Drame, Folie, Frisson horreur, Noir, Thriller

Enigma

de Armelle Carbonel
Broché – 18 septembre 2024
Éditeur : Le Livre de Poche

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Domaine de la Haute-Barde. Un énigmatique orphelinat, théâtre de terribles événements. Par une nuit d’orage, soixante-neuf ans plus tôt, des enfants ont mystérieusement disparu. Spécialiste des édifices à l’abandon, la journaliste et cinéaste Barbara Blair tente de comprendre ce qui leur est arrivé. Mais les habitants du petit village n’apprécient guère cette étrangère qui vient remuer ce passé trouble, d’autant qu’un nouveau drame ne tarde pas à les frapper. Entre légende et réalité, Barbara est confrontée à une énigme qui menace de réveiller les démons d’autrefois, mais aussi ses plus douloureux souvenirs. Certains secrets doivent être tus à tout jamais, au risque de vous hanter jusqu’à votre dernier souffle.

“Une plume glaçante.”
Sylvie Lecoules, Le Tarn libre.

 

• Couv_2024-101_Carbonel Armelle - Enigma

 

Après, les superbes Criminal loft et Majestic murder, je ne pouvais pas passer à coté d’Enigma la suite de Sinestra !
C’est un roman obscur et magistral, où Armelle nous emmène très loin…

Barbara, est une journaliste et cinéaste, elle s’est spécialisée dans les documentaires sur les lieux mystérieux et abandonnés où ont eu lieu des disparitions inexpliquées. Elle veut savoir pourquoi, dans un ancien orphelinat, situé dans le Domaine de la Haute-Barde, soixante-neuf ans plus tôt, plusieurs enfants ont disparu, durant une nuit d’orage, et jamais personne ne les a retrouvés. Accompagnée de ses deux collaborateurs, David et Warren, ils décident de mener l’enquête. Une affaire qui lui rappelle étrangement celle du Val Sinestra, en Suisse, où sa fille Emma a disparu quatre ans plus tôt. Sur place, une vieille habitante, Magda et Arnold, un ancien policier, vont tenter de les aider dans cette quête mystérieuse, contre les avis du reste des habitants, quand un nouveau drame survient.

Armelle nous a concocté un thriller avec une intrigue très sombre, machiavélique, dans une sorte de huis clos aux nombreux rebondissements, entre fantômes, légendes et réalité…
Encore une fois, c’est d’une main de maître que l’autrice m’a complètement surpris par cette suite superbe et très subtile.

Oserez-vous la suivre dans cette nouvelle aventure ?
C’est troublant, très angoissant, mais qu’est-ce que c’est bon !

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Extrait :

« Une chose hideuse s’est logée en moi.
Lutter ne servirait qu’à accroître la pourriture qui m’infecte.
C’est ainsi que débute le premier chapitre d’une épopée sous influence, et j’ai l’assurance que cette mise en bouche te plaira. Inutile de prétendre le contraire, tu ne recules jamais devant un bon festin.
Dès le premier regard, j’ai su qu’elle serait la prochaine. »

« En lisière de forêt, sommeille un étang au bord duquel une masure flamboie à la lueur d’un feu allumé pour la nuit. Une chaleur rassurante émane de la cheminée où les plus jeunes de la fratrie se pressent afin d’assister à la veillée. Les mains calées sous le menton, ils restent suspendus aux lèvres de leur mère, qu’une voix caverneuse transforme en véritable conteuse. L’histoire, tous la connaissent depuis le berceau, et les plus ingénieux ne sont pas sans savoir qu’elle constitue une mise en garde. Cette fable, plus triste qu’un saule en pleurs, ne les effraie pas pour autant. Les versions se succèdent, mais aucune ne ressemble aux autres, si bien que la réalité des faits se noie finalement sous un enrobage d’incertitudes. Ce soir, elle raconte que leur petit village de Beaumont-la-Ronce a connu son lot de souffrances et de perversions. »

« Disposée sur la literie douteuse, une poupée grimaçante forme un puzzle sectionné en six morceaux distincts. Fichées dans le plancher, les billes oculaires arrachées valident la théorie d’une mise en scène particulièrement démente. Non loin de la tête blonde décapitée, une nuée de mouches complète le panorama en survolant un dôme de matière fécale. »

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l’auteur : Armelle Carbonel, née le 16 juillet 1975 à Paris, est écrivain. En parallèle de son activité littéraire, elle travaille pour le Ministère de la défense.

Elle commence à écrire dès son plus jeune âge. À 8 ans, elle rédige des poèmes, puis à 11 ans, un roman fantastique. À 15 ans, elle se tourne vers le théâtre avec la composition de 3 pièces de théâtre, avant de revenir au roman à 20 ans. Elle remporte de nombreux prix Littéraires (Art et Lettre de France, Concours littéraire des Armées, concours de poésie de la ville de Rambouillet, Prix Calliope.) sous le pseudonyme de Rebecca Arque pour son roman Criminal Loft (publié en auto-édition en 2011) et devient membre du Collectif de la Plume Noire. Elle retravaille son thriller Criminal Loft dans une nouvelle version en 2015. Elle est également l’auteur de Les Marais funèbres et La Maison de l’ombre.

En 2013, elle participe au recueil de nouvelles Santé, au profit de la fondation Maladies Rares.

Sinestra (2018)
https://leressentidejeanpaul.com/2020/05/20/sinestra/

Drame, Noir, Polar, Suspense

Une bonne raison de mourir

de Arthur Caché
Broché – 5 octobre 2023
Éditeur : Taurnada

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Quand un ancien géologue disparaît mystérieusement près de Paris, Beryl, jeune chef de groupe à la Crim’, se saisit aussitôt de l’affaire. Assistée de Rudy, son adjoint au passé tourmenté, puis d’Ara, un ancien flic reconverti dans le trafic de contrefaçons, elle remonte la piste d’une compagnie pétrolière en Turquie. Mais tandis que les découvertes troublantes se multiplient et que les cadavres s’accumulent, des profondeurs de la mer Noire surgit un terrible secret… Beryl comprend alors que le plus effroyable des comptes à rebours a déjà commencé…

 

• Couv_2023-106_Caché Arthur - Une bonne raison de mourir

 

Un grand merci à Joël pour ce nouveau service de presse.

Je me demande vraiment comment Taurnada éditions arrive à trouver des auteurs proposant régulièrement des romans d’une telle qualité. Impossible de s’ennuyer une seule seconde.

Je découvre Arthur Caché avec cet excellent second roman et de plus, un sujet que je n’avais pas encore eu l’occasion de lire.
Un polar qui gravite entre le monde de l’industrie pétrolière, les escroqueries à une échelle mondiale et des politiciens et des hommes d’affaires véreux. L’intrigue aurait pu être classique, mais l’auteur a su trouver le bon rythme. En effet, Arthur alterne son récit intelligemment entre la science, le domaine de la recherche pétrolifère sans jamais laisser de côté l’enquête policière qui, chapitre après chapitre gagne en puissance et en rebondissements !
Durant ma lecture, j’ai essayé de deviner le travail énorme de recherche nécessaire à Arthur, sur la complexité de la thématique abordée, et sa transposition, qui en fait un roman dynamique plein de suspense, fluide, très agréable, mais surtout accessible à tous, où rien n’est laissé au hasard !

