Amour, Polar, Roman, Science Fiction, Thriller

Projet Aurora 2142

de Michael Fenris
Broché – 1 juin 2024
Éditions : Des livres et du Rêve

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Années 50, Purdence, petite ville oubliée du Nouveau-Mexique au nom mal orthographié, que personne n’a jamais songé à corriger.
Perdus dans ce désert, le shérif Stone et son adjoint Brent mènent une vie monotone, entre chaleur étouffante et beuveries du samedi soir.
Jusqu’au jour où un cadavre est retrouvé, comme tombé du ciel.
Son corps a subi de multiples opérations, son squelette est recouvert d’une matière inconnue tout comme sa mystérieuse combinaison orange.
Le médecin local est dépassé. Y a-t-il un lien avec les bases militaires voisines et leurs récents essais nucléaires ?

Michaël Fenris nous livre une œuvre captivante entre polar et science-fiction.
Une plume efficace à découvrir de toute urgence.

 

• Couv_2024-062_Fenris Michaël - Projet Aurora 2142

 

1955.
Ville de purdence, complètement perdue dans le désert. Le shérif Stone et son adjoint Brent occupent comme ils peuvent leur quotidien bien monotone, quand un jour, ils sont appelés suite, à la découverte d’un cadavre qui n’a plus de visage et semble tombé du ciel !
Il est brisé en mille morceaux, est vêtu d’un type de combinaison orange que personne n’a vue jusqu’à présent, et porte aussi un étrange médaillon autour de son cou.
Le médecin légiste qui récupère le corps se rend compte que la victime a été greffé sur tout le corps avec des prothèses utilisant des matériaux et une pratique médicale encore inconnus.
Qui est ce personnage ? D’où vient-il et où a-t-il pu bénéficier de cette intervention médicale extrêmement pointue ?

Michael Fenris aligne les phrases et fait défiler ses chapitres d’une main de maître dans ce roman inclassable, qui oscille régulièrement entre polar, roman d’espionnage, de guerre et de science-fiction.
J’ai pris énormément de plaisir à retrouver sa plume et ses dialogues gouailleurs, malgré un suspense constant et une volonté flagrante de perdre son lecteur. Et il y parvient parfois, et c’est à chaque fois pour mieux rebondir. On va suivre ainsi une enquête, où chaque nouvel élément trouvé va perdre un peu plus nos policiers au point qu’ils se perdront d’abord complètement avant de recevoir un message qui va les retourner !
Des rebondissements constants, une fin étonnante, et cerise sur le gâteau, une belle histoire d’amour qui arrive à se glisser très agréablement dans le récit, je ne peux que vous conseiller ce roman “mélanges de genres” très bien ficelé !

Un grand merci à Angie Lollia, des éditions Des livres et du rêve, qui m’a permis de m’amuser, en réalisant cette couverture complètement folle !!!

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Extraits :

« Le mort est tel que ce vieux Buggy l’a déclaré. Allongé dans le sable, enfoncé, une main en griffe tendue vers le ciel comme s’il cherchait à implorer quelque chose, ou quelqu’un. Sa jambe droite forme un angle de quatre-vingt-dix degrés avec le reste du corps, elle part vers l’extérieur, le pied en haut. Quant à son visage, il n’existe plus. »

« – Comment ça va, shérif ?

Stone hausse les épaules. On fait aller.
– Alors, c’était vrai ce que racontait Buggy ? À propos du macchabée ?
La question irrite le policier. Cette vieille outre a dû en parler aux trois-quarts de la ville.
– Je croyais que personne ne prêtait attention aux délires de ce poivrot. »

« Le corps d’un individu d’une trentaine d’années, équipé de multiples prothèses de très haute technologie, dont même nos plus éminents chirurgiens ignorent le principe. J’ajouterai que le défunt était vêtu d’une combinaison recouverte de fils d’un métal extrêmement résistant, et qu’il présente tellement de fractures qu’il semble être tombé d’un avion en vol.

– En quoi cela me concerne-t-il ?
– L’homme en question possédait une plaque d’identification au nom de Tom Briard, né le 26 mars 1910.
– Un faux, assurément ! »

« Debout sur la terrasse de sa maison, Anthony Stone fume une cigarette, nu comme un ver. Dans la chambre à côté, Sarah-Lou Cornell dort à poings fermés. Lorsqu’il est rentré de chez Buggy, elle s’est précipitée sur lui, presque désespérée, incapable de contenir son émotion de le voir sain et sauf. Elle l’a littéralement harcelé de questions auxquelles il a répondu de façon évasive, avant de le tirer en direction du lit. Ils ont fait l’amour doucement, c’est elle qui a pris la direction des manœuvres, le laissant allongé sur les draps tandis qu’elle s’installait sur lui. »

 

Michael Fenris est né le 03 mai 1968, d’origine lorraine, où il garde de profonds attachements avec la ville de Nancy, et installé professionnellement comme médecin en région parisienne depuis 2002.
Passionné par la lecture et l’écriture, il entasse pendant plus de trente ans des pages manuscrites dans des cartons, mais ce n’est qu’en 2015 qu’il décide de franchir le cap en proposant ses premiers manuscrits aux Éditions Prisma.

Sont respectivement sortis :

Chez Prisma
– Feuilles en 2015,
https://leressentidejeanpaul.com/2022/08/17/feuilles/
– le Syndrome Noah en 2016,
– Thérianthrope en 2018,
– L’île en 2019,
– Déviation en 2020
– Émersion en 2021.
https://leressentidejeanpaul.com/2022/08/19/emersion/

Chez Evidence
– Neige,
– Whistlers,
– Horizons Funèbres
– Le Fétichiste.

Chez Eaux Troubles
– Diamants sur Macchabées (reprise d’un auto édité)
– Vengeance sur Pellicule.

En autoédition
– Aaverhelyon,
– Diamants sur Macchabées 1° version
– les 7.

En parallèle il développe les aventures de Don et de Luc Dassaut sous un autre nom, et travaille au scénario de plusieurs BD.

Drame, Histoire, Roman, Thriller ésotérique, Thriller historique

Vérité*

Les sages de Sion
de Hervé Gagnon
Broché – 3 mai 2018
Éditeur : Hugo Roman

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Sept siècles après Gondemar de Rossal, la Vérité est à nouveau en péril. Et elle n’a jamais été aussi terrible.

En mars 1939, la guerre est imminente et le Troisième Reich planifie la Shoah. Dans le Sud de la France, l’Obersturmfu?hrer Otto Rahn a retrouvé la tombe et le testament d’un chevalier mort depuis sept siècles : Gondemar de Rossal. S’amorce alors une course effrénée entre diverses factions qui ne reculeront devant rien pour posséder ces documents.

La Schutzstaffel d’Heinrich Himmler se voit déjà les brandir pour réduire la chrétienté en ruines sur lesquelles il construira la religion nordique du Troisième Reich. Le Vatican doit à tout prix les récupérer pour survivre.

Entre les deux, les Sages de Sion, une société occulte vouée à la préservation du peuple juif, souhaite les monnayer au plus offrant. Au milieu de tout cela, un homme, Roland Sentenac, ramené de l’enfer avec la même mission que Gondemar de Rossal jadis : protéger la Vérité jusqu’au jour de sa révélation. Mais Rossal ne savait pas tout. La Vérité est plus vaste et plus terrible encore. Les Tables de la Loi pourraient mener à l’embrasement du monde.

 

• Couv_2024-013_Gagnon Hervé - Vérité * Les sages de Sion

 

Hervé Gagnon ne finira jamais de m’étonner !

