Émotion, Drame, Histoire, Poésie, Roman

Madelaine avant l’aube

de Sandrine Collette
Broché – 21 août 2024
Éditions : JC Lattès

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C’est un endroit à l’abri du temps. Ce minuscule hameau, qu’on appelle Les Montées, est un pays à lui seul pour les jumelles Ambre et Aelis, et la vieille Rose.
Ici, l’existence n’a jamais été douce. Les familles travaillent une terre avare qui appartient à d’autres, endurent en serrant les dents l’injustice. Mais c’est ainsi depuis toujours.
Jusqu’au jour où surgit Madelaine. Une fillette affamée et sauvage, sortie des forêts. Adoptée par Les Montées, Madelaine les ravit, passionnée, courageuse, si vivante. Pourtant, il reste dans ses yeux cette petite flamme pas tout à fait droite. Une petite flamme qui fera un jour brûler le monde.

Avec Madelaine avant l’aube, Sandrine Collette questionne l’ordre des choses, sonde l’instinct de révolte, et nous offre, servie par une écriture éblouissante, une ode aux liens familiaux.

« Sandrine Collette s’élève au sommet de son art. »
Le Parisien

« Tout simplement impressionnant »
Lire Magazine littéraire

« Un roman intense et terrible »
Femme Actuelle

« La romancière est au sommet de son art. »
Version Femina

« Éblouissant »
Point de Vue

« Artisane d’une écriture mêlant tournures incantatoires et mots rugueux, sensations précises comme des coupures, images vives, nature puissante, Sandrine Collette fait tourbillonner les éléments du décor et les pantins qui l’habitent en un ballet macabre, captivant, tandis que les planètes s’alignent pour précipiter ce petit monde dans le chaos. »
Le Point

« Un génial tour de force »
La Vie

« Ce texte déborde de vie »
Télérama

« Une écriture magnifique »
Madame Figaro

« Notre Goncourt à nous. »
Le Parisien

« Une grande réussite »
Le Monde des Livres

« Un talent hors pair de raconteuse d’histoires »
L’OBS

« Un roman magistral »
Version Fémina

 

• Couv_2024-104_Collette Sandrine - Madelaine avant l'aube.jpg

 

C’est le septième roman de Sandrine Collette qui passe entre mes mains.
Sandrine, pour moi fait partie des autrices qui ont su s’affranchir d’une certaine bienveillance pour aller vers une prose personnelle, parfois choquante, parfois très poétique. Je ferme mon livre en me disant qu’encore une fois, elle nous offre une sacrée évasion littéraire…

Ce roman est un peu comme une ode. Une ode à la puissance de la nature, une ode à la famille, à l’histoire des paysans et tout simplement à la vie, dans un monde où les hommes et les femmes vivent courbés face à leurs maîtres. Ici, le droit de cuissage n’est pas une “légende”, il est la peur que ressentent toutes les femmes et toutes les jeunes filles. La vie est très dure, et les intempéries qui pourrissent les cultures n’arrangent rien à la faim qui est leur quotidien dans le hameau où ils vivent, que l’on ne peut situer ni dans le temps, ni dans les lieux. Tout ce que l’on sait, c’est que la vie est dure, très dure…
Et un jour, Madelaine, petite fille abandonnée, apparaît dans le hameau. Elle sera accueillie avec beaucoup de bienveillance par deux sœurs jumelles, Ambre et Aelis. Bran, le narrateur du récit, et personnage emblématique, voit tout de suite en Madelaine, une fille différente qui n’a peur de rien et est capable de s’imposer malgré son jeune âge face aux hommes. Bran l’aime et lui sera fidèle jusqu’au bout…

L’histoire est magnifique, et à un moment de ma lecture, je me suis rendu compte que Sandrine, par une ponctuation particulière, des phrases sans verbe, ou “presque” incomplètes, nous obligeait à créer une sorte de liens, de trouver nos propres mots pour avancer dans le récit !
Rien que pour ça, ce livre mérite votre attention, on est obligé d’entrer ainsi dans les pensées de l’autrice…

Récit prenant jusqu’aux entrailles, récit coup de poing et bouleversant qui sort des lieux communs et qui a élargi mon horizon… Encore une fois Sandrine frappe là où je ne l’attendais pas, mais quel plaisir…
Coup de cœur pour Madelaine, même si je ne sais toujours pas si elle m’a mené vers la lumière ou la noirceur, vers une suite… peut-être ?

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Extraits :

« La terre frémit sous leur pas lourd. Ils se hâtent, de cette lenteur presque hypnotique des grands corps épuisés après une journée de labeur – interrompue bien avant l’heure, quand l’enfant est venu. Ils vont côte à côte l’homme et le cheval, puant l’un et l’autre la sueur séchée sur leur peau rugueuse, le premier essuie la poussière qui fait du gris sur son front et l’autre secoue la tête pour se débarrasser des mouches. L’enfant marche devant, se retourne pour les attendre. Il ne dit rien, mais tout dans son attitude trahit son impatience. »

« Nous vivons au bout du monde. Le fleuve Basilic serpente sur toute la frontière de notre région, la coupant du reste de l’univers. De notre côté de la rivière, il y a quelques marais et puis en retrait, le village et derrière le village des fermes éparses comme celle de Rose, qui fait partie de cet ensemble de trois maisons qu’on appelle les Montées. Il y a des forêts et il y a des champs, et encore loin après, tout cela s’étiole et se termine par une montagne de lave presque verticale que personne ne s’est jamais aventuré à gravir. »

« Aelis et Ambre ont été inséparables, enfants. Elles n’avaient pas les mots pour parler d’âme-sœur pourtant il n’y en avait pas d’autre, deux petites filles n’en faisant qu’une tant leur communion d’esprit était forte, deux petites filles qui se suivaient telles des ombres, reproduisant exactement les gestes l’une de l’autre sans s’être copiées ni concertées, jusqu’au son de leur voix que leur mère ne différenciait pas. À elles deux, elles avaient créé un monde. Elles se suffisaient à elles-mêmes, ignorantes des regards qu’on leur jetait soit parce que leur ressemblance sidérait, soit parce que leur beauté fascinait. Elles inventaient des histoires qu’elles étaient seules à comprendre et qui ne faisaient rire qu’elles. Leur enfance fut un temps de partage et de bonheur. »

« L’hiver est passé sur le chagrin de Madelaine. Comme pour les hommes, la mort du chien est devenue invisible. On n’a plus le temps, ni la force. De plus en plus, les pensées sont obnubilées par la nécessité de se mettre quelque chose d’infime sous la dent chaque jour, cela a l’aigreur et l’acuité des poignards fouaillant les corps, la sensation est physique, terriblement réelle, tellement que lorsque les hommes ont crevé, on les a à peine pleurés. »

 

Sandrine Collette, née en 1970 à Paris, est une romancière française.
Elle aime la campagne profonde, la forêt, la montagne, les vignes. Tout naturellement, elle aime situer ses intrigues dans un univers rural, même si son petit polar Une brume si légère, est exceptionnellement urbain. La romancière part toujours d’une image qui lui permettra de dérouler le fil de sa fiction.
Devenue l’un des grands noms du thriller français, une fois encore, elle montre son savoir-faire imparable dans Six fourmis blanches (2015).

Il reste la poussière (2016) obtient le Prix Landerneau du polar.
En 2017 paraît Les larmes noires sur la terre.

Son huitième roman, Et toujours les forêts, une fiction post-apocalyptique, a été récompensé, en 2020, par le prix de La Closerie des Lilas, le prix Amerigo Vespucci 2020 et le grand prix RTL-Lire.

Elle partage son temps entre la région parisienne et son élevage de chevaux dans le Morvan.