Sur fond d’extraction de pétrole et de gaz, Arthur nous emmène à travers une enquête inquiétante, semée de cadavres qui suit la disparition d’un scientifique qui détenait des informations à priori d’une importance capitale, qu’il souhaitait transmettre à Beryl, cheffe de groupe de la Crim’, qui n’est autre que la fille de l’un de ses anciens amis reporters, aujourd’hui décédé.
La surprise passée, c’est l’implication de son père dans cette enquête, qui va la mener à l’étranger, qui lui donnera la force nécessaire malgré les risques et les périls encourus.
Une enquête sans temps morts, pour la jeune policière et son adjoint.

Une très belle surprise pour ma part. Impossible de lâcher ce roman avant le point final… qui n’en est peut-être pas un !
Un sujet passionnant que je ne peux que vous recommander…

Arthur Caché, un auteur à suivre !

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Extraits :

« Dire que Rudy Ferey revenait de loin était un euphémisme. L’intervention d’une psychologue plus armée que les autres (et aussi mieux entourée, son ami procureur de la République ayant accepté d’effacer le casier judiciaire de son patient) lui avait permis de s’extirper de cette situation désespérée et de retrouver le chemin du succès. Bac, licence, école d’officiers. »

« Elle vit son supérieur opiner d’un air grave – de circonstance par rapport à la situation -, mais devina à son regard brillant sa satisfaction de voir son équipe occupée sur cette nouvelle affaire. L’ADN de la brigade criminelle, ce sont les enquêtes ; pas les heures à jouer aux cartes en attendant que tombe un cadavre. »

« L’appel à l’aide était venu d’un ami de son père, voilà pourquoi elle se sentait obligée d’y répondre. Y renoncer serait revenu à trahir l’homme qu’elle admirait le plus sur cette planète. »

« “Au fait, pourquoi est-ce que vous nous aidez ?”
L’homme remonta la fermeture Éclair de son blouson et la considéra avec gravité.
“Pour la même raison pour laquelle j’ai quitté la police : l’envie d’être du bon côté”, lâcha-t-il.
Rien dans cette réponse ne sembla à Beryl de bon augure pour la suite. »

« “Le pétrole naît de la transformation, dans les profondeurs de la Terre, de la matière organique issue des restes de plantes ou d’animaux morts. Cette transformation s’effectue sur des dizaines de millions d’années, et voit à terme se créer une substance – du pétrole ou du gaz, selon la profondeur – qui va migrer naturellement vers la surface.” ! »

 

Arthur Caché est né à Reims en 1984. Après une première partie de carrière en tant qu’ingénieur en France et à l’étranger, il s’installe dans les Vosges avec sa famille et décide de se consacrer à l’écriture.
Il publie en mai 2020 son premier roman, Le Cercle des Hellébores Noirs, un ouvrage à mi-chemin entre thriller social et roman noir, dans lequel il dénonce le fléau des violences sexuelles contre les femmes.
Une bonne raison de mourir est son deuxième roman.

Émotion, Fantastique, Suspense, Thriller psychologique

On l’emportera dans la tombe

de Sébastien Jullian
Broché – 12 juillet 2023
Éditeur : Inceptio

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Un home-jacking vire au bain de sang, laissant derrière lui la mort inexpliquée d’un des cambrioleurs. Le lendemain, un homme se jette sous un train devant une foule médusée. Alors que des évènements troublants se multiplient, deux lieutenants de police se retrouvent chargés de l’enquête qui les plonge dans l’abîme de l’inexplicable. Quel sombre passé se réveille subitement, insinuant ses ombres sinistres au cœur d’une affaire en apparence ordinaire de cambriolage et de suicide ? Peut-on réellement se contenter d’une approche rationnelle pour démêler les fils de cette sombre toile ? « Une plongée au cœur d’une enquête percutante et tortueuse, où les ombres du passé se mêlent à un présent troublant, défiant les certitudes et révélant les secrets les plus sombres. »

 

• Couv_2023-089_Jullian Sébastien - On l'emportra dans la tombe

 

Quelle écriture surprenante !

En quelques pages, je suis emporté dans un polar très bien construit teinté de fantastique.
Je découvre Sébastien Jullian avec ce récit, et le moins que je puisse dire c’est que ça frappe vite, ça frappe fort !
Des chapitres courts, des allers/retours dans le temps, c’est dynamique et il y a de nombreuses interrogations de toutes parts. Petit à petit, le récit se met en place nous offrant encore plus de suspense, avec une tension palpable à chaque chapitre.

Un cambriolage dramatique, un suicide étrange au sein d’une gare sont liés par des phénomènes inexplicables. La police enquête, mais a énormément de mal à trouver les éléments communs. Et quand elle en trouve un, il y a un autre meurtre à la clé… difficile de ne pas en perdre son latin… Le lieutenant Jérôme est complètement perdu. Il va lui falloir une très grande ouverture d’esprit pour mettre bout à bout ce qui ressort de cette enquête étrange et peu banale. Il décide donc de mettre de côté son esprit cartésien et décide de foncer malgré les alertes de Stéphane, son collègue et ami.

Plus j’avançais, plus je ressentais des moments d’excitations. Je ne savais plus qui croire, la folie paraît emporter certains personnages. Parfois, je pensais avoir trouvé “une clé”, avoir compris, et paf ! Sébastien réoriente son récit différemment, trop fort !
J’ai aimé me faire balader… Pas seulement dans cette forêt sombre et oppressante, non, c’est toute l’histoire angoissante qui nous mène en bateau.

Bravo Sébastien !
Intrigue originale, avec une tension qui s’accentue au fil des chapitres, personnages attachants, un thriller haletant, qui régalera les amateurs du genre.

