Amour, Émotion, Humour, Philosophique, Poésie

Pensées Clandestines

de Lou Valérie Vernet
Broché – 27 avril 2018
Éditions : BOOKS ON DEMAND

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Tout laisser tomber.
Ce qu’on avait à faire, ce qu’on faisait.
Tout donner à l’autre,
Prendre le temps d’être avec lui.
Cinq minutes ou une heure,
Complétement là.
S’apercevoir que cet autre n’était que soi,
Qui attendait qu’on le prenne dans ses bras.

 

• Couv_2024-070_Vernet Lou Valérie - Pensées Clandestines

 

“Petite” lecture de chevet qui m’a accompagné partout pendant quelques semaines…

Très beau recueil de pensées et plus encore. Lou à l’art de me surprendre à chacun de ses livres. Pensées Clandestines n’échappe pas à la règle.
Sourires, larmes parfois, mais émotions surtout, ce petit livre m’a fait passer par tous les états. Chaque page, chaque ligne, chaque mot est une véritable surprise que l’on ne voit pas arriver.

Entre chansons, comptines et poésie, l’auteure nous démontre encore une fois la maîtrise de son art. C’est beau, c’est triste et tellement puissant.

Impossible de vous dire combien de fois, je l’ai relu, mais chaque passage était comme un baume sur mon esprit et dans mon cœur. Le matin au réveil, le soir avant de m’endormir, parfois juste une phrase à peine.
N’hésitez surtout pas à le conserver tout proche de vous et de revenir régulièrement piocher le mot qui vous permettra de vagabonder, de vous envoler loin, très loin devant…

Les pensées que Lou nous offre appartienne à la vie. Elle ne triche pas et c’est là son grand talent.

Coup de cœur !!!

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Extraits :

« Aux pires cauchemars, les grands remèdes.
Que vous soyez en plein burn-out, sous la pluie, coincé dans un embouteillage, tributaire d’une grève, le moral à zéro, désespéré d’avoir manqué une fois encore la chance de votre vie, ce florilège de pensées est pour vous. »

« Il y a des femmes qui font rêver à l’amour, à qui l’on pourrait tout concéder, chez qui on voudrait tout déposer.
Des femmes pour qui les mots doux, les fleurs et la passion ont été inventés.
Des femmes qui restent longtemps à hanter le cœur d’autres femmes. »

« Tant mieux. S’il meurt demain. Tant mieux.
Il n’avait qu’à m’écouter. Je ne voulais pas que ma dernière pensée soit pour ce que je n’ai pas fait.
J’ai pris l’arme et j’ai tiré. Une fois, il est tombé.
Deux fois, moi à côté. C’est bien. Si on meurt ensemble. C’est bien.
Au moins, on ne sera pas séparé. »

« Le matin s’est levé sur un ciel noir.
L’orage était là. En attente. Une chape de misère recouvrait Paris. Les immeubles étaient gris, les costumes noirs, les visages blêmes. Plus personne ne souriait dans les rues. Une sourde colère plombait l’atmosphère. Les gens étaient malheureux. Et moi, j’allais hagarde. Sans rien voir.
Je savais qu’il était trop tard. »

« Je déclame et j’écris des murmures de souffrance. Mes horizons sont noircis du feu de mes errances. J’ai perdu le sommeil, il dort mieux ailleurs.
L’amour m’a quitté, elle aime quelqu’un d’autre, autre part. »

Auteure multicartes, Lou Valérie Vernet a déjà publié trois thrillers, deux polars et sept autres livres passant du récit humoristique aux fragments de voyage, du Feel Good au spicilège poétique, du recueil de nouvelles au théâtre. Tous ses ouvrages confirment son talent à manier en virtuose l’art de la mystification et à sonder les profondeurs de l’âme. Par ailleurs, photographe amatrice, baroudeuse des grands espaces, essayiste et poète à la plume acérée, elle n’en reste pas moins attachée à sa devise préférée « Ne prenez pas la vie au sérieux, de toute façon vous n’en sortirez pas vivant ». B. Fontenelle.

Toucher l’instant : ou la trilogie du choix
https://leressentidejeanpaul.com/2018/11/17/toucher-linstant-ou-la-trilogie-du-choix-de-lou-vernet/

Surtout le pire
https://leressentidejeanpaul.com/2019/10/01/surtout-le-pire-de-lou-vernet/

Acouphanges
https://leressentidejeanpaul.com/2021/08/19/acouphanges/

La toile aux alouettes
https://leressentidejeanpaul.com/2022/06/01/la-toile-aux-alouettes/

Matricule 2022
https://leressentidejeanpaul.com/2022/09/27/matricule-2022/

Grand comme le monde
https://leressentidejeanpaul.com/2023/07/11/grand-comme-le-monde/

Anticipation, Émotion, Philosophique

L’étrange cohérence du sablier

de Tristan Marco
Broché – 2 mai 2018
Éditeur : Auto-édition

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Gabriel Caplain entre dans une quarantaine tumultueuse sur le plan sentimental, mais placée sous le signe de la réussite professionnelle. Par un heureux concours de circonstances, il vient d’obtenir un poste qui semble avoir été taillé sur mesure pour lui, au sein de la plus grosse multinationale de la place parisienne. Rapidement, son employeur, un richissime homme d’affaires américain dont la personnalité est drapée d’un épais voile de mystère, propose à Gabriel de participer à une expérience des plus étranges, visant à démontrer que l’âme humaine est soumise au cycle inéluctable des réincarnations.Appât du gain, besoin de donner un sens à sa vie, ou simplement quête d’aventure, Gabriel accepte de se lancer dans un voyage initiatique qui le mènera sur le chemin tortueux de l’exploration de son Histoire… de ses histoires.
Mais certains souvenirs doivent-ils vraiment quitter les abysses de l’oubli ?

 

• Couv_2024-068_Marco Tristan - L`étrange cohérence du sablier

 

Coup de cœur pour le premier roman de Tristan Marco !

Le sujet tel qu’il est abordé, la façon de le transcrire et les divers messages disséminés par-ci par-là… Je n’ai pas pu faire autrement… je l’ai lu d’une traite !
Régulièrement durant ma lecture, j’ai eu l’impression que l’auteur avait lui-même séjourné dans mon esprit, faisant ainsi raisonner de nombreux échos personnels, qui me touchent tout particulièrement, c’était assez surprenant !

Nous sommes en 2064.
Gabriel Caplain, jeune quarantenaire est chef de la sécurité dans l’un des plus grands groupes en France depuis un peu moins de trois mois.
Pierre Jouvenceau, est le PDG de celui-ci. Quand il le convoque pour une réunion confidentielle, Gabriel se demande bien ce qu’il peut en être…

Tristan Marco nous plonge dans une intrigue bien ficelée.
Trois chapitres, trois histoires à priori distinctes, qui vont fusionner avec un aboutissement des plus surprenant.
La plume de Tristan est fluide et très agréable, addictive même dû a sa construction labyrinthique… Mais c’est surtout le sujet qui m’a emporté pour le coup !
L’auteur joue avec le lecteur et instille dans l’esprit de celui-ci, des idées particulièrement intéressantes sur les vies antérieures et bien d’autres choses concernant la Religion.

Pierre Jouvenceau a mis au point un procédé permettant de retourner dans nos vies antérieures. Il souhaite connaître les trois dernières vies de Gabriel. Pourquoi ?
Malgré des indices habilement distillés, l’interrogation demeura jusqu’au dernier chapitre, véritable “explosion” finale…

À partir d’un sujet qui pourrait paraitre dérisoire pour certains, Tristan Marco nous plonge dans un univers qui touchera plus particulièrement les personnes sensibles au “karma” et à la spiritualité.

Un livre maîtrisé pour un auteur à suivre, bien évidemment !

