Drame, Fantasy, Frisson horreur, Roman, Suspense, Thriller

Les Gardiens du Sanctuaire

de Martine Chifflot
Broché – 1 juin 2023
Éditions : M +

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Un thriller fantastique, qui fait suite à La Maison des Innocents et confirme la saga de New Town. Un livre percutant qui révèle les nouveaux traquenards fomentés par les suppôts de l’Enfer. Helda Hartmann, l’inspectrice, et ses héroïques coéquipiers sont confrontés aux forces maléfiques décuplées dans les tréfonds de New Town tandis que le procès des ravisseurs d’enfants s’ouvre avec grand fracas dans la capitale, provoquant des remous politiques et cosmiques. Les héros sauveront-ils les victimes des nouveaux holocaustes démoniaques ? Démasqueront-ils l’instigateur de ces horreurs ? Ce combat inégal défie et broie les bonnes volontés, le bien contre le mal, l’amour contre la haine. Les gardiens du sanctuaire défendent le Graal des Innocents contre les formidables assauts des puissance maléfiques. Des personnages extraordinaires dans des situations qui défient l’imagination.

 

• Couv_2023-116_Chifflot Martine - Les gardiens du sanctuaire

 

Les Gardiens du Sanctuaire est la suite directe de La maison des innocents !
Je ne pouvais pas attendre après l’avoir lu, il y a quelques jours, il me fallait enchaîner avec cette suite qui n’est, je l’espère pas une fin !

Ici encore le surnaturel, l’horrifique et les mystères font entièrement partie du récit. Éblouissant et captivant, je suis entré de suite dans l’histoire, qui dès le début nous offre de multiples rebondissements.
Helda, l’inspectrice aidée de ses coéquipiers, luttent contre les forces démoniaques, et enfin arrivent à les arrêter, élites, politiciens et autres hommes d’affaires en pleine célébration du Mal. Un procès va pouvoir voir le jour… Le procès du Bien contre le Mal ? Et là où j’ai cru qu’enfin le procès pourrait inverser la tendance du récit, c’est un car d’adolescent complet qui disparaît, laissant des parents dans l’angoisse et le désespoir, tandis que les démons, eux jubilent.

Martine Chifflot nous amène une fois encore dans les tréfonds de l’horreur !
La construction du récit, est pour moi, très différente de celle du premier opus. Toujours aussi noire et mystérieuse, toujours aussi soutenue et érudite (merci Google…), mais j’ai eu ici l’impression, d’entrevoir des faits et des scènes beaucoup plus réalistes, même si certaines restaient dans le domaine du fantastique. À force de voir et d’écouter l’évolution de notre civilisation telle qu’elle se porte, je serai à peine surpris… J’ai fait un lien assez vite (pourquoi ?) avec certains articles que j’ai lu de Karl Zéro, malheureusement… là pour le coup, on n’est plus dans le surnaturel ! Alors oui, régulièrement certains passages sont revenus à mon esprit. Puis… le choix de Martine de situer son récit dans un monde imaginaire, dont les noms de pays, de villes et même de certaines personnes résonnaient du coup étonnamment à mes oreilles. Est-ce un parti-pris de l’auteur de vouloir dénoncer ? Ou est-ce que je me fais des idées ? Je vous laisse réfléchir à ces questions, qui sortent un peu du cadre du roman. Mais pour moi, dès lors, “Les Gardiens du Sanctuaire” a atteint un niveau différent de lecture, qui m’a d’autant plus inquiété… Les force du mal sont vraiment partout.
Le procès est très bien mené, je l’ai vécu comme si j’y étais. Tous ces tortionnaires sur la sellette. Ceux qui ont honte, qui se confondent en excuses et les autres, qui vous regardent dans les yeux et revendiquent le fait qu’ils n’ont rien à faire dans cette parodie de procès, qu’ils ont bien sûr été piégés par leurs adversaires politiques ou autres…

Superbe roman et très fort à la fois ! Un sans-faute pour moi, avec un retournement très intéressant qui est venu me vriller l’esprit. Martine aborde et mène très intelligemment cette thématique de la pédocriminalité qui ne pourra qu’ouvrir les esprits…

Encore Bravo Martine ! Même si je reste encore sous le choc de ce récit glaçant, angoissant, teinté d’horreur et de noirceur.

