de Francis Denis
Broché – 1 avril 2020
Éditions : La Route de la Soie Éditions

Comment résumer les écrits de Francis Denis ?
Comment narrer les vies de ses personnages ? Nous faut-il une musique ? Une couleur ? Une odeur ?
C’est Alain Cadéo qui en parle le mieux.
Il écrit « Préfacer, postfacer, nous préférons passer, glisser, nous “effacer”, comme les personnages si attachants et tristement oubliés de Francis Denis. Rêveurs et acharnés, pitoyables démons venant gratter les portes de nos cerveaux-greniers. Tant de tendresse inaboutie ! Combien de crimes n’avons-nous pas commis au nom d’impossibles amours ? Combien de rêves avons-nous faits brouillant les cartes du réel ? Vagabonds de l’esprit ? »

Préfacé par notre regretté, Alain Cadéo, je termine à l’instant, jardin(s), un roman de Francis Denis, que je découvre…
Une lecture agréable qui nous raconte la vie de René, avec un peu humour parfois. Un homme un peu perdu, un homme qui se cherche. Il a besoin d’être reconnu, aimé, ou peut-être tout simplement qu’on le remarque…
Alors il a une idée, une belle idée même et ça marche, petit à petit les voisins lui parlent, lui rendent visite, il est enfin heureux. Mais la vie ne fait pas de cadeau, jamais…
Survient alors “LE dérapage” qui pourrait remettre sa nouvelle vie en question.
Je continue tranquillement ma lecture et “surprise”, un autre texte plus court La femme trouée, suit le premier roman, et là…
Je suis resté bouche bée !
On change de registre. Cette fois-ci, c’est une femme ou plutôt deux femmes qui sont nos héroïnes. Marguerite et Marthe.
Marguerite est la fille de Marthe, elle ne veut pas grandir pour ne pas souffrir. Elle sait que la vie des adultes est compliquée, sans répit. Elle ne veut pas abandonner ses poupées et une certaine insouciance, mais Marguerite à cinquante-trois ans, Marthe est très inquiète…
Cette seconde histoire bouleversante, je pèse mes mots, je ne l’ai pas vue arriver du tout !
La première m’avait titillée, la seconde m’a subjuguée !
Beaucoup d’émotions et une maîtrise toute particulière de ce que nous sommes et de ce que nous voulons être. Des hommes, des femmes essayant de vivre, voire de survivre, dans un monde où les rapports humains et les sentiments tendent à disparaître…
Cinquante-trois pages qui m’ont complètement retourné la tête.
Mais qui donc est Francis Denis, pourquoi n’est-il pas plus connu ?
Francis Denis est né le 30 janvier 1954 à Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais, il n’en est pas à son premier ouvrage, d’ailleurs, il écrit aussi des poésies, mais c’est surtout par la peinture qu’il s’est fait connaître et comme il le dit très bien lui-même : « Je ne peins pas pour faire beau, mais pour faire vrai. »
Je vous invite à aller sur divers sites et à découvrir ses différentes toiles.
Et plus encore si vous êtes curieux, ce premier livre coche pour moi de nombreuses cases.
C’est une très belle surprise qui m’a donné envie de suivre ce “nouvel” auteur, qui en quelques lignes seulement a su parler à mon cœur…
Je pense que Francis est un artiste, un vrai, dans tous les sens du terme, tout simplement…
÷÷÷÷÷÷÷
Extraits :
« Nous habitons rue des Galets, dans un quartier relativement calme bien qu’il ne soit pas résidentiel.
Les maisons sont toutes mitoyennes, mais l’ensemble ne ressemble heureusement pas à cet alignement de façades toutes identiques que l’on peut trouver dans les corons, ce qui y rend sans doute la vie bien monotone. »
« Il fallait s’y attendre. La police a débarqué chez moi ce matin.
Ils ont épluché les factures, vérifié les dates de chaque intervention, m’ont interrogé longuement sur l’état de santé morale et psychique de Théodore. Ils ont inspecté de fond en comble le jardin et n’ont rien trouvé.
Qui pourrait penser un instant qu’un cadavre puisse reposer à plusieurs mètres de profondeur sous les rires de quelques enfants jouant dans une minuscule pataugeoire ? »
« Marthe se demande si Marguerite est également en mesure de replonger dans ses souvenirs, tout au moins ceux qui auraient pu la rendre heureuse pour le reste de son existence.
Les souvenirs, ça se cultive. Comme les légumes dans le potager, il faut en prendre soin, leur parler, apaiser leur soif, leur murmurer des mots gentils ou encore chantonner tout en remuant la terre tout autour pour qu’ils puissent respirer et s’épanouir en toute tranquillité. »
« Marguerite repose le stylo sur le cahier aux pages couvertes d’écritures. Elle aurait pu se servir de l’ordinateur, mais elle préfère laisser couler l’encre sur le papier.
Elle se sent apaisée et observe le paysage avec émotion à travers la baie vitrée.
Au loin, des navires sillonnent la page grise de l’océan…
Pour elle, ce sont autant de bouteilles à la mer, de messages d’espoir, d’appels à l’aide, autant de mots en partance abandonnés au bon vouloir des vents et des courants. »
Francis Denis est né en 1954. Auteur et artiste peintre autodidacte, il réside à Longuenesse, dans le Pas-de-Calais, près de Saint-Omer, en France. Il a été éducateur de 1973 à 2014. Il fut le co-fondateur de la revue poétique Lieux-d’Être avec le poète Régis LOUCHAËRT puis co-organisateur du festival d’art sacré contemporain « Les Regardeurs de Lumière » en la cathédrale de Saint-Omer de 2008 à 2013.
La Route de la Soie – Éditions est une maison indépendante dont le but est de faire émerger des passerelles d’humanités, des résistances poétiques.







































Vous devez être connecté pour poster un commentaire.