Animal
https://leressentidejeanpaul.com/2021/01/19/animal/

Juste après la vague
https://leressentidejeanpaul.com/2019/10/10/juste-apres-la-vague-de-sandrine-collette/

Et toujours les Forêts
https://leressentidejeanpaul.com/2022/12/08/et-toujours-les-forets/

Noir, Polar, Thriller

Moorland

La triade irlandaise**
de Gérard Coquet
Broché – 25 avril 2024
Éditeur : M+

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1981, Albanie.
Connais-tu ce pays qui s’effondre ? Celui de l’aigle à deux têtes. Celui d’un monde cerné de murs dressés par l’arrogance des hommes. Celui des pierres lustrées du sang des révoltés.
Le Kanun, indifférent, regarde le rapace s’éteindre, persuadé que la folie ne meurt jamais.
Personne ne sait comment arracher le coeur du mal.

2015, Irlande.
Connais-tu ce pays de tourbe et de cailloux ? Des morceaux d’âme si lourds que tes bras ne pourront jamais les porter. C’est ici, sur cette terre brûlée de Moorland, que l’aigle fou est revenu se poser, assoiffé de vengeance.
Ciara McMurphy ne le connaissait pas, pourtant elle dansera avec lui la valse des morts.

 

• Couv_2024-072_Coquet Gérard - La triade Irlandaise** - Moorland

 

Dans ce second volet, qui fait suite à Aughrus point mais qui peut se lire indépendamment, Gérard Coquet commence son récit dans un pays que je connais finalement assez peu, l’Albanie.
Nous sommes en 1981.
Susan, journaliste irlandaise accompagnée de son fils Bobby, doivent fuir le pays à tout prix, elle représente un danger pour le dictateur et président, Envers Hoxha, qu’elle souhaitait approcher.
Bessia Bajrami chargé de la surveiller, par amour, va tout faire pour l’aider à quitter l’Albanie, pays où les clans se livrent à des guerres, à des massacres qui n’arrêtent jamais au nom du Kanun.

Puis l’auteur nous entraîne en 2015, de nouveau en Irlande, si chère à son cœur, où nous retrouverons Ciara McMurphy et son second, Bryan Doyle, mandatés par le MI6 et Interpol, afin de retrouver Bobby le Fou, un indépendantiste ayant de nombreux morts à son actif, arrivé dans son Irlande natale après 15 années en prison en Albanie. Ils devront déjouer de nombreux pièges et affronter des monstres créés par les différents conflits de clans irlandais et albanais, afin de remplir leur mission !
Mais je ne vous en dis pas plus… Juste encore un peu… Vous allez en prendre plein les yeux !!!

Une intrigue prenante, des personnages engagés, une plume particulièrement érudite et soignée.
Venez découvrir ce thriller violent et immersif, au suspense omniprésent, porté par un véritable conteur qui nous propose un final que je n’ai pas vu venir !

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Extraits :

« Depuis plusieurs semaines, foutre le camp est devenu une obsession, mais avec son gamin qui l’attend dans l’appartement étriqué de la rue du stade Qemal Stafa, c’est impossible. Quelle connerie d’avoir emmené son fils avec elle ! Dans ce pays de psychopathes qu’elle idolâtrait encore, il y a moins d’un an, Bobby est pire qu’un boulet à traîner. Le dernier maillon d’une chaîne invisible qu’un marionnettiste militarisé tire de temps en temps pour lui rappeler d’où viennent les consignes. Ici, au pays de l’aigle à deux têtes, on respecte les ordres. On obéit et on la ferme. Le peuple ne lève les yeux que pour regarder vers le Ciel du dieu Enver Hoxha.
À forte dose, c’est irrespirable. »

« L’homme qui la fixe n’a pas d’âme, un sourire condescendant et le regard plus incisif qu’un scalpel. Le découpage commence par le haut, à la racine des cheveux, glisse sur ses yeux, ses pommettes, le bas de son visage, son cou. Le froid s’éternise sur ses seins, soupèse les fantasmes qu’inspire sa poitrine, avant de descendre vers son ventre et de s’attarder sur ses hanches. »

« Assise dans la cuisine, Susan n’a pas voulu ôter la chaînette qu’elle porte autour de la cheville. Que Çarçani aille se faire foutre! Ce morceau de métal doré est le seul souvenir qui lui reste de son Irlande natale.
Un point d’ancrage. »

« Le récit de Bobby le Fou débute à son arrivée en Albanie. Toutes ses descriptions, celles des lieux, des événements ou des individus, ne sont pour lui que des mauvais souvenirs. De cette époque, il ne conserve surtout qu’une image viciée de sa mère. »

 

Gérard Coquet est né le jour anniversaire de la mort de Louis XVI… le 21 janvier 1956. Mais il jure encore qu’il n’y est pour rien. Issu d’une longue lignée de blanchisseurs, il passe son enfance avec sa jumelle à se cacher au milieu des draps séchés au vent. Puis dans un ordre aléatoire se succèdent le collège des Lazaristes, un diplôme d’expert-comptable, la guitare basse et la création de ses premières chansons. D’ailleurs, tout vient sans doute de là, l’écriture…
Après la reprise de l’entreprise familiale, il devient juge consulaire avant de créer récemment un cabinet d’archi. Ce qui ne l’a jamais empêché d’adorer la charcuterie, le gamey, le tablier de sapeur et la cervelle de canut ! Sauf bien sûr quand il se ressource en Irlande avec la pêche à la mouche et la Guinness.
Il est aussi le vrai nom du deuxième « clavier » de Page Comann avec Ian Manook. Souviens-toi de Sarah et OUTAOUAIS ont été signé sous ce pseudo.

Son pays de prédilection est l’Irlande où il a séjourné à de nombreuses reprises et dont il s’est imprégné de la culture.

Aughrus Point- La triade irlandaise*
https://leressentidejeanpaul.com/2023/09/08/aughrus-point/

Émotion, Drame, Suspense, Thriller psychologique

Belle de Mai

de Pascal Escobar
Broché – 15 septembre 2023
Éditeur : Le mot et le reste

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Ancien éducateur rattaché au juge des enfants à Marseille, Stanislas Carrera s’est reconverti en enquêteur privé. Mandaté par une famille d’origine comorienne, il se lance à la recherche du jeune Fuad, dix-sept ans, dont le frère aîné est au même moment accusé du meurtre d’une jeune femme. Des intérieurs confinés et angoissants de la cité Félix Pyat aux rues abandonnées de l’ancien quartier ouvrier, la Belle de Mai, les besoins de l’enquête vont l’amener à croiser gros et petits truands, éducateurs, immigrés clandestins, flics, prédateurs, militants politiques, et une jeunesse qui tente de s’extirper de sa condition dans le quartier le plus pauvre de France.

 

• Couv_2024-026_Escobar Pascal - Belle de mai

 

Belle de mai est le premier roman de Pascal Escobar !
Et j’ai bien l’impression que nous avons trouvé un nouveau conteur…

Contrairement à ce que j’avais cru en lisant le titre, je m’attendais un peu à une jolie histoire, qui nous conterait la vie d’une jolie femme !

Première claque,
Belle de mai est un quartier de Marseille parmi les plus violents et les plus pauvres de France, la misère y est omniprésente à chaque coin de rue. Nous sommes très loin de la carte postale habituelle que nous avons en tête de Marseille.

Deuxième claque,
Une écriture riche, profonde et froide à la fois. Pascal tranche, violente et sonne son lecteur. Certains passages sont particulièrement brutaux et difficiles, mais c’est aussi ce qui fait la richesse du récit situé entre le drame et le roman social, sûrement plein de vérités et d’objectivité. J’ai assez vite trouvé mon rythme de lecture, mais toujours avec la crainte de la page suivante… On sort complètement du Polar traditionnel. Mais d’ailleurs, est-ce un Polar ou l’histoire d’une ville qui se détruit et se reconstruit sans cesse années après années suivant les arrivées des différents immigrés ?