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Extraits :

« Pourtant, tout paraissait si simple au départ. L’idée était même séduisante. Il suffisait de se mettre à poil et de tout déballer, sans aucune pudeur ni aucun faux-semblant.
J’avais accepté ce marché, convaincu que c’était une formidable opportunité de mieux me connaître. Explorer mon passé pour comprendre mon Histoire, mes histoires. »

« J’ai beau être au trente-sixième dessous, mes yeux ne peuvent se détacher de cette femme qui se trouve à deux tabourets de moi. Une jolie brune à la peau comme de la porcelaine. Elle porte un chemisier blanc suffisamment ouvert pour laisser apparaître une gorge rebondie, le tout admirablement cintré dans un tailleur bleu nuit. Et cet air sûr d’elle… Putain ! Tout ce qu’il faut pour que mon cerveau de clébard désinhibé démarre au quart de tour. C’est pavlovien, toutes sortes de pensées salaces s’invitent déjà. »

« Je ne veux plus d’homme dans ma vie. Plus de chaussettes sales par terre ni de vaisselle qui traîne dans l’évier. Plus de soirées chez ton pote, d’où tu rentres ivre mort en sentant au mieux la clope et le scotch, et au pire, le parfum d’une autre. Je ne veux plus être l’empêcheuse de tourner en rond quand toi, tu rêves d’évasion. Je ne veux plus, être l’épaule compatissante sur laquelle tu poses ta tête lorsque tu as des états d’âme. »

« Le dessin que j’ai sous les yeux représente un homme vu de face. Il est assis en tailleur dans une posture de méditation. Sept cercles à l’intérieur desquels figure un symbole sont alignés verticalement le long de la colonne vertébrale, du sacrum jusqu’au sommet du crâne. Un double serpent lumineux monte en spirale en passant par chacun des sept symboles. »

« – Il s’agit d’une preuve tangible que Jésus avait reçu pendant des années les enseignements bouddhistes des tout premiers maîtres indiens, et qu’il était le père fondateur de la pensée gnostique originelle !
– C’est absurde !
– Oh non ! Et j’affirme que c’est la raison pour laquelle la sainte Église catholique et romaine a délibérément caché ce qu’était la vie de Christ depuis son apparition au temple à Jérusalem à l’âge de douze ans jusqu’à son retour en Judée presque vingt ans après. »

 

 

Tristan Marco a exercé pendant plus de vingt années le métier de pilote d’hélicoptères, spécialisé dans le sauvetage en mer, comme en montagne. Il est à présent pilote Garde-côtes.

Son premier roman, L’étrange cohérence du sablier (2018), est témoin d’une urgence intérieure de faire partager ses ressentis et son univers, au travers d’un thriller métaphysique.

Vient ensuite Le onzième châtiment (2019), un thriller politique et d’aventures qui fait voyager le lecteur entre le Congo Belge juste avant son indépendance, et le Paris des années 80.

Le sang de la licorne (2023)
https://leressentidejeanpaul.com/2024/04/18/le-sang-de-la-licorne/
Un polar noir dans lequel deux officiers de gendarmerie se débattent dans une enquête sordide et une course contre la montre pour appréhender un mystérieux tueur en série qui laisse systématiquement sur le lieu du crime des huiles sur toiles aux accents bibliques.

Facebook :
https://www.facebook.com/tristanmarcoauteur/

Instagram :
https://www.instagram.com/tristan.marco.auth/

Émotion, Histoire vraie, Philosophique, Psychologie, Témoignage

Le Livre de seth

de Jane Roberts
Poche – 4 janvier 1999
Éditions : J’ai Lu

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Qui est Seth ? Un personnage biblique né d’Adam et d’Eve ? Un dieu égyptien ? Une entité supraterrestre ?
“Une personnalité d’essence énergétique” : c’est ainsi qu’il se définit lui-même. Pendant une quinzaine d’années, Jane Roberts, médium réputé aux Etats-Unis, a communiqué avec lui, recueillant un message d’une inestimable valeur.
Nous sommes maîtres de notre destin et créons notre propre réalité, nous dit Seth. La réincarnation n’est qu’une péripétie, une des formes de notre existence multidimensionnelle. Car nous sommes composés de personnalités “fragments”, qui sont autant de projections de nos pensées.
Le temps ne serait-il que rêve et Dieu notre conscience primaire, toujours en expansion. Une des grandes questions que pose Le livre de Seth.

 

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Ce livre-témoignage raconte le vécu de Jane Roberts, et la médiumnité.
Un livre est très intéressant à plusieurs niveaux, qui m’a pas mal impressionné, même s’il est parfois difficile à comprendre, tant certains concepts sont difficiles à appréhender.
Par exemple, la notion que le temps n’existerait pas est assez perturbante, il m’a fallu plusieurs chapitres, et quelques relectures pour commencer à l’assimiler. L’idée aussi que des “MOI” multiples – passés et futurs – puissent m’aider dans mes rêves et dans le temps présent est assez fabuleuse.

Que ce soit Seth, un esprit désincarné qui parle de l’au-delà ou le propre subconscient de Jane qui s’adresse à nous, ne rend ni plus ni moins crédible ce témoignage.
Personnellement, je pense qu’il s’agit de deux personnalités bien distinctes. Ce livre et tout ce qui tournait autour de Seth a marqué la génération New Age. Il a été très critiqué par l’Église et les scientifiques à l’époque qui y voient une mystification. Et pour cause, les messages retransmis par Jane, sont une remise en cause des croyances scientifiques et des religieuses établies. Je vais, pour vous rester neutre. Je pense que ce témoignage mérite qu’on s’y attarde, au même titre que n’importe quelle philosophie, religion ou théorie scientifique, du fait qu’il ait de nombreux recoupements entre eux.

Pour Seth, la réincarnation n’est pas une punition. L’âme qui repose dans le néant (ou nirvana chez les bouddhistes) choisit de revenir vivre une nouvelle existence pour se parfaire, dans le passé ou le futur. Ainsi, l’homme est totalement libre. Aucun dieu ne décide pour lui, ni ne le châtie, ni le récompense. Le processus serait donc cyclique et se perd dans l’infini.

Il a fallu que je m’accroche vraiment sur certains chapitres, mais “Le livre de Seth” est l’un des meilleurs livres sur le développement personnel que j’ai pu lire jusqu’à présent, même, si je trouve que les traductions des textes posent des soucis de compréhension, et sont régulièrement assez déconcertante, et je ne parle pas des fautes d’orthographes.

D’ailleurs, peut-être, y trouverez-vous la réponse à LA QUESTION que tout le monde se pose au moins une fois dans sa vie : Pourquoi suis-je ICI ?
La réponse est… EXTRAORDINAIRE et très enthousiasmante !
Depuis quelques années, ce sujet a fait de moi une personne beaucoup plus sereine face à l’idée de la mort.

