Adolescence, Émotion, Poésie

Dans tes yeux

de Yves Giombini
Broché – 7 mai 2023
Éditeur : Des livres et du Rêve

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Trente ans après s’être perdus de vue à la fin de l’école primaire, Agnès et Rémi se retrouvent à Grasse à l’occasion d’une réunion d’anciens élèves. Leur amitié amoureuse d’alors les submerge : toutes ces années d’absence et de silence se volatilisent instantanément. Ils faussent compagnie au groupe pour plonger dans les arcanes secrets du Musée International de la Parfumerie. S’émancipant du temps et de l’espace, ils réinventent les aventures citadines et stellaires de leur enfance. Ce nouveau voyage a-t-il ses propres limites ? Ou bien n’a-t-il jamais existé que dans l’instantané du regard échangé au moment précis de leurs retrouvailles ?

« Là où l’infini de l’espace recoupe l’infini du temps, on trouve un endroit précis
à un moment donné ; j’y suis souvent. »
Grégoire Lacroix

 

• Couv_2023-070_Giombini Yves - Dans tes yeux

 

Sans même le savoir, j’attendais cette histoire depuis plusieurs années…

Voilà le genre de livre qui m’inspire, que je relirai à mes petits-enfants afin qu’eux aussi aillent s’envoler avec Yves Giombini dans des endroits où le temps n’est plus, là où TOUS les Arts se retrouvent et se mélangent, là où la Musique joue jusqu’à l’infini.

Je ne connaissais pas Yves avant de recevoir ce livre il y a quelques jours. Je suis allé sur sa page FaceBook et j’ai rencontré un homme, un poète, un amoureux de la peinture, de la sculpture, de la musique, du théâtre, de l’Histoire (la belle Histoire… pas celle où les hommes s’entretuent), des sciences aussi et ouvert à tellement d’autres choses… J’ai eu l’impression qu’il avait déjà vécu plusieurs vie…

Dès le commencement de ma lecture, j’ai su.
J’ai su que l’ouvrage que j’avais entre les mains allait me secouer, me toucher, j’ai su très vite que je risquais d’arriver en retard à mon travail… Tant pis, je resterai plus tard ce soir !
Bouleversant.
Comment tellement de poésie, de beauté, d’amour, de rencontres improbables, de voyages, dans l’espace, dans le temps, ont-ils pu entrer dans aussi peu de pages ?
J’ai eu un mal fou à sélectionner des extraits tellement chaque phrase a son importance.
Il y a de la magie dans l’écriture d’Yves. Ce moment a été pour moi comme une parenthèse hors du temps, hors de tout… J’ai fini ma lecture dans un square où des enfants jouaient avec leur nounou, leur maman, et je les ai trouvé beaux, j’ai vu des oiseaux voler dans le ciel en me tournant autour, une guêpe s’est même posé sur mon bras, je n’ai pas eu peur.

“Dans tes yeux” a agrandi mon horizon, a ouvert beaucoup de choses en moi.
Vous l’avez compris, c’est un énorme coup de cœur…

Un roman indispensable.
Merci Yves, j’ai hâte de lire d’autres livres…

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Extraits :

« Te souviens-tu ?
Oui, trente ans, c’est long, c’est loin. Tu m’avais emportée dans ta détermination farouche. Nous nous étions affranchis nos heures terriennes amarrées à l’uniformité des jours. Nous avions franchi les frontières du temps, l’un à l’autre enlacés.
Passagers de l’instant, nous voulions l’éternité.
Oui, je me souviens… »

« II leur était indifférent de chercher à élucider le mystère de leurs voyages extraordinaires. Le jardin, l’école, le mûrier, le ciel, l’étoile, la musique, ils en faisaient leur miel. Ils avaient vécu leur rêve, rêvé leur désir, et leurs chairs comblées frissonnaient encore de leurs jouissances partagées.
Au-dessus d’eux, chevauchant une ultime gazelle, Marie-Jeanne s’évapora dans les limbes de leur mémoire réincarnée.
Et le ciel s’éteignit. »

« L’endroit était frais malgré la chaleur de l’été. Il régnait un silence paisible veiné de lointains bruits de moteurs, des paresses d’avions croisant dans un ciel qui restait à imaginer.
C’est le lot des caves de fuir la lumière. Celle-ci avait gardé prisonnière toute la froidure de l’hiver, ses pluies glaciales et ses neiges, ses frimas et ses vents. Ceux qui s’y engouffraient forçant les passages, devenaient bises sitôt franchies les grilles des soupiraux aux vitres brisées. Des radiateurs à pétrole, dont l’amère odeur de fioul imprégnait l’atmosphère, avaient été répartis dans différents recoins pour conjurer autant que faire se pouvait les morsures du froid. Des ampoules électriques nues pendaient au plafond. Des lampes rétro en pied posées à même le sol ou sur des meubles hétéroclites de brocante, proposaient un éclairage scénographique à la limite de l’étrange. »

« Les hommes font la guerre, certains font l’amour, les enfants rient ou pleurent, ici, on naît, là, on meurt, ailleurs et partout, on mange, on boit, on crie, on rêve, on crève, on espère, on pleure, on se désespère, on apprend, on oublie, on jubile, on attend… La planète est belle vue d’en haut, presque irréelle. Devant tant de beauté, on n’imagine pas le malheur. On ne le voit pas. Et parce qu’on ne le voit pas, il n’existe pas. » 

 

 

Niçois d’origine, Grassois d’adoption, enseignant et conseiller pédagogique à la retraite, Yves Giombini est un citoyen de la Terre et d’ailleurs, ses voyages ne sont pas uniquement géographiques ; ils se font aussi depuis toujours dans la compagnie des mots, passeports universels des émotions, via l’écriture dans plusieurs genres littéraires : romans, nouvelles, récits, poésies… ; mais aussi le théâtre, comme comédien, formateur, metteur en scène au Théâtre de La Nuit Blanche à Grasse, dont il est le président depuis 15 ans ; et la chanson : ses textes sont mis en musique par Patrick Massabo, et interprétés par le groupe Les Variants Deluxe, au style pop-rock. Parrain de la 2ème Nuit des Ecrivains (décembre 2018) sur Radio Agora Côte d’Azur, il anime régulièrement des ateliers d’écriture dans les librairies et les établissements scolaires, et des ateliers de lecture dans les écoles, les collèges, et avec le groupe des Poémiens de Châteauneuf (06).