Encore une fois, Merci Blandine pour cette nouvelle découverte !
C’était mon premier “Sébastien Jullian” et ce ne sera sûrement pas le dernier…

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Extraits :

« Après avoir remonté les escaliers à toute vitesse, elle découvre son fils, terrorisé, qui court, hurle et passe de chambre en chambre, tentant de se cacher derrière les portes ou sous un lit. Il prononce des mots incompréhensibles, bafouille et tremble de la tête aux pieds. Elle ne parvient ni à le maîtriser ni à lui parler et ne distingue qu’une phrase au milieu de ce charabia délirant : “Fais-le partir…”. Après quelques minutes, il finit par se positionner devant son armoire en chêne massif et s’y fracasse la tête deux à trois fois avant de perdre connaissance. Fort heureusement sans gravité apparente. Il s’est réveillé chez nous, le lendemain matin. »

« Au mur, les posters de Kurt Cobain, Silverchair, Axl Rose et Eddie Vedder lui rappellent qu’il est un pur produit du rock et du grunge. Pas question de se laisser imposer le diktat des radios françaises. Énervé, il finit par débrancher la prise électrique, ce qui renvoie Lydia dans les pages du dernier Star Club acheté la veille. Une nouvelle activité qui ne ravit pas davantage son hôte du jour. »

« – Laissez-moi tranquille, j’ai besoin de souffler. Je vous le jure, sur la tête de ma mère. Il y avait un cadavre ici. Il était effrayant. Pâle, froid et raide. Ses yeux… ses yeux étaient sombres, grands ouverts, perdus dans le vide. Il ne respirait plus. Oui, ça, j’en suis sûr, il ne respirait plus… Il était jeune, comme nous. Si seulement j’avais eu un appareil photo, j’aurais pu vous le prouver… »

« Trois heures du matin. Avachi sur le canapé, Jérôme ne parvient pas à plonger dans un sommeil profond et réparateur. Il cherche à tuer ce temps assassin, à chasser de son esprit cette faucheuse diabolique qui ne le laisse pas en paix.
Ce soir, il est resté une heure à l’hôpital auprès d’Elisa, prostré comme un zombie. Incapable de se déconnecter des images de mort. Il revoit sans cesse les corps d’Armando, David et Lydia, pulvérisés par une fatalité absurde. »

« – Croyez-vous que Dieu nous écoute, Lieutenant ? Après avoir vu et entendu tout ce à quoi vous avez été confronté ces derniers jours, je suis certain que votre position a changé, non ? Pour ma part, je l’ai abandonnée ici, il y a plus de vingt ans.
– Je ne sais pas, Eric. Je ne sais pas déterminer ce qu’est Dieu, s’il existe et sous quelle forme, s’il est seul ou accompagné. Ce que je pense, c’est que notre monde et la définition de notre existence sont bien plus complexes que ce qu’on nous explique au catéchisme ou dans les livres de science. Il reste tant de réponses à trouver et nous avons mis le doigt sur quelque chose d’extraordinaire. Mais ce n’est pas à vous de payer… »

Informaticien de métier, entraîneur de football et père de famille, Sébastien Jullian s’adonne depuis quelques à sa nouvelle passion : l’écriture. Ses influences sont diverses. Des incontournables cinématographiques telles que Carrie, Fight Club, Le silence des Agneaux, Usual Suspects, pour ne citer que les principales.
Coté littérature, Sébastien aime beaucoup les univers respectifs de Cédric Sire, Jérôme Loubry et bien sûr, Stephen King. Il est également un grand passionné de musique, notamment le Heavy metal, à laquelle il fait très souvent référence dans ses romans. Mais aussi l’humour (parfois noir, méchant ou gratuit) est aussi sa tasse de thé. Lire a toujours été une tâche compliquée car son imagination ne le laisse jamais en paix. Lorsqu’il lit une histoire, il en invente une autre. Il aime qu’un roman ne dévoile jamais tous ses secrets et laisse une part d’interprétation au lecteur.
Selon Sébastien, un bon livre est un livre qui joue avec nos nerfs et avec notre imaginaire…

Émotion, Drame, Folie

Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau

de Stéphanie Kalfon
Broché – 5 janvier 2023
Éditions : Verticales

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« Pour me consoler, la petite fille revenue de la nuit pose sa main sur mon épaule, je la saisis mécaniquement : elle est fraîche et potelée, mais ce geste ne suffit pas à dissiper mes doutes. On pourra bien me dire que cette enfant a gardé son visage de la veille, que sa voix désordonnée reste inimitable, que cette pâleur dans les yeux c’est tout elle, comparer ne mène à rien. Cette enfant n’est pas la mienne. »

Emma, la narratrice de ce roman, raconte le trouble qui la saisit en revoyant sa fille Nina, disparue plusieurs heures un soir de septembre. Quelque chose dissone dans leurs retrouvailles, un “presque-rien”, provoquant chez Emma une vrille qui nous plonge dans une vertigineuse incertitude.

 

 

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Un récit prenant et je l’avoue très perturbant aussi !

Hier soir nous avons eu le plaisir de recevoir Stéphanie Kalfon au Château de l’Hermitage à Ennery.
Une très belle personne, avec laquelle nous avons beaucoup partagé de “secrets”, de la relation mère/fille et aussi beaucoup de sourires…
Encore une fois une excellente soirée en compagnie de nos amis du Cercle…

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Pour fêter ses huit ans, Paul et Emma emmènent leur fille Nina à la fête foraine. Il aura suffi d’un instant d’inattention au tir à la carabine, pour essayer de lui offrir une peluche… quand soudain, ils se rendent compte que la fillette a disparu…

La police intervient et une battue est très vite organisée dans la forêt très proche.
Les parents vivent alors l’horreur, l’attente, le désespoir.

La police leur conseille de se reposer. Ils resteront dans tous les cas, en contact avec eux.
En rentrant chez eux, la vision des décorations festives et de la banderole JOYEUX ANNIVERSAIRE, ravive leur détresse. Où est Nina ? Pourquoi s’est-elle éloignée d’eux ?

Après la pire nuit de leur vie, Nina est retrouvée dans les toilettes d’un chantier prêt de la fête foraine. Elle est saine et sauve pour leur plus grand bonheur.
Mais après la joie des retrouvailles, Emma sent que quelque chose ne va pas. La petite fille qui vient de rentrer au foyer est-elle Nina ou une petite fille qui lui ressemble énormément ?

Commence alors pour Emma, une spirale infernale qui va l’entraîner dans les méandres de son esprit.

Je découvre Stéphanie Kalfon avec ce bijou inclassable !

Avez-vous lu le titre du livre du livre ?
Je ne dis pas le survoler…
Non. Le lire.
Essayer encore.
Et puis encore une fois…

Vous avez vu ?
Déjà dans son titre, Stéphanie révèle ses possibilités d’écriture.

Thriller psychologique à la lecture immersive ?
Récit angoissant sur les pertes de repères ?
Histoire tragique sur les relations mère/fille ?
Ou roman émouvant sur une petite est prête à tout pour être aimée d’une mère qui la rejette ?

Stéphanie est pour moi la grande révélation de 2023.
Une écriture, un style que je n’avais jamais vu jusqu’à l’ouverture de son livre.
Chaque phrase, chaque mot est une idée, une image qui prend sa place dans mon esprit au fur et à mesure de ma lecture. Plus que l’impression d’être au cinéma, j’avais l’impression que l’auteure était dans ma tête et qu’elle me chuchotait son histoire. C’est perturbant et c’est bouleversant aussi. J’ai vécu tour à tour la peur de Nina, qui est rejetée, l’angoisse d’Emma qui veut retrouver sa fille, la vraie, et l’incompréhension de Paul, qui fera tout son possible pour aider Emma… mais en vain.