Une très belle lecture pour ceux qui n’ont pas peur de se confronter à leurs propres idées, un livre qui même s’il n’est pas acceptés par tous, reste de toute façon très intéressants…

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Extraits :

« Bien que vous ne puissiez me trouver, vous savez que je suis présent. Vos parents semblent disparaître et s’évanouir dans le néant. Je peux vous assurer qu’ils continuent à vivre. La mort est un autre commencement qui ne réduit pas pour autant au silence. La voix que vous entendez maintenant est-elle silence ? La présence que vous sentez dans cette pièce n’est-elle pas réelle ? »

« Rob et moi étions à peine religieux même dans l’acception conventionnelle du terme. Nous n’étions pas allés à l’église pendant des années, sauf pour assister aux mariages et aux funérailles. j’avais été élavée dans la religion catholique, mais plus je vieillissais et plus il m’était difficile d’accepter le Dieu de mes ancêtres. Je Le soupçonnais même d’être aussi mort qu’eux. Le paradis qui m’avait soutenue pendant mon enfance me sembla, pendant l’adolescence, un simulacre sans consistance de la vraie vie. Qui pouvait avoir envie de s’asseoir en rond pour chanter des hymnes à Dieu le père, même s’il existait ? Et quelle sorte de Dieu intelligent pouvait avoir besoin d’une adoration constante ? De toute évidence, un Dieu terriblement humain, et pas très sûr de lui ! »

« D’autres voient l’univers comme une sorte de théâtre dans lequel nous sommes projetés à la naissance et d’où nous disparaissons pour toujours à la mort. Ceux qui ont une telle attitude voient se profiler une menace à l’aube de chaque jour nouveau. Même la joie sera tenue pour suspecte puisqu’elle doit, elle aussi, s’achever dans la certitude définitive de la mort du corps. »

 

Jane Roberts (1929-1984) est née et a vécu dans l’État de New York. Autrice d’une trentaine d’ouvrages (poèmes, nouvelles et essais), elle a, pendant vingt ans, reçu le “matériau” de Seth, ouvrant la voie au phénomène moderne du channeling. Elle a donc canalisé Seth, un sage enseignant. Mais pas un sage de la planète Terre. Un sage de l’univers. Et surtout, des univers… Multidimensionnel, concret, métaphysique et pratique à la fois, Seth peut changer notre histoire spirituelle comme notre vie quotidienne. Du channeling à une nouvelle spiritualité, de la psychologie à la philosophie, de la santé à l’alimentation, de la famille au travail, des végétaux aux animaux, ou encore du sexe à l’amour, Seth nous ouvre grand les portes de la perception et de sa compréhension, nous stimule et nous fait un bien rare, dont l’énergie subtile monte crescendo au fil de ses livres initiatiques.

Traduits en 20 langues pour plus de 20 millions de lecteurs, la pensée et les messages de Seth sont aujourd’hui repris de par le monde dans les plus grands scénarios de films, œuvres avant-gardistes, et méthodes de soin ou de mieux-être.

Anticipation, Drame, Fantastique, Philosophique, Suspense

Terrienne

de Jean-Claude Mourlevat
Poche – 12 septembre 2013
Éditions : Gallimard Jeunesse

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Tout commence sur une route de campagne…
Après avoir reçu un message de sa sœur, disparue depuis un an, Anne se lance à sa recherche et… passe de “l’autre côté”. Elle se retrouve dans un monde parallèle, un ailleurs dépourvu d’humanité, mais où elle rencontrera cependant des alliés inoubliables. Pour arracher sa sœur à ce monde terrifiant, Anne ira jusqu’au bout, au péril de sa vie.
Et se découvrira elle-même : Terrienne
Vous ne respirerez plus jamais de la même manière…

PRIX ASTRID LINDGREN 2021

• Couv_2024-055_Mourlevat Jean-Claude - Terrienne

 

Cela faisait un moment que je ne lisais plus les quatrièmes de couverture.
Et là, je ne sais pas pourquoi j’ai eu envie de le lire… et j’ai tout de suite été interpellé. Je l’ai pris et j’ai chamboulé dans la foulée l’ordre de ma PAL ! Et quelle bonne idée. Au bout de deux, trois pages et j’étais parti dans un “autre monde”. Étienne Virgil, alors qu’il ne le fait jamais, prend en auto-stop une jeune fille, toute vêtue de noir, sûrement, car elle lui fait penser à sa petite-fille. La jeune fille est très bavarde, ce qui ne déplaît pas à Virgil, au bout de kilomètres elle demande à descendre, en voyant un panneau qui indique la ville de Campagne, elle est arrivée. Ce panneau-là, Virgil ne l’avait jamais vu… Et pour cause !

Un drôle de récit surprenant et atypique, qui m’a tenu en haleine durant toute ma lecture. Je ne m’attendais pas à ça du tout, mais quelle bonne surprise.
Des personnages surprenants, étranges, angoissants même. Anne part à la recherche de sa sœur Gabrielle, disparue depuis un an, dans un monde propre et silencieux qui pourrait inviter au rêve, en ce début d’automne… Un monde où personne ne pleure, ni ne rit, un monde où l’on ne respire, ni ne soupire, un monde où l’on ne fait jamais l’amour. Mais pourquoi ? Puisqu’il suffit d’enlever des Terriennes !
Dans ce monde aseptisé, contrôlé, où tout est programmé, et dépourvu de toute trace humaine, c’est le seul moyen de se reproduire…

Un bon rythme et du suspense.
Je vous recommande cette lecture fantastique, angoissante et pleine de tension, qui m’a beaucoup émue sur les dernières pages…

Merci Jean-Claude Mourlevat de m’avoir amené avec vous “de l’autre côté” !

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Extraits :

« J’ai tenté ma chance auprès de celui qui était le plus proche de moi en âge, un garçon vraiment mignon avec sa coiffure en pétard et sa chemise blanche ouverte sur le torse. Je me rappelle avoir été impressionnée par sa peau parfaite, une peau dorée et satinée, sans marque d’aucune sorte, ni cicatrices, ni taches. Je me rappelle aussi son sourire qui m’a semblé plus naturel que celui des autres, plus vrai. »

« – Je peux ?
Comme je ne savais pas ce qu’elle comptait faire, je n’ai pas réagi. Alors elle a appliqué la paume de sa main droite sur le haut de ma poitrine, le gras de son pouce s’est logé dans la petite cavité de mon cou.
– Allez-y… Respirez…
J’ai inspiré puis expiré quatre ou cinq fois, posément, profondément, comme on fait chez le médecin. Je sentais la pression de sa main sur moi, et mes poumons qui la repoussaient à chaque respiration.
– Encore un peu, s’il vous plaît… »

« – C’est comme… une dépression ?
– Je ne sais pas. Peut-être. Je crois plutôt que c’est l’ennui qui nous submerge.
– L’ennui ?
– Oui. Nous mourons d’ennui. Mais il est interdit d’en parler. C’est un sujet tabou. On dit simplement que telle ou telle personne s’est assise et tout le monde comprend.
– Que fait-on de ces personnes qui… qui s’assoient ?
– La brigade sanitaire vient les chercher et les emporte.
– Elle les emporte où ?
– Dans une autre ville, qui s’appelle Estrellas. »

Jean-Claude Mourlevat est né en 1952 à Ambert en Auvergne, de parents agriculteurs.

Il est le cinquième enfant de six. Il fait des études à Strasbourg, Toulouse, Bonn et Paris et exerce brièvement le métier de professeur d’allemand avant de devenir comédien et metteur en scène de théâtre. À partir de 1997, il se consacre à l’écriture, avec tout d’abord des contes, puis un premier roman, La Balafre.

Depuis, les livres se succèdent avec bonheur, plébiscités par les lecteurs, la critique et les prix littéraires : Le Combat d’hiver, Le Chagrin du roi mort, Terrienne.

Jean-Claude Mourlevat réside près de Saint-Étienne, avec sa femme et leurs deux enfants.

Amour, Émotion, Drame, Philosophique, Roman

La Souffleuse de cœur

de Aurélie Caruso
Broché – 29 novembre 2023
Éditions : Books on Demand

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Romane 40 ans est avocate à l’ONU. Passionnée par son travail à Genève, elle passe ses journées à soutenir la cause des femmes. Mais au cours d’une conférence, elle perd pied. Le diagnostic tombe : burn-out. Entre Genève et le Mexique, en passant par l’éco-village de la Drôme, elle va se laisser embarquer par Rachèle, son amie de toujours, yogi écolo légèrement excentrique, sur les chemins de la reconnexion à soi. Ses rencontres avec le peu conventionnel Dr Bichat et la thérapie assistée par psychédéliques viennent éveiller ses sens. Et si la vie était bien plus large que ce que lui laissait croire son esprit rationnel ? Et si son travail, qu’elle avait mis sur un piedestal, ne comblait plus ses manques ? Et si elle découvrait ses forces intérieures ? Au delà des limitations du mental, elle expérimente le voyage chamanique, bouscule ses croyances et découvre l’énergie du cœur dans des relations puissantes et profondes qui l’emmènent à la rencontre d’elle même.