Émotion, Drame, Fantastique, Folie, Noir, Nouvelles, Poésie, Polar, Suspense

SEPT

Les padawans de René Manzor
de Alys Réal, Alba Ombieri, Élodie Fabre, Isabelle Weber,
Olivier Martial, Louise Calvi-Lotito, Stéphanie Baudron-Cosson

Broché – 1 juillet 2023
Éditeur : Des livres et du Rêve

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Il y a trois ans, quand le covid frappe et que les tournages s’arrêtent, le réalisateur, scénariste et romancier, René Manzor, a une idée folle : donner vie à ce prof d’écriture qu’il cherchait désespérément étant môme, quelqu’un qui vous apprendrait les secrets de l’écriture comme un prof de guitare vous montre les accords.
Grâce à son « coaching », des débutants de tous âges donnent vie à leur histoire.
SEPT d’entre elles sont publiées dans ce recueil.
Elles révèlent SEPT nouveaux talents…

 

• Couv_2023-066_Collectif - René Manzor présente SEPT

 

La sortie du jour dans toutes les bonnes librairies !

Pas facile d’emporter ses lecteurs avec des nouvelles. Il faut être concis, pointu, mais il faut aussi trouver le petit plus qui fera la différence qui nous embarquera quel que soit le choix de l’auteur.
La puissance des mots, la beauté du texte, la volonté de magie, le suspense, la violence, et plus encore.

Un exercice difficile, et pourtant…

Avec ce recueil, René Manzor grâce à ses conseils auprès de ses SEPT recrues réussit pour moi un véritable tour de force… Il y a de la passion, de l’envie, des drames, des meurtres, de l’amour aussi. Je suis passé du sourire aux larmes, et vice-versa. Dieu que c’est bon de savoir qu’il existe encore tant de choses à écrire, tant d’histoires à découvrir…

Mais finalement, qu’est-ce qu’un(e) auteur(e) ?
N’est-il pas le conteur d’autrefois qui nous émerveillait et faisait briller les yeux des enfants ?
Alors, en toute honnêteté, je vous conseille d’entrer dans le monde de ces SEPT “nouveaux” auteurs, qui pour une première tentative, frappent très fort, et dont je suis persuadé que l’on entendra parler de certains d’entre eux très bientôt. TROIS de ces nouvelles, dont je tairai le nom, sont pour moi de gros coups de cœur…
Sauriez-vous deviner lesquelles ?

Merci à Réné pour cette superbe idée.
Merci à Angie Lollia des Éditions Des livres et du Rêve, pour l’impression et la diffusion de ce livre, pour lequel j’ai eu la chance de réaliser la couverture.

C’est pour genre de récits que je continuerai à lire tant que je le pourrai…
C’est magnifique, beau et touchant à la fois.

Un beau cadeau à offrir et à s’offrir…
Pour chaque achat de ce livre, 1€ sera versé aux Apprentis d’Auteuil.

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Extraits :

Stéphanie Baudron-Cosson – Embrasez-vous !
« Les pompiers étaient arrivés juste après pour éteindre l’incendie et constater le décès de la femme de Paul.
L’enquête avait été classée sans suite, faute de preuves. Reste que les gendarmes de Saint-Mars avaient retrouvé un briquet carbonisé dans la chambre des enfants… »

Élodie FabreMaman
« Tout son corps n’était que douleur. Encore. C’était épuisant. Le supplice de l’accouchement, Rose s’y était préparée, ces quelques heures d’une torture bien réelle. Mais qu’en était-il de la suite ? Personne n’évoquait le sujet. Comme si tout s’arrêtait, lorsque les ciseaux embrassaient le cordon. Et pourtant, la souffrance perdurait, bien au-delà, vicieuse, pernicieuse, et pas le moins du monde discrète. Rose la traînait comme un boulet dès qu’elle se levait, dès qu’elle s’asseyait, dès qu’elle bougeait, en somme. »

Isabelle Weber – Emprise
« – Il va avoir besoin de nous, Hélene.
– Oui ! De nous ensemble, pas l’un contre l’autre.
Ils se dévisagèrent intensément, comme deux ennemis se rappelant qu’ils avaient été alliés, deux parents à la dérive, convaincus que tout était encore possible pour sauver ce qu’ils avaient de plus précieux en commun : leur enfant. »

Alba Ombieri – Valentin, 1916
« Je m’accrochai à cette photographie, imaginant que ces gens étaient mes proches. Je scrutai le doux visage de cette mère jusqu’à ce que les yeux me brûlent. Cela me fit presque oublier la douleur d’être vivant. Je glissai alors le cliché dans ma poche, décidant d’emmener avec moi ce qui me manquait le plus : une famille qui m’aimait. »

Olivier Martial – 74 après R.A
« – Mais si, c’est toi qui choisis, protestait ma mère. Et tu peux lire autant de livres que tu souhaites sans nous encombrer.
– Non ! C’est différent. Un livre, ce n’est pas que ce contenu. C’est aussi un objet avec lequel j’ai voyagé, qui m’a accompagné dans des moments difficiles ou joyeux. Ce sont des pages écornées, abîmées, avec des notes sur le côté… Et parfois, ce sont des cadeaux de gens que l’on aime. »

Alys RéalEntre chienne et louve
« C’était un soir d’octobre, une de ces belles fins de journée ensoleillées où l’on sentait que l’automne pointait le bout de son nez. Les couleurs étaient éclatantes et une légère brume guettait un petit coin de campagne de l’Heure, aux portes de la Normandie. La nuit patientait encore un peu pour laisser la place à cette heure que l’on nomme magique. Ce moment, où il fait trop sombre pour différencier un chien d’un loup- rappelait aux promeneurs qu’on apprivoisait durablement, personne. »

Louise Calvi-Lotito – La Vespa rouge
« Je me revois, en ce jour, si particulier de 1955, tremblant de la tête aux pieds, devant ma machine, dans l’attente de la sanction définitive du directeur : mon renvoi, après seulement une journée de travail. Il m’avait appelé. Nous avions parlé. Enfin… si je suis honnête, j’avais surtout écouté. La conversation est restée gravée dans ma mémoire. Le plus incroyable est que je n’ai pas été congédié. Il a décidé de me donner ma chance. Cela arrivait encore, dans ces années-là. Pas sur la chaîne de montage des Vespa, non, mais dans l’équipe de designers de l’entreprise. On m’a installé à l’étage, dans un grand atelier où travaillaient des personnes sorties d’écoles prestigieuses. J’ai eu deux mois. Deux mois pour montrer que mon geste n’était pas seulement celui, irréfléchi, d’un gamin. Deux mois pour faire mes preuves, ou repartir de zéro, ailleurs. »

Émotion, Drame, Histoire vraie, Poésie

Les parapluies d’Erik Satie

de Stéphanie Kalfon
Poche – 11 octobre 2018
Éditions : Folio

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“La folie n’est pas du côté de l’extravagance, elle est du côté de la normalité. Les gens seuls, les déviants, les étranges, les bizarres, ne sont que la doublure honnête des photocopies carbone qui représentent la masse des vivants. Ceux qui marchent sur la tête, les vrais fous, sont ceux qui n’ont jamais besoin d’air.” Le génie ou l’imposture, telle est l’ambiguïté qui a condamné Satie à la solitude. Désireux de ne jamais dévoiler ses fragilités, le compositeur a caché toute sa vie la tristesse qui le dévorait. Dans un texte aussi habité que fantaisiste, Stéphanie Kalfon la laisse résonner.