Une lecture riche et fluide qui de plus force à la réflexion. Deux cents pages qui ont brusqué, métamorphosé, le lecteur que je suis.
Une nouvelle vision, une nouvelle perception de la peur qui ne m’avait jamais effleurée, car c’est bien la peur et la paranoïa qui planaient au-dessus de moi, jusqu’à la dernière ligne.
Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau.

Coup de cœur, pour ce récit puissant et fort bien construit qui a éveillé de nombreux sens en moi !
Auteure à suivre absolument…

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Extraits :

« Je cours, j’appelle, je nage à contre-courant de la foule électrique, je traverse des forêts de bruits, de jambes et de bras hirsutes, des gueules indifférentes ou horrifiées, des visages laids, gras, suintants, avec leurs yeux en forme de boules à facettes. Partout surgissent des monstres, des gens maquillés de rires exagérés, leur voix larsen, m’engloutissent… ils ne se poussent pas, les gens, ne me répondent pas, ils restent agglutinés en file indienne devant le train fantôme, ils veulent leur ticket pour le grand divertissement, mon cœur tremble tel un mauvais alcool dans le fond d’un verre, je les harangue et j’implore.
– Vous avez vu une petite fille : huit ans, brune, des couettes, un sac à dos vert, un jean ? »

« Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Nina, une pensée couteau m’agresse, mon Dieu, est-ce possible de mourir le jour de sa date de naissance ? »

« On nous fait patienter le temps de finir “les tests médicaux d’usage”, nous dit-on. Des professionnels sont en train de vérifier si ma gamine ne s’est pas fait violer. Cette perspective me coupe sec la parole, alors l’inspecteur s’adresse d’abord à Paul. Comparé à moi, mon mari, paraît très solide, il utilise convenablement ses intonations, oui, il m’épate, je trouve qu’il fait un automate absolument sensationnel. »

« J’aimerais raconter mon expérience sans tricher, suivre le déroulé exact où mon cerveau a placé les faits. Déplier mes souvenirs origamis pour en soulever les coins, les disparus et les apparents. Pour cela, je dois parler de justesse, à tâtons, dans cette hâte sans hâte située juste avant l’oubli. Pas le choix. Je n’ai accès à ma mémoire que par un interstice fragile et opaque, le reste du temps, je vis sous la tyrannie du décompte éphémère de ma lucidité. Je suis prise dans une fièvre de visions claires qui vont s’éteindre ou se corrompre, passagères comme la vie. »

« Limite : ligne qui marque le début ou la fin d’une étendue ou d’un espace de temps – point au-delà duquel ne peuvent s’étendre une action, une influence –, degré extrême de quelque chose, seuil de ce qui est acceptable. »

Née à Paris en 1979, Stéphanie Kalfon est écrivaine et scénariste. Elle a publié deux romans aux Editions Joëlle Losfeld, Les parapluies d’Erik Satie (prix littéraire des Musiciens, 2017 ; Folio, 2018) et Attendre un fantôme (2019).

Adolescence, Émotion, Drame, Polar

Désenchantées

de Marie Vareille
Broché – 17 mai 2022
Éditions : Charleston

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La disparition de Sarah Leroy, quinze ans, a bouleversé la petite bourgade de Bouville-sur-Mer et ému la France entière. Dans chaque foyer, chaque bistrot, on élaborait des hypothèses, mais ce qui est vraiment arrivé, personne ne l’a jamais su.

Vingt ans plus tard, Fanny revient sur les lieux de ce drame qui a marqué sa jeunesse. Et c’est tout un passé qu’elle avait préféré oublier qui resurgit… Car l’histoire de Sarah Leroy, c’est aussi un peu la sienne, et celle d’une bande de filles qui se faisaient appeler les « Désenchantées ». Une histoire qui a l’odeur des premières cigarettes et du chlore de la piscine municipale, des serments d’amitié et surtout, des plus lourds secrets.

Avec finesse et un vrai sens du suspense, Marie Vareille met à nu les rouages de l’amitié féminine dans un roman d’apprentissage captivant et rempli d’émotion.

« UNE FOIS DE PLUS, MARIE VAREILLE NOUS LIVRE UN ROMAN ABSOLUMENT INCROYABLE. CE RÉCIT EST BRILLANT, INTELLIGENT, ÉPATANT, PERCUTANT. »

 

• Couv_2023-038_Vareille Marie - Désenchantées

 

L’adolescence n’est-elle pas le moment de notre vie le plus compliqué à vivre ?
On se cherche, on s’invente surtout avant de finalement se trouver. Mais entre temps toutes les émotions ressenties qui viennent nous perturber au risque de nos perdre, ne sont-elles pas les premiers pas qui feront de nous des adultes ?

Marie Vareille, nous conte dans ce récit, cette vie tumultueuse que nous avons tous vécus. C’est avec pas mal de nostalgie que j’ai abordé certains passages, c’était comme du vécu, comme si j’avais remonté le temps et je me revoyais avec mes cheveux hirsutes, mes docs Martens, tout de noir vêtu au milieu de mes camarades… Il y a beaucoup de finesse dans ce récit. Beaucoup de gravité aussi.

2001.
Sarah Leroy disparaît. Tous ses proches seront interrogés et très vite un suspect sera arrêté.
2021.
Fanny, qui connaissait très bien Sarah Leroy, se voit confier une mission par sa patronne. Enquêter sur la disparition de celle qui fut sa meilleure amie…

Personnages attachants, énigme à rebondissements et très captivante, Marie Vareille entre à pas de velours dans le milieu du “Polar”.
C’est bien fait, rythmé, impossible de décrocher.
Roman d’amitié, de disputes, de déchirements et d’émotions… avec un final plein de surprise !
Merci Marie pour cette belle histoire…

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Extraits :

« Les gens qui t’expliquent qu’avant de mourir, tu vois défiler tes souvenirs ne sont clairement jamais mort. Moi, la seule chose que je vois défiler, c’est un faux plafond en liège, des néons blafards et des silhouettes en blouse qui me poussent à toute vitesse vers un ascenseur en hurlant des mots que je ne comprends pas. Des souvenirs, je n’en ai plus. On ne ressasse pas le passé quand on n’a pas d’avenir. »

« Angélique a de ce fait vécu une période un peu mystique, pendant laquelle elle accrochait des portraits de Thérèse d’Avilla au-dessus de son lit. Persuadée d’être élue par le Seigneur, elle s’affamait avec enthousiasme pendant le carême, s’astreignait à quatre bonnes actions et trois, Je vous salue Marie par jour et reversait scrupuleusement tout son argent de poche dans la panière de la quête. Un jour, au catéchisme, Angélique a évoqué son ambition de devenir prêtre. On lui a évidemment ri au nez et, effondrée d’apprendre qu’un pénis était indispensable à la bonne animation d’une messe, elle a sombré dans une déprime qui a sonné la fin de ses ambitions ecclésiastiques. »