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J’ai rencontré Aurélie Caruso, il y quelques jours, lors d’une soirée organisée par Babelio qui recevait Laurent Gounelle, pour son dernier roman “Un monde presque parfait”. Arrivés assez tôt, nous avons pu échanger un peu sur nos parcours respectifs, et plus encore. Nous avons bien sûr parlé littérature, et justement Aurélie était venu avec un roman, son premier roman qu’elle avait prévu d’offrir à Laurent Gounelle. J’ai passé une très belle soirée en sa compagnie.

“La Souffleuse de cœur”, est donc un premier roman qui intègre tout ce qui fait la force d’un premier livre. Le style est prenant et tous les personnages attachants dans ce sujet qui me touche tout particulièrement. Alors je me suis laissé emporter… Emporter par les mots, emporter par la force du récit… et je pèse mes mots ! J’ai eu l’impression parfois d’être avec les personnages. D’être là, de les voir et de pouvoir les écouter et ressentir ce tout ce qu’ils vivaient.

À 40 ans, passionnée et fière de son travail, Romane est avocate. Mais un jour va venir et bouleverser son rythme quotidien et ses habitudes de travail. Elle craque. C’est le burn-out dont elle a tant entendu parler ces dernières années. Mais elle refuse de se laisser emporter. Romane veut absolument reprendre le dessus. Elle décide de voyager et elle fera ainsi des rencontres inattendues qui vont l’aider à se reconstruire et à reprendre confiance en elle, qui vont lui permettre d’aller jusqu’au bout d’elle-même…

J’ai beaucoup aimé ce roman particulièrement bienveillant, il a beaucoup résonné en moi grâce à une dimension spirituelle très présente amenant une certaine sagesse au récit.
Bravo et merci Aurélie !
Je le sentais très fort, tout au fond de moi, que tu allais m’emmener dans un très beau voyage. Tu es allé au-delà…

J’ai hâte de lire tes prochains récits…

PS. Aurélie, moi aussi, j’adore Ludovico Einaudi !

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Extraits :

« Le médecin se lève et s’assoit sur le bord du bureau. Il pose une main rassurante sur l’épaule de la jeune femme et la regarde avec compassion :
– Romane, au vu des symptômes que vous présentez et en tenant compte de votre situation professionnelle trop stressante, je me vois dans l’obligation de vous arrêter. Une quinzaine de jours dans un premier temps. C’est un minimum pour récupérer. Mais évidemment, nous ferons le point à ce moment-là et il est fort possible que je vous prolonge l’arrêt, si besoin est. Entre-temps, j’aimerais que vous vous reposiez. Je sais à quel point vous êtes attachée à votre travail, mais je vous assure que le repos physique et mental est essentiel. Je vais vous adresser à l’un de mes confrères, le Dr Bichat. Il est psychiatre. J’ai la conviction qu’il pourrait vraiment vous aider. »

« Arrivée à l’appartement, c’est une Romane épuisée qui s’écroule sur son canapé. Il est midi et elle passera toute l’après-midi là, Poustache à ses pieds, et Rachèle la surveillant du coin de l’œil. Elle a mis sa playlist favorite en fond, les ondes musicales réconfortent les cœurs meurtris. Bach, Vivaldi et Einaudi tenteront de consoler son âme blessée. »

« À cet instant précis, Romane prend conscience du décalage immense entre la réalité de Mathilde et la sienne. Un fossé gigantesque. Une montée de colère parcourt sa gorge et vient enserrer ses mâchoires. “À quoi sert la vie ?”, pense-t-elle. C’est une question à laquelle je ne peux répondre. J’ai eu tellement de mal à vivre cette dernière année… à quoi sert la vie ? Je n’en sais rien ! C’est un luxe de pouvoir se poser cette question…”. »

« Transforme tes peurs en confiance. »

 

Aurélie Caruso est thérapeute holistique à Genève et poursuit des études de psychologie. En 2019, après avoir donné des séances de yoga dans des classes de primaire, elle créé son « jeu de cartes de yoga et méditation » qui rencontre un succès auprès des enfants, des enseignants et professeurs de yoga.

En 2022, elle se met à l’écriture, un rêve qu’elle portait en elle depuis 10 ans.

La Souffleuse de cœur”, son premier roman, est édité fin 2023. Ce roman initiatique aborde les thématiques du burn-out, du droit des femmes, du chamanisme et des thérapies assistées par psychédéliques. L’histoire fait voyager le lecteur entre Genève, la Drôme et le Mexique.

Aurélie est passionnée par les recherches sur la Conscience, la psychologie et le vivant. Elle participe à plusieurs cercles littéraires, aime rencontrer les auteurs et ne rate pas une occasion de pousser la porte d’une librairie.

Émotion, Drame, Philosophique

Oscar et la dame rose

de Éric-Emmanuel Schmitt
Broché – 6 juin 2006
Éditions : Magnard

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Oscar a dix ans et il vit à l’hôpital. Même si personne n’ose le lui dire, il sait qu’il va mourir. La dame rose, qui le visite et « qui croit au ciel », lui propose d’écrire à Dieu pour qu’il se sente moins seul.

À travers cette correspondance originale, le récit aborde, du point de vue de l’enfance, des questions philosophiques et existentielles : la maladie, la souffrance et la mort, la rencontre avec l’autre et avec le mystère… Les nombreux passages de paroles rapportées permettront aux élèves de découvrir ou d’approfondir les techniques du dialogue argumentatif. L’appareil pédagogique est suivi d’une interview exclusive d’Éric-Emmanuel Schmitt.

 

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J’ai trouvé ce livre sur mon lieu de travail il y a quelques jours.
Je me rappelle aussi avoir vu le film et avoir été très ému. Le livre m’a appelé, je n’ai pas été déçu !

En quelques pages, Éric-Emmanuel Schmitt réussit à raconter l’inracontable. L’histoire d’un enfant qui va mourir d’un cancer et qui le sait.
L’auteur, à travers les yeux et les mots d’Oscar, s’adresse à Dieu, abordant des sujets qui le touche en toute simplicité, mais pour nous, elles se transforment en questions philosophiques et existentielles… et malgré tout, avec beaucoup de pudeur et de sobriété. L’histoire est triste, bien sûr, mais Éric-Emmanuel lui donne une dimension que je n’aurais pas imaginée, c’est très émouvant.
Grâce à la dame rose, Oscar va vivre une vie complète. Une vie où il tombera amoureux de Peggy Blue, une vie où chacune de ses journées sera remplie de poésie, d’humour et d’un sentiment de paix. Oscar deviendra un homme et décidera de ne plus aimer Dieu alors qu’il sera âgé de cent-dix ans…

C’est touchant, car finalement pour Oscar sa mort ne sera plus un drame, il a accompli ce qu’il souhaitait réaliser dans sa vie.

J’attendais quelque chose de ce roman, je ne suis pas déçu. Je l’ai obtenu. Oscar s’affranchit de tout, lui permettant ainsi de rejoindre les étoiles…
Un livre dense, un livre riche, qui ne peut faire que du bien !

Merci Éric-Emmanuel, parfois la simplicité est suffisante.