J’avais lu à sa sortie la trilogie « Damné », et c’est en commençant ma lecture de “Vérité” que je me suis rendu que c’était la suite de la trilogie que j’avais adorée !
J’ai donc découvert la suite des aventures de Godemard de Rossal, mais surtout celles de Roland, son successeur en 1939, personnage étonnant que l’on voudrait détester, mais c’est lui qui a été choisi pour protéger la “Vérité” recherchée par aussi les Nazis.

La lecture alterne entre la tragédie cathare et la montée du 3e Reich, qui, s’il récupère ce mystérieux secret, pourrait définitivement changer le cours de l’Histoire.
Roland va donc mener une enquête qui va l’amener à rencontrer une femme amnésique. Malgré son caractère particulièrement antipathique et orgueilleux, ils vont ensemble découvrir certains indices qui vont les amener à une première découverte. Mais quand des Allemands qui les suivaient déjà depuis un moment, leur tombent dessus, ils n’ont plus le choix que de leur obéir…

Un récit passionnant, très érudit, mélangeant Histoire ainsi que secrets et mystères. Hervé comme à son habitude, me transporte dans son monde, où réalisme et imaginaire se côtoient à chaque page. Les romans traitants des religions et baignés de touches ésotériques font partie de mes thématiques préférées, et dans son roman Hervé frappe très fort !
De plus, il nous offre un final vertigineux suite à une révélation incroyable…

« Vérité », un excellent roman, que je vous conseille sans aucune hésitation !

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Extraits :

« Personne ne naît monstre. Certes, il en est de moins chanceux que d’autres qui, lorsqu’ils entrent en ce monde, sont affligés d’infirmités et de limites qu’ils n’ont ni demandées, ni méritées, qu’ils traîneront comme un boulet de forçat toute leur vie. Même si certains sont sans doute prédisposés au Mal, personne n’entre dans la vie avec une âme déjà noire. Le Mal n’est pas plus intrinsèque que le Bien. Les deux s’apprennent un geste à la fois, par l’exemple. Pour prospérer, l’un et l’autre doivent être alimentés jusqu’à devenir assez forts pour se nourrir eux-mêmes et s’auto-engendrer sans cesse. Les gens mauvais ne sont pas plus à blâmer pour le Mal que les gens de Bien ne doivent être félicités pour leurs bienfaits. »

« Malheureusement, les choses ne sont jamais simples. Il est parfois nécessaire de revenir sur sa parole ou de mentir pour une cause plus grande que soi. La politique n’a rien à voir avec la morale. La franchise et l’honnêteté y sont des vices. Vous m’en voyez désolé. Si cela peut atténuer un peu votre peine, monsieur Rahn a accepté de mourir pour que vous puissiez vivre. »

« Ils roulaient depuis une quarantaine de minutes et, pour la première fois depuis le début de cauchemar éveillé, Roland s’autorisait une parcelle d’optimisme. Son sentiment que la piste était tracée d’avance se faisait plus certain. À l’évidence, les coïncidences qui la jalonnaient n’en étaient pas. La séquence parlait d’elle-même : un SS repenti chercheur de Graal trouvait l’épée de Gondemar de Rossal et revenait la cacher dans une chambre des Marronniers après en avoir évidé la poignée pour y placer un message ; Roland se retrouvait à occuper précisément cette chambre ; Rossal lui apparaissait en rêve pour lui indiquer la cachette ; une amnésique trouvée par hasard dans une voiture accidentée placée sur sa route se révélait capable de lire l’allemand et lui traduisait le message ; et l’employé de l’hôtel était en mesure d’identifier l’endroit mentionné dans ledit message. »

 

Né le 26 août 1963 à La Baie, au Québec, Hervé Gagnon détient un Ph.D. en histoire et une maîtrise en muséologie de l’Université de Montréal. Habitant depuis 1995 dans la région des Cantons de l’Est, au Québec, il consacre ses temps libres à la musique, à la lecture, à l’ornithologie et à la cuisine. Amateur de blues depuis sont adolescence, il voue une grande admiration au mythique guitariste Robert Johnson.
Après avoir œuvré pendant plus de 25 ans dans la mise en valeur du patrimoine et l’enseignement universitaire, il se consacre entièrement à l’écriture 2010.

Reconnu comme un des maîtres du thriller et du polar ésotérique, il a signé entre autres les séries Damné (vendue à plus de 200 000 exemplaires en français seulement), Malefica et La mort du Temple.
Ses livres ont été récompensés à plusieurs reprises.

La légende de Jack
https://leressentidejeanpaul.com/2021/09/21/la-legende-de-jack/

Jeremiah
https://leressentidejeanpaul.com/2021/09/24/jeremiah/

Maria
https://leressentidejeanpaul.com/2021/09/27/maria/

Crossroads
https://leressentidejeanpaul.com/2021/12/07/crossroads/

Émotion, Poésie, Psychologie, Roman, Thriller

L’Invitation

Préquel du thriller “Un Dossier explosif”
de Anne-Marie Bougret
Broché – 17 juillet 2023
Éditions : Auto-édité

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Ambivalence, mystère et suspense avec cette échappée à New York où John Stephen, un bel architecte, invité avec son épouse à un bal masqué, risque sa vie en se laissant séduire par d’autres femmes…
Il est préférable de lire en premier cette nouvelle qui est le préquel du thriller, Un Dossier explosif. Bien que les deux peuvent se lire indépendamment.

Anne-Marie Bougret nous propose une histoire aux apparences trompeuses, qui ressemble à une romance, mais qui se transforme en thriller et où le mélange entre rêve et réalité nous plonge dans une sorte de vertige sensoriel.

L’autrice frappe vite et fort, le lecteur doit bien s’accrocher. Jolie prouesse pour un format aussi court.

 

• Couv_2023-112_Bougret Anne-Marie - L'Invitation

 

Je termine à l’instant L’invitation d’Anne-Marie Bougret !
J’ai décidé de partager mon Ressenti tant que je suis encore chaud… Dès le début de la lecture, j’ai été comme envoûté par ce mélange de mystère et d’érotisme si bien dosé. Habituellement, ce n’est pas mon type de lecture. Je ne savais pas du tout où je mettais les mains, et pour le coup les yeux aussi tellement la nouvelle est visuelle. Oui, c’est une nouvelle, c’est même le préquel du roman suivant de l’auteure “Un Dossier explosif”.

Au vu de ce que j’ai vécu et ressenti sur ces quelques lignes fort maîtrisées, je n’ose imaginer dans quel état je serai lors de ma prochaine lecture d’Anne-Marie !
C’est tout d’abord, vraiment le visuel de la couverture qui m’a donné l’envie d’acheter le livre. Le genre de photos que j’ai longtemps eu sur mes fonds d’écran et que j’avais adolescent accroché sur tous les murs de ma chambre au grand désespoir de mon frère (…qui ne s’est jamais plaint d’ailleurs !).

John Stephen, un jeune architecte, plutôt bien fait de sa personne est invité avec son épouse à un bal masqué. Cette invitation va marquer à jamais leurs vies de couple, mais pas du tout comme ils s’y attendaient. Très vite, John se retrouve entre les mains de très belles femmes qui savent ce qu’elles veulent. Il se laissent séduire, prend du plaisir… Mais tout va aller beaucoup trop vite, le piège va se refermer sur lui. Était-ce un rêve ou la réalité ? Sa femme, qui le cherche partout, est fatiguée. Elle décide au bout de quelques heures de rentrer seule, mais reste dans un grand désarroi.