« Il fallait être lisse comme le papier glacé d’un magazine féminin. Iris était aussi exigeante avec elle-même qu’avec les autres. Elle passait un temps infini à entretenir son corps, son visage, ses mains, ses pieds. Elle ne faisait jamais un écart – s’exposer au soleil, sans crème solaire, manger une chips ou manquer sa séance de footing quotidienne n’étaient pas des options. C’est à cause de gens comme Iris qu’on vit aujourd’hui dans un monde où l’on pense qu’il faut retoucher les photos de Penélope Cruz. »

« Leur professeur principal, M. Folley, leur avais recommandé de tenir un journal intime. M. Folley était connu pour avoir conseillé cet exercice à toutes les classes qu’il accueillait dans son cours de français depuis des années. L’écriture était, selon lui, un bon moyen d’ordonner nos pensées et nos émotions, et nous serions contents, plus tard, de redécouvrir des souvenirs d’enfance oubliés. J’ai toujours aimé, en ce qui me concerne, déverser dans ses carnets tous mes sentiments et mes rêves sans crainte du jugement d’autrui. Peut-être ne serais-je d’ailleurs pas capable d’écrire tout cela aujourd’hui si je n’avais pas affûté ma plume pendant des années dans ces carnets. »

 

Marie Vareille est née en Bourgogne en 1985 et vit aux Pays-Bas avec son mari et ses deux filles. Son bestseller La Vie rêvée des chaussettes orphelines, traduit dans de nombreux pays, s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires. Il a reçu le Prix des lectrices Charleston 2020 et le Prix des Petits mots des libraires 2021.
https://leressentidejeanpaul.com/2022/06/08/la-vie-revee-des-chaussettes-orphelines/

Elle est également l’autrice, aux éditions Charleston, de Je peux très bien me passer de toi (Prix Confidentielles) et Ainsi gèlent les bulles de savon.

Polar, Thriller

Du fond des âges

de René Manzor
Broché – Livre grand format, 19 octobre 2022
Éditions : Calmann-Lévy

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Nouvelle-Zélande. Un petit garçon court à perdre haleine dans les rues de Christchurch, poursuivi par un homme armé. Des coups de feu éclatent. À l’hôpital, on découvre que l’enfant a été porté disparu il y a trois ans. Il s’appelle Nateo, c’est le fils du célèbre explorateur Marcus Taylor. Pourquoi le retrouve-t-on maintenant ? Était-il séquestré ? S’est-il enfui ? Et qui peut vouloir tuer un enfant de huit ans ?

Un an auparavant, le glaciologue Marcus Taylor dirige une mission de scientifiques envoyés dans une base implantée en plein milieu de l’Antarctique. Quand ils arrivent sur place, ils découvrent des bâtiments saccagés et déserts. L’équipe précédente a disparu sans laisser de trace.

Quel lien y a-t-il entre la réapparition de l’enfant et cette expédition qui tourne au cauchemar ?

Une chose est sûre. Il est trop tard pour avoir peur…

 

• Couv_096_Manzor René - Du fond des âges

 

Je termine à l’instant “Du fond des âges”.
J’ai profité d’une journée de repos pour ne pas être dérangé, pour pouvoir en profiter…

Tic, tac, tic, tac…
Le récit commence très fort, les chapitres courts avancent en deux temps s’alternant, tantôt de nos jours à Christchurch, tantôt un an plus tôt, perdus dans une base russe en perdition, au milieu de l’Antarctique !

Tic, tac, tic, tac…
Cela fait 732 jours que Nateo, le fils de Marcus et de Raïana, a disparu…
La vie de Marcus n’est plus que tristesse. 732 jours où il va le chercher partout.
Raïana elle, finira par craquer et le quitter ayant besoin de faire son deuil.

Tic, tac, tic, tac…
Dans les rues de Christchurch, après une course-poursuite dangereuse et infernale, un homme tire plusieurs fois à bout portant, afin de tuer un enfant de huit ans qui cherche à le distancer…
Cet enfant… c’est Nateo !

Tic, tac, tic, tac…
Un an plus tôt, Marcus avait accepté une mission en Antarctique avec des scientifiques.
Cette expédition va très vite se transformer en cauchemar. En cauchemar pour ceux qui participe à l’expédition, mais aussi en cauchemar pour le lecteur, en l’occurrence moi-même, lorsque je me suis rendu compte que tout se tenait parfaitement dans ce récit très visuel et que nous n’étions peut-être pas à l’abri d’un tel danger !

Tic, tac, tic, tac…
Je le voulais. Je m’étais préparé. Mais encore une fois René Manzor, m’a surpris, m’a fait vibrer par son intrigue et cette écriture cinématographique !
J’ai été transporté par ce thriller ésotérique, “fantastico-émouvant” et terrifiant.
Ceux qui n’ont jamais lu de romans de René, se diront peut-être “Oui, encore une énième chronique, pour un énième thriller qui ressemble à tous les autres” ! Mais ceux qui l’ont déjà lu, savent que René, en plus de sa passion pour les mots et pour les images, est un perfectionniste. Chaque détail est un point qu’il a dû vérifier des dizaines de fois avant qu’il n’apparaisse dans l’un de ses romans. René aime la vie, il aime les gens, ne triche pas.
Cette histoire, c’est pour nous, lecteurs qu’il l’a écrite… et comme un bon vin, chaque roman nouveau apporte un plus à la littérature…

Tic, tac, tic, tac…
Prendrez-vous le risque de le commencer, et ensuite de devenir addict ?

Gros coup de cœur !
Pour la thématique, pour l’écriture, et pour toutes les émotions ressenties…
Un excellent roman, qui en plus, m’a fait découvrir une maladie héréditaire, que je ne connaissais pas du tout, le syndrome d’Ehlers-Danlos.

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Extraits :
« L’enfant maori se retourna sous une pluie battante et aperçut le 4 x 4 Holden qui fonçait droit sur lui. L’innocence de ses huit ans se chargea soudain de panique ; celle qu’éprouvent les animaux traqués.
Le premier tir fit exploser le pare-brise d’une fourgonnette, à quelques centimètres de lui. Le petit garçon bondit en avant, jetant toutes ses forces dans une fuite désespérée. Le verre brisé taillada ses pieds nus, mais l’enfant ne sentit rien. Pas plus la douleur que le sang jaillissant de ses blessures. »

« Un trou minuscule apparut sur la surface glacée…
Des doigts en sortirent…
Puis une main, grattant, creusant fiévreusement…
Quelqu’un était enseveli sous la neige. Au prix de grands efforts, il parvint à dégager un bras et à exercer une traction désespérée pour se hisser dehors. »

« Les quatre silhouettes progressaient à présent à la lumière de leur torche dans la nuit australe. Plus pour ne pas mourir de froid que pour trouver un refuge auquel elles ne croyaient plus. La lenteur de leurs gestes attestait qu’ils étaient à bout de forces et d’oxygène, à demi gelé. Le vent glacial tentait d’arracher leurs mains gantées de la corde qui, seule, pouvait leur éviter l’errance à l’aveuglette dans des ténèbres quasi absolues. La glace s’accrochait aux cheveux, aux sourcils et aux barbes. Elle piquait les visages et gelait sur les lunettes de protection. Ils ressemblaient de plus en plus à des bonhommes de neige ambulants qui auraient récemment appris à marcher. »