 

• Couv_2023-055_Kalfon Stéphanie - Les parapluies d'Erik Satie

 

Je connaissais Erik Satie, le musicien hors norme, mais je ne connaissais pas l’homme.

Stéphanie Kalfon, lui offre un superbe hommage et me permet de découvrir l’enfant qu’il était et l’homme qu’il voulait être. Aîné de sa famille, il a à peine quatre ans quand sa mère s’effondre après la mort subite de sa petite sœur encore bébé. La perte de sa maman sera un coup dur pour Erik en pleine construction. Il est intelligent, mais ne se mêle jamais aux autres, qu’ils soient, enfants ou adultes, il reste un solitaire. Il observe le rythme de la vie des gens. Très vite, il s’intéressera à la musique et il est doué pour ça. Son génie en la matière fera de lui un artiste précurseur, un visionnaire, musicien minimaliste et mélancolique, mais un incompris parmi les musiciens qui l’entourent.

Ce n’est pas une biographie, plutôt une fiction qui autorise dès lors Stéphanie à entrer dans la tête du musicien, à lui donner la parole et la vie, et quelle vie. Une vie où solitude, mélancolie et alcoolisme se ressentent à travers chaque phrase. Un homme perdu, dépressif presque toute sa vie, en avance sur son temps sûrement, qui brûle de créer sa musique, de la partager et de la faire entendre, mais le monde n’a pas le temps de s’arrêter, n’a pas le temps de l’écouter. Le nouveau monde va trop vite, il suit l’industrialisation de l’époque bruyante, masquant le tempo lent et intense de ses compositions, jusqu’à l’intérieur de son esprit de plus en plus fragile.

Artiste maudit et miséreux, Erik Satie était un homme libre qui refusa toutes concessions allant à l’encontre de la liberté.

Ma lecture accompagnée de sa musique, plus que présente dans mes playlists, m’a porté tout le long du récit au style fluide et puissant de l’auteure, elle porte gracieusement l’histoire par ses mots choisis, étonnants parfois, poétiques souvent, mais aussi par de nombreuses citations du compositeur… Stéphanie ouvre la porte d’un univers sombre et étouffant qui m’a paru vraiment en adéquation avec le personnage qu’il fût.

Un livre fort et prenant, qui fera découvrir le génie de Satie pour certains, l’homme incompris qu’il était pour les autres. Un roman qui a sa place dans toutes les belles bibliothèques !

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Extraits :

« On n’envie jamais les gens tristes. On les remarque. On s’assied loin, ravi de mesurer les kilomètres d’immunité qui nous tiennent à l’abri les uns des autres. Les gens tristes sourient souvent, possible oui, possible. Ils portent en eux une musique inutile. Et leur silence. Vous frôle comme un rire qui s’éloigne. Les gens tristes passent. Pudiques. S’en vont, reviennent. Ils se forcent à sortir, discrets faiseurs d’été… Partout, c’est l’hiver. Ils ne s’apitoient pas : ils s’absentent. Ils disparaissent poliment de la vue. »

« Il y a une couleur Satie. Le gris. Et un mystère Satie : sa chambre finale, à Arcueil, rue Cauchy. Un lieu apocalyptique, comme l’envers de sa vie. Un lieu pour soi, à soi, qui nous dit l’état de son âme. Et qui a fait sa légende. Lorsque ses amis ont ouvert la porte de cette chambre, le jour de sa mort, ils ne s’en sont pas remis. Ils ont manqué d’air. »

« Il sourit lointain, on ne sait pas ce qu’il pense, pire, on le devine bien trop… L’élève Satie crée un malaise : jadis, il fut un enfant impressionnable, à dix-sept ans, il est devenu un adolescent impressionnant. Sa timidité prise pour de la hauteur. Dans ses yeux, ses opinions précises clignotent comme des panneaux publicitaires. Ce qu’il pensera trente ans plus tard, il le pense déjà, inflexible et intransigeant. »

« La seule chose qui compte désormais, pour Erik, c’est l’instant pétrifié. L’immobilité de la forme. La clarté d’un espace en apesanteur. Une musique qui s’écoule, d’accord, mais émouvante et distante. Un rythme si lent qu’on pourrait craindre qu’il s’arrête, un, rien, un souffle, un rien. Du bout de la pensée, il tâtonne, il cherche les notes immobiles. Alors qu’autour de lui, quelque chose de nouveau commence : un changement de rythme, un changement perpétuel. »

« Paris change et Paris demeure. L’homme moderne voyage dans les airs, utilise l’électricité, roule en automobile, s’amuse au cinéma, écoute le gramophone et découvre l’inconscient. Les bruits de la ville ont changé. De nouveaux sons apparaissent, plus mobiles, plus industriels. L’espace s’est décomposé en petits cubes cubistes. On fabrique des sons nouveaux, parce qu’on fabrique des objets nouveaux : avions, moteurs électriques, pneus. Le temps cesse d’être unique. »

 

Née en 1979, Stéphanie Kalfon a commencé par les classes préparatoires littéraires et des études de philosophie avant de devenir réalisatrice et scénariste. Lauréate de la bourse Lagardère dans la catégorie Scénariste TV, elle a notamment travaillé pour la série Vénus et Apollon, diffusée sur Arte, et réalisé le film Super triste avec Emma de Causes et Philippe Rebbot.
En 2017, elle publie son premier roman, Les parapluies d’Erik Satie, qui a été très remarqué par la critique.
Elle publie Attendre un fantôme, en 2019;
et Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau, en 2023.
https://leressentidejeanpaul.com/2023/05/23/un-jour-ma-fille-a-disparu-dans-la-nuit-de-mon-cerveau/

Émotion, Drame, Histoire, Poésie

LE PARFAIT inconnu

de Gérard Papier-Wagner
Broché – 20 mars 2023
Éditions : Independently published

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À Paris, sur la colline Sainte-Hermione, une église du IXe siècle, une place pavée, un restaurant vénérable, une librairie et quatre marronniers, voici planté le décor d’un drame qui va naître d’un ouvrage historique écrit par un inconnu féru de catharisme, et préfacé par une auteure journaliste. Ajoutons un cheminot et un architecte à la retraite pour compléter le tableau, ainsi qu’un prêtre aux sermons très appréciés, une chanteuse de cabaret, et toutes les conditions seront réunies pour une lecture passionnante, puisque les personnages eux-mêmes sont passionnants.

 

• Couv_2023-040_Papier-Wagner Gérard - Le parfait inconnu

 

J’ai découvert l’écriture de Gérard Papier-Wagner en mars dernier, avec MONA qui m’avait beaucoup plu et inspiré par le sujet et par le style.