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Extraits :

« Depuis l’enlèvement de son mari et après avoir su tout ce qu’il avait enduré, Gina avait perdu tout goût à l’existence et elle s’était laissée emporter par une dépression visqueuse qui paralysait toute volonté. Le couple avait dû quitter sa maison de rêve, l’atelier, les statues entreposées qui avaient finalement été transportées dans les hangars de Todd, mais plus rien n’avait de sens pour Gina et l’art lui apparaissait maintenant comme une effroyable vanité destinée à détourner les hommes de l’essentiel, mais quel était cet essentiel ? »

« Si Helda avait survécu, le chien aurait pu supporter la mort de son maître, mais que serait-il devenu, seul au chenil, sans eux ? L’amour était la seule chose qui importât. Maintenant et toujours, il le savait. Sans l’amour, il n’était rien. Sans Helda, sans le chien, tout volait en éclats comme une bombe qui explose, tout se dispersait sans liens, sans attrait, rien. Le vide sidéral et sidérant, le trou noir dispersant les atomes, les particules… Comment ce tas de particules pouvait-il aimer ? Vivre sans aimer ? C’est l’amour qui lie, qui attire, qui retient… »

« L’informateur était entré dans l’appartement et le majordome le conduisait à travers maints couloirs après lui avoir soigneusement bandé les yeux. L’adresse était tenue secrète, mais une exception avait été autorisée en raison de la gravité des faits et des circonstances. Le risque n’en était pas moins grand et le majordome, bien que masqué, en mesurait toute l’ampleur. Jamais on ne recevait ici des adeptes ordinaires, seuls les plus hauts dignitaires avaient foulé le sol de ce lieu caché où séjournait l’Envoyé suprême. »

« Les visites du démon s’étant raréfiées, la pauvre femme éprouvait un manque affreux, car ses sens avaient été totalement envoûtés par les saillies généreusement dispensées au début, puis plus parcimonieusement afin que le désir s’accrût au fur et à mesure du retardement de l’effet. Elle était en manque depuis plusieurs jours lorsque son incube se manifesta enfin sous les aspects qu’elle lui préférait. Sa silhouette étrange se dessinait cette fois dans la clarté lunaire près d’une fenêtre délabrée et il dégageait une odeur vaguement pimentée, propre à la soumettre totalement. Le moindre de ses mouvements provoquait un torrent de désirs impurs, réduisant la misérable à s’agenouiller pour quémander son dû. »

 

Ecrivain, auteure et réalisatrice de documentaires et de fictions, Martine Chifflot signe ici un roman percutant, dans le prolongement de son exploration du fantastique et de la criminalité.

Docteure en philosophie hdr et professeure agrégée honoraire de l’Université, elle investit toutes les potentialités de l’écriture littéraire ou cinématographique. Spécialiste de l’oeuvre de Lovecraft, elle lui a consacré de nombreux travaux, théoriques et filmiques.

Philosophe, traductrice (sanskritiste, latiniste), elle compose aussi des ouvrages de poésie (« Chants Journaliers », « Assises du Temps », etc.) qu’elle met en voix et en scène.

Docteure habilitée à diriger des recherches en philosophie, professeure agrégée honoraire de l’Université Lyon 1, elle se consacre à la composition de livres et à la réalisation de films.
Ses recherches et ses œuvres ressortissent à la métaphysique, à l’éthique et à la connaissance des religions.

Elle a créé, en 2003, le Festival de Bourgogne du Sud, où elle expérimente écritures et rencontres, à l’intersection des arts visuels et sonores.

