de Sébastien Vidal
Broché – 22 mars 2024
Éditeur : Le mot et le reste

À la frontière des Alpes italiennes et françaises, le village de Tordinona est l’isolement incarné. Voyant la tempête qui se prépare là-haut, la patrouille de gendarmerie composée de Marcus et Nadia s’apprête à redescendre dans la vallée quand le garde champêtre du village découvre le corps de la fille du maire. Dès le lendemain, alors que le seul pont reliant le village au reste du monde a été détruit par une avalanche, le maire et une partie des villageois s’en prennent à un voyageur de passage qu’ils soupçonnent d’être l’assassin. Attachés à leur devoir, Nadia et Marcus s’opposent à leur haine et à leur désir de se faire justice ; dès lors ils s’apprêtent à lutter contre eux. Dans ce huis clos enserré par la violence des éléments, la tension ne cesse de monter, et avec elle, une question qui traverse les âges : que reste-t-il de notre humanité quand il n’y a (presque) plus personne pour faire respecter la loi ?

Avec De neige et de vent, je découvre Sébastien Vidal…
Quelle belle surprise !
Une histoire de montagnes, de neige et de nature, mais pas seulement…
Un roman policier qui n’en est pas vraiment un…
Un superbe huis clos où le suspense m’a porté jusqu’à la fin du roman.
Où se situent le bien et le mal ?
Beaucoup de psychologie, de nombreuses blessures morales, de fautes à se faire pardonnées et de secrets bien cachés…
Avec une écriture riche et un style très fluide, l’auteur réussit une immersion totale dans un village isolé en pleine tempête de neige. Le souffle du vent m’a suivi durant toute ma lecture et j’imaginais très facilement les habitants livrés à eux-mêmes, sans électricité dans l’incapacité de partir et quitter cette situation oppressante, plus d’accès pour se sauver, impossibilité de contacter l’extérieur.
Lorsqu’il n’y a plus de règles et que le pouvoir est laissé aux “plus forts”, il n’arrive jamais rien de bon. Nadia et Marcus vont se trouver face à de très fortes personnalités qui ont décidé de punir avant de juger, d’imposer avant de laisser s’exprimer, utilisant la bêtise humaine portée par la haine et la peur dès que des groupes se forment. Comment vont-ils à deux seulement pouvoir s’opposer à ce soulèvement soudain ?
Je vais vous laisser découvrir la plume et l’intrigue de ce récit sombre et si plein de poésie, de violence injustifiée dans un village enveloppé d’un décor hivernal des plus pesants. La nature ainsi que les personnages du roman subissent des interactions ambiguës et déchaînées.
Un roman à lire au coin d’un bon feu de cheminée, mais je vous conseillerai quand même de regarder par la fenêtre de temps en temps… On ne sait jamais !
Bravo et merci Sébastien, je suis allé de surprises en surprises… toujours avec beaucoup d’émotions…
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Extraits :
« Le marcheur progresse d’un pas égal, il est concentré sur son rythme et focalisé sur le croustillant que produisent ses semelles dans l’épais tapis blanc. Un bruit délicieux à ses oreilles rougies. Ce craquement merveilleux, à la fois dense et presque mécanique, est à mi-chemin entre la biscotte broyée par des mâchoires et le feulement du cuir d’un fauteuil qui accueille un corps. Ce gémissement est un ravissement qui enchante son ouïe, un son particulier, dépourvu d’écho, un des seuls à ne jamais courir l’espace, débordant à peine des chaussures, puis s’éteignant dans le néant. »
« – Votre fille…
Deux mots, deux simples mots qui suffisent à faire vaciller le colosse. Sa tête tourne, une boule grossit dans ses tripes. Il se force à rester le plus calme possible, il a besoin de savoir pour ne pas devenir fou.
– Oui, Orazio, ma fille, quoi ?
– Elle… enfin, je… (l’homme reprend son souffle comme s’il remontait d’une interminable apnée), je l’ai trouvée sur le chemin qui mène au panorama sur la vallée… celui avant le tunnel, elle était juste entre le bosquet et le monolithe… elle… oh misère de misère, Monsieur Gay, j’ai trouvé votre fille morte, elle est morte, j’ai trouvé… elle est morte… misère… »
« Basile inspire une grande goulée d’air si froid qu’il peut suivre son trajet jusque dans ses alvéoles pulmonaires. Puis il éprouve le besoin intense de revoir sa fille chérie. Le voilà à genoux, encore, un mécréant dans la position du pénitent, dévasté par la souffrance. »
« Une fois le visiteur parti, ils retrouvent cette intimité qui flottait. Tous deux baissent la tête, se perdent dans les rainures du plancher, écoutent les pulsations du vent qui harcèle tout le vivant au-dehors. Marcus ressent une grande mélancolie, c’est une compagne qui vient souvent la nuit, aux heures creuses et lentes, quand les minutes comptent double. »
Sébastien Vidal a partagé ses brèves études entre Cantal et Corrèze et vit à Saint Jal (Corrèze). Passionné d’histoire, il a entamé une saga romanesque en hommage à la Résistance avec un diptyque Les Fantômes rebelles puis Les clandestins de la liberté en 2011 et 2012.
Né en Corrèze, c’est un romancier qui sévit dans le polar. Il affectionne les ambiances dans lesquelles la nature prend toute sa place et installe ses histoires en milieu rural, territoire où il y a beaucoup de choses à dire et à montrer, tant du point de vue sociétal que social. Gros amateur de lecture, il avoue une préférence pour les auteurs d’Outre-Atlantique tels que Cormac Mc Carthy, Louise Erdrich, John Irving et Ron Rash, Stephen King ou encore Jim Harrison et Jack London. En France, ses goûts se portent sur Franck Bouysse, Antoine de Saint-Exupéry, Claude Michelet ou encore Laurent Gaudé, Sandrine Collette ou Hervé Le Corre.
Pour lui, un roman c’est d’abord des personnages et un style travaillés.





































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