« Les mains du vieil aveugle se mirent à trembler. Et ses lèvres eurent du mal à articuler ce qu’il voulait dire, comme si une force invisible tentait de l’en empêcher.
– Un Mal ancien a été libéré, docteur Murphy. Un Mal venu du fond des âges.
Le vent se leva soudain, créant un tourbillon de feuilles autour d’eux. Le chien du vieux Maori se mit à gémir et Abby en éprouva une crainte irrationnelle. »

 

Né avec le goût de construire des histoires, René Manzor a d’abord donné corps à cette envie au cinéma. Ses deux premiers films, Le Passage et 3615 Code Père Noël, le font remarquer par Steven Spielberg qui l’invite à Hollywood. Voilà le jeune Français lancé à Los Angeles, scénariste et réalisateur, ghost writer pour les grandes productions. Dans les années 2000, René Manzor quitte les États-Unis et renoue avec le cinéma français Dédales. En 2012, son premier roman, Les Âmes rivales, a révélé une plume au rythme vif et un univers mystérieux.

En cinq romans seulement, il s’est imposé comme une des références du thriller français. Pour Celui dont le nom n’est plus il a reçu le Prix Cognac du polar Francophone. Pour Apocryphe, le Prix Polar Les Petits Mots des Libraires. Et pour son dernier roman, À Vif, le Grand Prix Iris Noir Bruxelles 2021 et le Prix de l’Embouchure 2022.

Émotion, Drame, Noir, Suspense, Thriller

Requiem des ombres

de David Ruiz Martin
Poche – 12 mai 2022
Éditions : Taurnada

Hanté depuis l’enfance par la disparition de son frère, Donovan Lorrence, auteur à succès, revient sur les lieux du drame pour trouver des réponses et apaiser son âme. Aidé par une femme aux dons étranges, il tentera de ressusciter ses souvenirs. Mais déterrer le passé présente bien des dangers, car certaines blessures devraient parfois rester closes… au risque de vous entraîner dans l’abîme, là où le remords et la honte règnent en maîtres. Où le destin semble se jouer de vous. Et cette question, qui bousculera sa quête de vérité : peut-on aller à l’encontre de ce qui est déjà écrit ?

 

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C’est le second de David Ruiz Martin que je lis, et bêtement, je m’attendais à une lecture un peu identique. Huis clos psychologique à l’écriture directe et puissante comme dans son roman “Seule La haine”.
Et bien non !
Dans ce roman, la sensibilité et les émotions sont omniprésentes, malgré le fait que ce soit un « VRAI” thriller, sombre sur un fond de vengeance et teinté d’ésotérisme, obtenant ainsi plusieurs degrés de lectures.

Automne 1973.
Un brouillard très épais, rendant toute visibilité impossible dès quelques mètres, est resté suspendu au-dessus de Neuchâtel pendant près de neuf semaines…
C’est un soir de novembre, que Donovan Lorrence a été retrouvé blessé dans les bois et que son jeune frère Virgile, a disparu. Malgré les efforts déployés par la police, il n’a jamais été retrouvé…
Donovan reste persuadé que son frère a été enlevé, ou mieux, qu’il a fugué pour échaper à leur père violent, qui les maltraitait au quotidien, mais les années passent… et il n’a toujours aucune nouvelle de Virgile.

Après avoir vécu plusieurs années à Paris, la cinquantaine passée, Donovan décide de retourner en Suisse afin de régler la succession de son père récemment décédé. Entre temps, il est devenu un auteur “Banquable” qui profite d’une certaine notoriété, mais dernièrement en panne d’inspiration.

À son arrivée, il croise dans un bar, un ancien policier qui à l’époque s’était occupé de la disparition de son frère. Après une discussion un peu tendue, Donovan “plante” l’ex-flic en colère. Il refuse tous les arguments donnés par celui-ci sur la disparition de Virgile. Il décide d’aller dans sa maison familiale en espérant trouver une trace quelconque qui l’aiderait dans ses recherches…
Mais, en arrivant, la maison est en feu ! Malgré les efforts des pompiers, le feu détruit tout, et ne sera circonscrit qu’au bout de plusieurs heures. Donovan décide d’enquêter pour essayer de comprendre ce qui a bien pu arriver…
Dès lors, les menaces à son encontre commencent…

Et puis, il y a sa rencontre avec Iris, une jeune fille à l’air perdu, perturbée peut-être, qui va changer radicalement l’axe à ses recherches.
Mais qui est donc Iris ?
Amie, ennemie ?
Dans tous cas, la mort rode autour d’elle au quotidien…

Un très bon thriller ésotérique, plein de surprises et de rebondissements, le héros n’est pas vraiment sympathique, mais qu’importe, il veut la vérité et c’est bien compréhensible. L’intervention d’Iris est très originale et donne au fil rouge du récit une autre vision. David maîtrise parfaitement son sujet !

Je ne serai pas surpris qu’on entende parler de David Ruiz Martin de plus en plus régulièrement… “Requiem des ombres”, un roman que je vous conseille vivement !

Merci aux éditions Taurnada pour ce beau cadeau.

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Extraits :

« La brume est dense, poisseuse. Si palpable que je parviens à la sentir du bout de mes doigts engourdis. Elle m’enveloppe de ses bras monstrueux. M’empêche tout mouvement. Me garrotte et me rend aveugle. Un mur de vapeur froide me maintient hors du temps. Masse imperceptible où il est vain de me débattre. J’éprouve de la peur. Ainsi que cette folie contagieuse, en embuscade. Elle se faufile comme une mélodie exaspérante qu’il faut donne encore et encore. »

« Je me mis à revivre les jours précédant le drame. L’année de la grande brume, période cauchemardesque qui avait duré près de neuf semaines et que tous avaient fini par nommer ainsi. Dans toute la région, autour du lac dans ses hauteurs, un brouillard épais était apparu un matin. J’avais cru au départ à un événement naturel ; il était banal, durant les dernières semaines d’automne, d’observer une brume matinale se former lorsque l’air froid était emprisonné par de l’air chaud. Mais ce brouillard-là semblait différent des précédents ; habituellement cantonnée au pied des montagnes, elle s’était invitée jusqu’au sommet de Chaumont, après mille deux cents mètres d’altitude, avait recouvert toute la région est fait de nous ses prisonniers. Elle était épaisse, poisseuse et semblait l’œuvre du diable. »