Gérard m’a fait parvenir un autre roman, LE PARFAIT inconnu, la curiosité m’a piqué, et une nouvelle fois, j’avoue avoir passé un merveilleux moment de lecture.
J’en avais déjà parlé pour son premier roman lu, mais la plume de l’auteur est vraiment très intéressante, très aboutie. L’utilisation du passé simple, la richesse des mots, l’érudition globale du sujet tout en conservant une réelle fluidité dans la dans la lecture, un soupçon de mélancolie et une douce poésie, j’ai forcément été happé par le récit.

Jérôme est à la retraite, il aime passer ses journées à lire seul, toujours sur le même banc, à l’ombre des marronniers, là où il peut contempler l’église Sainte-Hermione. Jérôme est marié à Mag. Un jour, ils font la connaissance de Luc et de sa femme Béatrice, une journaliste qui aime les voyages et qui comble en Jérôme un vide insoupçonné.
Après des débuts difficiles, une belle amitié va naître entre Jérôme et Ernest qui a une fille, Gina qui tient un restaurant étoilé. Le prêtre, Jean Destivelle, lui aussi est un personnage étonnant, mais je n’imaginais pas à quel point. Puis, il y a aussi Sonia, qui tient la librairie de quartier, et surtout l’étrange découverte dans sa librairie qui mettra en avant l’une des pires périodes de l’Histoire… De nombreux personnages avec leurs qualités et leurs défauts, qui se croisent et se recroisent dans ce récit intelligent et bien documenté qui mettra finalement en avant l’église et la place Sainte-Hermione. Mais chuuuut… Ça, c’est encore un secret…

Très belle lecture, qui m’a donné envie de me replonger dans notre Histoire, ainsi que dans celle de la Religion. Mystérieuse, énigmatique et très intéressante, tout ce que j’affectionne !

Un livre que je conseille à ceux qui aiment les beaux récits et la grande Histoire.
Merci beaucoup Gérard, pour ce très beau cadeau !

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Extraits :

« Sur ce banc, presque chaque matin, s’asseyait Jérôme y venant pour se distraire en regardant s’agiter les autres. La sérénité de l’endroit l’incitait à réfléchir sur le passé, à visiter des souvenirs entachés de regrets. Il est médita seul jusqu’à ce qu’un autre retraité eût la même aspiration. Jérôme fut tout d’abord fâché que celui-ci, à tout prix, voulût engager la conversation, mais il s’y résigna parce que dialoguer vaut mieux que ressasser. Las des potins du coin et des commentaires d’actualité, Jérôme, lâcha début avril, ce à quoi l’avait mené sa cogitation.
– Qu’est-ce que vous attendez de la vie ? »

« Très chères sœurs et très chers frères, je devine à vos regards tous les questionnements suscités par certaines révélations. Si les agissements de l’Inquisition au Moyen-âge nous horrifient aujourd’hui, le temps les a passés par profits et pertes, car la grande Histoire ne retient que les faits en délaissant les émotions, afin de rester objective. »

« – J’ai l’impression que vous tombez vite amoureux des âmes qui se livrent, n’est-ce pas ?
– Je me crois plutôt sentimental par empathie, répondit prudemment Jérôme. »

« – Vous m’avez manqué, se risqua Jérôme.
– Dois-je comprendre que vous me faites la cour ?
– Je cherche votre amitié, parce que votre personnalité, comble en moi un vide insoupçonné.
– Entre un homme et une femme, il n’existe pas d’amitié réelle, sans composante amoureuse.
– Alors, c’est cornélien ?
– Non, c’est plutôt agréable l’amour sans les inconvénients de l’amour. »

 

Né en 1941 à Paris, diplômé architecte en 1966, Gérard Papier-Wagner a exercé en tant qu’urbaniste-architecte à Pointe-Noire en République du Congo, puis à Batna dans les Aurès en Algérie avant de travailler, en libéral à Rennes, dans sa propre agence d’architecture jusqu’en 2001. Il s’est ensuite consacré à l’écriture de romans et de poèmes. Marié depuis 1962 avec Marie-Thérèse assistante sociale, il n’a pas eu d’enfant.

MONA
https://leressentidejeanpaul.com/2023/03/22/mona/

Émotion, Philosophique, Poésie

M.

de Alain Cadéo
Broché – 6 mars 2023
Éditions : Cahiers de l’Égaré

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IL Y A LONGTEMPS, Alain Cadéo accompagna à voix haute et en mots couchés sur le papier, le voyage utérin du fœtus offert par la Vie. Le ciel au ventre, fut le titre fabuleux de ce récit. Aujourd’hui, tiré d’un tiroir, M. est le titre du récit offert par Alain Cadéo à la femme porteuse, la femme aimée, unique-multiple, singulière-plurielle. Traversé et passeur d’un dire “au-dessus”, lui est offert cet énoncé inouï : Aimer c’est goûter du bout des lèvres, du bout de la langue pour voir “quel goût ça a” cette peau et cette âme d’une adorable étrangeté.
L’éditeur

 

• Couv_Cadeo Alain - M.

 

Qui est Alain Cadéo ?
Dans ce court texte plein de mystères, l’homme poète-écrivain se dévoile un peu… Beaucoup.
C’est à nous poètes-lecteurs de prendre, de voir, d’entrevoir parfois les messages qui vibrent et flottent grâce à une musique que tous n’entendront pas.
Relâché, on doit l’être.
Ouvert, il faut l’être pour percevoir, ressentir le cadeau que nous offre l’auteur…

Un hommage à une femme, pas à n’importe quelle femme, à la femme aimée.
Un hommage avec les mots de tous les jours qui trouveront ici une place sublimée. Toujours en profondeur, ils restent malgré tout chargés de pudeur.
Je me retire et m’incline devant le maestro… je ne suis qu’un poète-lecteur…

Alain Cadéo, a encore une fois agrandi mon horizon, a fait briller mon esprit !