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Extraits :

« – Si tu écrivais à Dieu, Oscar ?
– Ah non, pas vous, Mamie-Rose !
– Quoi, pas moi ?
– Pas vous ! Je croyais que vous n’étiez pas menteuse.
– Mais je ne te mens pas.
– Alors pourquoi vous me parlez de Dieu ? On m’a déjà fait le coup du Père Noël. Une fois suffit ! »

« Cher Dieu,
Je m’appelle Oscar, j’ai dix ans, j’ai foutu le feu au chat, au chien, à la maison (je crois même que j’ai grillé les poissons rouges) et c’est la première lettre que je t’envoie parce que jusqu’ici, à cause de mes études, j’avais pas le temps.
Je te préviens tout de suite : j’ai horreur d’écrire. Faut vraiment que je sois obligé. Parce qu’écrire c’est guirlande, pompon, risette, ruban, et cetera. Écrire, c’est rien qu’un mensonge qui enjolive. Un truc d’adultes. »

« – Je suis venu t’annoncer que, ce soir, et tous les soirs suivants, si tu veux bien, je monterai la garde devant ta chambre pour te protéger des fantômes.
Elle m’a regardé, elle a battu des cils et j’ai eu l’impression que le film passait au ralenti, que l’air devenait plus aérien, le silence plus silencieux, que je marchais comme dans de l’eau et que tout changeait lorsqu’on s’approchait de son lit éclairé par une lumière qui tombait de nulle part. »

« Mamie-Rose m’a tenu la main pour m’empêcher de m’énerver.
– Pourquoi ton Dieu, Mamie-Rose, il permet que ça soit possible, des gens comme Peggy et moi ?
– Heureusement qu’il vous fait, mon petit Oscar, parce que la vie serait moins belle sans vous. »

 

Éric-Emmanuel Schmitt est né à Lyon en 1960, de parents d’origine alsacienne.
Interrogé par un journaliste, il se peint comme un adolescent rebelle, ne supportant pas les idées reçues et parfois victime d’accès de violence. Mais la philosophie, pense-t-il, l’a sauvé en lui apprenant à être lui-même et à se sentir libre. Ses études l’ont mené à l’École normale supérieure, à l’agrégation et au professorat de philosophie, comme maître de conférence.

Sa carrière de dramaturge débute très tôt, vers l’âge de huit ans, lorsque sa mère l’emmène voir une représentation du Cyrano de Bergerac avec Jean Marais. L’enfant est bouleversé jusqu’aux larmes et le théâtre devient sa passion. Il se met à écrire : « À seize ans, j’avais compris – ou décidé – que j’étais écrivain, et j’ai composé, mis en scène et joué mes premières pièces au lycée. » Pour améliorer son style, il se livre avec fougue et ferveur à des exercices de réécriture et de pastiche, en particulier de Molière. La Nuit de Valognes (C&C n°61), œuvre écrite à 29 ans, témoigne encore de ce goût et des réminiscences culturelles emmagasinées par la mémoire. Grâce à l’actrice Edwige Feuillère qui la recommanda à plusieurs metteurs en scène, la pièce fut jouée à la Comédie des Champs-Élysées en 1991. C’est à ce moment-là, alors qu’il est encore professeur de philosophie en Normandie, que le succès de la pièce infléchit sa carrière. D’autres œuvres suivirent, parfois couronnées par des prix littéraires au pouvoir médiatique. Certaines entrèrent dans la carrière audiovisuelle ou cinématographique comme Le Visiteur (C&C n°42), créé en 1993, Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran (C&C n°57), créé en 1999 ou Oscar et la dame rose (C&C n°79), porté au cinéma par Schmitt lui-même en 2009.

En juillet 2001, venant récompenser de nombreuses et riches parutions, l’Académie française lui décerne le Grand Prix du Théâtre pour l’ensemble de son œuvre. En 2002 est joué sur la scène du théâtre des Champs-Elysées Oscar et la dame rose avec, dans le rôle principal, Danielle Darrieux, rôle ensuite repris par Anny Duperey en 2005-2006. L’auteur, mélomane passionné d’art lyrique, a également traduit deux livrets d’opéras de Mozart : Les Noces de Figaro en 1997 et Don Giovanni en 2001. Parallèlement, et de manière plus insistante, Eric-Emmanuel Schmitt s’exerce l’art romanesque. La Secte des égoïstes (1994) lui permet de renouer avec sa formation de philosophe spécialiste du XVIIIe siècle. Un essai, Diderot ou la Philosophie de la séduction, publié en 1997, reprend partiellement le sujet de sa thèse. L’Evangile selon Pilate (2000) et La Part de l’autre (2001) mettent en scène les deux figures les plus emblématiques de l’histoire de l’humanité, le Bien et le Mal absolus, Jésus et Hitler. Éric-Emmanuel Schmitt s’est taillé une belle figure d’écrivain contemporain grâce à une écriture fluide et directe mise au service de thèmes éternels. Comme Michel Tournier, autre écrivain philosophe, il sait donner présence aux figures mythiques les plus populaires: Don Juan, Freud, Dieu, le Christ, Hitler… et enrichir son propos littéraire d’une culture philosophique qui ne manifeste ni cuistrerie ni hermétisme.

Amour, Cercle littéraire, Drame, Philosophique

Les échappés

de Renaud Rodier
Broché – 5 janvier 2024
Éditions : Anne Carrière

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Lauren, étouffée par le silence d’une bourgade du Kansas, part se réfugier à New York après une fusillade meurtrière dont elle est injustement accusée. Aaron, héritier d’un empire mafieux à la mort de son père, peine à mettre ses ressources au service de ses victimes. Émilie, talentueuse interprète aux Nations-Unies, perd la parole à la suite d’une simple erreur de traduction. Nathaniel, star planétaire, décide de disparaître pour fuir ces superproductions qui le consument. Aashakiran, une intouchable née dans un bidonville de Mumbai, cherche son avenir à travers l’oculaire d’un télescope, jusqu’à oublier ses origines.

Leurs histoires se chevauchent. Leurs exils les rapprochent les uns des autres.

Renaud Rodier s’impose, grâce à ce premier roman, comme le formidable cartographe d’une génération en déshérence. Ode à l’audace, à la résilience et à la recherche de soi dans un monde en constante transformation, Les Echappés transcende les frontières et voit dans nos blessures les plus intimes quelque chose d’universel.

 

• Couv_2024-039_Rodier Renaud - Les échappés

 

2024 s’annonçait déjà comme l’année des premiers romans…
En tant que tel, Les échappés m’a complètement retourné.

Il est impossible de résumer ou de classer “Les échappés”.
Certains diront roman à tiroirs, d’autres, roman gigogne, roman choral ou poupées russes. Mais “Les échappés” est tellement plus ! Il a pointé du doigt et remis en cause, plusieurs choses que je concevais comme acquises. Renaud Rodier nous propose un roman complètement nouveau. Il faut s’accrocher, écouter les “acteurs”, éviter les pièges, rester en éveil, attraper les détails et se battre parfois. “Les échappés” est un livre qui se mérite ! Pour moi, le roman le plus abouti depuis la rentrée… et dire que j’ai failli passer à côté !

Une fresque romanesque à travers le monde et le destin de “quelques” personnages en quête d’évasion, où une profonde humanité est présente dans chaque ligne.
Lauren, Aaron, Émilie, Kip, Nathaniel, Nathaniel, Aashakiran. Chacun des personnages a une histoire, son histoire. Mais quand l’auteur décide à la place du destin, de les faire se rencontrer ou se réunir, est-ce pour le meilleur… ou pour le pire ?

J’ai fait tellement d’aller-retours, à travers les pages en quelques jours, que finalement, j’ai bien dû le lire deux fois… un vrai plaisir. De la poésie, de la tristesse, j’avais l’impression de contempler des photos, des tableaux, et à régulièrement, je discernais de nouveaux détails, comme hypnotisé pendant des heures. J’ai rarement été aussi triste à la fin d’un livre, comme pour certains films, certains voyages qui se terminent, certaines vies que l’on quitte à regret.