« Iris ôta manteau et chapeau, les suspendit à une branche et demeura sans bouger quelques secondes. Elle était habillée comme la veille : longue robe blanche et étincelante, ondulant sur son corps et dissimulant ses pieds. Ses cheveux étaient parfaitement lissés. Iris s’écarta et s’approcha du bord du lac, face à moi, les mains toujours dissimulées dans des gants blancs. Elle semblait observer quelque chose au fond de l’eau. Le ciel gris sombre se reflétait dans le lac, tandis que son corps, d’un blanc éblouissant, contrastait au milieu de ces eaux limpide, ses ombres tranquilles qui ne semblaient nullement l’impressionner. »

« La période qui a suivi “l’absence” de Virgile reste un moment étrange. Je vivais avec le sentiment d’être de trop, comme si disparaître avec lui était mon seul espoir de sortir du tunnel.
Et s’il était mort, je l’étais aussi. Car je ne vivais plus vraiment. Je ne ressentais plus aucune émotion, plus aucune sensation. Tel un zombie errant au milieu d’inconnus qui me parlaient et cherchaient à me tirer à eux… ces êtres étranges qui ne ressemblaient plus à rien. »

« Dieu ? Il n’existe pas ! fulminai-je. Ou au mieux, c’est un incapable ! Sinon, il ne laisserai jamais des enfants sauter sur des mines en Afrique ou d’autres se faire embarquer à travers le monde dans des trafics d’êtres humains ! Dieu, c’est une idée inscrite dans les chairs, une information involontairement transmise par le génome humain, comme un legs absurde et sans fondement basé uniquement sur l’espoir, l’ignorance et la solitude ! Vous me parlez de Dieu comme s’il s’était présenté à vous un bon matin ! Moi, il ne m’a jamais aidé ! Pas même regardé ! »

 

 

David Ruiz Martin est né le 01.12.1978 à Madrid, Espagne. C’est à l’âge de quatre ans qu’il part vivre en Suisse.

Issu du domaine de la construction, et menuisier de formation, il n’a suivi aucun parcours littéraire.

Autodidacte et touche-à-tout, ce passionné de cinéma et de littérature débute, vers vingt ans, son parcours d’auteur, dans l’ombre et à l’insu de tous, avec quelques nouvelles qu’il garde pour lui encore à ce jour. Puis, durant près de dix ans, seule sa femme est mise dans la confidence de sa passion. C’est à l’âge de trente-deux ans qu’il se lance dans l’écriture de son premier roman, « Le syndrome du morveux », thriller autoédité, qui surprend son entourage, suivi d’un second, « Que les murs nous gardent », roman d’épouvante, l’année suivante. Fort d’un accueil enthousiaste, il prend plus de deux ans afin de peaufiner un troisième, « Je suis un des leurs », une histoire le tenant particulièrement à cœur depuis de nombreuses années, prenant au dépourvu ses lecteurs tout en se dévoilant davantage, en leur offrant un roman personnel et qui colle à ses racines.

Depuis le succès de son premier roman, David Ruiz Martin se laisse du temps afin de mettre sur papier les histoires qui germent dans son esprit.

Émotion, Noir, Thriller

Les voix meurtries

de Cécile Pellault
Broché – 6 juin 2019
Éditeur : Les Éditions du Loir

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Quand LiNa, star de la pop américaine, qui a perdu sa voix, rencontre Nicolas, un Français expatrié en Floride et papa d’un petit Jay, cela aurait pu être le happy end de leur histoire. Pourtant, ce sera seulement le début d’une course contre la montre avec les ennuis : la réapparition de la femme de Nicolas, Cassandra et de son amant violent, les ambitions insatiables du producteur de LiNa qui ne souffrent aucune réponse négative de la star. La disparition de Jay, la violence du milieu de LiNa ne feront que les faire sombrer un peu plus. Auront-ils la force de tout surmonter, de puiser la force dans leur relation ou les blessures, la prison, l’alcool, l’enlèvement du petit garçon seront-ils fatales à l’image d’une plage de Floride à laquelle ils tentent de s’accrocher? Dans cette histoire haletante, nous suivons le destin contrarié d’une voix qui ne veut plus chanter, d’un père qui a peur de ne pas en être un, d’un enfant confronté à la cruauté et à l’inconstance du monde des adultes, et, celui de tout leur entourage qui va leur tendre la main comme leur enfoncer la tête dans un océan de douleur.

 

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Bonjour à toutes et à tous,

Après “Le brouillard d’une vie” (que je vous recommande), je retrouve avec plaisir Cécile Pellault dans un autre registre. J’ai reconnu dans ce “drame” la sensibilité de son écriture. C’est un beau récit, intense et riche en émotions, mais dur aussi. Un drame romantique sur fond de road trip, où l’amour et la haine se nichent entre chaque ligne…

LiNa est totalement perdue…
Star de la pop américaine, elle vit la pire chose qu’une chanteuse puisse vivre. Elle a perdu sa voix, suite à un enchainement d’excès.
Le hasard va la faire rencontrer Nicolas et son fils Jay. À deux, et à trois, pourquoi pas, ils forment la famille qu’elle n’a jamais connue. À partir de ce jour, tout va être bouleversé dans sa vie.

Dans ce roman noir, on ne s’ennuie pas une seconde, une écriture rythmée et aucun temps mort à travers les États-Unis. d’abord la Floride puis l’Alabama et la Louisiane, alors que le malheur semble suivre en permanence Lilly, Nicolas et Jay. Cécile nous raconte la vie de deux êtres marquée qui souhaitent une vie rangée sans strass ni paillettes.

Nicolas vit des évènements compliqués, Jay qui disparait, LiNa qui n’en peut plus de vivre sa vie. Ils vont devoir s’aider mutuellement dans une histoire mouvementée où rien ne se déroule comme cela devrait l’être.

Les personnages héros du roman sont très captivants, ils m’ont beaucoup touché.

“Les voix meurtries”, est un roman noir et lumineux à la fois, qui fonctionne très bien et que je vous recommande !

Le succès se paye au prix fort, mais la force de “sentiments purs” peut faire bien des miracles…

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Extrait :

« Rosa regardait droit devant elle, les phares qui venaient des voitures en sens inverse sur l’I10 la faisaient à peine battre des paupières. Elle était à Haïti avec son bébé, rongée par la culpabilité. Lilly songeait à l’arrivée de Jay dans sa vie et se rendait compte à quelle point l’arrivée d’un enfant était autant le plus grand des bonheurs comme la plus grande des anxiété. On se sentait irrémédiablement responsable de tout ce qui pouvait bien lui arriver de la plus petite égratignure comme à la plus grande des fatalités. Même si Rosamunde protestait, malheureusement une maladie, un accident aurait pu arriver partout chez eux comme en voyage. Malgré les tentatives de Lilly pour la dédouaner, cela ne changerait en rien au ressenti de Rosamunde. Lilly comprenait parfaitement, elle-même, se rongeait les sangs sur sa propre part de responsabilité dans ce qui arrivait à Jay. La réapparition de sa mère et de son père naturel ne pouvait être imputable qu’à la malédiction de sa propre notoriété. »

 

 