La maison des innocents
https://leressentidejeanpaul.com/2023/10/26/la-maison-des-innocents/

Amour, Émotion, Drame, Humour, Poésie, Roman

Requiem pour une apache

de Gilles Marchand
Poche – 14 janvier 2022
Éditions : Points

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Jésus tient une petite pension, un refuge pour les réprouvés de la société. Un couple d’anciens taulards qui n’a de cesse de ruminer ses exploits. Un ancien catcheur qui n’a plus toute sa tête. Un jeune homme simplet. Une VRP qui pense que les encyclopédies sauveront le monde et un chanteur qui a glissé sur la voie savonneuse de la ringardisation. Lorsque Jolene s’y installe à son tour, plus question de baisser la tête, la pension devient le centre de l’attention et le quartier général d’une révolte poétique.

« Ce roman, c’est La vie mode d’emploi de Perec réorchestré
par A day in the life des Beatles. Ce roman,
c’est Despentes filmé par Fellini. »

Antoine Jarrige, librairie Le Tumulte

 

• Couv_2023-096_Marchand Gilles - Requiem pour une apache

 

Ils vivaient en paix, soit, avec leurs difficultés, mais ils vivaient en paix…
Il aura fallu, un “petit grain de sable”, un “Releveur” de gaz qui refuse de dire bonjour et tout à commencé à ce moment-là !

Si vous connaissez déjà Gilles Marchand, alors vous connaissez sa poésie entre les mots.
Si vous connaissez déjà Gilles Marchand, alors vous que vous allez découvrir des personnages extrêmement attachants.
Si vous connaissez déjà Gilles Marchand, alors vous savez que vous allez sourire parfois, trouver son texte intéressant, toujours, voire un peu fou, un peu fantastique.
Si vous connaissez déjà Gilles Marchand, alors vous vous attendez forcément à prendre beaucoup de plaisir à cette nouvelle lecture.

Et bien, vous êtes au bon endroit, vous ne vous êtes pas trompé.
On y va ?

Bienvenue dans cette grande fable poétique, politique et aussi dramatique, même si Gilles a le don de nous faire sourire entre les lignes.
Jésus tient une petite pension, où il reçoit de drôles d’individus. Les cassés de la vie, les fragiles, les pas beaux, les laids aussi, un chanteur oublié, un catcheur qu’on a trop frappé, des gens en colère, d’autres qui sourient tout le temps. Jésus ne fait pas ça pour l’argent. Il s’est donné une mission. Aider. Même si Mario, le “chef” de la cuisine, se met à penser, au bout d’un moment, que cela commence à faire beaucoup de monde tout ça !
Et puis un jour… Jolene arrive silencieuse, intriguée. Alors qu’elle-même peine à s’éveiller dans un monde qu’elle ne comprend décidément plus, elle va transformer le “refuge” en un symbole de liberté !

Voilà, vous savez tout… Ou presque !
Bah oui !
Il en faudra quand même un peu plus pour partager la vie de cette “bande d’ignorés” et verser quelques larmes… mais c’est tellement beau !

Dans un style qui me ravit à chaque fois, un doux moment de lecture où la musique est omniprésente…

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Extraits :

« Il aurait fallu commencer par le début, mais le début, on l’a oublié. Ça a démarré bien avant nous. Et bien avant elle.
Rome ne s’est pas faite en un jour, la légende de Jolene non plus. On la présente aujourd’hui comme la meneuse d’une troupe d’insurgés. Plutôt que d’insurgés, ça tenait davantage d’une cour des Miracles contemporaine accueillant les trop maigres, les trop gros, les trop petits ou trop grands, les trop ceci ou trop cela, les roux, les Arabes, les Noirs et les Chinois. »

« Jolene s’est retournée et lui a fait signe d’arrêter.
Elle a fait un nouveau pas.
Elle s’est plantée à un mètre de monsieur Gaz, a posé son verre sur le comptoir et lui a expliqué qu’ici, on disait bonjour. Tous les jours, on disait bonjour. Que l’on soit patron, employé, client ou représentant, on disait bonjour. C’était une règle un peu vieillotte, légèrement surannée, mais on y tenait. Bon-jour. »

« C’est ce soir-là que Jésus a inventé le “velours des Carpates”. Il désirait quelque chose de fort et de doux, un cocktail qui ressemblerait à Jolene. Un truc qu’on n’aurait pas vu venir. Il a pressé des citrons verts, sorti une bouteille de sirop de gingembre dont il n’avait jamais su que faire et ajouté une bonne dose de vodka. »