Anne-Marie, frappe dès le début, vite et fort, je n’ai eu qu’à me laisser porter par une tension grandissante, c’est très visuel, envoûtant et de qualité.

Une excellente expérience de lecture pour moi, qui découvre l’auteure, et j’ai hâte de lire la suite !
Anne-Marie m’a embarqué dans son univers, mystérieux, érotique, mais je sens, qu’elle nous cache encore bien des choses…

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Extraits :
« John Stephen, architecte, et Vanessa, son épouse, ont décidé d’aller à une réception, une invitation étrange provenant de Brandon, l’associé de celui-ci.
La fête aura lieu dans un château des environs de New York. Elle se promet d’être somptueuse et assez osée d’après les informations inscrites sur le bristol que John a reçu quelques jours auparavant. »

« Au même moment, au-dessus de lui, il entend le bruit caractéristique d’un rideau de fer qui s’abaisse.
La musique d’ambiance s’arrête net, les lumières s’éteignent les unes après les autres. Seules, celles qui sont destinées à la sécurité répandent leurs faibles lueurs verdâtres sur ce monde factice, presque inquiétant. »

« Les yeux lui piquent, il se les frotte. Mais non ! il ne rêve pas. Les deux diablesses l’encerclent et commencent à le déshabiller. Au bout d’un instant, il se retrouve en caleçon, allongé sur la banquette. Des mains le caressent de tous côtés, une bouche s’empare de ses lèvres, une autre de son sexe. Il tente de résister, mais bien vite se laisse aller à une volupté sans pareille. »

« Ce matin, un architecte du nom de John Stephen vient d’être retrouvé dans un motel en compagnie de Lydie Nafair, ex-mannequin, décédée d’une overdose. Il a été constaté également que monsieur Stephen avait lui-même ingéré de la drogue. En attendant d’en savoir un peu plus, la police le place en garde à vue… »

 

 

Anne-Marie Bougret est une ex-danseuse et une romancière.

Passionnée de danse, elle a suivi une formation à l’Institut d’Art Chorégraphique (IPAC) de Paris. Elle a ouvert son école de danse à Bourgoin-Jallieu qu’elle a dirigée pendant 22 ans. Suite à des immobilités forcées, conséquence de son métier de danseuse, elle s’est mise à lire beaucoup et à écrire.

Depuis 2019, elle a publié cinq romans qui sont à découvrir sur son site :
https://www.annemariebougret.fr

Émotion, Drame, Frisson horreur, Suspense

Psylence

de Jean-Marc Dhainaut
Poche – 6 juillet 2023
Éditions : Taurnada Éditions

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Clara en est certaine : elle a vu quelqu’un dans leur chambre… Elle a essayé de prévenir son mari. Mais il ne l’a pas écoutée. Il aurait pourtant dû… Lui, comme toute la famille. Lorsque Meghan Grayford, journaliste passionnée en phénomènes étranges, s’empare de cette histoire, elle ne réalise pas encore l’horreur qui la guette. Pourquoi cet acharnement ? Pourquoi s’en prendre à ces braves gens ? Et, surtout, comment arrêter le mal en personne lorsqu’il vous montre du doigt ? Vous, le prochain sur sa liste…

 

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Quel plaisir de retrouver Meghan Grayford, que j’avais découverte dans Brocélia, Janis son ami d’enfance, ainsi que Mina et Alan, experts en recherches paranormales.

Dès les premières pages Jean-Marc Dhainaut, frappe très fort, et je me suis vite rendu compte que le livre risquait d’être “plus dur, plus violent” aussi, que ses précédents romans.
Je ne me suis pas trompé !

Clara Perec est une vieille dame qui a eu un passé assez mouvementé.
Une nuit, elle se réveille en sursaut et aperçoit une silhouette vêtue de rouge, sur son mari qui tente de l’étrangler. Elle allume la lumière et la forme étrange disparaît… Le lendemain, elle reçoit du monde pour fêter ses 77 ans. Dans une discussion avec sa famille, elle glisse son étrange réveil de la nuit passée au cours du repas. On a du mal à la prendre au sérieux, certains doute même de sa santé mentale… La journée suit son cours jusqu’à une soirée agréable et tardive. Le matin suivant, Clara trouve son mari mort dans le lit conjugal. Il a été assassiné. Sa mâchoire a été disloquée, et pire, il a été étouffé avec ses oreilles qui ont été sectionnées…
Le jour d’après, c’est un autre membre de la famille qui est tué, puis très vite un troisième toujours de la même façon aussi affreuse !

Mais qui peut en vouloir à ce point à la famille Perec ?

Voilà une nouvelle enquête pour Meghan, mais cette fois-ci, malgré l’aide qu’elle aura de ses amis, se sera, à ses risques et périls…

Un récit avec une intrigue qui s’avère très addictive et captivante. Rapidement, le ton est donné et ne ralentira pas jusqu’au bout du récit.
Angoissant, avec plusieurs apparitions de spectres et de fantômes, des tortures et de l’hémoglobine, même une petite fille perdue qui recherche dans la nuit sa maman. Tout est parfaitement dosé, chaque élément qui parait au départ incongru, trouvera le long du récit, son explication. Jean-Marc a affûté ses mots et ne nous laisse aucun répit, cela en devient même immersif… Mais n’est-ce pas ce qu’on lui demande ?

Un très bon thriller fantastique que je recommande à tous les fans du genre !

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Extraits :

« Comment aurait-elle pu se coucher, poser la tête sur l’oreiller en fixant cette place occupée par Gwendal durant un demi-siècle à ses côtés ? Un demi-siècle d’amour fort, d’amour tendre. Comment affronter, là, à quelques centimètres de son visage, cette vision d’horreur à jamais gravée dans son esprit, et espérer pouvoir fermer les yeux ? D’ailleurs, plus personne n’entrait dans cette pièce. Sa décision était déjà prise : elle vendrait rapidement la maison. »

« Ouelque chose se trouvait là, avec elle, et l’observait. Elle trébucha sur une marche. Un son, un seul, résonna dans la maison : celui du “tchac ! tchac !” du sécateur qu’elle voyait scintiller dans la pénombre, là, dans la main d’un homme glissant vers elle, lentement. Une main ferme, forte, qui écrasait inlassablement les poignées de l’outil. Elle ne discernait pas son visage, et ses membres se distinguaient à peine de son habit sombre. »

« Il fit soudain si froid que du givre recouvrit les vitraux. Jamais Meghan n’avait observé de chute aussi brutale de la température dans un lieu potentiellement hanté. Hanté ? L’était-il ? Qu’en aurait pensé Alan Lambin à cet instant précis, s’il avait été là ?
Clara se mit d’un coup à se débattre. Des griffes venaient de lui lacérer les bras et le dos, et les lanières de sa chemise d’hôpital avaient été arrachées. »

« Ce qui l’étonnait toujours, après toutes ses années d’exploration, c’était cet incroyable sentiment de tristesse qu’elle éprouvait dans une maison abandonnée. Il s’y trouvait souvent les souvenirs d’une vie, tels que des photos en noir et blanc d’enfants ou d’adultes. Un bibelot posé sur la télévision, cadeau d’un être cher ? Quand ? Pour quelle occasion ? Un objet désormais oublié, recouvert de poussière. Pouvons-nous imaginer que, un jour, notre intérieur (notre décoration, l’intimité de notre foyer) devienne la proie des ravages du temps ou le sujet d’intérêt d’explorateurs urbains ? »

 

 

Jean-Marc Dhainaut est né dans le Nord de la France en 1973, au milieu des terrils et des chevalements. L’envie d’écrire ne lui est pas venue par hasard, mais par instinct. Fasciné depuis son enfance par le génie de Rod Serling et sa série La Quatrième Dimension, il chemine naturellement dans l’écriture d’histoires mystérieuses, surprenantes, surnaturelles et chargées d’émotions. Son imagination se perd dans les méandres du temps, de l’Histoire et des légendes. Il vit toujours dans le Nord, loin d’oublier les valeurs que sa famille lui a transmises.