Auteure Seine et Marnaise, et maman active, très impliquée dans le milieu associatif, Cécile Pellault, a signé en 2016 son troisième roman aux Editions Le Manuscrit, Le Brouillard d’une vie, un thriller familial, un roman d’une facture totalement différente de Serial Belle Fille en 2005 et On ne choisit pas sa famille en 2007 qui exploraient le ressort comique et satirique des relations familiales. Le prix du rendez-vous littéraire lui a été décerné pour ce premier roman noir lors du salon 2016 de Moret sur Loing.
Elle est également auteure de nouvelles, dont Désespoir Fraternel publié aux Editions Souffle court, et de poésies, dont le secret des curieuses par le Musée du Luxembourg pour une exposition sur le peintre Fragonard et Le grésillement de la radio publié dans le numéro 12 de La Revue méninge.
Son deuxième thriller « Les voix meurtries », subtil et haletant, est sorti le 6 juin 2019 aux Éditions du Loir. Elle y aborde une nouvelle fois ses thèmes de prédilection : le voyage, l’exil, les liens familiaux subis ou choisis. « Les voix meurtries » est son quatrième roman.

Noir, Polar, Thriller

Black Coffee

de Sophie Loubière (Auteur)
Broché – 14 février 2013
Éditeur : Fleuve éditions

Juillet 1966. Dans la petite ville perdue de Narcissa, Oklahoma, une maison isolée en bordure de la mythique route 66 est la cible d’un tueur sanguinaire. Une femme enceinte et une fillette sont assassinées, une mère et son fils Desmond grièvement blessés. Le jeune garçon va grandir à l’ombre de ce dossier jamais élucidé par la police, hanté par la figure du tueur, sous le regard d’une mère psychologiquement détruite et à des milliers de kilomètres d’un père absent le jour du drame, et qui n’a eu de cesse de raviver la culpabilité de son fils. Si seulement tu n’avais pas attaché le chien… 2011. Devenu journaliste puis professeur de criminologie à l’université, Desmond G. Blur décide de quitter Chicago pour s’installer en Arizona dans la maison de son père décédé. Une ultime tentative du fils pour se rapprocher de son père et s’en faire pardonner, sans savoir que celui-ci, d’outre-tombe, l’a peut-être mis sur la voie de la réconciliation avec leur passé. Car l’arrivée dans le secteur d’une femme vient bientôt réveiller les démons passés de Desmond : Lola, une femme au comportement étrange qui voyage seule avec ses deux enfants, visitant des villes fantômes. Une Française dont Desmond découvre vite que, sous couvert de jouer les touristes, elle recherche son mari littéralement volatilisé trois ans plus tôt sur la route 66. Ce dernier lui aurait fait parvenir un cahier, seul indice de la piste à suivre. Un cahier contenant un récit qui, s’il n’est pas l’œuvre d’un mythomane, est la preuve de l’existence d’un des plus ahurissant criminel que l’histoire des Etats-Unis ait connu… et dont le chemin sanglant traversait déjà la petite ville de Narcissa en Oklahoma l’été 1966.

 

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Bonjour à toutes et à tous.

Bienvenus sur la “Mother Road” !
4 000 km entre Chicago et Los Angeles.
La mythique Route 66, ses motels, ses stations services, son désert et ses bikers…

Sophie nous entraine dans un road-movie étouffant, sur la célèbre route, semée d’embûches, la mort ne cesse d’y rôder. La chaleur, des déserts à pertes de vue…

Suspense, péripéties, de nombreux rebondissements, rien ne manque dans ce roman. Cette route, je ne l’ai pas lâché, je l’ai suivit sur plusieurs générations. Malgré certaines longueurs qui peuvent se justifier par le climat et le sujet, j’ai aimé l’écriture fluide et le dynamisme des chapitres courts.

La route 66 était fière de ses Diner’s, de ses stations-services, de son asphalte lisse et roulant, mais qu’en est-il aujourd’hui ?

Un tueur en série sévit régulièrement depuis plusieurs années.
Je me demandais, à quel moment sa cavale de plus de 40 ans, parsemée de cadavres, prendrait-elle fin.
Pas une minute de répit… Plus j’avançais dans ma lecture, plus les mailles se resserraient, mais… Je ne dévoilerai rien !
Un récit habilement mené, à la progression maîtrisée. Les personnages sont bien fouillés, à commencer par l’héroïne, Lola, une jeune femme, échappant à tous les clichés.

Sophie frappe fort et juste, elle est parvenue à me tenir en haleine tout au long de son récit. C’est le premier roman que je lis d’elle et sûrement pas le dernier.
Une suite est parue : “White Coffee”.

Vous voulez en savoir un peu plus sur Black coffee ?
Voici le site de Sophie. Il est bourré d’anecdotes sur la fabrication du roman, le voyage, les repérages sur place, etc.

Alors, vous me suivez ?
https://blackcoffee66.blogspot.com/?fbclid=IwAR0kdXK0QxKJUojZsYfeUh_X5Cr75U63O62E_31ix55RGogOslKtJv9-Y34

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Extrait :

« Ce récit n’est pas une fable. Depuis deux jours, nous accumulons des preuves. Si les crimes sont réels, alors le tueur l’est aussi, non ? Desmond se rapprocha. Le corps de Lola s’obstinait à épouser les formes du canapé, marquant la cambrure du dos. Seules les pointes de ses pieds étaient en contact avec le sol. Dans l’exaspération, Lola devenait plus attirante encore. Il enveloppa de ses doigts la main qui tenait le verre.
– Vous ne devriez pas, dit-il.
Face à face, dans cette même immobilité, chacun butait contre un obstacle, à la limite de ses convictions. L’alcool donnait à leurs lèvres de légers arômes de tabac et de miel.
– Le tueur n’est pas votre père, murmura-t-elle.
Le parfum de Lola qui montait vers lui était une caresse douloureuse.
Sa mâchoire se crispa, il ferma les yeux pour garder le contrôle. »

 

 

Journaliste et romancière, Sophie Loubière s’est longtemps partagée entre le micro (France Inter, France Info) et la plume. Auteur d’une dizaine de romans et de nouvelles policières, elle publie son premier polar dans la collection Le Poulpe en 1999. De Paris à San Francisco (« Dans l’œil noir du corbeau »), des forêts lorraines à la route 66 (« Black coffee » et « White Coffee »), elle plonge le lecteur dans un trouble profond. En 2011, le succès de « L’enfant aux cailloux » lui vaut une reconnaissance internationale. Traduit en langue anglaise, le livre remporte plusieurs prix littéraires. En 2015, elle aborde l’Histoire avec « A la mesure de nos silences » (Fleuve Editions), un hymne à la vie, entre ombre et lumière, inspiré d’un fait réel de la seconde Guerre Mondiale. « Cinq cartes brûlées » (Fleuve Noir), confirme l’intérêt de Sophie Loubière pour le fait divers, révélateur des carences et névroses de notre société.