Troisième claque,
Stanislas Carrera, est un enquêteur privé. Ancien éducateur, il connaît sa ville, mais parfois, il se heurte à ce nouveau monde caché au fin fond des quartiers les plus mal famé.
Sa dernière mission ? Fuad, un jeune Comorien à disparu après l’arrestation de son frère accusé de meurtre. Leur sœur s’adresse au privé afin de retrouver son jeune frère qu’elle sait innocent de toute violence.
Son enquête le mènera dans la noirceur des rues, où meurtres, vengeances, drogues diverses, prostitutions et viols sont le quotidien des habitants qui n’ont d’autres choix que de courber l’échine et mourir, ou de devenir la nouvelle main obéissante des chefs de quartiers.

J’ai aimé l’histoire et son réalisme brutal. Les descriptions de tous ces mineurs isolés m’ont semblé particulièrement justes, même si elles font vraiment très peur.
J’ai senti que l’auteur malgré tout aimait Marseille. On le devine à travers ses lignes, à travers son écriture. Son intrigue est très bien ficelée et bien sûr, j’attendais une fin heureuse…
Mais qu’est-ce qu’une fin heureuse dans cette succession de drames qui s’enchaînent ?

Pascal m’a vraiment surpris par une écriture vivante et déjà très mure, pour un premier roman.
Je suis vraiment curieux de savoir vers quel “monde”, il m’emportera dans ses prochaines aventures !

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Extraits :

« Il est quatorze heures dans Marseille. La chaleur blanche de l’été fait éclater la pierre et le bitume. Au croisement de la rue du Camas et du boulevard Chave, un taxi est arrêté à un feu rouge. À l’instant où le conducteur s’apprête à enclencher la première, une femme traverse. Tranquille. Tongs, sarouel, pieds sales et bière à neuf degrés à la main. Elle ne se presse pas. Pile au milieu de la chaussée, elle stoppe pour boire une lampée de son breuvage. En soi, le geste ne dure que quelques secondes, mais c’est trop pour le taxi. Il s’énerve, il klaxonne. La femme aux tongs ne semble pas particulièrement sensible à l’irascibilité légendaire des taxis marseillais. Elle finit sa gorgée, s’essuie la bouche, se tourne vers le SUV et annonce au conducteur :
– Eh, va te faire enculer, tu vois pas que je traverse ! »

« – Je comprendrai jamais la manière dont on accueille les personnes qui fuient l’extrême pauvreté. Ils sont parqués dans leur quartier comme en prison. On peut pas laisser des gens croupir dans leur misère sous prétexte qu’on ne veut pas partager nos richesses. Et par-dessus, on laisse des marchands de sommeil s’enrichir sur le dos des familles qui ne peuvent pas se loger ailleurs, c’est immoral, on devrait les mettre en prison. Pourquoi la CAF ne crée pas des brigades d’inspection de la salubrité plutôt que de dilapider l’argent public dans des allocations qu’elle verse directement à des bailleurs véreux ? C’est révoltant et ça mesure bien l’iniquité du monde moderne. »

« La bénévole lui a fait envie avec son Garlaban. Il se demande s’il en prend un avec un café bien serré. En même temps, il s’était juré de ne plus boire d’alcool fort en journée. L’être humain est en permanence placé dans une position schizophrénique intenable. J’en bois encore un ou pas ? L’hémisphère gauche de mon cerveau me guide vers le plaisir et la jouissance de la modification de l’état de conscience. L’hémisphère droit me dicte la tempérance et la retenue. Plusieurs fois par jour se pose le dilemme. De quoi devenir fou. “Tu as qu’à arrêter de boire, lui dit Bérangère, et ton dilemme sera réglé en dix minutes.” Pas si facile, constate Carrera. »

 

Pascal Escobar naît à St-Henri en 1974. Il est l’avant-centre de l’équipe de football du quartier durant dix ans, puis devient punk, dynamiteur, projectionniste de cinéma et pour finir, travailleur social. Son parcours professionnel l’amène à travailler dans le secteur de la Belle de Mai, dans le troisième arrondissement de Marseille. Il écrit depuis 2017. Belle de Mai est son quatrième livre, son premier roman et le premier opus d’une série de trois romans sur Marseille.

Émotion, Drame, Folie, Histoire vraie, Noir

Je suis encore vivante, alors je parle.**

de Paloma
Broché – 5 avril 2023
Éditions : Maïa

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À force d’avoir regardé le film de ma vie vers ce qui m’a assassinée, vers l’irréparable, je me suis brûlé les yeux. Ce retour dans le temps m’a rappelé la promesse que je me suis faite depuis le jour où j’ai emprunté la plume, celle d’arracher de mes propres mains cette espèce de poignard qui me lacère le cœur depuis toujours. Après mon enfance dévastée par une sœur déphasée, ici, dans cette suite de ma vie, je fixe douloureusement ma jeunesse détruite après avoir dit « oui » pour le pire à celui qui a lâchement mis en avant sa bipolarité, pour que je trépasse avec lui. De mes deux premières vies, je ne me souviens que d’un champ de ruines. Pour avoir mené leurs stratégies fourbes, dangereuses, diaboliques, sans même qu’ils n’expriment aucun regret, ceux-là ne méritent plus aucun de mes égards, jamais. L’écrit de mes souvenirs ne saura me faire oublier que l’on m’a arraché le droit au bonheur, et rien ne s’effacera jamais de ma mémoire, car ma rancune est lourde de haine. Alors, tant que je serai vivante, je répondrai présente, je lèverai mon poing avec rage pour briser, pulvériser et même faire écrouer tous les genres de prédateurs pour qu’enfin justice soit rendue à tous ceux qui pleurent comme j’ai pleuré. J’ai versé assez d’encre sur mes pages, j’ai versé assez de larmes dans le vide pour laisser mes lignes dans l’oubli, voilà pourquoi j’ai écrit mon histoire tatouée à jamais dans mon cœur, mon unique revanche sur la vie.

 

• Couv_2023-051_Paloma - Je suis encore vivante, alors je parle_2

 

Il était une fois une petite fille qui aurait aimé être heureuse et profiter de la vie, mais malheureusement, la vie, sa famille et surtout sa sœur en avaient décidé autrement.
La petite Paloma a grandi, elle est devenue adulte, mais le sort continue à s’acharner sur elle…

Après un premier tome, très dur où Paloma se dévoilait sur son passé, c’est sa vie d’adulte maintenant qu’elle nous confie dans ce second volet.
J’aurais voulu croire que la seconde partie de sa vie aurait été plus sereine, mais rien n’a fonctionné comme elle le souhaitait.
Un mariage raté d’abord, qui va lui gâcher le début de sa nouvelle vie. Un mari inexistant, violant et alcoolique, avant d’être atteint par l’hépatite C et pour finir, il va perdre la tête menant une vie d’enfer à la pauvre Paloma. Heureusement, ses deux filles lui amèneront l’amour dont elle a besoin… dans cette histoire vraiment sombre et dramatique.

L’écriture de Paloma est très personnelle. Un besoin de se débarrasser de son vécu, d’alléger son esprit peut-être. Colère et tristesse m’ont régulièrement accompagné durant ma lecture. Mais comment a-t-elle fait ? Comment a-t-elle supporté tout cela ? Même si elle est une femme forte… C’est bouleversant et tellement souvent cruel.

Je n’irai pas plus loin, je laisse à Paloma le droit de vous confier à votre tour, ce livre déchirant qui ne pourra laisser personne insensible.