Brocélia
https://leressentidejeanpaul.com/2022/07/07/brocelia/

L’Œil du chaos
https://leressentidejeanpaul.com/2023/02/13/loeil-du-chaos/

La maison bleu horizon
https://leressentidejeanpaul.com/2023/04/13/la-maison-bleu-horizon/

Émotion, Drame, Fantastique

La Maison Bleu Horizon

de Jean-Marc Dhainaut
Poche – 29 juin 2017
Éditions : Taurnada Éditions

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Janvier 1985. Tout commence par un message laissé sur le répondeur d’Alan Lambin, enquêteur spécialiste en phénomènes de hantises. Une maison, dans un village de la Somme, semble hantée par un esprit qui effraie la famille qui y vit. En quittant sa chère Bretagne, Alan ignore encore l’enquête bouleversante qui l’attend et les cauchemars qui vont le projeter au coeur des tranchées de 1915. Bloqué par une tempête de neige, sous le regard perçant d’un étrange corbeau, Alan réussira-t-il à libérer cette maison de ce qui la tourmente ?

 

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J’avoue qu’après avoir déjà lu deux romans de Jean-Marc, je pensais savoir à peu près où il allait me mener. Alors, j’ai commencé ma lecture tranquillement, sachant que j’allais passer un bon moment.
Très vite, je me suis rendu compte que le récit risquait d’aller bien au-delà de ce que je m’étais mis en tête. J’en ai lu de nombreux récits qui côtoient le paranormal, Jean-Marc y a mis beaucoup de sensibilité et a créé une histoire sur mesure pour sa thématique que j’avais rarement vu aussi bien développée…

Le mari d’Hélène s’est absenté pour quelques jours. Très vite, il ne donne plus de ses nouvelles.
Hélène s’inquiète. Thomas, leur fils se réveille depuis toutes les nuits à la même heure en hurlant. La nuit les portes claquent toutes seules, alors que d’autres restent bloquées sans logique, les parquets craquent et ils entendent régulièrement les pleurs d’une jeune fille. Lorsqu’une tempête de neige s’abat sur la région, les isolant complètement des autres villageois, Hélène qui a entendu à la radio Alan Lambin, enquêteur en phénomènes paranormaux, décide de le contacter. Il doit justement faire une interview pas très loin et se propose de passer.

En arrivant, Alan découvre une immense propriété, le type de “château” où ce genre de phénomènes a l’air de se produire plus qu’ailleurs. Au fil des pages, une ambiance pesante s’installe déroutant l’enquêteur et mettant à mal la famille apeurée.

Quel est le rapport entre un militaire de la guerre 14-18, une petite fille qui apparaît et disparaît dans les couloirs, les pleurs d’une enfant et la disparition du mari d’Hélène ?
Très vite, Alan va se retrouver confronté à une “réalité” qui risque de le dépasser, une réalité bouleversante et touchante à la fois !

Une fois commencé, impossible de m’arrêter. Je l’ai lu d’une traite. Les dernières pages, je les ai même lu les larmes aux yeux… Quel plaisir de lecture, quel bonheur.
C’est exactement pour ce genre de récits que je lis. C’est beau, plein de sensibilité. Ou comment un roman qui m’a fait frissonner dès les premières pages est devenu au fil de ma lecture un roman émouvant où chaque personnage a sa raison d’être… Bravo Jean-Marc pour cette “petite histoire dans la grande”, les personnages, j’espère vont me hanter encore longtemps.

Très gros coup de cœur pour ce récit Jean-Marc Dhainaut qui prend des risques à chacun de ses romans.
Que d’émotions…

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Extraits :

« Durant mes nombreuses enquêtes, j’ai parfois eu l’occasion de me gratter le menton en me posant une multitude de questions. Je suis de plus en plus persuadé que la mort n’est pas une fin, mai qu’il convient de trier tous les clichés, toutes ces certitudes, toutes les affirmations de certains. »

« Oui… Bonjour. Madame Anneraux à l’appareil. J’habite dans un village de la Somme. C’est difficile de l’expliquer comme ça, mais il se passe des choses étranges chez nous… Je vous laisse mon numéro… »

« Mon mari a enchaîné les dépressions lorsqu’il travaillait dans sa précédente société. La pression et l’humiliation étaient devenues insupportables. Sa vie professionnelle avais viré au cauchemar et nous avons failli nous séparer à cause de cela. Puis, il y a eu sa tentative de suicide. Après un long arrêt et un séjour à l’hôpital, il s’est fait renvoyer. »

« Pardonnez-moi, ma chérie. Sous la pluie, sous les obus, je n’ai jamais cessé de penser à vous, ma Louise. Et lorsque je pensais à vous, alors, dans la plaine tourmentée fleurissaient les coquelicots que nous aimions tellement cueillir. Et le soleil brillait en effaçant le malheur devant moi, illuminant votre sourire que je n’oublierai jamais. Vous vous souvenez, mon amour ? Vous vous souvenez de votre main dans la mienne, quand nous courions dans les champs derrière chez vous ? Et de tous ces après-midi, simplement allongés dans les coquelicots, à regarder la forme des nuages, laissant voyager notre imagination ? »

 

Jean-Marc Dhainaut est né dans le Nord de la France en 1973, au milieu des terrils et des chevalements. L’envie d’écrire ne lui est pas venue par hasard, mais par instinct. Fasciné depuis son enfance par le génie de Rod Serling et sa série La Quatrième Dimension, il chemine naturellement dans l’écriture d’histoires mystérieuses, surprenantes, surnaturelles et chargées d’émotions. Son imagination se perd dans les méandres du temps, de l’Histoire et des légendes. Il vit toujours dans le Nord, loin d’oublier les valeurs que sa famille lui a transmises.


Brocélia

https://leressentidejeanpaul.com/2022/07/07/brocelia/

L’Œil du chaos
https://leressentidejeanpaul.com/2023/02/13/loeil-du-chaos/

Émotion, Philosophique, Poésie

M.

de Alain Cadéo
Broché – 6 mars 2023
Éditions : Cahiers de l’Égaré

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IL Y A LONGTEMPS, Alain Cadéo accompagna à voix haute et en mots couchés sur le papier, le voyage utérin du fœtus offert par la Vie. Le ciel au ventre, fut le titre fabuleux de ce récit. Aujourd’hui, tiré d’un tiroir, M. est le titre du récit offert par Alain Cadéo à la femme porteuse, la femme aimée, unique-multiple, singulière-plurielle. Traversé et passeur d’un dire “au-dessus”, lui est offert cet énoncé inouï : Aimer c’est goûter du bout des lèvres, du bout de la langue pour voir “quel goût ça a” cette peau et cette âme d’une adorable étrangeté.
L’éditeur

 

• Couv_Cadeo Alain - M.