« Et, même s’il avait acheté leurs terrains au prix fort, une promesse est une promesse, surtout si elle est signée, paraphée en bas à droite sur chaque page, lue et approuvée contractuellement.
Il a eu des procès. Il a perdu des procès.
Reconnu coupable, il a culpabilisé.
Il a eu des amendes, il s’est amendé.
Il a payé des dommages et des intérêts, des préjudices. Il n’a rien négocié, il a tout payé.
Mais la société ne pardonne pas si vite. Il était devenu l’escroc mégalo. Il resterait l’escroc mégalo. »

« Jamais je n’avais vu Jésus aussi heureux et jamais il n’avait aussi bien porté son nom. Au milieu des déshérités, il ne prêchait pas la bonne parole, il se contentait d’accueillir et de faire au mieux. “Faire au mieux” était devenu sa spécialité. Lorsque Mario lui expliquait qu’il ne pourrait nourrir autant de monde, il lui demandait simplement et calmement de faire au mieux. Lorsqu’il y avait un problème de couverture, de courant d’air, de chasse d’eau, il nous demandait de faire au mieux. Il dégageait une étonnante sérénité. Et cette sérénité, il la devait à Jolene. »

« Le jour débutait et, pour marquer le coup, le soleil envoya trois rayons dans ma direction. Je parvins à éviter les deux premiers, me pris le troisième en plein visage. Ne voulant pas avoir de problème avec le soleil, je ne lui adressai aucun reproche et continuai ma route. J’avais marché toute la nuit. Il avait fait doux, léger vent d’ouest, faibles risques de pluie. »

 

Gilles Marchand est né en 1976 à Bordeaux. Il a notamment écrit Dans l’attente d’une réponse favorable (24 lettres de motivation) et coécrit Le Roman de Bolaño avec Éric Bonnargent. Son premier roman solo, Une bouche sans personne en 2016, attire l’attention des libraires (il est notamment sélectionné parmi les “Talents à suivre” par les libraires de Cultura, finaliste du prix Hors Concours, et remporte le prix des libraires indépendants “Libr’à Nous” en 2017) et de la presse, en proposant le curieux récit, le soir dans un café, d’un comptable le jour expliquant à ses amis pourquoi il porte en permanence une écharpe pour cacher une certaine cicatrice.

Il a été batteur dans plusieurs groupes de rock et a écrit des paroles de chansons.

Des mirages plein les poches
https://leressentidejeanpaul.com/2019/01/05/des-mirages-plein-les-poches-de-gilles-marchand/

Un funambule sur le sable
https://leressentidejeanpaul.com/2019/01/14/un-funambule-sur-le-sable-de-gilles-marchand/

Une bouche sans personne
https://leressentidejeanpaul.com/2020/04/26/une-bouche-sans-personne/

Une bouche sans personne
https://leressentidejeanpaul.com/2020/04/26/une-bouche-sans-personne/

Le soldat désaccordé
https://leressentidejeanpaul.com/2022/12/12/le-soldat-desaccorde/

Émotion, Drame, Histoire vraie, Suspense

L’Oiseau bleu tombé du nid

De Lily Hétet-Escalard
Broché – 1 juin 2021
Éditeur : ‎Librinova

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Quatre amis, Louise, Jean, Marie et Antoine forment deux couples happés par la brutalité de la Seconde Guerre mondiale. Leur vie bascule à la disparition de l’un d’eux, et plus encore à la Libération… Un demi-siècle plus tard, Victor, biologiste marin de renom ressent vers la cinquantaine le besoin de partir à la quête de ses racines. Enfant abandonné, il a été placé en Suisse comme 100000 autres. Percera-t-il le terrible secret de ses origines ?L’histoire de cette famille normande tisse une fresque bouleversante entre combats, résistance, espoir et folie. Dans L’Oiseau bleu tombé du nid, Lily Hétet-Escalard rend un hommage vibrant aux hommes et aux femmes qui ont connu l’horreur de la guerre à travers les voix oubliées de l’Histoire. Un roman déchirant, inspiré d’une histoire incroyable mais vraie.