Renaud maîtrise à la perfection son sujet, et j’en demandais toujours plus. Une fresque romanesque, une ode à la résilience, je vous le disais plus haut, impossible à classer. Chaque mot, chaque phrase est pesés pour nous porter vers l’étincelle la plus lumineuse, vers la terrible noirceur d’une séparation, ou d’un décès. Un récit qui a percuté aussi ma vie. Les migrations, la mondialisation, le terrorisme, les inégalités,… Toutes les voix se mêlent, se complètent, se répondent, se contredisent aussi, car les personnages sont vivants, et s’expriment avec leur cœur et à travers le monde. Héros, anti-héros… Ils sont moi, ils sont vous, ils sont nous…

Un premier roman, pour lequel je suis obligé de m’incliner. Je sais que je le relirai. Je suis forcément passé à côté de nombreuses choses que Renaud a disséminé par-ci, par-là.
J’hésite encore entre coup de cœur et coup de foudre… Je suis complètement sonné.
Il y a de la passion dans la plume de ce nouvel auteur !

Vous souhaitez vivre différemment ?
“Les échappés” sont là pour ça, ils vous tendent leurs mains…

Je sais maintenant, que ce n’est pas un hasard, si Renaud Rodier a été élu Lauréat du Cercle Littéraire du Château de l’Hermitage.

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Extraits :

« Kip était mon aîné de quelques mois, mais avait tellement besoin d’une grande sœur que je me comportais comme telle. Je l’escortais sur le chemin de l’école, partageais mon sandwich avec lui à la cantine lorsque Jack lui volait sa gamelle, l’aidais à faire ses devoirs, lui lisais des contes des frères Grimm pour lui donner du courage. Un soir d’hiver, alors que nous parcourions Hansel et Gretel à la lueur d’une chandelle, ses yeux se sont illuminés. Il m’a implorée d’adapter cette histoire pour lui, pour nous. Je ne m’en croyais pas capable, mais comment trahir cette confiance qui frôlait la foi ? »

« – J’ai réglé le problème. Régler des problèmes, c’est mon métier. »
Quelques jours plus tard, Kip était de retour à l’école, apparemment indemne. J’ai cherché à l’aborder, mais il a réussi à m’éviter en accélérant le pas. Lors d’une récréation, j’ai fini par le coincer au détour d’un couloir. Il m’a lancé un regard d’animal pris au piège. Quand j’ai avancé une main maladroite vers sa joue, il a reculé d’un bond. Je lui ai dit que nous pouvions passer outre l’interdiction de mon père et nous rencontrer en secret, ici, ou mieux encore à Lemon Park, jusqu’à ce que tout revienne à la normale.
“-Je… J’peux pas, a-t-il bégayé.” »

« Lieux a germé de la conjonction de la douleur de Malina et de la splendeur de ce baiser. Mes sujets s’imposent toujours à moi d’un coup, intelligibles, précis, mais aussi extrêmement fragiles et éphémères. Je dois les noter sur un bout de papier aussitôt qu’ils me viennent, au risque de les perdre. Dans le cas de Lieux, j’ai dû me précipiter vers un café pour emprunter un stylo et quelques feuilles. Il m’a fallu moins d’une demi-journée pour écrire son incipit. À ce stade, je n’avais encore aucune garantie que ce texte aurait 

 

 

Renaud Rodier est diplômé de Sciences Po Paris et de l’université Columbia de New York. Il collabore depuis près de vingt ans avec les Nations unies et diverses ONG pour apporter une aide aux réfugiés et aux déplacés. Ses missions l’ont conduit aux quatre coins du monde, souvent dans des zones de conflit.
Les Échappés est son premier roman.

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“Écrire a toujours été, pour moi, un acte de survie. C’est en scrutant la cour d’une prison depuis la fenêtre de ma cuisine que j’ai couché mes premiers mots sur une page. Contempler le va-et-vient des détenus des heures durant offrait une échappatoire à ma réalité quotidienne, mais je préfère garder cette histoire pour une autre occasion. Aux yeux de mon enfance, les reclus étaient autant d’oiseaux en cage. Je leur consacrais des poèmes maladroits, les voyant virevolter dans les cieux délavés d’une ville portuaire. Par respect pour la souffrance, je préférais taire leurs gémissements nocturnes, qui me maintenaient parfois éveillé.

Avec les années, mon style a évolué, mais ma philosophie est demeurée la même. Ma matière première est la douleur. Je modèle sans relâche les traumatismes jusqu’à les voir se transformer en oiseaux dansants. La principale différence avec mes écrits de jeunesse est que je ne passe plus les hurlements sous silence. Ce n’est pas tant une question d’honnêteté ou d’acuité, mais plutôt que j’ai découvert que les cris peuvent être propulseurs.”

Émotion, Babelio, Rencontre littéraire, Philosophique, Suspense

Un monde presque parfait

de Laurent Gounelle
Poche – 2 mai 2024
Éditeur : Mazarine

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Et si le pouvoir de décision était essentiel à notre humanité ?

David Lisner, jeune chercheur ambitieux et cartésien, vit chez « les Réguliers », une société hyper-développée, hyper-connectée qui veille au bien-être des individus.

Non loin de là, une région rebelle s’est coupée du reste du monde : « les Exilés ». Fidèles à une certaine philosophie de vie, ils rejettent radicalement cette société.
David Lisner se voit confier malgré lui une mission de haute sécurité : se rendre dans ce territoire hostile et entrer en contact avec Ève Montoya, la nièce et l’unique héritière de l’éminent sociologue Robert Solo qui vient de décéder. Son objectif : récupérer un rapport explosif pouvant mettre en péril tout l’équilibre de la société des Réguliers.

Mais Ève, une jeune femme à la personnalité libre, n’entend pas se laisser dicter sa conduite. D’ailleurs, pourquoi David fait-il ce qu’on attend de lui ?
Un roman initiatique et original qui donne furieusement envie de retrouver son pouvoir de décision, de jouir de sa liberté, de se réapproprier sa vie.

 

• Couv_2024-035_Gounelle Laurent - Un monde presque parfait

 

Lorsqu’on ouvre un roman de Laurent Gounelle, on sait que l’on va vivre une belle histoire, une histoire avec son sens du positif, sa philosophie et des échanges entre humains…

Dans ce roman, que je n’arrive pas à classer (fiction, dystopie, ou futur proche, tout simplement ?), son message est un peu différent. Mais cela reste une histoire d’humains !
Ceux qui vivent sans s’opposer au régime en place, sont “les Réguliers”. Ils travaillent ou pas, selon leurs volontés et font ce qu’ils veulent de leurs journées. Ils ont l’air heureux et pour cause, ils sont pourvus d’un implant qui régule leurs émotions, et en cas de colère ou de tristesse, les ressentis négatifs sont immédiatement effacés. Du matin au soir, des applications “conseillent” les Réguliers, sur leurs activités quelles qu’elles soient, leurs nourritures, leurs sorties. Restons-nous vraiment humains quand des machines décident à notre place ?

Les autres, ce sont “les Exilés”, ils vivent ensemble sur une île et dépendent d’eux-mêmes. Ils rejettent tout type de technologie qui s’immiscerait dans leur quotidien.

Ce roman aborde pour moi d’une façon claire ce que devient notre quotidien petit à petit. Les réseaux, la façon dont les décisions sont prisent aujourd’hui, la place d’Internet dans notre vie de tous les jours, consciemment ou inconsciemment. Ça fait peur… Nous perdons ainsi petit à petit notre pouvoir de décision.