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Extraits :
« Qu’y a-t-il en effet de plus admirable, de plus exaltant qu’un être différent, autre chose, une autre terre à contempler que la sienne ? Mais souvent nous pensons : “ce qui ne fonctionne pas comme moi, m’agace ou m’indiffère…” alors que nous devrions toujours nous demander : “Pourquoi celui-là ou celle-là se comporte-t-il ainsi ? Que dois-je comprendre ? Que me permet-il de découvrir ?” »

« Allez, souviens-toi petit… Dans ce monde, il y a si longtemps, ta mère te regardait… Et l’œil bleu savourant ta naissance caressait ta peau de nouveau-né. Le frémissement des premiers vents glaçait ton corps fripé couleurs d’argile rouge. C’est que tu descendais, dégringolais serait plus juste, de notre éternité, te souvenant à peine d’un lieu tenu secret contenant le Savoir, une insensée béatitude. »

« Quelle drôle d’écriture ! C’est que dans mon état, on n’a pas le cœur à faire des phrases, on ne cultive pas la logique, on n’a pas envie de faire de la littérature, on laisse venir, ça fait du bien, ça t’occupe les doigts et le bout de cervelle qui te reste. Tu peux pas réfléchir. Je vous l’ai dit, c’est comme de l’ivresse. Pourtant je ne carbure qu’à la vitamine C, et naturelle en plus. »

« Revoir sa vie, kaléidoscope, fragments, bribes, mais le to “habité”. Tu comprends : “habité”. Couleurs, odeurs, touchers, musiques, moments du cœur, le tout “vivant”. Tu comprends : “vivant”. Tu ne t’en rendais pas compte lorsque tu les vivais ces moments et cependant tu les vivais, à un point tel d’ailleurs que tout sans cesse te revient dans ce présent comme immuable. »

 

Alain Cadéo est l’auteur de nombreux ouvrages (nouvelles, romans, textes, pièces de théâtre), dont “Stanislas” (1983), premier prix Marcel Pagnol 1983 ou encore Macadam Epitaphe (1986), Plume d’Or Antibes et Prix Gilbert Dupé.

Après avoir été notamment publié par Mercure de France, il est depuis 2018 publié par les Éditions La Trace.

Il vit à Évenos, en Provence.

Mayacumbra
https://leressentidejeanpaul.com/2020/02/26/mayacumbra/

Confessions (ou les spams d’une âme en peine)
https://leressentidejeanpaul.com/2021/06/03/confessions-ou-les-spams-dune-ame-en-peine/

Arsenic et Eczéma
https://leressentidejeanpaul.com/2022/05/06/arsenic-et-eczema/

L’homme qui veille dans la pierre
https://leressentidejeanpaul.com/2022/09/08/lhomme-qui-veille-dans-la-pierre/

Émotion, Philosophique, Poésie

Neige, la petite fille des montagnes

de Claudine Laurent Rousselle
Broché – 30 novembre 2022
Éditions : Independently published

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Neige à 9 ans. Elle vit seule avec sa maman.
Son papa est décédé deux mois avant sa naissance dans un accident d’avion.
Il était pilote d’essai.
La petite fille se dévoue corps et âme pour les personnes âgées de son village.
Elle surprend le maire et les villageois pour son courage, sa gentillesse, son dévouement.
Tous ressentent une infinie tendresse pour cette gamine au joli minois.
Un soir, elle entend sa maman pleurer.
La petite fille rêve qu’un jour un monsieur les aime toutes les deux, qu’il devienne son papa et qu’il rende sa maman heureuse…

 

• Couv_2023-031_Laurent Rousselle Claudine - Neige - La petite fille des Montagnes

 

Neige se lève tous les jours vers huit heures du matin, dès qu’elle a pris son petit-déjeuner, elle prend son sac de course et son porte-monnaie. Elle va s’occuper des petits vieux de son village, ceux qui vivent seuls, ceux qui ne sont plus autonome. Et c’est ainsi tous les jours…
Mais qui s’occupe de Neige ?
Il y a sa maman bien sûr, mais depuis la mort de son mari, elles se sentent bien seules dans leur maison le soir.

Claudine Laurent Rousselle n’est pas une auteure traditionnelle… C’est une conteuse…
Enfant je n’ai pas souvenir que l’on m’ait lu des histoires, mais lorsque je lis celles de Claudine, j’entends les mots et les histoires que j’aurais aimé avoir enfant, le soir dans mon lit avant de m’endormir. Ce petit conte fort agréable a trouvé sa place auprès des livres que je réserve à mes petits-enfants lorsqu’ils seront en âge.
Il le mérite amplement…

“Neige, la petite fille des montagnes”, est une parenthèse bienveillante dans un monde où les gens désapprennent de plus en plus la gentillesse, l’entraide et la famille !
Merci Claudine, pour la vision que tu apportes, tel un présent, pour tes lecteurs.

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Extraits :
« Dans un petit village ensoleillé, pas très loin de Chamonix, de jolis petits chalets ont poussé çà et là aux pieds des montagnes.
Dans l’un vit une adorable petite fille de neuf ans qui se prénomme Neige. Peut-être un prénom inspiré par les montagnes qui entourent l’endroit.
Un joli minois, toujours souriant, avec des yeux bleus malicieux. Des cheveux mi-longs châtains claire, une frange sur le front.
Elle est adorée par tous les villageois. »

« De retour à la maison, la petite fille fait part de son inquiétude à sa maman.
– Tu sais, ma chérie, Geneviève a quatre-vingt-dix-sept ans, il est possible qu’elle nous ait quittés. C’est bien triste, mais c’est la vie, personne n’est éternel. Elle est peut-être restée endormie tout simplement. Si ce n’est pas le cas, dis-toi que tu as été gentille avec elle, tu lui as donné du bonheur avec ton soutien et ton affection… »

« C’est une journée mémorable.
Les anciens remercient Neige et le Maire.
Celui-ci demande cinq minutes de silence.
Il remonte sur scène et demande à Neige de venir le rejoindre.
– Je ne vous présente pas Neige que vous connaissez tous pour son entraide, son de grand cœur, sa gentillesse, sa générosité et son sens de l’organisation que vous venez de découvrir. À cette occasion, jeune fille, je te remets la médaille de l’altruisme qui a été spécialement frappée pour toi et que tu mérites amplement. »

Née à Reims, Claudine Laurent Rousselle a vécu à “La Neuvillette” durant sa jeunesse et son adolescence, depuis elle vie en Haute-Savoie. Dans sa jeunesse, elle a participé à plusieurs concours de poésies.
Depuis quelques années le rêve d’écrire des contes lui vient à l’esprit. Elle se lance, et sort son premier roman Un merveilleux cadeau en 2022.
https://leressentidejeanpaul.com/2022/07/12/un-merveilleux-cadeau/

D’autres romans sont d’ores et déjà en attente…

Émotion, Humour, Poésie, Polar

La beauté d’Ava Gardner

de J-Paul von Schramm
Broché – 2 janvier 2023
Éditions : Encre Rouge Éditions

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C’est un roman qui, bien sûr, ne parle pas d’Ava Gardner.
Un polar qui n’a ni le titre, ni la couverture d’un polar.
Avec un criminel ordinaire qui n’a rien d’ordinaire.
Car Victor Palester est un petit retraité qui aime Souchon, les mots croisés et les éclairs au café.
Et les crimes bien faits…

Avec ce polar crépusculaire, J-Paul von Schramm nous propose, au-delà du suspense, une réflexion passionnante sur la vieillesse et la solitude.