Merci Paloma, tu mérites aujourd’hui amplement ta vie heureuse, auprès de ceux que tu aimes et de ceux qui t’aiment…

Encore merci, Blandine pour cette seconde parenthèse si personnelle et tellement émouvante.

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Extraits :

« L’encre que j’ai versée sur mes pages à présent usées, les larmes incessantes, qui ont glissé sur mon visage me rappellent que j’en ai oublié jusqu’à ma propre existence. J’ai pourtant exigé à ma mémoire de tout effacer, mais il y a bien longtemps maintenant que je ne crois plus à cette sorte d’amnésie forcée, pour oublier… »

« Quelques mois s’écoulèrent et alors que je le croisais en voiture, il me proposa d’emblée de venir avec lui pour assister dans l’heure, qui suivait à la destruction de notre maison, je refusais. Entre ma mère et lui qui venait de se séparer, les anecdotes destructrices journalières de la saga familiale, et toutes les entraves que je devais affronter au quotidien, voir le fruit de leur labeur, de toute une vie voler en éclats en quelques minutes était au-dessus de mes forces. Peut-être aurais-je dû assister à ce triste événement, cela m’aurait aidée, qui sait, en ne voyant que mes mauvais souvenirs exploser sous mes yeux, mes chagrins auraient un peu disparu avec la maison. »

« L’amertume et la haine ne me laisse plus le choix entre garder le silence dans lequel je me suis murée depuis toujours et la rage de parler enfin. Alors, dans un souffle de lassitude et, au travers des mots qui ne seront pourtant jamais assez puissants pour arracher les empreintes qui ont marqué ce corps et cette tête témoins de tant de douleurs, qui ont détruit gratuitement mes rêves, je me pose comme une pierre, et je balance ici, tout ce qui m’a brisée. »

« Plus de regards en arrière, transformer les larmes au sourire et détruire les mauvais souvenirs pour survivre serait la meilleure résolution pour savourer ce que l’on appelle le bonheur.
Serais-je capable à la fin de transformer le courage qui me manque pour faire exploser cette rage qui sommeille en moi depuis si longtemps pour trouver enfin la paix ? »

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Tombée dans le terrible chaos de ses deux premières vies de souffrances et de tragédies qui l’ont brisée, Paloma a pendant de très longues années éprouvé le besoin de les conjurer avec des mots pour l’aider à survivre et à trouver un soupçon de paix. Elle souhaite réunir toutes ses forces pour crier au monde entier de ne jamais quitter un enfant des yeux, lui aussi est un être vivant, il est précieux, il est la suite de nous-mêmes. Au travers des pages de ce premier tome qu’elle a ouvert il y a bien longtemps, elle s’est exprimée à cœur ouvert, puis l’a refermé pour toujours.

Je suis encore vivante, alors je parle*
https://leressentidejeanpaul.com/2023/01/20/je-suis-encore-vivante-alors-je-parle/

La première vie de l’auteure, relatée dans le tome 1, lui rappelle l’horreur du souvenir d’une enfance meurtrie, perdue. Elle ne l’a pas oubliée, mais elle l’a laissée partir pour toujours. Ce tome 2 est l’empreinte de sa vie d’après, foudroyée, pulvérisée, qui accuse son face-à-face avec un drame effroyable dépassant l’entendement et qui s’est sauvagement transformé en une tragédie sortie tout droit du paranormal. L’auteure s’est jetée au-devant de tous les dangers jusqu’au péril de sa vie pour un être innommable, un maniaco-dépressif. Oui, pour lui, sans réfléchir aux conséquences et sans reproche aucun, elle a payé le prix de toute sa vie… pour rien. Elle a offert sa main à cet être au cœur percé et dépourvu de tous sentiments. Il l’a trahie, a entaillé sa vie et a tenté de l’enfoncer avec lui dans les abîmes de ses délires, mais sa folie, qui quelquefois n’en était pas une, n’a pas eu raison d’elle. Elle s’est battue comme une rescapée qu’elle est aujourd’hui, mais lui non plus ne lui rendra pas ses jeunes années.

Adolescence, Émotion, Drame

Que Dieu lui pardonne

de Laurent Malot
Broché – 14 janvier 2021
Éditions : XO Éditions

Maya a dix-sept ans. Lorsqu’elle décide d’échapper à la violence de son père, elle trouve refuge à Fécamp, au pied des falaises. Elle se reconstruit et peut enfin se rêver un avenir : elle sera architecte.
Mais dans l’appartement mitoyen du sien, quatre enfants, de six à douze ans, sont la proie d’un homme tyrannique. Son combat, désormais, n’est plus seulement de sauver son âme, mais de les protéger.
Jamais elle n’aurait imaginé que les choses se passeraient ainsi. Elle va agir avec son cœur. Sans réfléchir. Que Dieu lui pardonne. Comme il pardonne aux lâches. Aux misérables…

Avec pudeur et simplicité, Laurent Malot écrit sur des drames
qui touchent des milliers de femmes et d’enfants.

Que Dieu lui pardonne est une histoire poignante d’où
jaillit la lumière, pour le plus grand bonheur des lecteurs.

Une formidable ode à l’amour.

 

 

Je suis un lecteur heureux !

Je vous rassure tout de suite, ce n’est pas du tout le sujet du roman de Laurent Malot qui me rend heureux, bien au contraire… Cela fait plus de 45 ans que je lis régulièrement… Dernièrement, les romans que j’ai lus sont plus des “romans de vie”, roman de bonheur, de drames et de malheur.
Je me rends compte que ces romans m’ont amené beaucoup plus d’émotions et de sensations que de nombreux lus plus tôt.
J’ai l’impression que plus une histoire est dure et triste plus elle m’emporte, plus je vis.

“Que Dieu lui pardonne” fait partie de celles-là.

Tout d’abord, j’aime beaucoup les livres de Laurent.
Certaines personnes pensent et disent qu’il y a beaucoup de féminité dans son mode d’écriture ! Personnellement, je dirai qu’il y a beaucoup d’émotions, tout simplement. Il utilise des mots justes, ne tourne pas autour du pot, pas de superflu, de la pudeur et surtout jamais larmoyant quels que soient les sujets qu’il aborde.

“Que Dieu lui pardonne”, est une très belle et très triste histoire. Il raconte les violences familiales, les incestes et les viols d’enfants toujours beaucoup trop nombreux. Il raconte aussi… Les souffrances vécues par les victimes, pas que physiques, les psychologiques aussi. Le manque d’aide, manque de soutien et d’écoute pour c’est malheureux qui se perdent petit à petit. Mais il raconte aussi… La vie, l’espoir, l’amitié et l’amour.

Maya, jeune fille de dix-sept ans, fuie sa “vie” grâce à une tante. Son père, Maire de sa ville dans les Yvelines, la violait régulièrement depuis des années sous le regard « passif » de sa mère. Maya part vivre à Fécamp, en Normandie. Là-bas, elle tentera de se reconstruire… Mais “son” destin va vite la rattraper.
Lucien, six ans, un jeune voisin avec qui elle a fait connaissance quelques jours plus tôt sonne à sa porte. Il y a une grosse fuite chez eux, ses frères et sœurs sont tout seuls régulièrement chez eux, dans l’attente des “retours” avinés, d’un beau-père retord, violent et vicieux. Maya arrive assez vite à réparer la fuite, à la grande joie de la fratrie qui s’attendait déjà à voir “pleuvoir” les coups sur eux. C’est à ce moment précis que le beau-père rentre. Son regard lubrique se porte de suite sur la jeune fille, il jette ses enfants dehors et sauvagement commence à déshabiller Maya qui reste tétanisée tout en subissant ses assauts… Soudain elle sort de sa léthargie. Elle tient un marteau ensanglanté à la main… l’homme, lui est à terre…

“Que Dieu lui pardonne”, est un hymne, un cri, une souffrance, un besoin d’aide, un roman bouleversant, une ode à l’amour touchante et réaliste. Les personnages sont attachants, et certains sont vraiment très beaux à “l’intérieur”… Ça fait du bien.
Très sensible à ce sujet, je ne peux que vous le conseiller.
Merci Laurent, c’est un livre qui m’a transporté de la haine à la tristesse, puis de la colère à l’espoir…
Je résumerai par un seul mot, “Magnifique” !