La mission reçue par David l’oblige à entrer en contact avec “les autres”, les Exilés. Il doit contacter Êve Montoya, suite au décès de son oncle un grand sociologue. David à tout préparé, masque (au cas où…) et dossiers à jour, afin de régler l’affaire le plus vite possible. Mais Eve, est une jeune femme qui refuse qu’on lui dicte les décisions qu’elle doit prendre…

Des personnages touchants, une intrigue très actuelle, qui donne un angle nouveau et une compréhension plus large sur notre société qui pourrait si l’on ne fait pas attention, devenir une technologie dictatoriale ultra contrôlée sous couvert de bonnes intentions… ou pas !

Un roman que je recommande vivement, qui nous montre que le prix de la liberté n’est pas un acquis, mais bien un combat que nous devons mener tous les jours !

Merci Laurent…

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Extraits :

« Au loin, le cœur de la ville insouciante bat paisiblement. Les lumières scintillent à tous les étages des hautes tours. La plupart des gens sont chez eux, sereins et confiants, détendus derrière leurs écrans. D’autres sont sortis, dans les lieux de détente ou de plaisir. Tous sont heureux dans cette société presque parfaite qui a réussi à abolir la tristesse et la souffrance. Une société hyper-développée qui a choisi de mettre ses fantastiques avancées technologiques au service du bien-être de la population. »

« Mais celui qui possédera le premier ordinateur quantique stabilisé pourra casser tous les codes secrets du monde en une poignée de secondes. Et toute la société s’effondrera. Il pourra pirater presque simultanément tous les comptes bancaires, tous les secrets industriels, tous les secrets militaires, mettre à genoux l’informatique de tous les hôpitaux, de tous les services publics, de toutes les compagnies d’assurances… Il pourra bloquer toute la société, et dans tous les pays. Une victoire par K.-O. avant même que la guerre ait commencé… »

« – J’ai essayé de penser à la manière d’annoncer à la jeune femme la mort de son oncle. C’est loin d’être facile pour moi… On m’a parlé d’un truc nouveau qu’on propose aux familles endeuillées : on crée un avatar virtuel du défunt pour qu’elles puissent le voir sur l’écran de leur tablette et dialoguer avec lui, et cela les aide à s’habituer progressivement à sa disparition.
– Oui, mais ça n’a rien de nouveau. Ça a été lancé par une équipe sud-coréenne au début des années 2020. Des gens avaient perdu leur fille de 7 ans d’une maladie incurable, et avec ce système, ils ont pu lui parler de nouveau, échanger avec elle. L’info avait fait le tour du monde. Maintenant, c’est devenu courant. »

 

Ancien spécialiste des sciences humaines, formé en France et aux Etats-Unis, conférencier à l’Université de Clermont-Ferrand, il a pendant de nombreuses années sillonné le monde à la rencontre d’hommes et de femmes qui, chacun à sa manière, apporte des éclairages sur la question fondamentale entre toutes : comment s’épanouir et donner du sens à sa vie.

Il se consacre aujourd’hui à l’écriture.
En neuf romans, Laurent Gounelle est devenu une plume majeure de la littérature. Traduit dans près de quarante langues, il s’est imposé parmi les auteurs français les plus lus au monde, avec des titres incontournables : L’homme qui voulait être heureux, Le jour où j’ai appris à vivre ou encore Et tu trouveras le trésor qui dort en toi.

Dans ce Monde presque parfait, son dixième livre, il touche notre âme et nous invite à redevenir maîtres de notre existence.

Le jour où j’ai appris à vivre
https://leressentidejeanpaul.com/2019/10/07/le-jour-ou-jai-appris-a-vivre/

intuitio
https://leressentidejeanpaul.com/2023/07/22/intuitio/

En savoir plus sur le site de l’auteur : http://www.laurentgounelle.com

Émotion, Drame, Philosophique, Roman

Impasse de l’horizon

de Carole Mijeon
Broché – Grand livre, 13 mars 2024
Éditeur : Éditions Daphnis et Chloé

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Un jour, il est rentré chez ses parents, au 12 impasse de l’horizon, et n’est plus jamais ressorti. C’était il y a huit ans. Depuis, personne ne l’a revu. Il est devenu le reclus du 12, celui dont on parle à voix basse quand on se croise sur le trottoir.

Claudia, pré-retraitée malgré elle, habite seule la maison d’en face. Pour elle aussi le temps s’écoule entre quatre murs mais elle, ne l’a pas choisi. Aux aguets derrière ses fenêtres, elle se dit que seul un drame terrible et inavouable peut conduire un jeune homme plein d’avenir à choisir la claustration plutôt que l’aventure de la vie. Est-il la victime d’une agression insurmontable ? Ou au contraire le coupable d’un crime odieux ?

Entrainant le lecteur dans les méandres de son imagination, Claudia va tout faire pour percer le secret de l’Impasse de l’horizon et rencontrer son jeune voisin.

Qui est-il ? Comment vit-il cet enfermement ? Et surtout, que lui est-il arrivé ?

 

• Couv_2024-021_Mijeon Carole - Impasse de l'horizon

 

J’ai pris beaucoup plaisir à lire “Impasse de l’horizon”. Un roman que je n’aurais sûrement pas lu sans la proposition de Babelio. Je découvre ainsi une nouvelle auteure, et surtout un roman très particulier, je dirai même singulier et rempli d’imagination… Les personnages sont tous très intéressants et attachants.

Carole Mijeon a “construit” son récit en deux parties. Claudia et Maxime

Claudia, a été remerciée par la société pour laquelle elle travaillait. Aujourd’hui, elle s’ennuie et passe toutes ses journées derrière sa fenêtre à attendre qu’il se déroule enfin quelque chose de nouveau dans sa vie. Les jours passent… Elle déprime…
Seules les lumières qui s’allument régulièrement en pleine nuit dans la maison en face de chez elle, font travailler son imagination et lui font envisager les scénarios les plus fous…
Que peut-il bien se passer chez ses voisins ? Elle sait qu’ils ont un fils, mais elle ne l’a jamais vu !

Quel personnage étrange que ce Maxime, un homme qui a préféré “s’effacer”, sortir de la société où il ne trouvait pas sa place. Pourquoi refuse-t-il de sortir ? De quoi a-t-il peur ? Est-ce vraiment de la peur ?
Maxime passe toutes ses journées derrière son ordinateur, plongé dans un monde virtuel dans lequel sa vie lui réussit pleinement. Maxime est un “gamer”, c’est toute sa vie !
Et ses journées se passent ainsi… au grand désespoir de ses parents qui ne savent plus comment l’aider. Au fur et à mesure on va le connaître de plus en plus. Maxime m’a touché à plusieurs reprises, sa solitude, sa peur du regard des autres.

Carole a su me prendre et m’emmener en quelques pages dans un univers étrange et pourtant très réaliste qui a pu me paraître parfois répétitif, mais tellement plein de rebondissements… Carole se dévoile parfois entre les lignes. Est-ce une part d’elle-même qu’elle nous montre ou met-elle tout simplement ses héros en avant ?
Dans tous les cas, j’adhère pleinement aux sujets développés ! Je ne m’attendais pas du tout à ce genre de roman tantôt philosophique, tantôt sociétal. Carole nous montre la solitude, la tristesse, la colère aussi, sans jamais oublier, nos choix de vie et le bonheur qu’ils peuvent nous apporter en fonction des chemins que nous emprunterons.

Un roman très agréable à la plume prometteuse avec lequel j’ai passé un excellent moment de lecture, malgré des sujets difficiles…
Sommes-nous libres de vivre la vie que nous désirons ?

Un grand merci à Babelio et aux Éditions Daphnis et Chloé pour cet envoi plus qu’intéressant.

