de Martine Chifflot
Broché – 1 juin 2023
Éditions : M +

Un thriller fantastique, qui fait suite à La Maison des Innocents et confirme la saga de New Town. Un livre percutant qui révèle les nouveaux traquenards fomentés par les suppôts de l’Enfer. Helda Hartmann, l’inspectrice, et ses héroïques coéquipiers sont confrontés aux forces maléfiques décuplées dans les tréfonds de New Town tandis que le procès des ravisseurs d’enfants s’ouvre avec grand fracas dans la capitale, provoquant des remous politiques et cosmiques. Les héros sauveront-ils les victimes des nouveaux holocaustes démoniaques ? Démasqueront-ils l’instigateur de ces horreurs ? Ce combat inégal défie et broie les bonnes volontés, le bien contre le mal, l’amour contre la haine. Les gardiens du sanctuaire défendent le Graal des Innocents contre les formidables assauts des puissance maléfiques. Des personnages extraordinaires dans des situations qui défient l’imagination.

Les Gardiens du Sanctuaire est la suite directe de La maison des innocents !
Je ne pouvais pas attendre après l’avoir lu, il y a quelques jours, il me fallait enchaîner avec cette suite qui n’est, je l’espère pas une fin !
Ici encore le surnaturel, l’horrifique et les mystères font entièrement partie du récit. Éblouissant et captivant, je suis entré de suite dans l’histoire, qui dès le début nous offre de multiples rebondissements.
Helda, l’inspectrice aidée de ses coéquipiers, luttent contre les forces démoniaques, et enfin arrivent à les arrêter, élites, politiciens et autres hommes d’affaires en pleine célébration du Mal. Un procès va pouvoir voir le jour… Le procès du Bien contre le Mal ? Et là où j’ai cru qu’enfin le procès pourrait inverser la tendance du récit, c’est un car d’adolescent complet qui disparaît, laissant des parents dans l’angoisse et le désespoir, tandis que les démons, eux jubilent.
Martine Chifflot nous amène une fois encore dans les tréfonds de l’horreur !
La construction du récit, est pour moi, très différente de celle du premier opus. Toujours aussi noire et mystérieuse, toujours aussi soutenue et érudite (merci Google…), mais j’ai eu ici l’impression, d’entrevoir des faits et des scènes beaucoup plus réalistes, même si certaines restaient dans le domaine du fantastique. À force de voir et d’écouter l’évolution de notre civilisation telle qu’elle se porte, je serai à peine surpris… J’ai fait un lien assez vite (pourquoi ?) avec certains articles que j’ai lu de Karl Zéro, malheureusement… là pour le coup, on n’est plus dans le surnaturel ! Alors oui, régulièrement certains passages sont revenus à mon esprit. Puis… le choix de Martine de situer son récit dans un monde imaginaire, dont les noms de pays, de villes et même de certaines personnes résonnaient du coup étonnamment à mes oreilles. Est-ce un parti-pris de l’auteur de vouloir dénoncer ? Ou est-ce que je me fais des idées ? Je vous laisse réfléchir à ces questions, qui sortent un peu du cadre du roman. Mais pour moi, dès lors, “Les Gardiens du Sanctuaire” a atteint un niveau différent de lecture, qui m’a d’autant plus inquiété… Les force du mal sont vraiment partout.
Le procès est très bien mené, je l’ai vécu comme si j’y étais. Tous ces tortionnaires sur la sellette. Ceux qui ont honte, qui se confondent en excuses et les autres, qui vous regardent dans les yeux et revendiquent le fait qu’ils n’ont rien à faire dans cette parodie de procès, qu’ils ont bien sûr été piégés par leurs adversaires politiques ou autres…
Superbe roman et très fort à la fois ! Un sans-faute pour moi, avec un retournement très intéressant qui est venu me vriller l’esprit. Martine aborde et mène très intelligemment cette thématique de la pédocriminalité qui ne pourra qu’ouvrir les esprits…
Encore Bravo Martine ! Même si je reste encore sous le choc de ce récit glaçant, angoissant, teinté d’horreur et de noirceur.
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Extraits :
« Depuis l’enlèvement de son mari et après avoir su tout ce qu’il avait enduré, Gina avait perdu tout goût à l’existence et elle s’était laissée emporter par une dépression visqueuse qui paralysait toute volonté. Le couple avait dû quitter sa maison de rêve, l’atelier, les statues entreposées qui avaient finalement été transportées dans les hangars de Todd, mais plus rien n’avait de sens pour Gina et l’art lui apparaissait maintenant comme une effroyable vanité destinée à détourner les hommes de l’essentiel, mais quel était cet essentiel ? »
« Si Helda avait survécu, le chien aurait pu supporter la mort de son maître, mais que serait-il devenu, seul au chenil, sans eux ? L’amour était la seule chose qui importât. Maintenant et toujours, il le savait. Sans l’amour, il n’était rien. Sans Helda, sans le chien, tout volait en éclats comme une bombe qui explose, tout se dispersait sans liens, sans attrait, rien. Le vide sidéral et sidérant, le trou noir dispersant les atomes, les particules… Comment ce tas de particules pouvait-il aimer ? Vivre sans aimer ? C’est l’amour qui lie, qui attire, qui retient… »
« L’informateur était entré dans l’appartement et le majordome le conduisait à travers maints couloirs après lui avoir soigneusement bandé les yeux. L’adresse était tenue secrète, mais une exception avait été autorisée en raison de la gravité des faits et des circonstances. Le risque n’en était pas moins grand et le majordome, bien que masqué, en mesurait toute l’ampleur. Jamais on ne recevait ici des adeptes ordinaires, seuls les plus hauts dignitaires avaient foulé le sol de ce lieu caché où séjournait l’Envoyé suprême. »
« Les visites du démon s’étant raréfiées, la pauvre femme éprouvait un manque affreux, car ses sens avaient été totalement envoûtés par les saillies généreusement dispensées au début, puis plus parcimonieusement afin que le désir s’accrût au fur et à mesure du retardement de l’effet. Elle était en manque depuis plusieurs jours lorsque son incube se manifesta enfin sous les aspects qu’elle lui préférait. Sa silhouette étrange se dessinait cette fois dans la clarté lunaire près d’une fenêtre délabrée et il dégageait une odeur vaguement pimentée, propre à la soumettre totalement. Le moindre de ses mouvements provoquait un torrent de désirs impurs, réduisant la misérable à s’agenouiller pour quémander son dû. »
Ecrivain, auteure et réalisatrice de documentaires et de fictions, Martine Chifflot signe ici un roman percutant, dans le prolongement de son exploration du fantastique et de la criminalité.
Docteure en philosophie hdr et professeure agrégée honoraire de l’Université, elle investit toutes les potentialités de l’écriture littéraire ou cinématographique. Spécialiste de l’oeuvre de Lovecraft, elle lui a consacré de nombreux travaux, théoriques et filmiques.
Philosophe, traductrice (sanskritiste, latiniste), elle compose aussi des ouvrages de poésie (« Chants Journaliers », « Assises du Temps », etc.) qu’elle met en voix et en scène.
Docteure habilitée à diriger des recherches en philosophie, professeure agrégée honoraire de l’Université Lyon 1, elle se consacre à la composition de livres et à la réalisation de films.
Ses recherches et ses œuvres ressortissent à la métaphysique, à l’éthique et à la connaissance des religions.
Elle a créé, en 2003, le Festival de Bourgogne du Sud, où elle expérimente écritures et rencontres, à l’intersection des arts visuels et sonores.
La maison des innocents
https://leressentidejeanpaul.com/2023/10/26/la-maison-des-innocents/











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