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Extraits :

« Dans six mois, je serai majeure. Tout sera plus simple, parce que légal. Je cotiserai pour le chômage, la maladie, je paierai des impôts et j’aurai droit à des aides sociales. Ce serait déjà le cas si j’étais émancipée, mais pour ça, il faudrait l’accord de mes parents. Hors de question de leur demander quoi que ce soit. Ils font partie de la vie d’avant. Je l’ai raturée jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un affreux gribouillage. »

« Le médecin a rappelé que j’étais sous sa responsabilité. Si j’étais à l’hôpital, c’est qu’il y avait une raison. Le ton est encore monté, et mon père a rétorqué qu’il n’avait pas de leçon à recevoir. Ma mère était intervenue pour le calmer, promettant qu’ils allaient faire ce qu’il fallait. Le docteur n’a pas été dupe, les infirmières non plus. Mon père a abdiqué pour éviter le scandale. Dommage, parce que, ce jour-là, j’ai vu les veines de son cou se gonfler, ses yeux se rétrécir, et le tic au coin de sa bouche apparaître. Tous les signes annonciateurs de violence. J’ai prié pour qu’il s’emporte, qu’il frappe le médecin, qu’il révèle sa face cachée, mais non. L’homme politique a refait surface, dégoulinant d’hypocrisie. »

« Plusieurs fois, mon père m’a frappée, quand l’ado que j’étais, menaçait de raconter ce qu’il me faisait. Je me souviens des gifles, des cheveux tirés, mais surtout des étranglements. Avec le plat de la main, pour ne pas laisser de traces. C’est horrible de sentir qu’on ne respire plus. Encore plus avec le visage de son bourreau à quelques centimètres du sien, promettant de dire à tout le monde qu’on est une menteuse ou une folle qui invente des histoires. À onze ans ou dix-sept, l’effet est le même, on est terrorisée et on abdique. On se mure dans le silence et on encaisse. Parfois, on regarde la bête dans les yeux avec un sourire de défiance. Ce n’est pas du courage, juste un mélange de cynisme et de résignation ; on sait qu’on ne peut pas tomber plus bas. »

« Il y a des cœurs dessinés dans les croix. La feuille est floue derrière le rideau de larmes que déversent mes yeux. Même si je voulais les retenir, je n’ai pas parviendrais pas. Quelques mots griffonnés sur un coin de table ont transpercé mon armure. Des mots d’amour. Un message d’espoir qu’ils m’envoient. En se préparant, seuls, ils me montrent qu’ils sont capables d’assumer leur part de responsabilités, je peux compter sur eux, nous sommes plus qu’une équipe, nous sommes une famille. »

 

 

Né en 1970, Laurent Malot écrit depuis l’enfance. Il aime vagabonder entre les genres, notamment la littérature, le roman jeunesse, le roman policier et le thriller, et tremper sa plume dans les formes les plus diverses : pièces radiophoniques, pièces de théâtre, romans (De la part d’Hannah est son premier roman) et scenarii pour le cinéma.

Drame

Le Mal-épris

de Bénédicte Soymier
Broché – 6 janvier 2021
Éditions : Calmann Levy

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« Ça lui ronge les tripes et le cerveau, plus fort que sa volonté – une hargne qui l’habite, une violence qui déferle tel un vent d’orage, puissante et incontrôlable. Il voudrait lâcher mais ne pense qu’à frapper. »

Paul est amer. Son travail est ennuyeux, il vit seul et envie la beauté des autres. Nourrie de ses blessures, sa rancune gonfle, se mue en rage. Contre le sort, contre l’amour, contre les femmes.
Par dépit, il jette son dévolu sur l’une de ses collègues. Angélique est vulnérable. Elle élève seule son petit garçon, tire le diable par la queue et traîne le souvenir d’une adolescence douloureuse.
Paul s’engouffre bientôt dans ses failles. Jusqu’au jour où tout bascule. Il explose.
Une radiographie percutante de la violence, à travers l’histoire d’un homme pris dans sa spirale et d’une femme qui tente d’y échapper.

 

 

Je m’appelle Paul.
Je sais, je ne suis pas beau… Certains diront même laid !
Et Dieu sait si j’en souffre tous les jours. J’aurais tellement aimé être un autre, un de ceux que les femmes regardent. Grand, fort, beau.
De beau, je n’ai que mes yeux. Seuls les hommes beaux ont de la chance en amour. Moi, je n’ai que mes yeux. Mes yeux et ma colère qui gronde, qui m’étouffe, et me transforme parfois.

J’aime mes sœurs, Émilie et Rachel, surtout Émilie. Enfant déjà, j’étais là pour les protéger…
Se sont-elles vraiment rendu compte de ce que j’ai vécu pour elles, ce que j’ai souffert pour elles ?
C’est moi qui systématiquement me prenais les coups à leur place, c’est moi qui me positionnais entre elles et mon père.
Mon père, parlons-en de cet homme, de ce lâche, cette brute !
Du plaisir qu’il prenait à me rouer de coups…

Depuis quelques jours, j’ai une nouvelle voisine, sur le même palier. Je sais qu’elle s’appelle Mylène. Tous les jours à travers mon judas, je l’observe, je la surveille, ses entrées, ses sorties. Je suis même arrivé à la prendre en photo, je note avec mon stylo Montblanc à l’encre noire, ses allers-retours sur un carnet, choisi dans une grande papeterie, que j’ai spécialement acheté pour elle. Elle est tellement belle, fine, élégante. Comment remarquerait-elle un pauvre type comme moi ? Elle hante mon esprit, je ne dors plus… Je la voie partout, je la veux !
Mais les femmes sont tellement cruelles…

Bienvenue dans ce roman étrange et dérangeant, bienvenue dans la tête de Paul.
J’avoue avoir été dépassé, et ne pas savoir où me placer par rapport au récit.
Bénédicte Soymier arrive, non pas à pardonner la violence de certains hommes (heureusement !), mais elle nous montre, d’une façon très précise et ciselée, un des processus qui pourrait mener à la violence conjugale. Elle explique les prémices avant la perte de contrôle, l’explosion… Le coup qui part et qui fera souffrir la victime, mais ma surprise vient du fait que la souffrance est aussi vécue, très différemment, par celui qui se rend coupable des actes de violence.

Les personnages du récit ?
Ce sont nos voisins, nos amis, les collègues de travail, les membres de la famille aussi, tous… Tout ceux qui ne sont que simplement humains.
Le Mal-épris, est un premier roman, d’une grande qualité et déjà, il bouscule certains codes de la littérature.
Malgré un ton résolument violent, psychologiquement, il reste délicat et sensible.
Le roman fait de nous les témoins passifs d’un couple “perdu”, alors qu’il vient à peine de se trouver…
C’est une histoire puissante, très rythmée, Bénédicte m’a impressionné, touché aussi, plus que ce à quoi je m’attendais en début du récit. Elle a su trouver un ton juste en fonction des regards qui diffèrent en fonction des personnes.
Qu’ont-elles ont en commun ? L’amour… Mais est-ce suffisant ?

