représente la volonté d’unir juifs, musulmans et chrétiens. »

 

Alain Cadéo est l’auteur de nombreux ouvrages (nouvelles, romans, textes, pièces de théâtre), dont Stanislas (1983), premier prix Marcel Pagnol 1983 ou encore Macadam Epitaphe (1986), Plume d’Or Antibes et Prix Gilbert Dupé.

Il est avant tout un passionné des autres, des humbles, ceux qui lisent les mots, les portent et les défendent… Ses textes sont toujours exigeants, en perpétuelle recherche de chemins différents, à l’image de l’homme, singulier, sincère et altruiste, mais aussi inclassable, comme sa littérature.

Après avoir été notamment publié par Mercure de France, il est depuis 2018 publié par les Éditions La Trace.

Il vit à Évenos, en Provence.

Sa bibliographie complète est la suivante :

Les Voix de Brume (1982, nouvelles)
Stanislas (1983, roman)
La Corne de Dieu (1983, roman)
L’Océan vertical (1983, roman)
Le Mangeur de Peur (1984, roman)
Macadam Epitaphe (1986, texte)
Le Ciel au ventre (1993, texte)
Les Anges disparaissent (1998, roman)
Fin (1999, texte)
Et votre éternité sera la somme de vos rêves (2008, roman)
L’Ombre d’un doute (2008, théâtre)
Les Réveillés de l’ombre (2013, théâtre)
Zoé (2013, roman)
Chaque seconde est un murmure (2016, roman)
Des Mots de contrebande (Aux inconnus qui comme moi…) (2018, texte)
Comme un enfant qui joue tout seul (2019, roman)
Mayacumbra (2019, roman)
https://leressentidejeanpaul.com/2020/02/26/mayacumbra/
Lettres en Vie (2020, texte illustré)
Confessions (ou les spams d’une âme en peine) (2021, roman)
https://leressentidejeanpaul.com/2021/06/03/confessions-ou-les-spams-dune-ame-en-peine/
Arsenic et Eczéma (2022, théâtre)
https://leressentidejeanpaul.com/2022/05/06/arsenic-et-eczema/
L’Homme qui veille dans la pierre (2022, roman)
https://leressentidejeanpaul.com/2022/09/08/lhomme-qui-veille-dans-la-pierre/
M (2023, roman)
https://leressentidejeanpaul.com/2023/04/08/m/
Billets de contrebande (2024)
https://leressentidejeanpaul.com/2024/03/04/billets-de-contrebande-inedits/

Amour, Émotion, Humour, Philosophique, Poésie

Pensées Clandestines

de Lou Valérie Vernet
Broché – 27 avril 2018
Éditions : BOOKS ON DEMAND

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Tout laisser tomber.
Ce qu’on avait à faire, ce qu’on faisait.
Tout donner à l’autre,
Prendre le temps d’être avec lui.
Cinq minutes ou une heure,
Complétement là.
S’apercevoir que cet autre n’était que soi,
Qui attendait qu’on le prenne dans ses bras.

 

• Couv_2024-070_Vernet Lou Valérie - Pensées Clandestines

 

“Petite” lecture de chevet qui m’a accompagné partout pendant quelques semaines…

Très beau recueil de pensées et plus encore. Lou à l’art de me surprendre à chacun de ses livres. Pensées Clandestines n’échappe pas à la règle.
Sourires, larmes parfois, mais émotions surtout, ce petit livre m’a fait passer par tous les états. Chaque page, chaque ligne, chaque mot est une véritable surprise que l’on ne voit pas arriver.

Entre chansons, comptines et poésie, l’auteure nous démontre encore une fois la maîtrise de son art. C’est beau, c’est triste et tellement puissant.

Impossible de vous dire combien de fois, je l’ai relu, mais chaque passage était comme un baume sur mon esprit et dans mon cœur. Le matin au réveil, le soir avant de m’endormir, parfois juste une phrase à peine.
N’hésitez surtout pas à le conserver tout proche de vous et de revenir régulièrement piocher le mot qui vous permettra de vagabonder, de vous envoler loin, très loin devant…

Les pensées que Lou nous offre appartienne à la vie. Elle ne triche pas et c’est là son grand talent.

Coup de cœur !!!

