de Nathan Devers
Poche – Grand livre, 10 janvier 2024
Éditions : Le Livre de Poche

Il fallait la raconter, cette spirale. La spirale de ceux qui tournent en rond entre le virtuel et la réalité. Qui perdent pied à mesure que s’estompe la frontière entre les écrans et les choses, les mirages et le réel, le monde et les réseaux. Le cercle vicieux d’une génération qui se connecte à tout, excepté à la vie. N.D. L’Antimonde est le premier métavers qui réplique la planète Terre à l’identique. Ce monde artificiel offre à chaque utilisateur la possibilité d’avoir en ligne, via son avatar, une vie plus riche et plus folle. Julien Liberat, professeur de piano frustré, s’est, depuis la crise sanitaire, laissé submerger par les écrans. L’Antimonde lui ouvre la voie d’un grand destin. Un roman vertigineux sur la frontière entre réel et virtuel, une plongée irrésistible dans le « charme du néant ». C’est à la fois une tragédie, une satire sociale, un drame digital et psychologique, qui dénonce un monde tout proche, une aberration surgie de la Silicon Valley pour nourrir des âmes vides avec des pixels…
Captivant, terrifiant et burlesque. Le Figaro magazine.
Le premier bon roman sur le métavers. L’Express.
Choix Goncourt de l’Orient 2022.

Julien Libérat, a la trentaine. Il vit de petits boulots, celui de pianiste chichement rémunéré d’un petit bar et il est aussi professeur particulier de piano. Largué par sa petite amie, et faute de moyens suffisants, il quitte Paris et se retrouve seul dans un studio paumé à Rungis. Il tourne en rond… Le temps lui paraît long, bien trop long. Un jour, il tombe sur une publicité sur l’Antimonde, un monde parallèle, un métavers imaginé par Adrien Sterner, dans lequel Julien va s’engouffrer. Il se créé un avatar “Vangel”, qui va lui permettre de vivre des aventures extraordinaires dans ce nouvel univers. Il va gagner de l’argent, beaucoup d’argent, il va rencontrer et devenir un proche de “la réplique” de Serge Gainsbourg, et enfin devenir “quelqu’un” de reconnu !
Mais sa nouvelle vie est-elle aussi belle qu’il le pense ? Qu’en est-il de julien, qui reste lui enfermé entre ses quatre murs à Rungis ?
Nathan Devers, jeune auteur, se prête habilement à la création d’un nouveau monde. Un monde parfait puisqu’il est le reflet de la volonté des personnes qui y circulent. Quoi de plus beau, de plus magique ? Mais n’y a-t-il pas danger lorsque les gens se mettent à confondre monde réel et monde virtuel ?
Un roman qui m’a interpellé, que j’ai trouvé non seulement bien écrit, sans temps mort et réussi. Avec beaucoup d’imagination, d’humour aussi, l’auteur nous propose un récit qui débouche sur de nombreuses questions existentielles contemporaines et de plus en plus d’actualité, exposant plusieurs facettes des dangers des mondes numériques.
Immersif et agréable à lire, au fur et à mesure de ma lecture, j’ai senti comme un malaise grandissant. Finalement, ce roman n’est pas loin de la réalité de toutes ces personnes qui actuellement sont devant leur écran sur des jeux, en réseau, et ce pendant des heures et des heures…
Une bonne réflexion sur l’addiction et la déconnexion de notre réalité vers de “nouveaux univers”…
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Extraits :
« Je cherche une autre vie et des songes réels,
Un mirage charnel, un semblant authentique
Et des apparitions qui m’ouvriraient les yeux.
Je veux qu’un autre monde éclipse enfin le nôtre.
Amis ou ennemis sans jamais nous connaître,
Nous serons tous, là-bas, reliés autrement.
Il nous faut effacer la présence des choses,
Construire un univers plus léger que l’extase
Où nous naviguerons dans un réseau d’images.
Nous aurons sublimé les abîmes de l’homme,
Ces deux sombres fléaux : le silence et l’ennui,
Qui rythment nos espoirs, béances réciproques. »
« Le 7 novembre 2022, un nouveau compte fit son apparition sur Facebook, au nom de “Julien Libérat bis”. Comme on pouvait s’y attendre, cet événement suscita la plus parfaite indifférence. Mais Julien Libérat ne perdit pas de temps. En guise de première publication, il divulgua une capture d’écran : un carré noir où figurait un texte. Les phrases étaient sobres et les lettres violettes. Le lendemain, lisait-on, il se filmerait en direct pour effectuer un “geste symbolique”. »
« Il pleuvait donc, et la vie pleut, elle aussi. Elle a capitulé avant de commencer. Sa trajectoire est sourde, son mouvement ne lui appartient pas. Elle ne part de nulle part et finit exactement au point de son commencement, sauf qu’elle a, entre-temps, perdu toute sa hauteur. Entraînée par son propre poids, elle n’est rien d’autre qu’une vitesse têtue précipitée vers le rien. Le pire étant qu’elle ne peut pas décider du voyage qu’elle va parcourir : tout est écrit d’avance, il faut s’en remettre au vent, aux forces environnantes et aux puissances hostiles. La goutte tombe raide, sans dévier un seul instant de sa ligne, sans se permettre de danser, de s’enfuir, d’être libre. Elle diminue, elle descend, mais ne se déplace pas. Le temps passe et la défaite augmente. Alors le cap disparaît totalement, c’est la grande culbute. »
Nathan Devers est né en 1997. Normalien et agrégé de philosophie, il a publié l’essai Espace fumeur (Grasset, 2021) et deux romans : Ciel et terre (Flammarion, 2020), Prix du Cercle interallié du premier roman, et Les liens artificiels (Albin Michel, 2022) qui a connu un grand succès. Avec Penser contre soi-même, il signe son deuxième essai.
Proche de Bernard-Henri Lévy, il édite la revue La Règle du jeu.
Depuis 2021, il est intervient régulièrement sur la chaîne Cnews et, plus particulièrement, dans l’émission L’Heure des pros, animée par Pascal Praud.


























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