“Le Mal-épris” est un roman impressionnant, tragique et hypnotique d’une vie banale, d’une vie de tous les jours.
Il m’a dérangé, fasciné et finalement séduit. Il m’a obligé à me poser de nombreuses questions et m’a ouvert l’esprit !
Je le recommande vivement !

Auteure à suivre…

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Extraits :

« J’ai écrit ta vie, Paul, comme je la connais, ton quotidien sur ces jours qui s’échappent, ce que tu affrontes, les regards et le reste, jusqu’à la bascule. J’ai raconté ce que j’ai vu et entendu, de toi ou d’un autre, un Paul, un mec, un homme, peu importe le nom, je t’ai écouté, côtoyant ta peine et la douleur des tiens, des silences, des paroles, parfois un flot qu’on ne peut interrompre. Ce sont des histoires qu’on me donne ; elles se ressemblent ou non, se répondent, se poursuivent, je les reçois et c’est la vie, Paul, tu sais, sans concession, du vrai, du trash, des pensées méprisables et l’inacceptable. »

« Sa voix le heurte. Il déraille.
Pas lui. Ce n’est pas lui.
Les souvenirs se fracassent sur ses mains, la concentration de ses muscles, le mal, ce mal qui le traverse. Comment peut-il ? Pas lui. Ses doigts s’ouvrent dans l’instant, brûlés, brûlants, vite se dérober, ses bras retombent. Il s’affaisse, vrillé en lui-même, il glisse au sol contre le mur. Forme molle, sombre et pliée. Sa tête s’incline, ses yeux se ferment. Il est en colère, il est chagrin. Il est épuisé. »

« C’est donc ça, la vie, une grande farce hypocrite dans laquelle il faut se fondre pour ne pas être méprisé. Il écoute, regarde, s’adapte. Il apprend, la nausée au bord des lèvres face à ce fourbe étalage, à cette course à l’apparence, à cet attrait de l’enveloppe alors qu’au fond il sait être le même. Il vomit ces faux amis, leurs tapes sur l’épaule, leurs grimaces artificielles, eux qui ne lui accordaient qu’un vague regard. Il les toise et s’affirme, conscient d’une duplicité qui lui coûte mais dont il ne peut revenir. »

« Angélique est belle les cheveux emmêlés, pâle et froissée assise sur son canapé. Elle serre les genoux et lisse son chemisier. Paul ramasse sa détresse, un regard en pleine face ; la tristesse qu’il remarque, elle est pour lui. Lui, l’arrogant et le vulgaire. La bête. Il sent la bile à son palais. Tout ça, c’est de la faute de Mylène. Non. Même pas. C’est de la sienne. Il se dégoûte. »

 

 

Infirmière, Bénédicte Soymier travaille dans le Doubs. Passionnée de littérature, elle partage ses nombreuses lectures sur son blog Au fil des livres. Le Mal-épris est son premier roman.

Drame, Suspense

30 secondes…

de Xavier Massé
Poche – 17 février 2022
Éditeur : Taurnada

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30 secondes… Les 30 dernières secondes les plus importantes de sa vie. Les 30 dernières secondes de leur vie. Les 30 dernières secondes dont il arrive à se souvenir. 30 secondes… c’est le laps de temps qu’il leur a fallu pour avoir cet accident. 30 secondes, c’est le temps dont dispose Billy pour retrouver la femme de sa vie… disparue…

 

2022_012_Massé Xavier - 30 secondes…

 

Encore une fois, un grand merci aux éditions Taurnada qui m’ont permis la lecture de ce polar en avant-première.

J’avais déjà lu deux romans de Xavier Massé, et je dois dire qu’à chaque fois, ce fut une très belle surprise !
Ce roman très noir au suspense constant, ne déroge pas à la règle…
Mais où donc va-t-il chercher tout ça !

Suite à un grave accident de voiture, Billy, jeune joueur de football américain à l’avenir très prometteur, se réveille à l’hôpital. Il n’a plus aucun souvenir sauf celui de la présence de sa fiancée, Tina, au moment de l’impact. Sa première question au médecin qui le suit concerne la santé de Tina, il veut absolument savoir si elle est en bonne santé, et dans quelle chambre se trouve-t-elle.
Le médecin lui répond alors, qu’il se trouvait seul dans le véhicule lors de l’accident !
Commence alors pour Billy, un travail de recherche intérieur à l’aide de son médecin neurologue et hypnothérapeute. Mais Billy reste persuadé que Tina était bien dans le véhicule avec lui.
Il décide alors de quitter l’hôpital et de faire ses propres recherches… Est-ce la bonne solution ?

Xavier a construit un véritable labyrinthe. Impossible d’anticiper sur quoi que ce soit, malgré toutes les suppositions qui me venaient à l’esprit. Certains retournements de situation sont de véritables claques !
La construction du récit, fluide et originale, je ne me suis ennuyé à aucun moment, au contraire, ça va très vite et je voulais en savoir à chaque fois davantage. Tout est cohérent et parfaitement mené.

Saurez-vous deviner les énigmes disséminées tout le long du récit, avant les explications du médecin ?

Un “petit bijou” qui ravira tout type de lecteurs !

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Extraits :

« Dans mon esprit, je n’ai qu’une image qui me reste : Tina. Ma belle italienne. Malgré son caractère, je sais qu’elle est fragile. Ne pas savoir où elle est m’angoisse. Je suis fébrile. Je ne suis rien sans elle. S’il lui est arrivé quelque chose, je ne me le pardonnerai jamais…
Mon amour, où es-tu ? »

« Il fait sombre, la porte d’entrée s’ouvre et il faut quelques secondes avant de la voir sortir. Toute tremblante, elle hésite. Elle finit par faire un pas après l’autre et mettre le pied dehors… Apeurée au milieu de cette nuit, elle regarde partout. Son visage est dégoulinant de sang. Tel un zombie, Tina avance en direction de son véhicule. Elle est terrifiée, horrifiée. À chaque pas, on peut entendre de légers gémissements de peur, de dégoût, de douleur. Chacun de ses mouvements est orchestré par des spasmes. Titubant jusqu’à la portière, elle grimpe dans sa voiture. »

« De grands traumatismes engendrent parfois des troubles psychologiques. Il se peut qu’en parallèle du syndrome du cœur brisé… Vous ayez été confrontée à une EMI : une expérience de mort imminente. Ce soir-là, je vous l’ai dit, les équipes de réanimation on cru vous perdre. L’EMI est un carrefour où se croisent les interprétations physiologiques ou psychologiques. Lorsqu’on aborde la mort de près et qu’on se situe à sa frontière, il peut se passer des événements étranges et inexpliqués. Des patients revivent en rêve des instants de leur réalité, souvenirs souvent déformés. Vous avez déjà entendu parler de tunnel ou de lumière… mais certains cas, parfois, révèlent d’autres symptômes. On parle de rencontre avec des personnes décédées ou des “êtres de lumière”, remémoration en accéléré de sa propre existence, prise de conscience… »

 

 

Né en 1977 à Roussillon (Isère), Xavier Massé est un écrivain à l’imagination débordante. Passionné par le cinéma et la littérature, il devient très tôt fan du genre thriller, avec un goût toujours plus prononcé pour les scénarios complexes. Il sort en 2016 “Répercussions”, qui remporte le prix du 1er roman Dora-Suarez 2018. Il décide de continuer l’aventure avec “L’Inconnue de l’équation”, un huis clos qui ne laisse aucun répit au lecteur.

Émotion, Drame, Noir, Polar, Suspense

Les rois écarlates

de Tim Willocks
Broché – 1 juin 2001
Éditeur : L’Olivier

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Lenna Parillaud vit dans la haine et la souffrance depuis la perte de sa fille. Seul un abominable rituel donne un sens à son existence : une visite chaque mois depuis douze ans à son mari – drogué et enfermé dans une bâtisse isolée du delta du Mississippi – auquel elle inflige toutes sortes d’humiliations.