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Extrait :

« C’est la voisine du 7 qui vient de lâcher le morceau. Les décès délient les langues. Après quelques mots d’apitoiement convenus, la brave dame n’a pas tardé à me révéler que les Triaud avaient un secret. “Un cadavre dans le placard, comme on dit”, a-t-elle ajouté, l’air pincé. »

« Quand on élève un enfant, on doit toujours être inquiète. Qu’il ne prenne pas assez de poids quand il est bébé, qu’il meure subitement pendant la nuit, qu’il attrape froid, qu’il se fasse renverser sur le chemin de l’école, qu’il rate son bac, qu’il tourne mal, qu’il soit malheureux en amour, qu’il… Quel enfer que d’imaginer le pire tout le temps ! »

« Chaque soir, il se mit à visionner des vidéos d’opérations sanguinolentes tout en se tailladant frénétiquement. La moindre parcelle de peau vierge était écorchée, parfois même les plaies à peine cicatrisées étaient de nouveau incisées. Nu dans son fauteuil, il jouissait de voir couler le sang sur l’écran tandis que le sien s’échappait de son corps en d’innombrables filets.
Et puis, un jour, il croisa cette femme dans l’ascenseur. »

« – Votre fils est très agité. Incohérent même. Il m’a semblé à bout de forces.
– Mais qu’est-ce qu’il a ? s’effraya madame Triaud.
– Je crois qu’il fait un burn-out. Il n’a pas arrêté de parler de son travail. De ses collègues surtout…
– C’est grave docteur ? »

« Le passé n’est qu’une fiction que l’on se raconte. Une contrefaçon. Aucun souvenir n’est digne de confiance. Car la mémoire est infidèle. Elle travestit le réel, enlumine la grisaille ou noircit le tableau. Sans but ni raison particulière, juste parce que le cerveau se fait berner. Il confond souvenir et imagination. Dès qu’un reliquat de vie est extirpé des méandres de l’esprit, il se combine aux cogitations, s’entremêle avec les rêves, se fracasse sur les émotions et se noie dans le déni. Le décor se transforme, les dialogues se cisèlent, les personnages se caricaturent et les rôles s’inversent. Contaminée par nos pensées, notre mémoire réécrit en permanence notre autobiographie. »

 

Monteuse de profession, Carole Mijeon a travaillé sur de nombreux reportages et documentaires pour la télévision ainsi que pour des productions indépendantes.
Magazines pour France 3 – France 5 – France Ô
Documentaires pour les Films du Balibari, Point du Jour, Camera Lucida productions – ARTE
Muséographie, court-métrages, captations, mode, corporate…

Auteure de :
Sur la réserve” – éditions Daphnis et Chloé – 2015
Au pied !” – éditions Daphnis et Chloé – 2017
Impasse de l’horizon” aux éditions Daphnis et Chloé est son troisième roman – 2024.

Émotion, Drame, Philosophique, Roman

La mécanique du passé

de Marie-José Aubourg-Iberti
Relié – 24 novembre 2023
Éditions : Nombre 7

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À l’approche de la quarantaine, Garance élève seule ses trois enfants. Suite au décès de son époux, son plus jeune fils développe une maladie qui va l’amener à se diriger vers le cabinet d’Aleksander Lariokoff, guérisseur-médium.

Cet homme, aux méthodes singulières, va la conduire vers son passé, à la recherche de l’histoire de ses ancêtres, et l’entrainer dans une enquête surprenante autour du mystère de la disparition de son mari.

Accompagnée de son amie et associée Emma, Garance va poursuivre une quête qui la guidera vers l’Irlande, où l’attendent des secrets enfouis du passé et des évènements inattendus qui changeront à jamais sa perception de la vie.

 

• Couv_2024-018_Aubourg-Iberti Marie-José - La Mécanique du passé

 

Après avoir lu en avril dernier, Travail, travail quand tu nous tues, de Marie-José Aubourg-Iberti, qui m’avait beaucoup plus, je ne me doutais pas que j’allais recevoir son nouveau roman aussi vite.
Quelle belle surprise !

Le sujet de la psychogénéalogie, m’intéresse énormément depuis que je suis papa. Je connaissais mes racines proches, mais pas au-delà de mes arrières grands-parents, et c’est quelque chose qui me manquait. Je voulais en savoir plus… L’auteure m’a définitivement ouvert les yeux sur certaines évidences.

Le récit de Marie-José est parfaitement structuré, avec une intrigue originale qui m’a emporté jusqu’à la fin du récit, avec un final au dénouement que je n’ai pas vu venir. C’est grâce à ce mystérieux Aleksander Lariokoff et à son amie et associée Emma que Garance part en Irlande pour le bien-être de son fils qui souffre physiquement depuis le décès de son père.

Il y a de la “magie”, de la philosophie et beaucoup de poésie dans cette histoire. J’ai eu l’impression par moment d’être en Irlande respirant l’air des Landes sous un ciel bas et sombre, où la pluie s’invite régulièrement sur les plaines infinies. C’est simple, j’ai lu le livre d’un seul tenant ayant peur de perdre la magie si je devais reprendre ma lecture plus tard…

Bravo Marie-José, et merci à toi d’avoir partagé toutes ces émotions avec tes lecteurs !
Un très beau roman, qui pourrait vous emmener loin…

Décidément, que de belles surprises chez “Nombre 7” !

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Extraits :

« Les premières lueurs de l’aube s’invitaient à travers les persiennes. Yann s’éveilla, dirigea sa main vers la mienne et l’enveloppa tendrement. Dans un bruissement de draps, il s’étira ensuite longuement puis se recroquevilla vers moi. J’ouvris les yeux et l’observai, m’attardant sur l’indiscipline de ses cheveux et le léger plissement des yeux qui soulignait l’ébauche de son sourire. »

« Quelques jours plus tard, tandis qu’Emma prenait la route pour l’Ariège, je me rendis à la consultation d’Aleksander.
Je pénétrai avec légèreté dans cette ruelle qui m’était devenue familière et réalisai à quel point c’était agréable de se sentir dirigée. Emma avait pris les choses en main et je trouvais cela confortable… Confortable, quel drôle de mot ! Moi, qui vivais dans l’hyper-contrôle quasi-névrotique, depuis si longtemps, je réalisais que je parvenais à lâcher prise. Emma ne m’avait pas laissé le choix, c’était peut-être cela, la clef… Pas le choix ! Je m’étais réveillée ce matin tellement plus légère, parce que je n’avais pas le choix ! »

« Dans la soirée, je songeai, confuse, au tutoiement qui m’avait échappé et m’interrogeai à nouveau sur cette relation entre Aleksander et moi. Il m’apparut que notre proximité aurait pu, en effet, autoriser naturellement l’emploi du « tu », mais en réalité, le vouvoiement conférait à notre échange une certaine élégance, une réserve contenue, respectueuse, que le tutoiement aurait réduite à une simple camaraderie. Le « vous » était privilège, il enveloppait nos conversations d’une brume de sensualité et imposait une distance courtoise qui plaçait nos échanges sur un plan supérieur. Il ne souffrait aucune familiarité et induisait une posture que le « tu » n’aurait pas induite. Conserver cette distance avec Aleksander m’ouvrait ces possibilités et je ne souhaitais en aucun cas détériorer notre relation sous prétexte d’un rapprochement illusoire. »

 

Résidant dans le département du Var, Marie-José Aubourg-Iberti s’inspire des histoires de la vie ordinaire qu’elle observe et met en lumière. En publiant Travail, travail quand tu nous tues, elle signe son troisième roman. À travers l’histoire d’Hector et Sophie Juillet, elle s’intéresse aux mécanismes qui conduisent à la perte d’un emploi et à l’impact d’un tel évènement sur le couple, la famille. L’écriture de cette intrigue est née de témoignages et d’expériences qui l’ont conduite à réfléchir plus largement à la question centrale de la place du travail dans notre société.

Travail, travail quand tu nous tues
https://leressentidejeanpaul.com/2023/04/25/travail-travail-quand-tu-nous-tues/