 

2021_099_Hétet-Escalard Lily - L'Oiseau bleu tombé du nid

 

C’est exactement pour ce type de lectures
que je continuerai à lire tant que je le pourrai…

Louise et Jean, Marie et Antoine, deux sœurs, deux amis d’enfance, deux couples à la vie à la mort, qui se sont trouvés.
Ensemble ils s’occupaient d’une ferme. Ensemble ils vivaient heureux…
Mais l’Histoire en avait décidé autrement…

La Deuxième Guerre mondiale éclate, avec toutes les atrocités que l’on connaît déjà et bien d’autres que je découvre dans ce roman…
Le 5 juin 1944, Marie ouvre leur porte à un parachutiste américain la veille du débarquement pour leur plus grand malheur.
Antoine est absent, Jean est emprisonné en Allemagne et Louise est endormie à l’étage !
Le lendemain, Louise est une jeune femme brisée suite à une agression. Sa vie va être bouleversée. Très vite elle va se rendre compte qu’elle est enceinte…

Voilà le départ de ce superbe roman basé sur des faits réels. Poignant, dramatique avec une écriture pleine de réalisme qui décrit sans juger, sans condamner, mais toujours avec beaucoup d’émotion !
Le récit se divise en deux parties.

La première, raconte l’histoire des deux sœurs qui ont épousé Antoine et Jean, meilleurs amis depuis l’enfance.

Nos quatre “amis” vont vivre la guerre, les disparitions, les explosions à leur porte ! Antoine est dans la résistance, Jean qui après avoir été fait prisonnier en Allemagne va se retrouver déporté en Sibérie, et n’aura de cesse que d’essayer de s’évader afin de retrouver les siens. Louise, la pauvre Louise, qui se voit obligée d’abandonner son bébé le jour de sa naissance, car les mœurs de l’époque ne lui permettront jamais de le garder et de l’aimer. L’Église enverra le petit Victor dans une famille en Suisse qui le traitera durant toute son enfance comme un esclave, exploité, affamé, maltraité, comme des milliers d’autres enfants durant le conflit. Et puis Marie qui essaie se survivre et de s’occuper de sa sœur comme elle le pourra.

La seconde partie, elle, développera la vie de Victor. Après une enfance où il s’est cru perdu, un enseignant va l’aider à aller de l’avant et lui donner les “clés” qui lui manquaient pour réussir. Aujourd’hui il a bien grandi et ressent alors le besoin de connaitre ses racines, de retourner vers les “siens”.

“L’oiseau bleu tombé du nid” est un roman magnifique et bouleversant.
Que d’émotions !
J’avoue avoir vraiment été touché par l’écriture de l’auteure. Son écriture très poétique m’a tenu en haleine jusqu’au bout. Son développement des personnages qui en fait des êtres vivants et à part entière. J’ai pu ressentir leurs vécus, leurs joies mais surtout leurs peines. L’amitié tient une très grande place dans le roman, ainsi que l’amour.

Lily Hetet-Esclard à travers ses personnages qui marquant nous raconte sans faux-semblants, la vie de ceux qui ont souffert, qui ont été oublié, des femmes violées et de la société à cette époque, elle dénonce tout simplement la cruauté d’une époque. On apprend à la fin du récit que Jean est l’arrière-grand-oncle de Lily.
Quel bel hommage elle lui rend…

Je ne peux que vous recommander ce livre… Que les lecteurs et lectrices les plus sensibles n’hésitent pas à découvrir “L’Oiseau bleu tombé du nid” ! C’est un roman sensible mais jamais mélodramatique, les personnages sont formidables et à chaque fois, malgré tout ce qui leur arrive, c’est l’espoir qui prédomine.