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Extraits :

« Aux pires cauchemars, les grands remèdes.
Que vous soyez en plein burn-out, sous la pluie, coincé dans un embouteillage, tributaire d’une grève, le moral à zéro, désespéré d’avoir manqué une fois encore la chance de votre vie, ce florilège de pensées est pour vous. »

« Il y a des femmes qui font rêver à l’amour, à qui l’on pourrait tout concéder, chez qui on voudrait tout déposer.
Des femmes pour qui les mots doux, les fleurs et la passion ont été inventés.
Des femmes qui restent longtemps à hanter le cœur d’autres femmes. »

« Tant mieux. S’il meurt demain. Tant mieux.
Il n’avait qu’à m’écouter. Je ne voulais pas que ma dernière pensée soit pour ce que je n’ai pas fait.
J’ai pris l’arme et j’ai tiré. Une fois, il est tombé.
Deux fois, moi à côté. C’est bien. Si on meurt ensemble. C’est bien.
Au moins, on ne sera pas séparé. »

« Le matin s’est levé sur un ciel noir.
L’orage était là. En attente. Une chape de misère recouvrait Paris. Les immeubles étaient gris, les costumes noirs, les visages blêmes. Plus personne ne souriait dans les rues. Une sourde colère plombait l’atmosphère. Les gens étaient malheureux. Et moi, j’allais hagarde. Sans rien voir.
Je savais qu’il était trop tard. »

« Je déclame et j’écris des murmures de souffrance. Mes horizons sont noircis du feu de mes errances. J’ai perdu le sommeil, il dort mieux ailleurs.
L’amour m’a quitté, elle aime quelqu’un d’autre, autre part. »

Auteure multicartes, Lou Valérie Vernet a déjà publié trois thrillers, deux polars et sept autres livres passant du récit humoristique aux fragments de voyage, du Feel Good au spicilège poétique, du recueil de nouvelles au théâtre. Tous ses ouvrages confirment son talent à manier en virtuose l’art de la mystification et à sonder les profondeurs de l’âme. Par ailleurs, photographe amatrice, baroudeuse des grands espaces, essayiste et poète à la plume acérée, elle n’en reste pas moins attachée à sa devise préférée « Ne prenez pas la vie au sérieux, de toute façon vous n’en sortirez pas vivant ». B. Fontenelle.

Toucher l’instant : ou la trilogie du choix
https://leressentidejeanpaul.com/2018/11/17/toucher-linstant-ou-la-trilogie-du-choix-de-lou-vernet/

Surtout le pire
https://leressentidejeanpaul.com/2019/10/01/surtout-le-pire-de-lou-vernet/

Acouphanges
https://leressentidejeanpaul.com/2021/08/19/acouphanges/

La toile aux alouettes
https://leressentidejeanpaul.com/2022/06/01/la-toile-aux-alouettes/

Matricule 2022
https://leressentidejeanpaul.com/2022/09/27/matricule-2022/

Grand comme le monde
https://leressentidejeanpaul.com/2023/07/11/grand-comme-le-monde/

Amour, Émotion, Drame, Histoire vraie, Poésie

Pages volées

d’Alexandra Koszelyk
Broché – 23 août 2024
Éditions : Aux Forges de Vulcain

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Quand des pages entières de votre vie vous ont été volées, comment faire pour les retrouver, si ce n’est les écrire ?

Les parents d’Alexandra meurent dans un accident de voiture alors qu’elle n’a que huit ans. Elle est recueillie avec son frère par sa tante. Tandis qu’elle grandit entre premiers amours et amitiés adolescentes, un immense vide demeure en elle. Qui est-elle ? L’orpheline ? L’Ukrainienne ? La jeune fille qui aime les histoires ?

Vingt ans plus tard, alors qu’elle revient en Normandie, elle entreprend une enquête sur ce qui a permis sa survie : la langue, la littérature et l’écriture.

Un récit poignant sur ces continents intérieurs que nous habitons et qui nous habitent.

 

• Couv_2024-060_Koszelyk Alexandra - Pages volées

 

Tout d’abord, un très grand merci à Babelio et aux éditions “Aux Forges de Vulcain” pour m’avoir permis de lire ce livre très touchant.