 

• Couv_V

 

Victor Palestier est un vieux monsieur.
Mais malgré son âge avancé, c’est un homme curieux, qui profite encore de ce que la vie lui offre au quotidien. Qu’il est difficile de vieillir quand on reste jeune à l’intérieur, dans son cœur, et dans sa tête.
Quelques trous de mémoire se font sentir parfois, mais heureusement les mots croisés lui permettent de rester vaillant. Victor est un homme simple, il aime se promener le dimanche matin pour aller à la boulangerie, acheter un éclair au café qu’il déguste tout seul chez lui. En effet, depuis la mort de sa femme, il vit seul et s’est donné une mission…
Sa mission ?
Aider les gens qui sans le savoir, ont besoin de lui !
Victor est un homme bon…
Victor la vie…

Je découvre J-Paul von Schramm avec ce roman, très touchant, fait de brics et de brocs, qui sort complètement de tous les cadres. C’est un polar, sans en être un, une histoire d’amour, sans en être une, une leçon de vie ou la mort se trouve partout !
Je n’étais pas loin du coup de cœur… dommage, mais l’auteur m’a emporté quand même dans son univers. Beaucoup de sensibilité, de poésie, de fluidité, c’est très drôle aussi… Un ovni littéraire !

Quelque chose de puissant m’a touché dans l’univers de J-Paul, quelque chose de fort et de vivant.
J-Paul von Schramm est un écrivain à découvrir absolument.

Un grand merci aux Éditions Encre Rouge pour ce « précieux » !

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Extraits :
« Quand Victor entre dans la pièce, il ne se rappelle plus ce qu’il vient y chercher. Comment l’objet de sa quête commandée par son cerveau vingt secondes plus tôt a-t-il pu s’effacer de son esprit quelque peu plus loin ? Cela lui arrive de plus en plus souvent et cela l’inquiète. »

« Ce soir-là, à la nuit tombée, il était descendu au parking de la résidence et avait rapporté du coffre de sa voiture la boîte métallique qu’il avait trouvée deux jours plus tôt dans le grenier de la maison de Rémalard.
Il ne savait pas encore qu’il allait tuer Bibiche.
Il en avait envie.
C’était comme avec Nicole, c’était resté longtemps de l’ordre du fantasme.
Victor essaie d’arrêter ces images qui défilent comme un diaporama.
Il doit se concentrer sur sa nouvelle mission. »

« Au tout début, quand il simulait un tir avec le Lüger, il faisait “pan !”.
En s’entraînant pour Bibiche, il avait appris que ça faisait plutôt Peng !
Mais un Peng ! puissant et explosif, beaucoup plus mortel qu’un banal Pan !
Un bruit implacable.
Il sort la réglette. Il manque six balles.
Les trois logées dans la tête de ses trois victimes plus les trois autres qu’il a utilisées pour s’entraîner. »

« Pendant qu’on y était, Victor avait tout déballé.
– Je confonds également les visages et les noms de certaines personnalités…
– Comme ?
– Dussollier et Duchaussoy, Berling et Gamblin, Pisier et Duperey, Zabou et Zylberstein, Calogero et Bénabar… Maé et Moire aussi…
– Là aussi, je peux vous rassurer, c’est une variante de prosopagnosie. Bien, mais concernant tous ces dysfonctionnements de votre mémoire, si vous souhaitez faire un test de détection de la maladie d’Alzheimer, vous pouvez prendre rendez-vous à l’institut du cerveau, c’est à La Pitié-Salpêtrière, boulevard de l’hôpital… »

 

Ancien professeur de lettres spécialiste de théâtre et d’art contemporain, J-Paul von Schramm entend faire mentir l’adage selon lequel les professeurs enseignent ce qu’ils ne sont pas capables de faire eux-mêmes.
Il tient particulièrement à l’appellation “roman” : son texte est beaucoup plus une initiation à l’art contemporain qu’une œuvre érotique et il ne voudrait pas attirer un lectorat réduit, qui ne s’y retrouverait pas.
J-Paul von Schramm est écrivain, polarologue et empêcheur de dormir.

Émotion, Philosophique, Poésie

MONA

de Gérard Papier-Wagner
Relié – 23 octobre 2022
Éditions : Independently published

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Parce qu’il arrive que s’accordent les événements et le cœur pour offrir une opportunité, Mathias croit possible de renouer avec Hélène, dont il fut très proche au collège. Rendez-vous est pris ce matin de Noël 88 pour le soir même. En attendant, il revisite son passé avant d’écrire une nouvelle page de sa vie, espère-t-il. Seulement, dans ce passé, il y a Mona morte en 83 à St-Vincent, où elle fut déjà trouvée en 49 dans des circonstances étranges et inexpliquées. Son grand-père l’avait bien prévenu Puisque je te sens décidé à la fréquenter, je préfère anticiper sur ce que se croiront autorisées à te dire de bonnes âmes. Avant de te relater la vérité, du moins ce que j’en sais, il est de mon devoir de te mettre en garde, car à un mystère ne peuvent que s’en ajouter d’autres. Mathias aima Mona durant vingt-trois années riches de bonheurs, déceptions et doutes sans savoir en vérité qui elle fut réellement.

 

• Couv_2023-027_Papier-Wagner Gérard - Mona

 

Un roman étonnant !

MONA est le dernier roman de Gérard Papier-Wagner, qu’il m’a gentillement fait parvenir. Depuis plusieurs mois maintenant, je ne lis plus la quatrième de couverture des livres qui me sont proposés, et là, j’ai eu une véritable grande et belle surprise avec ce sujet que je n’attendais pas du tout…
L’écriture est très agréable poétique parfois, malgré le fait qu’elle soit riche et recherchée, quel bonheur ! Je suis, en effet, retombé sur des mots que je n’avais plus l’habitude de lire. La thématique de la religion dans le récit est très bien développée aussi tout en restant un très beau livre d’amour, dans tous les sens du terme.

Mais c’est surtout l’intrigue qui m’a vraiment emportée et tenue en suspense jusqu’à la fin du récit. Gérard est arrivé à créer un personnage hors norme, sensible à qui je me suis très vite attaché, ses descriptions, les nombreux personnages émouvants, font de ce roman atypique, un livre que je ne suis pas prêt d’oublier.

1949, à Saint-Vincent dans la crèche de l’église, un bébé est trouvé le jour de Noël. La presse, les journalistes s’emparent de ce sujet qui défie la logique !
Pas de parents, il est apparu, comme venant de nulle part.
Le bébé grandit et devient une petite fille très intelligente qui malheureusement est sourde et muette. Très vite, on se rend compte qu’elle est très douée pour les langues anciennes et n’a de cesse de dévorer tous les textes anciens qu’elle peut trouver.
Qui est Marie-Noël qui se passionne très tôt pour la religion et les anciens manuscrits ?
D’où vient celle qui très exactement trente-trois ans plus tard, sera retrouvée morte dans l’église où elle était apparue ?
Pourquoi et comment Mathias est tombé sous son charme dès son plus jeune âge malgré, tous les mystères qui l’entouraient ?