Pour moi, un vrai coup de cœur !
Lily sera une auteure à suivre.
Elle a du talent, et sait retransmettre les idées qui bouillonnent dans son cœur et sûrement dans son âme…

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Extraits :

« Cette histoire commence à l’heure où les oiseaux se taisent. La lune claire brille entre deux nuages et de grands échassiers gris se posent en silence dans les prés alentour.
Bientôt, l’herbe noire se couvre de tâches claires, telles des ombrelles déployées, vite rassemblées à la hâte. Soudain, de champ en champ, le coassement de grenouilles importunées se mêle aux stridulations de nombreux criquets »

« En ouvrant les yeux, je décide de graver dans ma mémoire le moindre recoin de cette cabane reculée, qui m’a protégé des températures glaciales et des animaux. Je ne me leurre pas, ce n’est pas tant le lieu que je quitte la gorge nouée. Macha, c’est son prénom, me prépare un bol de thé qu’elle me tend avec une tranche de pain noir. Pendant que je savoure l’instant, elle prépare un gros baluchon qu’elle remplit du linge d’homme qui lui reste. Alors que je proteste, elle ajoute ses maigres provisions. Je ne pourrai jamais la remercier assez. Une vague de gratitude m’envahit ; je la soulève, toute légère, et l’a fait tourner. Quelle grande âme ! »

« 100 000 enfants forçats, des moins que rien.
Des milliers d’entre nous subirent des violences, des mauvais traitements, des viols, souffrirent voire périrent de malnutrition. Tout le monde savait. Voisins, familles, amis, élus… Tous se taisaient. Un système muselé, figé dans le formol. Me revient en pleine face le corps squelettique du gamin enchaîné nu à un piquet. J’ai terriblement mal pour lui. Il n’y a plus de place pour le doute. Son sort était scellé. J’ai honte. Honte de ne pas avoir réagi en homme. »

« Elle le raccompagna à la grille menant au portail, lui sourit :
– Faites-moi plaisir et retenez ceci avant que nous nous quittions : innocent vous êtes, et resterez ! Les enfants ne sont pas coupable des fautes de leurs parents, lui glissa-t-elle à l’oreille en l’étreignant comme seule une mère aimante sais le faire. »

 

 

Après une enfance heureuse passée à parcourir avec voracité les rayons de la librairie familiale, Le Lutrin à Bayeux, et la campagne normande, je me suis investie quelques années auprès d’adolescents cabossés, au parcours chaotique, en rupture.

Diplômée en biologie et géologie, violoniste et pianiste, l’écriture m’a toujours accompagnée, m’offrant un langage essentiel avec la peinture.

Mère de 2 enfants, je vis en Normandie.

Mes amitiés, rencontres et voyages m’offrent l’opportunité de creuser au scalpel les âmes qui se confient naturellement et nourrissent mon questionnement sur la nature humaine.

Adolescence, Émotion, Drame

Un long chemin depuis la rivière des crevettes

de Thierry Essengue
Broché – 23 août 2018
Éditeur : Éditions de l’Onde

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Pascal, un jeune métis, abandonné par sa mère à sept ans va vivre un incroyable destin. D’abord un long combat engagé dans cette vie façonnée par deux cultures, depuis une enfance bercée par les moeurs de l’Afrique jusqu’à une maturité forgée par une forte résilience. Avec authenticité, poésie et émotion, l’auteur nous conte une histoire faite de rencontres extraordinaires, de situations cocasses, épiques ou dramatiques. Un magnifique voyage, par ailleurs enrichi de références historiques, culturelles et géographiques sur le Cameroun qui donnent un accent insolite à ce roman, en redistribuant la loi romanesque du genre et lui donnant une singularité profonde.

 

2021_083_Essengue Thierry - Un long chemin depuis la rivière des crevettes

 

Après la lecture de son premier roman “Pour l’amour de mon petit bout”, que m’avait envoyé Thierry Essengue, il me tardait de lire celui-ci…

C’est une très belle surprise !

“Un long chemin depuis la rivière des crevettes”, c’est la vie de Pascal, jeune métis très tôt abandonné par sa mère qui part avec son frère et sa sœur, obligé de vivre avec un père “qui ne le voit pas” et qui est très dur avec lui.
Réveils à coup de seau d’eau dans le lit, obligations de se débrouiller dans son quotidien, pour aller à l’école (20 km par jour), pour manger aussi. Pascal doit régulièrement cirer les chaussures de son père s’il veut un gagner un peu d’argent, laver tous les samedis la voiture familiale… Pascal à une vie triste et solitaire. Il a très peu d’amis. Très vite il se forge un caractère pour ne pas se faire avoir et va ainsi décider de sa propre vie, en prenant tous les risques.