Ce n’est pas le premier roman d’Alexandra koszelyk que je lis.
Fin 2019, dans le cadre de l’un de nos dîners littéraires, nous l’avions reçu pour son premier roman, “À crier dans les ruines”. Roman qui m’avait beaucoup ému pour sa finesse et sa psychologie. L’histoire de deux adolescents, Léna et Ivan, qui se retrouvent séparés suite à la terrible catastrophe nucléaire survenue le 26 avril 1986 à Tchernobyl. J’avais pris son roman comme une ode à la vie, à la liberté et à l’amour… Mais aussi comme une sorte de lien entre son passé et son présent ! J’ai découvert, à ce moment-là, une auteure qui me semblait timide et en même temps très souriante. Je la regardais, elle semblait heureuse d’être en notre compagnie, et nous a expliqué longuement d’où lui était venu l’idée du récit. Je la regardais encore, et je voyais “comme des absences”, ses yeux ne bougeaient plus. Comme si, nous la perdions parfois. L’émotion ? Mais nous avons tous passé une excellente soirée.

Aujourd’hui, après avoir terminé “Pages volées”, je pense avoir compris…
Je pense que par moments ce n’était plus Alexandra qui participait à notre dîner, mais peut-être “la petite” Alexandra qui nous ouvrait son cœur, avec des mélanges de sentiments : Je suis tellement heureuse d’être là parmi vous ! La littérature m’a vraiment aidé à me battre ! Papa, maman, je sais que vous me voyez d’où vous êtes… Je me sens tellement bien ! Certaines personnes ont ce don-là. Celui de toujours communiquer avec leur “petit moi”…

Avec “Pages volées”, elle ressent le besoin de partager sa vie, son passé avec son “petit moi”. Alexandra nous ouvre son cœur sur sa petite enfance et sur un événement qui aurait pu l’anéantir… La perte de ses deux parents dans un accident de voiture, alors qu’elle n’avait que huit ans et demi. J’ai retrouvé dans ce nouveau récit, cette force poétique dans de nombreuses phrases, cette force qui m’avait déjà embarqué dans son autre récit, ce besoin mettre des mots sur des sensations… Ou comment grâce à l’enseignement, les différentes langues qu’elle a étudié, son amour de la lecture l’amène très vite et naturellement au plaisir de l’écriture lui permettant dans ce récit tout particulièrement, d’écrire les chapitres qui lui manquaient peut-être dans la construction de sa vie.

Un livre très émouvant, qui m’a permis de me poser de nombreuses questions sur ce que nous sommes et ce que nous sommes prêts à réaliser dans notre vie, malgré les nombreuses embûches que nous pouvons subir, les différents traumatismes que nous pouvons vivre. Alexandra nous dit dans son livre qu’elle est née à huit ans, sept mois et douze jours. Aujourd’hui je comprends cette phrase…

La forme et le fond rédigé par Alexandra, nous amènent ce très beau livre comme un cadeau précieux qu’elle nous offre, mélangeant passé, présent, peine, courage, force et amour…

J’espère que ton “petit moi” vit sa vie présente avec bonheur.
Ton livre poétique et émouvant d’où se dégage une force très positive, m’a fait énormément de bien…
Merci Alexandra, pour ce que tu es. Quel bel exemple d’accomplissement tu nous offres !

À lire absolument…

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Extraits :

« “Pourquoi une histoire sur tes origines ? me demande mon oncle. Tu as déjà écrit deux romans qui y font allusion.
– Cette fois-ci, je n’ai pas envie d’écrire un roman.
– Tu veux parler de toi ? Entre autres. De moi, de l’identité, de la place qu’on occupe, de l’importance de la littérature, des mots et des langues. De mes parents, aussi.
– Mais tu n’as pas de souvenirs d’eux, que vas-tu faire ? Les inventer ?”
L’invention de mes parents. L’invention d’une vie. »

« Je suis née à huit ans, sept mois et douze jours.
Des cris de partout, à gauche, à droite, impossibles à faire taire. L’ensemble des pleurs en concert improvisé provient d’une quinzaine de nouveau-nés qui à eux tous cumulaient au maximum trente-deux jours.
De là où je suis, je ne vois rien, je ne fais qu’entendre ces cris. »