Cicero Grimes, lui, traverse une grave dépression. Reclus au milieu de ses propres détritus dans une caserne désaffectée à la Nouvelle-Orléans, il n’émerge de sa torpeur que pour prendre conscience du dégoût qu’il s’inspire à lui-même.

Lenna Parillaud et Cicero Grimes ne se sont jamais rencontrés. Jusqu’au jour où ils reçoivent chacun une lettre qui les entraîne dans un cataclysme de vengeances, de haines et de violences.

 

2021_101_Willocks Tim - Les rois écarlates.jpg

 

Tim Willocks, pour ceux qui ne connaîtraient pas, fait partie des grands, des très grands même de la littérature Noire. Je l’ai découvert avec “La Religion” un superbe thriller historique qui m’avait complètement emporté…
Depuis, j’ai lu tous ses romans. Il est souvent comparé à James Ellroy ou Norman Mailer, mais j’affectionne tout particulièrement Tim.
J’ai l’impression qu’il a déjà vécu plusieurs vies ! Grand maître d’arts martiaux, chirurgien, psychiatre, producteur, écrivain, scénariste, il a travaillé avec Steven Spielberg et Michael Mann.
Et tout ça pour notre plus grand plaisir…

“Les rois écarlates” est la suite de “Bad City Blues”, mais la construction du roman fait qu’il peut être lu indépendamment.
Vous l’aurez compris, c’est un roman sombre, noir, très dense… Tout le récit tourne autour d’une horrible vengeance.

La grande force de Tim est de distiller petit à petit les éléments qui constitueront une grande fresque au final. Dans le récit, il manie les mots et sait en jouer afin de maintenir un suspense constant jusqu’au bout d’une folle course-poursuite déclenchant un ouragan de violence dans le sud raciste des Etats-Unis.
Les personnages sont magnifiques, leurs psychologies travaillées en profondeur, l’intrigue est élaborée, il y a de l’action, de l’émotion, et beaucoup de réflexion aussi. J’avais l’impression d’être assis dans un fauteuil au cinéma.

Je ne dirai rien de plus, il vous faudra le lire pour comprendre…
“Les Rois écarlates” est un livre marquant.

Attention !
Faites-en sorte que “Gul” soit de votre côté, sinon… vous êtes mal barré !

Vous voulez du noir, du très noir ?
Tim Willocks, what else!

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Extraits :

« Si vous saviez depuis combien de temps personne ne m’a vu pleurer, Dr Grimes, vous auriez une petite idée de l’énorme perversité de cette farce.
Grimes en avait assez de cet endroit et de la nausée que lui causait son mauvais numéro. Il ne se savait pas capable de mentir de façon aussi experte, sans la moindre intégrité, et il avait usé de sa profession – l’avait salie – afin d’y parvenir. Il l’avait fait pour son père ? Georges ne lui avait rien demandé. Georges serait mort avant. »

« La rage le submergea à nouveau, étouffant sa honte. Qu’ils aillent se faire foutre. Voilà le monde entier se mettait à lui dire comment vivre. L’obèse avait raison au moins là-dessus : aussi loin qu’il s’en souvienne, depuis sa plus tendre enfance, être bousculé provoquait en lui une contrariété quasi-psychotique. Il ne voulait plus être bousculé. »

« Au grand étonnement the Grimes, et à sa grande satisfaction, Gul demeura immobile comme une souche tout le temps qui lui fallut pour injecter l’anesthésique. Grimes murmura et le caressa en attendant son effet, puis saisit une paire de ciseaux, retira la chair morte et posa huit points de suture. Gul se prêta aux soins sans broncher. »

« Elle n’avait pas seulement volé sa liberté, mais aussi sa réclusion : sa propre existence lui avait été inconnue pendant treize ans. Treize mois ou treize décennies, il n’aurait pas vu la différence. Dans cette indifférence sans limite, il se rappelait – par petits éclairs de honte et de rage – ses insultes et son mépris, son beau visage ou brillait le pur triomphe de la vengeance. Mais ces moments aussi glissaient dans le vide océanique de sa mémoire comme un banc d’anguilles voraces. Elle ne l’avait pas seulement dépouillé de son orgueil, des plaisirs et du pouvoir, elle l’avait dépouillé de la connaissance elle-même. Il avait perdu un quart de sa vie. »

 

 

Né en 1957, Tim Willocks, psychiatre à Londres, est spécialisé dans le traitement des toxicomanes. Scénariste, écrivain, il est l’auteur de plusieurs « polars » atypiques, à la frontière du gothique, dont Bad City Blues (L’Olivier, 1999). Comparé par la critique à Norman Mailer et James Ellroy, il affirme avec ce nouveau livre une écriture puissante, un réalisme grinçant et une intensité rarement atteints dans le roman noir.

Adolescence, Émotion, Histoire vraie

Enfermé depuis tout petit

de Marry Yohson
Broché – 22 janvier 2021
Éditeur : Librinova

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Le plus beau cadeau dans la vie d’une femme est de devenir maman. La naissance d’un enfant reste un moment inoubliable. Mais Carole et son bébé vivent dans un cadre familial destructeur ; elle se promet alors de toujours protéger son petit Julien. Peu à peu, ce fils tant aimé va perdre pieds face à un monde hostile à ses yeux. Et malgré l’amour de sa mère, il se sent seul et incompris, meurtri par une vie qui ne veut pas de lui. Son existence aura été un combat de tous les jours contre cette société qu’il ne comprend pas et qui l’abandonne, lui qui est resté « enfermé depuis tout petit ». Cette histoire bouleversante est la sienne.

 

2021_092_Yohson Marry - Enfermé depuis tout petit.jpg

 

Je viens de terminer à l’instant ce récit bouleversant, l’histoire de cette femme, le destin de cette maman… Et je suis en colère !

En colère, car malgré le combat qu’elle a mené pendant vingt-huit ans pour son enfant malade, elle n’a jamais trouvé l’appui médical dont elle avait besoin.
En colère, parce que malgré son courage, c’est l’incompétence des “autres” qui à chaque fois diriger sa vie vers un sens qui n’était malheureusement pas le bon.
En colère, car malgré tout le soutien familial (heureusement…) qui guidait Julien, rien n’a été fait pour l’écouter et le sauver…
J’ai dû retenir plusieurs fois mes larmes, mais j’ai craqué.
Une enquête reste à ce jour en cours. À suivre…

« Enfermé depuis tout petit » est le témoignage d’une maman “perdue” dans le monde des maladies psychologiques, que nous raconte Marry Yohson.
Avec des mots simples, directs, l’auteure décrit la vie de cette mère et  de son fils dans leur monde où la violence et l’amour n’ont de cesse de se confronter.
Un jour, Julien ne pourra plus faire de différences entre le bien et le mal !

Dès le début, j’ai été pris par le récit.
Celui d’une jeune femme qui épouse un homme violent, très violent. Elle tombe enceinte. Elle pense que le bébé permettra un changement dans sa vie, mais rien ni fera. Les coups continuent, même sur son ventre rond. Dès sa naissance le bébé devra se faire opérer, en effet, il est né avec une malformation au pied et devra subir de nombreuses opérations. Pendant ce temps, le père, lui, est toujours aussi violent. L’enfant affecté par les coups qui pleuvent sur sa mère et sur lui n’aura jamais “repère” familial.
Julien grandit et les chemins qu’il prendra ne lui correspondent plus…
Quels sont ces démons qui l’empêchent d’aller vers l’avant ?
D’où vient ce mal-être constant ?

“C’est quoi être gentil maman… ?”