 

Qui est Alain Cadéo ?
Dans ce court texte plein de mystères, l’homme poète-écrivain se dévoile un peu… Beaucoup.
C’est à nous poètes-lecteurs de prendre, de voir, d’entrevoir parfois les messages qui vibrent et flottent grâce à une musique que tous n’entendront pas.
Relâché, on doit l’être.
Ouvert, il faut l’être pour percevoir, ressentir le cadeau que nous offre l’auteur…

Un hommage à une femme, pas à n’importe quelle femme, à la femme aimée.
Un hommage avec les mots de tous les jours qui trouveront ici une place sublimée. Toujours en profondeur, ils restent malgré tout chargés de pudeur.
Je me retire et m’incline devant le maestro… je ne suis qu’un poète-lecteur…

Alain Cadéo, a encore une fois agrandi mon horizon, a fait briller mon esprit !

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Extraits :
« Qu’y a-t-il en effet de plus admirable, de plus exaltant qu’un être différent, autre chose, une autre terre à contempler que la sienne ? Mais souvent nous pensons : “ce qui ne fonctionne pas comme moi, m’agace ou m’indiffère…” alors que nous devrions toujours nous demander : “Pourquoi celui-là ou celle-là se comporte-t-il ainsi ? Que dois-je comprendre ? Que me permet-il de découvrir ?” »

« Allez, souviens-toi petit… Dans ce monde, il y a si longtemps, ta mère te regardait… Et l’œil bleu savourant ta naissance caressait ta peau de nouveau-né. Le frémissement des premiers vents glaçait ton corps fripé couleurs d’argile rouge. C’est que tu descendais, dégringolais serait plus juste, de notre éternité, te souvenant à peine d’un lieu tenu secret contenant le Savoir, une insensée béatitude. »

« Quelle drôle d’écriture ! C’est que dans mon état, on n’a pas le cœur à faire des phrases, on ne cultive pas la logique, on n’a pas envie de faire de la littérature, on laisse venir, ça fait du bien, ça t’occupe les doigts et le bout de cervelle qui te reste. Tu peux pas réfléchir. Je vous l’ai dit, c’est comme de l’ivresse. Pourtant je ne carbure qu’à la vitamine C, et naturelle en plus. »

« Revoir sa vie, kaléidoscope, fragments, bribes, mais le to “habité”. Tu comprends : “habité”. Couleurs, odeurs, touchers, musiques, moments du cœur, le tout “vivant”. Tu comprends : “vivant”. Tu ne t’en rendais pas compte lorsque tu les vivais ces moments et cependant tu les vivais, à un point tel d’ailleurs que tout sans cesse te revient dans ce présent comme immuable. »

 

Alain Cadéo est l’auteur de nombreux ouvrages (nouvelles, romans, textes, pièces de théâtre), dont “Stanislas” (1983), premier prix Marcel Pagnol 1983 ou encore Macadam Epitaphe (1986), Plume d’Or Antibes et Prix Gilbert Dupé.

Après avoir été notamment publié par Mercure de France, il est depuis 2018 publié par les Éditions La Trace.

Il vit à Évenos, en Provence.

Mayacumbra
https://leressentidejeanpaul.com/2020/02/26/mayacumbra/

Confessions (ou les spams d’une âme en peine)
https://leressentidejeanpaul.com/2021/06/03/confessions-ou-les-spams-dune-ame-en-peine/

Arsenic et Eczéma
https://leressentidejeanpaul.com/2022/05/06/arsenic-et-eczema/

L’homme qui veille dans la pierre
https://leressentidejeanpaul.com/2022/09/08/lhomme-qui-veille-dans-la-pierre/

Émotion, Fantastique, Suspense

La chinoise du tableau

de Florence Tholozan
Poche – 20 mai 2021
Éditions : M Plus Pocket

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Si comme Mélisende et Guillaume vous découvriez un tableau très étonnant ?
Au second plan, derrière une jeune Chinoise, se tiendrait un couple. Un couple qui ressemblerait en tout point au vôtre. À un détail près : les personnages représentés sur la toile seraient bien plus âgés.
Une curiosité irrésistible vous entraînerait jusqu’en Chine, à la recherche de la Chinoise du tableau.
Et si vous vous aperceviez que cette dernière détenait un secret qui va bouleverser votre vision de la vie ?

Un roman contemporain envoûtant. Des sentiments purs et forts. Un récit à plusieurs voix de toute beauté, où la particularité de chacun s’imbrique dans une continuité intemporelle.

 

• Couv_102_Tholozan Florence - La chinoise du tableau

 

2022 a été pour moi, un peu l’année des premiers romans… et bien m’en a pris !
Il se dégage des premiers romans, une force, une envie de partage que je trouve assez incroyable et touchante.

Florence Tholozan signe avec “La chinoise du tableau” un livre très atypique et nouveau. C’est un voyage dans le temps, dans l’histoire, dans l’espace, avec une pointe de fantastique… ou pas !
Voyage en Chine avec sa culture magnifiquement retranscrite par l’auteure. Voyage historique puisque Florence partage avec nous deux sauts au sein des deux guerres mondiales comme si nous les vivions, et un voyage au-delà de la vie, à travers la mort.
J’ai passé un excellent moment de lecture, et j’ai regretté d’arriver si vite à la fin de cette intrigue, qui m’a amené à réfléchir sur des possibilités que nous offre la vie, qui sont peut-être encore à découvrir.
Une très belle histoire, où l’amour est le centre de tout, un roman extrêmement bien documenté, et même si j’ai noté une ou deux incohérences historiques, le récit est tellement beau, tellement vivant, que je les ai bien vite oubliées… au bénéfice d’un rythme entrainant avec une telle simplicité dans les mots, qui m’a fait énormément de bien au cœur.

Le but de la lecture, n’est-elle pas de nous faire rêver et voyager ?
Une très belle découverte pour moi. Florence un grand bravo à toi, tu as rempli ton premier contrat avec “une main de maître” !
Et je pense, d’ors et déjà, qu’il va falloir que je prévois de la place sur mes étagères pour tes prochains ouvrages…

Florence Tholozan, une auteure à suivre…

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Extraits :
« Tout le monde me connaît aux alentours.
Cependant, il serait plus exact de dire que l’on croit me connaître. On me rencontre quotidiennement, on m’adresse la parole, on me sourit… Néanmoins, personne ne sait l’essentiel, jusqu’à mon nom de naissance. Nul, n’imagine qui je suis en réalité. Ceux qui m’appellent Shushan sont les rares survivants d’une lointaine époque où je n’étais qu’une petite fille. Ils se comptent dorénavant sur les doigts de la main.
Pour tous, jeunes et vieux, hommes, femmes et enfants, peu importe, je suis la “passeuse d’offrandes”. Voilà comment on me nomme dans mon village natal, “passeuse d’offrandes”. »

« Nos cœurs qui battent à l’unisson, nos souffles accordés sur la même mesure. Sa peau veloutée. Les bouches qui se trouvent, les mains qui courent sur nos corps ; lesquels se cherchent, se découvrent, s’apprivoisent timidement, et se reconnaissent. Tout est si simple, si évident. »

« Mélisende… Regarde-la. Elle fonce dans la vie, elle envoie valser les obstacles et elle avance, le nez au vent, à l’écoute de ses intuitions, dont elle a le sens, particulièrement aiguisé… Oh, elle a bien des tourments ! Rares sont ceux qui y échappent. Mais j’admire son courage. Les femmes en ont beaucoup… Plus que les hommes. On le dit. J’en suis convaincu. Bah, des généralités. Je suis cependant obligé d’admettre que nombre d’entre elles ont une force intérieure qui me fascine… »

« “Voyons, si tu as poussé, fiston !” Mon objectif était d’atteindre la marque à hauteur de sa taille à lui, la plus haute de la famille. Constater que je m’en approchais chaque coup un peu plus, me rassurait. Quand, enfin, mon encoche a daigné, dépasser celle de mon paternel, au lieu d’en éprouver, l’orgueil escompté, j’ai réalisé avec effroi que, si lui ne grandissait plus, il continuait de vieillir. Et à cet instant-là, alors que je n’étais déjà plus un enfant et que mon père n’était plus une montagne, j’aurais voulu que plus rien n’évolue et profiter de mes parents, d’égal à égal. Et je songeais que si le temps n’épargnait ni ma mère, ni lui, il ne m’épargnerait pas, moi non plus…
C’est cela, devenir adulte, perdre une certaine innocence, prendre conscience qu’un jour, nous serons vieux et qu’après nous disparaîtrons. »

 

 

Florence Tholozan réside dans les proches environs de Montpellier. Du plus loin qu’elle se souvienne, elle a toujours eu l’amour des mots.