« Immédiatement après l’annonce de la mort de mes parents, il a fallu que je connaisse toute la vérité, si terrible soit-elle, si durs soient les mots et les images. Je ne savais pas à quel point établir une exactitude est une sorte de graal impossible à atteindre. Et si certaines réponses remplissaient des vides, elles ne les comblaient pas tous. »

« Je regarde le calendrier.
Dans moins d’un mois, le 19 août, jour de l’accident, je serai de nouveau cette petite fille qui perd ses parents. Il me faut alors écrire, écrire contre le temps, les retrouver, dans ce cahier noirci de leurs contours, attraper quelque chose que je ne saurais pas encore. Le temps joue contre moi. Cette date me terrifie autant qu’elle me galvanise.
Je replonge dans les jours de deuil. »

« Les livres sont ces histoires qui me permettent de saisir que la vie est faite d’embûches dont il faut se relever.
Je ne le sais pas encore, mais je suis sur le chemin du deuil.
Si les adultes ne peuvent répondre à mes questions, les livres le font.
La langue écrite, langue du savoir, de la distance, du choix des mots, d’un rythme, me permet des bonds de pierre en pierre, d’histoire en histoire, d’aller plus loin que l’expérience acquise dans une vie seule. »

 

Alexandra Koszelyk est née en 1976 à Caen. Ayant vécu dans son enfance dans une commune située près de Caen (Normandie), elle mène dans cette ville ses études secondaires et supérieures.

Elle devient professeure de lettres classiques dans les Yvelines, tout en se consacrant à l’écriture. Elle est lauréate de plusieurs prix comme le prix Vleel 2022, ou le Prix Totem des lycéens 2020.

Chez Alexandra Koszelyk, le surnaturel s’invite dans les grands et les petits drames de l’Histoire, avec des romans « sidérant de poésie et d’actualité ». Cette écrivaine a baigné dans la culture ukrainienne héritée de ses grands-parents, émigrés en France dans les années 1930 (venant de la région de Galicie).

C’est aussi une blogueuse littéraire.
Sur son blog “Bric à Book”, elle organise chaque semaine des ateliers d’écriture.

– À crier dans les ruines, 2019.
https://leressentidejeanpaul.com/2020/02/22/a-crier-dans-les-ruines/

– La Dixième Muse, 2021.
– Le Sanctuaire d’Emona, 2022.
– L’Archiviste, 2022.

Émotion, Philosophique, Poésie

Billets de contrebande (Inédits)

de Alain Cadéo
Broché – mars 2024
Éditions : Éditions La Trace

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Un Livre qui ne se résume pas !
Un Livre intemporel autour de la la passion des mots.
Un livre de chevet tel un compagnon fidèle…
Ode à la littérature et aux humbles écrivains…

 

• Couv_2024-017_Cadéo Alain - Billets de Contrebande

 

J’ai commencé à lire ce livre il y a quelques semaines déjà et assez vite, je me suis perdu.

Ayant lu d’autres romans, qui m’avaient tous plu, d’Alain Cadéo, je ne comprenais pas. Je reconnaissais bien sa passion pour les mots, mais je restais égaré…

J’ai attendu quelques jours, l’ai repris et l’ai compris.
J’avais abordé Billets de contrebande comme un simple roman, et j’avais fait fausse route !

Billets de contrebande, comme son nom l’indique est composé de billets, suite de pensées, petites notes plus ou moins longues écrites par Alain, aux aléas du temps, des envies et de ses humeurs. Ils sont tous dissociés les uns des autres… mais vont délibérément dans la même direction, celle qui nous remet en question, qui nous fait réfléchir et nous fait du bien !

Je les ai alors lus différemment, à un autre rythme, embarqué enfin dans les pas de l’auteur. Un, le matin au réveil, un autre, un peu plus tard, le suivant, entre deux rendez-vous, et ainsi de suite jusqu’au coucher. Là, seulement j’ai pu retrouver la magie et le “pétillant” lyrique d’Alain, son don redevenu alors évident pour la littérature.

Chaque billet vous emportera partout, là où vous ne vous y attendrez pas !
Comme une aventure fantastique à travers les idées et les mots, tel un bateau navigant vers le grand large…
Un voyage vers les rêves sans aucun doute, tantôt poétique, tantôt philosophique. Un voyage qui invite à l’évasion littéraire…

Mais attention, ces billets ne se donneront pas au premier venu…
Une œuvre écrite par un “amoureux des mots”, pour “amoureux des mots” !