Un livre “différent” que je vous conseille vraiment.
J’ai passé un très bon moment de lecture…
Merci Gérard.

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Extraits :

« L’ombre des grands chênes de l’orée sur la façade était percée des rectangles de lumière jaune des hautes portes-fenêtres du salon, trop loin pour voir à l’intérieur. Ma montre indiquant déjà cinq heures, nous avons dévalé le coteau, jusqu’au rond-point du tilleul, et dans un souffle franchi la terrasse, traversé le hall, puis raccroché nos manteaux dans le couloir. »

« Je suis né mardi 7 juin 49, dans la chambre seigneuriale du manoir de Braissac.
En dépit des vives protestations de ses parents, de son époux, et de la compétence non confirmée du médecin récemment installé rue Carnot, ma mère avait catégoriquement refusé d’accoucher à la clinique de Fontainebleau. Sa santé ne suscitait aucune inquiétude, pas plus que la mienne intra-utérine, mais sait-on jamais pour une première grossesse ? Vers huit heures, commença le travail, et je vins au monde précisément à dix heures et dix minutes entre les mains du jeune Luc Mérien, ravi d’un si prompt dénouement. »

« Grand-père disait qu’il existe des harmonies que seul peut percevoir un esthète et que mourir en état de vacuité mène tout droit au paradis. Pour la vacuité, je ne savais pas, mais pour le paradis, j’y étais, puisque Mona me tenait la main. Il fallut bien se décider à quitter ce Nirvana. Par trois fois, elle s’immergea, ai-je supposé, en guise de purification. Nous n’avions pour serviette que le torchon du goûter. Mona insista pour que ce fût moi d’abord. Lorsque j’eus terminé, elle avait mis son linge à sécher, demeurant nue pour aller lire sur l’herbe. N’osant pas la regarder, je m’étendis de côté pour dissimuler mon désir trop manifeste. »

« Ne sois pas amer, puisque je ne le suis pas, le destin m’a donné bien plus que je ne pouvais espérer. »

 

 

Né en 1941 à Paris, diplômé architecte en 1966, Gérard Papier-Wagner a exercé en tant qu’urbaniste-architecte à Pointe-Noire en République du Congo, puis à Batna dans les Aurès en Algérie avant de travailler, en libéral à Rennes, dans sa propre agence d’architecture jusqu’en 2001. Il s’est ensuite consacré à l’écriture de romans et de poèmes. Marié depuis 1962 avec Marie-Thérèse assistante sociale, il n’a pas eu d’enfant.

Adolescence, Émotion, Drame, Poésie

Le choix du père

de Véronique Villard
Broché – 28 septembre 2022
Éditions : Nombre 7

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En pleine pandémie, Flora, une adolescente de quinze ans, doit affronter une implacable réalité.
Sur une plage sétoise, Natacha, sa mère, lui dévoile l’inimaginable.
À l’issue de ce drame, Flora, oscillant entre espoir et désespoir, va tenter de survivre, tissant de nouvelles relations, renforçant ses liens existants.
Mais elle va aussi s’impliquer au sein de sa propre histoire, menant sa propre enquête.
Dans un tel contexte, aura-t-elle la force de sortir de l’impasse ?
Tandis que la mer déroule invariablement ses bleus, les personnages vont et viennent en quête d’une mémoire de l’émotion.

 

• Couv_2023-016_Villard Véronique - Le choix du père

 

Dès le début de ma lecture, je me suis rendu compte que je tenais entre mes mains un livre “différent”.
Lorsque je lis, habituellement, c’est moi qui donne le rythme de ma lecture et qui décide de mes poses.
Avec Le choix du père, impossible !
C’est l’auteure qui commande, et il a fallu que je m’adapte à son écriture. Véronique manie la langue française telle une experte avec énormément de poésie, sa poésie.
Alors j’ai tout repris depuis le début. Je ne voulais pas passer à côté de quoi que ce soit d’important…

Flora vit son adolescence à fleur de peau. La confession d’une mère peut tuer. Flora est soudain perdu et a besoin de se nicher au creux des bras de sa grand-mère, et va tout lui expliquer. Ensemble elles entreprendront les recherches nécessaires afin qu’elle retrouve un semblant d’équilibre, mais malheureusement le sort en aura décidé autrement…
Flora est très attachante, et le mystère nous tient tout le long du récit, mais ce n’est pas un simple récit.

Les mots que Véronique a posés sur ses pages, sont pesés, analysés. Aucune faute de style, la richesse du verbe est omniprésente. Ce ne sont que quelques mots posés sur le papier, me direz-vous ?
Effectivement, juste quelques mots. Quelques mots pour conter le beau, pour conter le laid. Quelques mots pour nous transmettre le plus doux des poisons, au plus mortel remède : c’est bien d’amour évidemment que l’on parle. L’amour !
Le cœur de Flora s’est vidé. Elle est perdue…

J’ai la grande chance de n’avoir à ce jour, rien lut de tel, et de le découvrir par le biais de la prose de Véronique.
Aucune chronique ne pourrait être à la hauteur de ce récit. On pourra ne pas aimer, moi, j’ai adoré me perdre dans ses phrases ni ordonnées, ni ordinaires, ne sachant à aucun moment où l’auteure veut nous mèner.
Roman décalé sur fond de pandémie ? Roman poétique qui cherche ses lecteurs ? Ou véritable chef d’œuvre ?
L’avenir nous le dira…
Dans tous les cas, Véronique a la force des mots et la beauté de l’écriture.

Je vous recommande vivement cet ouvrage pour lequel j’ai eu un gros coup de cœur, pour son style très personnel.

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Extraits :

« C’est la fin des vacances estivales.
Flora qui vient de nager longuement le crawl s’apprête à regagner le bord de la plage. À quinze ans, elle possède le corps finement musclé d’une nageuse de compétition. Seulement, si elle a appris à se mouvoir dans l’eau depuis sa petite enfance, Flora n’a jamais été inscrite dans un club de natation. Malgré tout, en scrutant, les crawleurs expérimentés, elle a acquis un véritable savoir-faire, reproduisant leurs gestes à l’identique. »

« Le blues s’éteint, blues d’une jeune fille…
Confier sa tristesse au lointain, se hisser à l’endroit d’un possible. Parce que ressasser l’impensable ronge le mental, notamment celui d’une demoiselle qui se croyait à l’abri entre Natacha et Luc, pouvant ainsi définir la paix d’une famille, sa quiétude, presque…
Soudain, un moineau se pose sur le rebord du balcon, à côté d’une jardinière en métal vide. »

« En ce lundi brumeux, Flora attend l’autobus.
Seule sur le banc, elle appréhende l’arrivée d’un véhicule comble, sachant que le virus circule de nouveau. D’ailleurs, à ce sujet, le port du masque est-il redevenu obligatoire ?
Un soupir de regret se perd parmi ses tissus en guise de réponse. »