Diplômée en psychologie clinique, elle enseigne dans l’Hérault.

“La Chinoise du tableau” est son premier roman. Il a été présenté pour le Prix de la 1ère Œuvre d’une auteure 2020 et a concouru au Prix du Livre Romantique 2019 pour lequel il a été finaliste. Traduit en plusieurs langues il a été récompensé par le Prix Paroles d’Auteur(e)s.

“L’écho de nos jours” est son deuxième roman.

Drame, Fantastique, Thriller

Émersion**

de Michael Fenris
Broché – 7 octobre 2021
Éditions : Les Nouveaux Auteurs

Personne n’y croit mais Jedediah Lafkin en est convaincu, sa ville natale, Hope Falls, a bien été détruite par une tempête de feuilles, les esprits de la nature ont puni ceux qui ne la respectaient pas. Depuis Jedediah n’est plus que l’ombre de lui-même. Interné contre son gré dans un hôpital psychiatrique, gavé de médicaments destinés à lui faire perdre la mémoire, il ne se souvient plus de son identité. L’instigateur n’est autre que le sénateur Maccallan, l’homme qui a failli devenir son beau-père, et qui lui voue une haine féroce depuis la mort accidentelle de sa fille Barbara. Alors que Jed croupit dans sa cellule, victime des brimades répétées de certains membres du personnel, une mystérieuse inconnue lui fait discrètement passer un message. La carte postale d’Hope Falls l’avertit : le cauchemar recommence, cette fois à bien plus grande échelle. Alors que l’invasion de feuilles se prépare à frapper Manhattan le jour d’une conférence sur le climat à l’ONU, Jed s’échappe de l’hôpital, et il sait qu’il va devoir affronter la pire de ses terreurs : la feuille d’érable rouge et tout ce qu’elle représente.

“ Un thriller palpitant qui nous tient en haleine
de la première à la dernière page.”

Femme Actuelle

 

 

Dès ma dernière ligne sur le roman “Feuilles”, j’ai tout de suite enchaîné avec “Émersion” !
Il me fallait absolument connaître le dénouement du combat engagé par Jedediah…
Et quelle fut ma surprise…

J’avais tellement aimé “Feuilles”…
Au bout de quelques pages de ma nouvelle lecture, je me suis finalement rendu compte que, “Feuilles” n’avait été qu’une “ébauche”, un premier pas vers cette suite incroyable et surprenante !

Pour tous ceux qui ont lu le premier volet, n’essayez surtout pas d’anticiper ou de deviner cette suite que je tiens encore entre mes mains, vous ne feriez que perdre votre temps !
Il ma été impossible de la lâcher. Il a fallu que je la lise d’une traite, je ne pouvais pas faire autrement. En effet, Michaël a composé son récit de telle sorte que, plus on avance dans l’intrigue et plus l’histoire va crescendo, c’est malin. C’est efficace. Et cela ne s’arrêtera qu’à la dernière page, la dernière ligne même, qui je dois le dire m’a complètement

Et puis non, finalement je ne le vous dirai pas !

Vous ne savez pas ce qui vous reste à faire ?
Faites-moi confiance, vous ne le regretterez en aucun cas. Je dirai même plus… Vous risquez même de me remercier !
Mais celui qu’il faudra remercier c’est bien Michaël Fenris, car sans lui, vous ne liriez pas mes mots.

Après un début très personnel je trouve, sur les fissures et les “erreurs” commises par notre héros, qui va ainsi pendant plusieurs années rester caché derrière ses doutes et ses peurs bien malgré lui d’ailleurs, Jedediah décide enfin de reprendre son destin en main et d’affronter la nature qui se venge des humains qui ne la respectent plus, et ce de plus en plus. Dès lors, le scénario vire à 90° et à partir de là tremblez…
Le cauchemar recommence, mais cette fois, la nature s’attaque à Manhattan puis se seront toutes les grandes villes du monde qui très vite vont se trouver prises au piège.

J’ai adoré ce thriller fantastique et cette écriture si pointue.
C’est pour moi une vraie et belle réussite, c’est même un nouveau gros coup de cœur !
“Émersion” mériterait non seulement que l’auteur soit davantage connu pour une diffusion beaucoup plus large, mais aussi une adaptation cinématographique digne des plus grands réalisateurs.

Vous savez, je n’avais pas fais attention à toutes ces feuilles qui sont déjà par terre depuis quelques jours et qui se déplacent lentement avec avec le vent…

Et vous ?

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Extraits :

« J’avais eu tort d’interrompre trop tôt son traitement sous prétexte qu’il m’assommait et m’empêchait d’avoir les idées claires. Il m’évitait surtout d’avoir des hallucinations. La feuille d’érable rouge avait disparu en même temps que ma ville natale, et si je n’avais pas trouvé la mort là-bas, ce n’était pas pour périr ici. Presque rasséréné à cette idée, je m’apprêtai à m’installer dans le salon lorsque le téléphone se mit à sonner. Aucun numéro ne s’afficha sur l’écran numérique. Je décrochai, m’attendant à une erreur, mais la voix féminine à l’autre bout du fil me prouva le contraire :
– Vous êtes Jedediah Lafkin ? »

« La douche acheva de réveiller mon corps, pas mon esprit. Je me traînai vers la table, m’assis et attendis, l’œil rivé sur la pendulette fixée au mur. Un truc moche, en plastique orange, auquel le créateur pour faire bonne mesure avait ajouté une citation en italique : Sed fugit interea, fugit irreparabile tempus, singula dum capti circumvectamur amore*. Virgil. le datomètre indiquait deux chiffres : 18. De quel mois, je l’ignorais. »

« Quelque chose monta en moi, de très loin. Une vague intérieur immense, un tsunami de souvenirs qui afflua en forçant les ultimes barrages que mon cerveau avait dressés, volontairement ou non. Le col fut si violent que je me cabrai, basculai en arrière et me roulai sur le sol, en proie à ce qui ressemblait à une convulsion. Je clignai des yeux, mes dents claquèrent, je me mordis la langue, le sang chaud coula de ma bouche et se mêla à celui de mes narines. C’était comme se noyer. »

« Je sais que c’est difficile à croire, mais il faut partir du principe que la nature est régie par une force du bien. Elle ne demande que de vivre en bonne intelligence avec l’Homme. Depuis des centaines d’années, nous l’avons meurtrie, martyrisée, détruite pour notre seule satisfaction égoïste, nous avons multiplié les constructions, arraché au sol des millions d’hectares… Alors aujourd’hui, la nature se venge. »

* Mais en attendant, il fuit : le temps fuit sans retour, tandis que nous errons, prisonniers de notre amour du détail. 