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Extraits :
« Commence toujours par une phrase telle, que toutes celles qui suivront voudront lui ressembler. Redoute plus que tout le remplissage, fignolage sans âme qui au fil des pages te perdra dans un dédale artificiel tout juste bon à créer l’illusion. »

« Je redécouvre ces cahiers oubliés, pages blanches puisque je n’écris plus depuis un an que par machine électronique interposée. J’ai bien envie pourtant de retrouver le bureau de noyer, légèrement ployé en son milieu par le poids de studieuses années. Oui, j’ai bien envie de retrouver stylos à plume, encre, papiers craquants, l’épaisse planche de cyprès me servant d’écritoire, ma Remington portative aux airs noirs de scarabée, ses ailes dorées, avec ses pattes cliquetantes, sa sonnerie de fin de page… »

« Celui qui écrit peint ou compose est parfaitement seul. Nul ne peut imaginer toutes les vies, les ombres qui pourtant l’accompagnent.
C’est dans un bruissement d’âmes errantes qu’il récolte les fruits de cette étrange colonie glissant autour de lui. »

« Apprendre à faire ce que l’on n’a jamais fait. Apprendre à dire ce que l’on n’a jamais dit. Apprendre à voir ce que l’on n’a jamais vu. Apprendre. Mot le plus beau, le plus vif, le plus sage, nous incitant à découvrir l’immensité de nos lacunes. Nous exhortant sans cesse à aller plus avant vers un but impossible à atteindre. Car c’est là que réside la beauté d’une quête : chercher, tout en sachant qu’on ne trouvera pas. »

« S’il me restait trois grammes, six volts d’intensité, je me ferais un beau sentier de lettres inventées me conduisant tout droit vers mon éternité. Le Paradis ressemble à ce que l’on en fait. Et la réalité n’est que l’enfer des imbéciles. »

 

Alain Cadéo est l’auteur de nombreux ouvrages (nouvelles, romans, textes, pièces de théâtre), dont « Stanislas » (1983), premier prix Marcel Pagnol 1983 ou encore Macadam Epitaphe (1986), Plume d’Or Antibes et Prix Gilbert Dupé.

Il est avant tout un passionné des autres, des humbles , ceux qui lisent les mots, les portent et les défendent… Ses textes sont toujours exigeants, en perpétuelle recherche de chemins différents, à l’image de l’homme, singulier, sincère et altruiste, mais aussi inclassable, comme sa littérature.

Après avoir été notamment publié par Mercure de France, il est depuis 2018 publié par les Éditions La Trace.

Il vit à Évenos, en Provence.

Sa bibliographie complète est la suivante :

– Les Voix de Brume (1982, nouvelles)
– Stanislas (1983, roman)
– La Corne de Dieu (1983, roman)
– L’Océan vertical (1983, roman)
– Le Mangeur de Peur (1984, roman)
– Macadam Epitaphe (1986, texte)
– Le Ciel au ventre (1993, texte)
– Les Anges disparaissent (1998, roman)
– Fin (1999, texte)
– Et votre éternité sera la somme de vos rêves (2008, roman)
– L’Ombre d’un doute (2008, théâtre)
– Les Réveillés de l’ombre (2013, théâtre)
– Zoé (2013, roman)
– Chaque seconde est un murmure (2016, roman)
– Des Mots de contrebande (Aux inconnus qui comme moi…) (2018, texte)
– Comme un enfant qui joue tout seul (2019, roman)
– Mayacumbra (2019, roman)
https://leressentidejeanpaul.com/2020/02/26/mayacumbra/
– Lettres en Vie (2020, texte illustré)
– Confessions (ou les spams d’une âme en peine) (2021, roman)
https://leressentidejeanpaul.com/2021/06/03/confessions-ou-les-spams-dune-ame-en-peine/
– Arsenic et Eczéma (2022, théâtre)
https://leressentidejeanpaul.com/2022/05/06/arsenic-et-eczema/
– L’Homme qui veille dans la pierre (2022, roman)
https://leressentidejeanpaul.com/2022/09/08/lhomme-qui-veille-dans-la-pierre/
– M (2023, roman)
https://leressentidejeanpaul.com/2023/04/08/m/