Il veut savoir pourquoi sa mère l’a abandonné. Pourquoi elle ne lui écrit jamais. Pourquoi il n’a jamais de nouvelles de son frère ni de sa sœur. Pourquoi son père ne l’aime pas…
Quel est donc ce secret qui tourne autour de lui et l’empêche de vivre une vie sereine ?

Malgré la dureté du sujet, c’est un magnifique voyage que j’ai fait au Cameroun, pays que je connaissais fort peu.
La vie des gens, leurs cultures, la religion, la nature aussi, omniprésente. Un voyage extraordinaire avec une famille attachante, de plus en plus nombreuse avec tout un tas de rebondissements !

J’ai aussi beaucoup aimé les références historiques et culturelles disséminées tout le long de la lecture, qui m’ont appris énormément de choses.

Petit “bémol” par contre sur la forme.
Le texte est très beau et j’avais l’impression régulièrement d’avoir changé de pays, mais il y a beaucoup de “coquilles”, fautes d’orthographes, doubles espaces, etc… C’est dommage.
Peut-être qu’un nouvel éditeur pourrait travailler sur ce sujet ?

Un incroyable destin qui m’a fait passer par tout un tas d’émotions. C’est très poétique aussi. Un livre qui mérite vraiment d’être lu par tous ceux qui aime la vie, un message d’amour qui mérite d’avoir une nouvelle vie…

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Extraits :

« Je peux commencer cette lettre par cher père, mais non, ce sera Monsieur, car pour moi tu n’as jamais été autre chose qu’un étranger dont je porte le nom. À l’âge de 7 ans, je me retrouve seul avec un homme que j’appelle « mon père ». Pendant 12 ans, tu ne m’as jamais montré des signes qui m’auraient permis de confirmer cette filiation dans mon esprit et dans mon cœur. »

« – Maman, maman, t’es où ? J’ai quelque chose à te dire !
Aucune réponse, nous cherchons dans toutes les pièces, personne. Il n’y a vraiment personne, ni mon frère, ni ma sœur, ni mon père.
– Écoute, mon petit Pascal, va jouer dans ta chambre, je vais te préparer à manger. Ils vont peut-être arriver entre-temps.
Après le repas, je ne vois personne, je ne comprends pas. C’est alors que mon père arrive et tantine Sophie nous dit au revoir. Après son départ, mon père me prend dans ses bras et me dit :
– Tu sais mon fils, ta mère est partie avec ton frère et ta sœur, sans toi.
Cette explication simple ne veux rien me dire de concret dans l’immédiat, d’autant plus que mon père ne me donne pas d’autres explications. »

« Je vais comprendre que dans la vie, il n’y a pas que des méchants. Il y a aussi des gentils. Cette idée va me permettre au fil du temps, de développer un optimisme à toute épreuve est un espoir dans toutes les difficultés. Je crois aussi, qu’il y’a de la part de Samuel, un peu de pitié, de compassion et d’empathie. Cet homme souffre de ne pas avoir eu du fils et voilà que je suis près de lui, je prends ce rôle de façon involontaire. J’aurais donné ma vie pour retrouver ma mère et Samuel me donne l’impression d’être prêt à tout, pour atténuer ma peine. »

 

 

Thierry ESSENGUE est passionné de poésie et d’écriture depuis son adolescence. À travers les mots, il traduit sa sensibilité, aime faire ressortir les valeurs et les richesses de belles rencontres.
Aussi, celles des relations humaines du quotidien et la pudique expression de la sensualité. C’est pourquoi l’écriture – et surtout les mots, comme l’amour, l’amitié – fait partie des plus belles expressions de la vie qui ont cette magie. Cela nous aide à nous évader ou à nous transporter.
Il vit à Vaires-sur-Marne, et est responsable technique dans la maintenance du patrimoine des investisseurs.