 

 

Michael Fenris est né le 03 mai 1968, d’origine lorraine, où il garde de profonds attachements avec la ville de Nancy, et installé professionnellement comme médecin en région parisienne depuis 2002.

Passionné par la lecture et l’écriture, il entasse pendant plus de trente ans des pages manuscrites dans des cartons, mais ce n’est qu’en 2015 qu’il décide de franchir le cap en proposant ses premiers manuscrits aux Éditions Prisma.

Sont respectivement sortis :

  • Chez Prisma : Feuilles en 2015, le Syndrome Noah en 2016, Thérianthrope en 2018, L’île en 2019, Déviation en 2020 et Émersion en 2021.
  • Chez Evidence : Neige, Whistlers, Horizons Funèbres et le Fétichiste.
  • Chez Eaux Troubles : Diamants sur Macchabées (reprise d’un auto édité) et Vengeance sur Pellicule.
  • En autoédition : Aaverhelyon, Diamants sur Macchabées 1° version et les 7.

En parallèle il développe les aventures de Don et de Luc Dassaut sous un autre nom, et travaille au scénario de plusieurs BD.

Michaël Fenris – Feuilles*
https://leressentidejeanpaul.com/2022/08/17/feuilles/

 

Histoire, Polar historique, Suspense

Alexandre***

L’horizon d’Aton
de Annette Rossi
Broché – 30 août 2019
Éditeur : Les Sentiers du Livre

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Les pistes que suivent un archéologue-linguiste et un égyptologue de renom depuis la découverte d’un symbole référant à un pacte conclu à Babylone en 323 avant Jésus-Christ, année où disparaît Alexandre le Grand, les entraînent dans une descente irréversible vers le danger. La trinité, une alliance sans scrupule, met tout en oeuvre pour empêcher la découverte du tombeau du roi macédonien, mystérieusement disparu au début du IVe siècle, époque où fut érigé le Saint- Sépulcre à Jérusalem. Est-ce la Ville sainte qui détient la clé du mystère ? Et qui fut réellement Jésus-Christ ? Le Nemrud Da va-t-il livrer l’indice majeur permettant de percer à jour la vérité ? Est-ce le carré magique Sator qui révèlera le chemin vers la pyramide invisible dans la cité illuminée ? Sur fond de guerre en Palestine et tensions politiques des années soixante-dix, des villes mortes du Proche et Moyen-Orient à l’Égypte, en passant par Pompéi, la Provence et Israël, nos héros, faisant preuve d’une foi et d’une résolution inébranlables, poursuivent leur quête et dévoileront enfin le sens profond de alètheia musterion apocryphe ptoselper.

 

2022_016_Rossi Annette - Alexandre *** L'horizon d'Aton

 

Voilà, c’est fini…
C’est avec de la tristesse, je dois le dire, que je termine le dernier volet de cette trilogie incroyable !

Dans mes deux premiers “Ressentis”, j’avais déjà parlé de la qualité documentaire et historique, mise en place par Annette Rossi, et de la magie qu’il y a dans ses mots…. Ce troisième tome ne déroge pas à “sa” règle. Très bien construit et toujours aussi bien documenté. Mais attention, dans ce tome, le rythme s’intensifie au fur et à mesure… avec d’énormes surprises.
Alors, fiction ou pas ?
Tout est si bien construit que l’on voudrait presque y croire…
Et les derniers chapitres !!! Si inattendus qu’ils pourraient même dérouter certains lecteurs, chaque détail est important.

Tout le long de ses plus de 1200 pages, l’intrigue sera relativement complexe pour tout lecteur qui voudrait juste lire cette épopée comme n’importe quel autre roman.
Non !
Lire la trilogie d’Annette, se mérite presque… Il faudra se mettre à la place des héros, surmonter les différentes épreuves, souffrir aussi avec eux, s’accrocher pour ne pas tomber, et les perdre au détour d’un chapitre plus consistant, mais quel bonheur !

Depuis plus de 45 ans que je lis, et plus de 3000 romans lus, la trilogie “Alexandre” fait certainement partie des meilleurs romans historiques que j’ai lu.
Annette recherche la perfection… Elle obtient des lecteurs éblouis qui vont maintenant se retrouver “orphelins”…
Philippe, Didier, Sophia, Julia et tous les autres nous quittent, après quatre années de quête à travers le monde, après d’incroyables découvertes jusqu’à la fin.

Je recommande vivement la “Trilogie – ALEXANDRE” à tous les amoureux des mots et des intrigues bien ficelées…
Très gros coup de cœur pour cette magnifique Histoire…

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Extraits :

« La prière du soir, isha, résonne dans la ville. Depuis les nombreuses mosquées de Bursa, les chants des muezzins, comme des échos, s’enchaînent les uns après les autres. Il est presque minuit lorsque, pour la deuxième fois deux la journée, les deux hommes grimpent la ruelle escarpée qui mène au complexe de Bayezid Yildirim. La température est agréable. Un ciel constellé tend un voile d’argent au-dessus du site. Une faible brise balaie les hauts cyprès et fait frémir les feuilles des châtaigniers. Les pierres claires de la mosquée et de la médersa en ruine baignent dans la lumière blanchâtre de quelques lampadaires. »

« L’automne recouvre la Provence. Au pied de la montagne du Lubéron, ondule un paysage aux nuances subtiles enveloppé des senteurs de plantes parfumées. La lumière diaphane caresse les collines de calcaire blanc et adoucit les couleurs flamboyantes des falaises ocre et rouges. Les villages baignés par le soleil veillent au sommet des collines, blottis contre des châteaux. Ils sommeillent au milieu des garrigues et forêts ou dorment encerclés de houles de champ de blé. À l’époque de la floraison de la lavande, les prés sont sublimés par l’alternance de bande bleue caractéristiques du paysage provençal. »

« Hantés par ce qu’ils viennent de vivre et surtout, à quoi ils viennent de survivre, ils fument en silence. Les images de l’attaque ne cessent de les tourmenter. Il est près de minuit. Tous sont épuisés, meurtris. Ils sont déshydratés et le froid est en train de devenir inconfortable. Ils décident de se remettre en route au plus vite. Laila distribue les lampes frontales et les Uzis, chargeurs pleins, puis David, écrasant sa cigarette, propose :
– On y va ? »

« Alexandre, de son vivant, créa sa mort et de sa mort, il créa sa légende qui est le mystère de la vérité qui est le secret que protège la Trinité. »

 

 

Née aux Pays-Bas, passionnée de voyages, d’histoire et d’archéologie, très tôt Annette part à la découverte du monde et consigne ses expériences sur des carnets. Un jour, sur sa route, elle croise deux aventuriers avec lesquels elle se lie d’amitié et qui donneront naissance aux héros de son premier roman. Aujourd’hui, elle vit en France, au pied du mont Blanc dans la vallée de Chamonix.