« Un peu avant le coucher du soleil, je m’installe à un vieux bureau d’écolier.
Dessus, une lampe en bois flotté, un carnet de notes ligné avec élastique et un stylo-bille bleu.
J’écris pour garder une trace de mes rires, une trace de cette douce folie, une trace de ce présent–éternité.
Je veux pouvoir me relire, me relire à tout jamais.
Ne jamais oublier ce qui m’a été donné.
Non que je veuille devenir écrivaine, et puis au fond, pourquoi pas ?
On écrit parfois pour exister autrement qu’au travers de la voix.
Mais aussi pour compenser une impossibilité à dire.
Plutôt que de souffrir d’un blocage psychologique.
Je ne t’apprends rien, je ne te surprends pas, je te confirme quelque chose.
Par contre, tu es la seule à qui je parle de ce qui me tient à cœur. »

« Le vide, le plein, un peu de tout, un grain de quelque chose.
Si bien qu’elles s’efforceront de veiller avant de dormir, lune au-dessus d’elles, rondeur possible.
Sur ce, Flora allumera sa micro-chaîne, aspirant à se laisser porter par une voix.
Benjamin Biolay ? Orelsan ?
Peut-être Arthur H chantant, « la boxeuse amoureuse » :
Regardez-la danser
Quand elle s’approche du ring
La boxeuse amoureuse
La boxeuse amoureuse… »

 

Véronique Villard, enseignante depuis trente ans, a participé à un stage de lectrice aux Éditions Ramsay. Elle a également suivi une formation de correction-réécriture avec Jean-Pierre Collignon, chef correcteur au journal Le Monde. Par la suite, elle a obtenu un DUDL, diplôme universitaire de didactique de langues, à la Sorbonne Nouvelle. Enfin, elle s’est engagée dans une formation en art-thérapie et a animé plusieurs ateliers d’écriture.

Sa deuxième passion est la peinture, à laquelle elle s’adonne depuis une vingtaine d’années, exposant régulièrement en galerie d’art. Le choix du père est son troisième roman.

Émotion, Poésie

L’Enfance, c’est…

Par 120 auteurs – textes illustrés par Jack Koch
Broché – 28 octobre 2020
Éditeur : Le Livre de Poche

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Illustrateur très actif sur les réseaux sociaux, Jack Koch a invité 120 auteurs, connus et moins connus, français et étrangers, issus de tous les genres littéraires, à offrir leur définition de l’enfance, qu’il a illustrée. La magie opère à nouveau : ce sont autant de souvenirs et d’émotions qui sont dites, avec justesse, finesse et beaucoup de tendresse.

Baptiste Beaulieu, Franck Bouysse, Michel Bussi, Barbara Constantine, David Foenkinos, Lorraine Fouchet, Eric Giacometti et Jacques Ravenne, entre autres, autant de sensibilités et de visions du monde, pour notre plus grand bonheur !

 

• Couv_104_Koch Jack - L'Enfance, c'est...

 

“L’Enfance, c’est…” est un livre que j’ai lu et relu plusieurs fois, quelques petites touches par-ci, par-là. C’est un livre qui n’était jamais très loin de moi, comme le précédent “L’Amour, c’est…”

Tous les deux sont illustrés par Jack Koch, et ce sont ici, 120 auteurs et amis surtout qui se dévoilent…
Un partage de douceur, et de nostalgie, de souvenirs et d’émotions.
Un très beau livre pour les yeux et pour le cœur. Chaque mot, chaque phrase est un condensé de bonté. Les illustrations de Jack sont sublimes et méritent à elles seules de serrer tout contre son corps ce petit bijou !

Et comme nous le propose gentiment Jack à la fin de son livre, “Et pour vous l’enfance, c’est…”

Pour moi l’enfance, c’est…
Marcher en équilibre sur le rebord du trottoir pour ne pas tomber dans le précipice, pour ne pas disparaître à jamais.
Les amis, à la vie, à la mort, croix de bois, croix de fer…
Aller en famille à la mer, ramasser des couteaux, des paternes, des étrilles, des escargots, sous un soleil bienveillant au Portugal.
Mais c’est aussi une prison à laquelle je voulais échapper, courir comme un fou dans les rues, sauter dans les flaques, crier, chanter à tue tête, et d’un seul coup m’émerveiller devant la vitrine d’une librairie,
Lire sous la couette avec ma lampe de poche… chuuut ! pas de bruit…
Parfois pleurer seul dans mon coin, en caressant mon chien,
Savoir voler, aussi vite, aussi loin que les oiseaux, marcher sur la lune et pouvoir respirer sous l’eau, c’était un monde ou IMPOSSIBLE n’existait pas.
C’est la “petite souris”, les Barbapapa, Candy, Goldorak, Tom et Jerry, les “Lego“, les maquettes d’avion…
Et vouloir toujours grandir trop vite…
L’enfance, c’était tout ça.
Parfois en mieux, des fois moins bien…
Mais tout ce vécu a fait de moi l’adulte que je suis.
Mon Dieu que c’est passé vite !

Un livre magique à s’offrir et à offrir…

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Extraits :
« L’enfance, c’est voir des animaux dans les nuages, inventer des cachettes sous les tables.
L’enfance, c’est surtout maman, son odeur, ses câlins, le seul endroit au monde où tout s’arrange toujours.
L’enfance, c’est souvent ça.
Mais l’enfance, c’est aussi les coups, les cris, la peur.
Le pire, c’est quand la violence vient de l’intérieur, parce qu’il faut la faire taire, parce qu’on a honte et que rien ne doit sortir de ce qui se passe « Chez nous ».
L’enfance, c’est parfois ça, et elle reste comme une souffrance, tout au long de la vie.
Dans tous les cas, l’enfance, c’est des souvenirs pour plus tard.
Il ne faut pas les oublier, les bons comme les mauvais.
Ce sont eux qui nous maintiennent debout ou nous font tomber. »
Jérome Camut

« L’enfance, c’est le coffre-fort de nos rêves.
Il ne faut jamais en jeter la clé. »
Karine Giébel

« L’enfance, c’est l’absence de frontière entre le réel et l’imaginaire. »
Paul Ivoire

« L’enfance, c’est regarder dans les yeux pour dire « Ze t’aime », et éclater de rire, parce que même que c’est vrai ! »
Tom Noti

« L’enfance, c’est la genèse, le lait des découvertes, le miel des chimères.
Regarder le monde de ces yeux-là chasse l’obscurité pour le magnifier de pureté. »
David Zaoui

 

 

Né à Strasbourg, Jack Koch était instituteur avant de se consa­crer à l’illustration. Ses pre­miers albums sont des compilations de dessins sur l’école qu’il affichait en salle des maîtres. Son univers est le rêve, la poésie, la tendresse drôle, l’enfance, les moments arrêtés où l’on perçoit le temps qui passe et les petits bonheurs de la vie.