C’est poignant, prenant, douloureux mais surtout rempli d’amour. D’un amour infini d’une mère envers son fils.
Je suis bouleversé par le destin de cette maman et de son enfant et je n’imagine que très difficilement, l’état de désespoir et de fatigue quotidienne pour eux et pour leurs proches.

Alors, comme indiqué plus haut…
Je suis en colère !

On ne peut pas passer à côté de cette lecture sans réactions.
En espérant… qu’une large diffusion puisse faire changer les choses !
Je recommande…

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Extraits :

« Comment accepter que certains naissent avec toutes les chances d’être heureux et d’autres avec tant de souffrances ? Une question à laquelle personne ne peut répondre. Est-ce une question d’argent, de santé ou de chance ?
La vie est un parcours, un concours de circonstances. Certains disent « c’est ma destinée, nous avons tous un chemin tracé ».
Si nous n’avions pas rencontré cette personne, si nous n’avions pas eu cette maladie, nous n’aurions pas eu toutes ces difficultés. On pense alors que, lorsque tout va mal, on a fait des erreurs de choix, d’éducation ou dans nos relations. Mais, est-ce bien là le réel problème ? »

« L’alcool et la violence psychologique sont de plus en plus présents au sein du foyer. Quelques assiettes volent comme des oiseaux aux ailes abîmées qui finissent leur parcours fracassées contre les murs. Cette petite antenne de télévision, pourtant si pratique pour capter les émissions dans ce froid pays, elle aussi voltige ; mais là, les murs ne sont pas abîmés, c’est son crâne meurtri, rougi par le sang, qui le sera. »

« – C’est quoi être gentil maman… ?
À force d’insister sur le fait que son fils a un problème, un juge accepte qu’une expertise psychiatrique soit faite. Elle est réalisée au sein même de la vieille maison d’arrêt.
Les conclusions du grand spécialiste resteront dans un dossier bien ficelé, à l’abri de tout regard pendant quelques temps, des années.
Certes, une première avancée, mais qui ne sert à rien sauf à faire preuve d’un peu de gratitude face à une maman qui crie son désarroi. »

 

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Auteure et spectatrice de sa propre vie, Marry Yohson est née en 1962 dans une très jolie ville située à l’ouest de la France.

Après des études universitaires en Administration Économique et Sociale, elle devient professeure. Elle est également passionnée d’art et a réalisé de nombreux tableaux.

Ce récit de vie est son premier livre. Un second est en cours d’écriture. Il dévoilera le secret de Julien et les lecteurs apprendront le dénouement judiciaire de cette terrible affaire.

Folie, Frisson horreur, Noir

Pinocchio – Les contes interdits

de Maude Royer
Broché – 11 juin 2018
Éditeur : Ada

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Dans le conte original, Pinocchio était loin de l’adorable marionnette que Geppetto voulait créer. La fin de ses aventures, jugée trop violente, a dû être réécrite. Ce Conte Interdit rejette la censure et ose aller beaucoup plus loin… Vous pourriez regretter votre escapade aux pays des jouets. Une maison insalubre accumulant les jouets d’un vieux sculpteur alcoolique. Un manipulateur vicieux trouvant l’extase dans le mensonge et la torture. D’infâmes parents accusés d’un crime inimaginable, à qui on ne confierait même pas un chat. Un garçon ayant l’audace de croire qu’il peut servir de conscience à un être abject. Un voeu, celui de devenir un « vrai petit garçon », qu’une mystérieuse femme aux cheveux bleus aurait le pouvoir d’exaucer.

 

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“Les contes interdits”, est une collection que j’ai découvert il y a quelques semaines un peu par hasard. Ce sont surtout les couvertures qui m’ont intriguées et beaucoup plues. Alors je n’ai pas pu résister et j’en ai commandé…

Dès la réception de ma commande, pas déçu du tout par la qualité des livres.
Les couvertures sont vraiment magnifiques, et je me suis très vite lancé dans ma lecture.

L’histoire débute de façon très intrigante, sûrement voulu par l’auteure.
Patrick se réveille à l’hôpital après une tentative de suicide, il ne se souvient plus de rien. Ses parents étant emprisonnés pour des crimes dont il n’a aucun souvenir, il sera placé chez son grand-père, vieil homme alcoolique, plus intéressé par la sculpture de ses jouets en bois que de s’occuper de son petit-fils. La maison est insalubre, et afin de quitter son nouvel habitat, Patrick compte bien gagner de l’argent à tout prix. Seulement, trouver un travail honnête, ne fait pas du tout partie de ses plans.

Attention !

Autant j’ai beaucoup aimé cette version originale, très glauque et inventive de Pinocchio, autant je déconseille sa lecture aux personnes sensibles et à ceux qui aiment les animaux. C’est parfois très violent et adressé à un public averti.

Mais, je ne peux rien retirer à la très grande imagination de Maude Royer.
Arnaques sur les réseaux sociaux, troubles psychiatriques, déviance sexuelle, extorsion, combats illégaux, vente de drogues, viols, cruautés animales, etc…

De plus tous les ingrédients du conte original sont là, mais présentés de manière très différentes. Le personnage même de Pinocchio est odieux, perturbé et pervers.

Personnellement j’ai trouvé l’histoire intéressante et bien structurée, et j’ai aussi beaucoup aimé l’utilisation du québécois tout le long de ma lecture, même si certaines expressions m’ont obligée à demander l’aide de “Google” !

Pas déçu du tout de cet achat un “peu compulsif”, je resterai un curieux de toutes lectures jusqu’à la fin, je l’espère bien…

Qui va se laisser tenter ?

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Extraits :

« Figé dans l’entrée de la maison, Patrick n’en finissait pas de promener ses yeux autour de la grande pièce à aire ouverte. Ayant du mal à croire ce qu’il voyait, il entreprit de compter les jouets qui, installés un peu partout, le regardaient de leurs petits yeux fixes. Leur nombre était tel qu’il rendait l’exercice ardu. Chaque fois que Patrick avançait d’un pas en direction du salon, traversant la salle à manger en se prenant les pieds dans des objets disparates, d’autres marionnettes apparaissaient dans son champ de vision.
Ce n’est qu’une fois la surprise passée que l’odeur immonde imprégnant les lieux monta aux narines du jeune homme. »
…/…
« Dans la classe de français, la tête de monsieur Grégoire lui confirma son intuition. Le professeur, assis sur son bureau, les deux pieds posés sur une chaise d’étudiant, était un homme jeune et séduisant, ex-joueur de football. Il tentait de s’enlaidir en s’imposant le port de cols roulés et de lunettes aux verres en cul-de-bouteille. Efforts inutiles qui n’empêchaient nullement ses jeunes élèves féminines de ce pâmer devant lui.
Dès que le dernier élève de sa liste répondit présent, monsieur Grégoire prit une profonde inspiration, chargé qu’il était d’éclairer quelques lanternes.
– la plupart d’entre vous sont déjà au courant, commença-t-il. Pour les autres, j’ai l’immense regret de vous apprendre que deux de vos camarades, Bernard Leroux est Steve Pelchat, ont été retrouvés morts dans la nuit de vendredi à samedi. »

 

 

Maude Royer est une auteure québécoise. Graphiste de profession, sa plus grande passion a toujours été l’écriture. Après la publication de deux séries fantasy pour les adolescents et les adultes (Les Premiers Magiciens – Éditions Hurtubise – et Zodiak – Éditions ADA), elle travaille maintenant sur deux séries dans le style « dont vous êtes le héros » destinées aux enfants de 9 ans et plus. Les tomes 1 des séries Transforme-toi en loup-de-mer et Transforme-toi en demoiselle-fée (Éditions ADA) seront disponibles dès septembre 2015.