« Le besoin de décrire ce que je vois, ce que je vis, ce que je ressens, existe depuis mon enfance. Mes voyages me donneront l’occasion d’exprimer cette passion et ces notes donnent naissance à des récits en néerlandais. Plus tard, je découvre le plaisir d’écrire en français. Une langue tellement riche, tellement raffinée, qu’elle permet de trouver toujours le mot juste, la parfaite nuance. Je publie un blog de voyages sur WordPress : Voyages au-delà de l’horizon et un blog d’images en trois langues ; français, néerlandais, anglais : Images au-delà de l’horizon. Puis, un jour, une intrigue traverse mon esprit… »

Annette Rossi

Alexandre – TOME 1 : Le pacte de Babylone
Alexandre * Le pacte de Babylone

Alexandre – TOME 2 : La malédiction de Tamerlan
Alexandre**

Émotion, Cercle littéraire, Polar, Romance

Sœurs de sable

de Stéphane Héaume
Broché – 7 avril 2021
Éditeur : Payot & Rivages

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1958, une station balnéaire écrasée de chaleur. 2018, un surprenant huis clos au décor raffiné. Rose et Amelia, deux femmes malmenées par la vie et que soixante ans séparent n’ont, on pourrait le croire, rien en commun. Pourtant, un homme, un secret, un cadavre vont relier leurs existences et changer leur destin.
En donnant corps à deux turbulentes héroïnes dans un univers plein de mystère, Stéphane Héaume nous prouve, avec malice et fantaisie, qu’il faut toujours se méfier de l’eau qui dort.

Stéphane Héaume est l’auteur de plusieurs romans dont «Le Clos Lothar» (Zulma, 2002, prix du jury Jean-Giono et prix Emmanuel-Roblès) et «Sheridan Square» (Seuil, 2012, prix de la Ville de Deauville).

 

2022_010_Héaume Stéphane - Sœurs de sable

 

Un roman très agréable, au charme désuet, qui m’a rappelé les films adaptés des romans d’Agatha Christie… On y retrouve cette ambiance balnéaire méditerranéenne bien particulière, les hommes en costumes, les femmes avec leurs belles robes et leurs chapeaux, les villas, les hôtels de luxe perchés au milieu des rochers entre les pins… Mais il n’y a pas que ça… Vous croiserez un nain magicien, un très beau Zippo en argent gravé de deux initiales, deux sœurs qui se détestent, des langoustes aussi ! et vous ferez même un voyage en première classe dans un Zeppelin en direction de Porfou… Toutes les descriptions sont méticuleuses et délicieuses.

Stéphane Héaume, m’a emporté, transporté même, dans son récit qui navigue au rythme des chapitres entre passé et présent, jusqu’à “LA” rencontre attendue, la fusion de deux époques qui ne demandaient qu’à se croiser…

Fa, mi.
Fa, mi, do dièse.
Fa, mi, do dièse.

La musique est très importante aussi, elle est partout. Entre les lignes, entre les mots…
Chaque phrase résonne telle une mélodie, s’enchaînant les unes aux autres. Donnant l’impression parfois d’une poésie. Stéphane est un musicien et cela s’entend !

Rose est écrivain, Amélia journaliste, deux femmes, deux époques différentes, 1958, 2018. Chacune vit un parcours difficile, paraissant au premier abord très différent… En réalité, leur destin est lié par un homme étrange, un homme qui pourrait bien changer leur destin.

Venez donc vous installer à la terrasse du Grand Café de la Plage. Observez-les… Ces hommes, ces femmes qui se croisent, qui se bousculent, qui s’ignorent ou qui se haïssent. Regardez bien ce ballet incessant, au rythme des marées, des vagues et du ressac…
Vous la voyez ?
Mais oui, c’est bien Rose qui est là, au milieu de la plage, dans sa robe blanche, un verre à la main. Que fait-elle ?
Non, vous ne rêvez pas… Elle danse.
Elle danse, car contrairement aux autres jours, aujourd’hui elle est heureuse… elle pense à l’homme aux yeux verts qu’elle vient de rencontrer… Sa voix douce et grave résonne encore dans son esprit.

Une lecture au rythme lancinant et addictif, une ambiance donnant un côté immersif au roman, un mystère qui nous tient en haleine, des personnages très marqués dans leurs personnalités, des situations originales. Le sable est doux au soleil, mais il cache bien des mystères…

“Sœurs de sables”, une histoire qui mériterait de compléter votre bibliothèque !

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Extraits :

« Ce matin, tout semblait immobile. Ce n’était pas normal. Il y avait bien, à demi dissimulées sous les tamaris et les cyprès de la promenade des Italiens, assises sur des bancs, deux ou trois silhouettes avec leurs chiens, mais Rose ne les reconnut pas. C’était trop éloigné, trop flou. Elle voyait mieux le croissant blond de la plage niché au pied du quai principale où s’alignait les boutiques encore fermées et les restaurants. Bientôt, d’autres silhouettes y viendraient pour se dévêtir, s’enduire de crème, s’allonger, se baigner – rituel avide en cette fin d’été. »

« … ce voyage à Porfou ne me fait pas grimacer, il libère des souvenirs protégés, des parfums que j’avais mis sous clef, un visage, un sourire, le sourire d’une femme qui hante mes nuits et mes désirs enfuis, ce visage que vous avez vu, cette femme dont je peux bien vous parler, maintenant, vous avez tout fait pour, cette femme s’appelait Rose – y a-t-il plus beau prénom ? … »

« Il opéra un rétablissement fulgurant dans une grande gerbe d’eau et s’assit sur le banc. Rose était toute mouillée. Elle riait nerveusement. Son châle détrempé, à présent transparent, laissait voir ses petits seins, sa peau fine, cachés au monde depuis si longtemps, enfermés, clos comme les volets de son hôtel, étrangers aux mouvements de la vie. Rose était un animal traqué. Un cœur traqué. Un corps craqué oublié dans les remises obscures de sa très vieille solitude. »

« Tous les deux seuls dans le théâtre vide. Ils ont marché longtemps. Ils ont partagé leurs blessures dans la fulgurance, l’évidence de la rencontre. Frère et sœur, voilà ce qu’ils seront. Sans jamais se le dire. Ils n’ont pas eu le courage de grimper jusqu’au cirque – ils iront demain. Rester dans le vent, se perdre dans le rivage lointain, se bercer du mouvement des vagues qui montent à l’assaut de la lame noir des roches. Avancer dans le parfum de la pinède et des aiguilles chauffées par le soleil. Se jeter vers l’horizon. Se liguer contre leurs fêlures. »

 

 

Stéphane Héaume, né à Paris en 1971, est un romancier français.

Il a été résident au Domaine de La Prée (Indre) entre 2000 et 2002 (résidence d’artistes parrainée par l’Académie des Beaux-Arts).
Après plusieurs années passées à New York et en Afrique, il vit aujourd’hui à Paris.

Il est l’auteur de plusieurs romans :
Le Clos Lothar (Zulma, 2002, Prix du jury Jean-Giono 2002 et Prix Emmanuel-Roblès 2003),
Orkhidos (Zulma, 2004),
Le Fou de Printzberg (Anne Carrière, 2006),
Le Contemplateur (Anne Carrière, 2007)
et La Nuit de Fort-Haggar (Seuil, 2009).

Il écrit également des textes pour la musique.
Avec le compositeur Thierry ESCAICH (né en 1965) :
Valse désarticulée (Théâtre du Lierre, 2007).
Avec le compositeur Richard DUBUGNON (né en 1968) :
Tryptique (Royal Academy of London, 1999 ; reprise à Radio France, 2008), Le Voyage écarlate (La Péniche Opéra, 2002 ; reprise au Festival d’Aix-en-Provence, 2005), Cantata Oscura (Espace Cardin, 2005 ; reprise à Radio France, 2005) et Le Songe Salinas, symphonie lyrique pour mezzo-soprano et orchestre (Théâtre des Champs-Elysées, 2009).